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LE 24.07.2020: Actualité de l'astronomie / Vénus aurait au moins 37 volcans actifs en éruption.

Vénus aurait au moins 37 volcans actifs en éruption

 

 

Laurent Sacco

Journaliste

 

En modélisant sur ordinateur la formation de zones volcaniques sur Vénus, appelées des coronae, un groupe de planétologues est arrivé à une intéressante conclusion en étudiant les images radar de 37 de ces structures. Les simulations suggèrent que leurs formes impliquent qu'elles sont récentes et peut-être encore, le lieu d'éruptions aujourd'hui.

De nombreux passionnés de volcanologie rêvent sans doute d'admirer les éruptions volcaniques sur Io, la lune de Jupiter. Sans doute aussi, pensent-ils au temps où les volcans martiens et lunaires étaient, eux aussi, actifs et après-tout, nous ne sommes pas certains que certains d'entre eux ne puissent pas reprendre vie sous les yeux de l'humanité.

Il est une autre planète où le volcanisme semble avoir été actif encore récemment, au moins à l'échelle des temps géologiques sur Terre, et dont on se demande même s'il ne l'est pas encore en ce moment même. Il s'agit bien sûr de Vénus, que l'on appelle parfois la sœur de la Terre en raison de sa taille et de sa masse comparables à celles de la Planète bleue.

La cartographie radar de sa surface par la sonde Magellan au début des années 1990 a en effet montré qu'elle avait un très faible taux de cratérisation. Or, depuis les missions lunaires Apollo qui ont permis de ramener des échantillons du sol lunaire et de les dater, on a pu établir une corrélation entre le taux de cratérisation d'un terrain planétaire et son âge, étant attendu que le taux de bombardement par des petits corps célestes est en baisse exponentielle, ou presque, depuis la naissance des planètes il y a environ 4,5 milliards d'années.

Un documentaire sur la mission Magellan en 1990. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © Nasa

 

Les coronae vénusiennes, des points chauds volcaniques ?

Dans le cas de Vénus, la méthode implique que sa surface est très jeune, avec un âge inférieur à 1 milliard d'années. Elle semble avoir été formée par un volcanisme colossal dont les manifestations sur Terre sont des volcans boucliers, mais aussi d'autres structures nommées coronae -- le mot est emprunté au latin corona pour « couronne » au singulier.

En fait, les planétologues qui étudient Vénus connaissent depuis le début des années 1980, l'existence de ces formations circulaires à ovoïdes de plusieurs centaines de kilomètres de diamètre, marquées extérieurement par de nombreuses failles. En effet, elles avaient été identifiées en 1983 par les sondes soviétiques Venera 15 et Venera 16, toutes les deux équipées d'un radar à synthèse d'ouverture qui a permis de cartographier la morphologie d'une partie de la planète avec une résolution déjà comprise en 1 et 2 km.

Encore de nos jours, on pense que les coronae de Vénus résultent de la remontée de panaches mantelliques dans le manteau de la planète, analogues à ceux sur Terre à l'origine des points chauds formant les îles Hawaïennes ou l'Islande. On pensait aussi jusqu'à présent que ces coronae étaient sans doute relativement anciennes mais une publication dans Nature Geoscience provenant du travail d'une équipe internationale de chercheurs de l'université du Maryland (UMD) et de l'Institut de géophysique de l'ETH Zurich, en Suisse, suggère qu'il en est tout autrement pour au moins 37 coronae.

On peut en prendre la mesure avec les commentaires de Laurent Montési, professeur de géologie à UMD et coauteur de l'article de Nature Geoscience.

« C'est la première fois que nous pouvons pointer vers des structures spécifiques et dire "Regardez, ce n'est pas un volcan ancien mais un volcan actif aujourd'hui, peut-être en sommeil, mais pas mort". Cette étude change considérablement la vision de Vénus, la transformant de celle d'une planète essentiellement inactive à celle d'une planète dont l'intérieur est toujours en train de bouillonner et peut nourrir de nombreux volcans actifs ».

