LE 15.07.2020: Actualité de l'astronomie / La Nasa veut percer les secrets de Vénus avec la sonde Veritas.
- Par dimitri1977
- Le 15/07/2020 à 13:01
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La Nasa veut percer les secrets de Vénus avec la sonde Veritas
Laurent Sacco
Journaliste
La Terre et Vénus sont des planètes « sœurs » et pourtant, elles ont évolué très différemment, l'une des deux étant devenue un enfer volcanique et dépourvue d'océans. La Nasa envisage une nouvelle mission à destination de Vénus pour tenter de mieux comprendre l'origine de ces différences et si des volcans font bel et bien encore des éruptions en ce moment même sur Vénus. Cette mission se nomme Veritas.
Le 4 mai 1989, la navette spatiale Atlantis lançait la sonde Magellan de la Nasa. Au bout de 462 jours, cet émissaire de la Noosphère se mit en orbite autour de la sœur de la Terre, la planète Vénus. Equipé d'un radar sophistiqué, cet artefact de l'humanité allait cartographier sa surface et révéler un monde profondément volcanique mais sans que l'on puisse savoir si le volcanisme était toujours actif. À vrai dire, on disposait déjà des aperçus de la surface de Vénus depuis les missions soviétiques Venera des années 1980 mais on ignorait encore beaucoup de choses en raison de l'épaisse couche nuageuse dérobant en permanence au regard cette surface.
La mission Magellan a pris fin en 1994. Elle a montré que la surface de Vénus avait un très faible taux de cratérisation, ce qui implique qu'elle est très jeune, avec un âge inférieur à 1 milliard d'années d'après les premières estimations. D'impressionnantes formations d'origine volcanique, comme des volcans boucliers, des pancakes en forme de crêpes et d'autres structures nommées corona et nova, la parsèment, ainsi que des structures géologiques suggérant des flots de lave très récents.
Il y a environ 10 ans, la sonde Venus Express de l'ESA, qui avait succédé à Magellan pour l'étude de Vénus, avait même révélé que le sommet de Idunn Mons, qui ressemble à un édifice volcanique, était anormalement chaud, laissant penser qu'il pouvait s'agir de coulées de lave encore en train de refroidir. Il y a quelques mois, la célèbre planétologue Rosaly Lopes, qui étudie les volcans du Système solaire au Jet Propulsion Laboratory, avait confirmé à Futura qu'il fallait prendre au sérieux les indications suggérant qu'en ce moment même des éruptions volcaniques pouvaient se produire sur Vénus.
Mais la seule façon d'être sûr que Vénus est toujours une planète vivante avec du volcanisme est d'y retourner avec une autre sonde. C'est bien ce qu'envisage de faire depuis quelques années la Nasa en se penchant sur la conception de la mission Venus Emissivity, Radio Science, InSAR, Topography & Spectroscopy : Veritas. Gérée par le mythique Jet Propulsion Laboratory, cette mission serait également l'œuvre de Lockheed Martin, l'Agence spatiale italienne, l'Agence spatiale allemande et l'Agence spatiale française. Ce n'est encore qu'un projet qui doit vraiment être sélectionné dans le cadre du programme Discovery de la Nasa avant d'être construit et de partir pour l'espace à l'horizon 2026.
Une vue d'artiste de la sonde Veritas étudiant la surface de Vénus à travers son épaisse atmosphère. © Nasa/JPL-Caltech
Gravimétrie, topographie et minéralogie au programme de Veritas
Veritas mènerait plusieurs types de recherche. Bien sûr, elle ferait à nouveau de la cartographie radar mais à un niveau de résolution plus élevé et elle s'occuperait aussi de la topographie du champ de gravité de Vénus. Les géophysiciens sur Terre se servent de ce type de mesure par gravimétrie pour remonter à la structure de l'intérieur de la Terre au point d'y mettre en évidence les courants de convection dans le manteau de la Planète bleue qui contribuent aux mouvements de la tectonique des plaques.
Il ne semble pas y avoir de tectonique des plaques sur Vénus et on aimerait bien comprendre pourquoi alors que sa taille et sa composition sont proches de celles de la Terre. L'absence, semble-t-il évidente, de plaques sur Vénus peut nous en apprendre plus sur l'enfance de la Terre, alors que justement la tectonique des plaques n'y avait pas encore commencé.
Veritas serait également équipé d'un spectromètre opérant dans le proche infrarouge qui devrait permettre d'obtenir de nouvelles données sur la composition des roches à la surface de Vénus et également mettre en évidence des sources de chaleur qui seraient clairement associées à des éruptions volcaniques.
Les données radars et spectrales en combinaison pourraient se montrer très bavardes. Ainsi, avec son radar, Veritas étudierait de vastes structures de déformation tectonique appelées des tesserae, du latin tessĕra signifiant « dé à jouer » et « tablette.
Découvrir la composition des tesserae
Les tesserae sont des régions fracturées et pliées dans plusieurs directions, ce qui leur donne un aspect carrelé. D'altitude moyenne, typiquement de 1.000 à 3.000 m ; elles apparaissent très brillantes sur les images radar de Magellan, contrairement aux plaines volcaniques qui apparaissent plutôt sombres.
Les tesserae constituent des sortes de plateaux qui peuvent être des analogues des continents de la Terre. Or une théorie dominante est que les continents de la Terre se sont formés lorsque des plaques océaniques primitives riches en fer ont subducté et fondu en présence d'eau, produisant d'énormes volumes de magma qui finiront par donner en surface de la croûte continentale moins riche en fer.
Pour déterminer si les tesserae de Vénus se sont formées d'une manière similaire aux continents de la Terre, Veritas constiturait les premières cartes globales de la composition de la surface de Vénus. Si leur composition ressemble à celle de la croûte continentale, nous obtiendrions également des informations sur le passé plus humide de Vénus car on suspecte qu'il y a au moins 715 millions d'années, elle était encore habitable, avec un ou des océans importants.
En étudiant Vénus avec Veritas, on pourrait donc non seulement mieux comprendre l'évolution passée de la Terre mais aussi les divers chemins que peuvent prendre des exoplanètes leur ressemblant. De nouveaux éléments viendraient ainsi nourrir la fameuse équation de Drake en exobiologie.
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