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Actualités,Articles Astronomie du 19.07.2017

D'étranges signaux radio détectés dans l'espace

La naine rouge Ross 128, située à seulement 11 années-lumière de la Terre environ, intrigue par certaines de ses émissions radio captées par le radiotélescope d'Arecibo, sur l'île de Porto Rico. Il est cependant trop tôt pour y voir une manifestation d'une civilisation extraterrestre.

CE QU'IL FAUT RETENIR

  • D'étonnantes émissions radio semblant provenir de la naine rouge Ross 128, située à seulement 11 années-lumière de la Terre, ont été détectées par hasard par le radiotélescope d'Arecibo, à Porto Rico.
  • Les spéculations sont allées bon train sur la toile concernant l'origine de ces émissions. Trois explications, beaucoup plus probables que celles évoquant l'existence d'une civilisation extraterrestre, ont été proposées. La clé de l'énigme pourrait être annoncée cette semaine…

On a bien du mal à comprendre le buzz du moment lié aux travaux de deux radioastronomes utilisant le radiotélescope d'Arecibo, sur l'île de Porto Rico. Ceux-ci s'en servent pour un programme de recherche qui ne concerne nullement l'écoute d'éventuels signaux extraterrestres du calibre du signal Wow!, dont on a beaucoup parlé récemment. Abel Méndez, du Laboratoire d'habitabilité planétaire, à l'université de Porto Rico, et Jorge Zuluaga, de l'université d'Antioquia, en Colombie, sont cependant bel et bien occupés à faire des observations pertinentes pour l'exobiologie.

Ils conduisent un programme de surveillance des émissions radio de la naine rouge Gliese 436 (située dans la constellation du Lion, à environ 33,1 années-lumière de la Terre) dans une bande radio de 4 à 5 GHz qui fait partie de la bande C attribuée au service de radiodiffusion par satellite. Mais il ne s'agit nullement d'une tentative de détection de l'équivalent E.T. de ce service de radiodiffusion. Les chercheurs veulent seulement en apprendre plus sur les interactions possibles entre les colères des naines rouges et les exoplanètes qui orbitent autour. Il en existe au moins une autour de Gliese 436, Gliese 436 b, aussi surnommée « le Béhémoth ».

Or, on sait qu'il existe des planètes potentiellement habitables autour de naines rouges qui sont proches du Système solaire, en particulier autour de Proxima Centauri et Trappist-1. Mais, comme nous l'avait expliqué l'astrophysicien Franck Selsis, nous sommes dans le flou quant à l'habitabilité réelle de ces planètes. Une bataille d'arguments théoriques fait d'ailleurs rage pour savoir quel rôle jouent la rotation synchrone de ces exoplanètes, le fort champ magnétique des naines rouges ainsi que leurs flux de rayons UV et X intenses qui menacent d'éroder les possibles atmosphères de ces exoplanètes. Pour trancher le débat, il faut de nouvelles observations.

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Les naines rouges observées par le radiotélescope d'Arecibo sont ici observées dans le visible. © Planetary Habitability Laboratory, @ UPR Arecibo

Les naines rouges observées par le radiotélescope d'Arecibo sont ici observées dans le visible. © Planetary Habitability Laboratory, @ UPR Arecibo 

Trois explications possibles pour les émissions de Ross 128

Les observations concernant Gliese 436 étaient susceptibles d'aider mais, pour cela, il fallait les comparer à celles d'autres naines rouges : Ross 128, Wolf 359, HD 95735, BD +202465, V* RY Sex et l'étoile de Barnard (qui n'ont pas de cortèges planétaires connus) ainsi que K2-18, qui semble posséder une exoplanète d'une taille comparable à celle de la Terre.

Voici comment tout a commencé : Méndez et Zuluaga ont fait savoir qu'entre avril et mai 2017, l'étoile Ross 128 avait attiré leur attention par ses émissions dans la bande C pour ensuite les plonger dans la perplexité : « Nous avons réalisé que ces signaux étaient très étranges dans la séquence de dix minutes durant laquelle nous les avions captés. Nous pensons que ces signaux ne sont pas des interférences radio puisqu'ils sont uniques à Ross 128 et que les observations des autres étoiles immédiatement avant et après avoir capté ces émissions n'ont rien montré de similaire », a expliqué Abel Méndez.

