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LE 8.04.2020: Actualité de l'astronomie / Cet astéroïde qui a rebondi sur l'atmosphère terrestre fonce sur Jupiter.

Cet astéroïde qui a rebondi sur l'atmosphère terrestre fonce sur Jupiter

 

Céline Deluzarche

Journaliste

 

Lorsqu'elles entrent dans l'atmosphère, la plupart des météorites se désintègrent, ou ralentissent et s'écrasent au sol. Mais dans de très rares cas, elles repartent vers le ciel en prenant un nouvel élan. C'est ce qui est arrivé à un astéroïde aperçu dans le ciel australien en juillet 2017.

Le 7 juillet 2017 à 0 h 33, une étrange boule de feu a traversé le ciel australien, illuminant le ciel d'un flash lumineux de 90 secondes. Un phénomène lié à l'entrée dans l'atmosphère d'une météorite fonçant à une vitesse de 15 kilomètres par seconde vers la surface terrestre. Sauf que malgré sa masse imposante (environ 60 kg et 30 cm), aucune trace d'impact n'a jamais été trouvée. Et pour cause : après s'être partiellement consumée dans l'atmosphère, la météorite est repartie vers l'espace et fonce aujourd'hui tout droit vers Jupiter.

Lorsqu'une météorite pénètre dans l'atmosphère à grande vitesse, elle s'échauffe et brûle sous l'effet du frottement de l'air. Les plus petites se consument entièrement, mais celles qui ont une masse suffisante (généralement supérieure à plusieurs kilogrammes), atteignent la surface de la Terre. À de très rares occasions, il arrive pourtant que ni l'un ni l'autre de ces phénomènes ne se produise : lorsque l'angle d'entrée dans l'atmosphère est très bas par rapport à l'horizon, la météorite pénètre plus ou moins profondément puis repart vers l'espace interplanétaire en déviant son angle de direction. L'objet « rebondit » en quelque sorte sur l'atmosphère comme un caillou faisant un ricochet sur un lac. C'est ce que l'on appelle un « bolide rasant ».

Le Météore de 1860, tableau de Frederic Edwin Church illustrant le passage de la météorite du 20 juillet 1960. © Judith Filenbaum Hernstadt, Nasa

Le Météore de 1860, tableau de Frederic Edwin Church illustrant le passage de la météorite du 20 juillet 1960. © Judith Filenbaum Hernstadt, Nasa 

De rares phénomènes rapportés dans l’histoire

De rares exemples ont été recensés dans l'histoire. Le plus ancien connu est celui du grand météore de 1860, qui s'est produit le 20 juillet 1860. Signalé à plusieurs endroits à travers les États-Unis, il a été immortalisé par le peintre américain Frederic Edwin Church dans son tableau Le Météore de 1860 et évoqué par le poète Walter Whitman. D'autres probables bolides rasants ont été décrits en 1913 au-dessus du Canada et des Bermudes, en 1972 dans l'Utah, puis le 13 octobre 1990 au-dessus de la Tchécoslovaquie et de la Pologne. D'autres phénomènes de ce type ont été rapportés dans la littérature scientifique, mais la plupart des objets étaient trop petits et se sont totalement désintégrés.

Un bref passage de 90 secondes avant de repartir vers l’espace

Ce dernier bolide rasant de 2017 est certainement un de ceux qui sont restés le plus longtemps dans l'atmosphère et le mieux étudié, grâce au Desert Fireball Network (DFN), le plus grand réseau d'observation de météorites au monde, couvrant environ un tiers du ciel australien. L'objectif premier de ce réseau est de détecter le point de chute des météorites, mais dans ce cas aucun impact n'a été signalé. Après s'être engouffrée dans l'atmosphère à plus de 58,5 kilomètres de profondeur et avoir parcouru 1.300 kilomètres à l'intérieur, la météorite en est ressortie pour repartir vers l'espace. Son observation vient de faire l'objet d'un article prépublié sur la plateforme ArXiv par Patrick Shober et ses collègues du DFN.

Observation à longue exposition du passage de la météorite nommée DN170707_01. L’événement a duré plus de 90 secondes et s'est étendu sur quatre images de 30 secondes (A, B, C, D). La boule de feu a d'abord été observée à 85 km d'altitude, puis s’est enfoncée à 58 km avant de s'échapper de l'atmosphère terrestre. Sa vitesse initiale était de 16,1 km/s, et sa vitesse de sortie d'environ 14,6 km/s, à droite (d'ouest en est). © Patrick Shober et al, ArXiv, 2020

Observation à longue exposition du passage de la météorite nommée DN170707_01. L’événement a duré plus de 90 secondes et s'est étendu sur quatre images de 30 secondes (A, B, C, D). La boule de feu a d'abord été observée à 85 km d'altitude, puis s’est enfoncée à 58 km avant de s'échapper de l'atmosphère terrestre. Sa vitesse initiale était de 16,1 km/s, et sa vitesse de sortie d'environ 14,6 km/s, à droite (d'ouest en est). © Patrick Shober et al, ArXiv, 2020 

En triangulant sa position depuis plusieurs endroits, les chercheurs ont pu retracer sa trajectoire exacte. Et celle-ci est plutôt déroutante. Provenant de la ceinture d'astéroïdes entre Mars et Jupiter, la météorite a regagné de la vitesse grâce à la poussée orbitale terrestre, à l'instar des sondes spatiales qui utilisent l’assistance gravitationnelle des planètes pour leur donner un « booster » et économiser du carburant. D'après leurs calculs, DN170707_01 est aujourd'hui repartie vers Jupiter, qu'elle devrait atteindre entre janvier et mars 2025. Elle devrait alors tournoyer autour de la géante gazeuse avec une orbite de plus en plus incertaine. « Après de nombreuses rencontres avec Jupiter, la météorite sera probablement éjectée du Système solaire ou placée sur une orbite transneptunienne », concluent les auteurs.

Source: https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/meteorite-cet-asteroide-rebondi-atmosphere-terrestre-fonce-jupiter-80432/?fbclid=IwAR22kJJfHdlGE-PAylN6VZDeuL_2yHz64JoCybCn1ck1vhexl4N6KcHaeNQ#utm_content=futura&utm_medium=social&utm_source=facebook.com&utm_campaign=futura

 

météo astronomie MÉTÉORITE   BOLIDE RASANT   ATMOSPHÈRE DE LA TERRE

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