Image radar de Fotla Corona obtenue par la sonde Magella en janvier 1991. La région de Fotla présente une variété de structures d'origine tectonique avec un réseau assez complexe de fractures et un ensemble de dômes volcaniques. © Nasa

Image radar de Fotla Corona obtenue par la sonde Magella en janvier 1991. La région de Fotla présente une variété de structures d'origine tectonique avec un réseau assez complexe de fractures et un ensemble de dômes volcaniques. © Nasa   

C'est une déclaration très encourageante mais elle est sans doute à prendre avec un peu de recul. En effet, il ne s'agit encore nullement d'observations directes d'éruptions volcaniques actuelles. Les chercheurs ont simplement fait une modélisation plus précise du comportement thermomécanique supposé du manteau et de la croûte de Vénus alors qu'un panache de magma remonte des profondeurs, perce la surface en donnant des laves qui s'écoulent sous la pression d'environ 90 bars de l'atmosphère vénusienne.

La montagne circulaire au premier plan est une corona de 500 kilomètres dans la région de Galindo de Vénus. Les rectangles sombres sont un artefact. © NASA / JPL / USGS

La montagne circulaire au premier plan est une corona de 500 kilomètres dans la région de Galindo de Vénus. Les rectangles sombres sont un artefact.
© NASA / JPL / USGS 

 

Des simulations qu'il reste à confirmer par de nouvelles missions vénusiennes

Il s'agissait de mieux comprendre les processus exacts donnant des coronae à partir de la remontée à travers le manteau de vénus de diapirs de matière chaude afin de contribuer à trancher les débats concernant les origines des différences entre les diverses coronae débusquée sous l'atmosphère dense de gaz carbonique de Vénus par les radars des sondes de la noosphère.

Ce n'est pas la première fois que des exogéophysiciens effectuaient ce type de simulations numériques dans le même but mais les nouveaux résultats obtenus permettent d'associer une temporalité aux caractéristiques des coronae. Ils pensent mieux comprendre leur évolution et les observations les concernant semblent nettement impliquer que les structures contemplées ne peuvent être que récentes. Elles seraient si récentes que les volcans associés seraient encore actifs et donc peut-être en éruptions en ce moment, ce qui impliquerait que l'intérieur de Vénus est bien encore chaude et convective.
 

Le rendu 3D ci-dessus montre deux coronaes observées à la surface de Vénus. Les structures en forme d'anneau se forment lorsque des matériaux chauds du plus profond de la planète montent à travers le manteau et éclatent à travers la croûte. Une recherche menée par Laurent Montesi de l'UMD a révélé qu'au moins 37 coronae sur Vénus représentent une activité géologique récente, y compris celle nommée Aramaiti, vue à gauche sur cette image. La ligne noire représente une lacune dans les données. © University of Maryland, Laurent Montési

Le rendu 3D ci-dessus montre deux coronaes observées à la surface de Vénus. Les structures en forme d'anneau se forment lorsque des matériaux chauds du plus profond de la planète montent à travers le manteau et éclatent à travers la croûte. Une recherche menée par Laurent Montesi de l'UMD a révélé qu'au moins 37 coronae sur Vénus représentent une activité géologique récente, y compris celle nommée Aramaiti, vue à gauche sur cette image. La ligne noire représente une lacune dans les données. © University of Maryland, Laurent Montési 

Mais, encore une fois, il ne s'agit pas de preuves directes, indiscutables, de la présence d'éruptions actuellement sur Vénus. Il y a quelques mois, à la suite d'une publication argumentant que ces éruptions pourraient tout de même exister, Futura avait demandé l'avis de la célèbre planétologue Rosaly Lopes ; cette dernière étudie les volcans du Système solaire comme on peut le voir dans l'article ci-dessous et nous avait alors confié :

« Je pense que nous sommes beaucoup plus proches d'une acceptation d'un volcanisme actif sur Vénus, mais nous devons encore obtenir une preuve indiscutable. Espérons qu'une nouvelle mission retournera à Vénus dans un avenir pas trop lointain ».

Or, justement, la Nasa et l'Esa étudient ce genre de mission, dans le premier cas, elle s'appelle Veritas, et dans le second, EnVision. La première est prévue à l'horizon 2025, la seconde 2032.

Une vue d'artiste de la mission EnVision. © Thomas Widemann

Source: https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/astronomie-venus-aurait-moins-37-volcans-actifs-eruption-23346/?fbclid=IwAR3R65fak5MuCZNUW7_Da3SrVQxq7PVBhb4Np0uVqmb2Y8-JQ7LqxKkB3mI#utm_content=futura&utm_medium=social&utm_source=facebook.com&utm_campaign=futura

 

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