Le buzz s'est alors emparé de la toile, laissant entendre que nous pourrions être confrontés à des extraterrestres. Pourtant, le chercheur a bien précisé : « Nous ignorons l'origine de ces signaux mais il y a trois principales explications possibles », et force est de constater qu'aucune ne fait référence à une civilisation technologiquement avancée qui voudrait se signaler à ses voisins terriens (Ross 128 est située à 10,92 années-lumière dans la constellation de la Vierge).

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Le radiotélescope d'Arecibo, sur l’île de Porto Rico. © NAIC

Le radiotélescope d'Arecibo, sur l’île de Porto Rico. © NAIC 

En effet, les émissions qui ont intrigué les deux radioastronomes pourraient tout simplement être l'équivalent d'une éruption solaire de type II (comme celles que nous connaissons avec le Soleil), provenir d'un objet céleste encore inconnu proche de Ross 128 sur la voûte céleste, ou encore n'être qu'une brusque activité associée à un satellite sur une orbite haute autour de la Terre. Pour Méndez et Zuluaga, en tout cas, « l'hypothèse d'une émission provenant d'extraterrestres vient très loin après de nombreuses autres meilleures explications possibles ». Les radioastronomes concèdent cependant que, même si l'une de ces explications est la bonne, nous sommes face à un cas atypique.

De nouvelles observations de Ross 128 ont été effectuées le 16 juillet 2017, aussi bien avec le radiotélescope d'Arecibo qu'avec ceux du programme Seti, à savoir celui de Green Bank et l'ATA. Les chercheurs pensent arriver à résoudre l'énigme au cours de cette semaine mais Méndez laisse déjà entendre sur son compte Twitter que la réponse ne fera effectivement pas intervenir d'extraterrestres.

POUR EN SAVOIR PLUS

Le premier signal radio provenant des extraterrestres ?

Article Cnes publié le 17/09/2004

En février 2003, les astronomes du programme Seti (Search for Extraterrestrial Intelligence) ont pointé le radiotélescope d'Arecibo, situé sur l'île de Puerto Rico, vers 200 régions du ciel où ils avaient précédemment détecté des signaux radio inexpliqués. Après analyse des résultats de la nouvelle étude, tous les signaux anormaux ont disparu sauf un, qui est devenu encore plus puissant.

Ce signal radio qui a désormais été observé à trois reprises est une énigme. Il pourrait avoir été généré par un phénomène astronomique inconnu ou par un artefact du télescope lui-même. Mais c'est aussi le meilleur candidat pour un premier contact avec des extraterrestres, six ans après le début du projet SETI@home qui utilise la puissance de calcul d'ordinateurs situés dans le monde entier pour analyser les signaux reçus de l'espace.

Nommé SHGb02+14a, le signal a une fréquence de 1420 MHz, soit l'une des fréquences où l'hydrogène, l'élément le plus répandu dans l'univers, absorbe et émet de l'énergie. Certains astronomes avaient affirmé que ce serait la fréquence que des extraterrestres utiliseraient s'ils voulaient nous contacter. Le signal très faible provient d'un point situé entre les constellations du Poisson et du Bélier où il n'existe aucune étoile à moins de 1.000 années lumières.

« Nous recherchons un signal qui ressemble à un signal artificiel, et celui-là pourrait en être un », a déclaré Eric Korpela, un chercheur de l'université de Berkeley. En 1967, Bell Burnell avait découvert un signal radio pulsé qui laissait penser à une émission extraterrestre. Ce fut en fait la découverte du premier pulsar. David Anderson, directeur de SETI@home, pense que le signal ne provient probablement pas d'extraterrestres mais que ça vaut le coup d'essayer de le réécouter.

Lien externe

SETI@Home Signal Story Sees Much More Than Meets the Eye

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