Plan canicule : comment ça marche ?
Pendant la période estivale, Météo-France calcule, pour une station de référence de chaque département, des « indicateurs biométéorologiques » (i.e. les moyennes sur 3 jours glissants des températures minimales et maximales prévues) qui sont comparés à des seuils de températures minimales et maximales pouvant varier d'un département à l'autre. Ces indicateurs biométéorologiques, croisés avec les prévisions pour les jours à venir et l'existence d'éventuels facteurs aggravants permettent de définir la couleur de vigilance et le niveau du plan canicule.
- Vigilance verte / niveau 1 - veille saisonnière
Activé en 2018 du 1er juin au 15 septembre de chaque année, il correspond à la vigilance canicule verte de Météo-France. En cas de chaleur tardive, la veille saisonnière pourra être prolongée après le 15 septembre.
- Vigilance jaune / niveau 2 - avertissement chaleur
Correspondant à la vigilance jaune canicule de Météo-France, il s'agit d'une phase de veille renforcée permettant aux différents services de se préparer à une montée en charge en vue d'un éventuel passage au niveau supérieur et de renforcer des actions de communication locales et ciblées, en particulier la veille de week-end et de jour férié.
- Vigilance orange / niveau 3 - alerte canicule
Il peut être déclenché par les préfets en cas de vigilance orange. Cette décision prend en compte la situation locale (niveau de pollution, autres facteurs, comme les grands rassemblements, etc.) et les indicateurs sanitaires en lien avec les Agences régionales de santé.
- Vigilance rouge / niveau 4 – mobilisation maximale
Le niveau 4 correspond à la vigilance rouge de Météo-France et concerne les canicules avérées exceptionnelles, très intenses et durables, avec apparition d'effets collatéraux dans différents secteurs (sécheresse, approvisionnement en eau potable, saturation des hôpitaux ou des pompes funèbres, panne d'électricité, feux de forêts, nécessité d'aménagement du temps de travail ou d'arrêt de certaines activités…). Cette situation nécessite la mise en œuvre de mesures exceptionnelles.
Les situations météo propices aux canicules
Comment anticipe-t-on une canicule ?
Un phénomène de blocage
L'été, la position de l'anticyclone dit "des Açores" détermine le type de temps qu'il fait sur la France. Quand cet anticyclone est positionné sur les Açores, le temps est plutôt frais. Les dépressions peuvent alors librement circuler sur l'Europe.
Si l'anticyclone s'installe sur le nord ou l'est de l'Europe, le temps est plutôt chaud sur notre pays. Les hautes pressions forment un obstacle au passage des perturbations atlantiques. Les vents d'est et du sud apportent de l'air chaud et sec sur la France. Si ces conditions perdurent, un épisode de canicule peut s'installer parfois plusieurs jours, voire une semaine ou davantage. Les météorologistes qualifient ces situations de "phénomène de blocage". C'est ce qui s'est produit en août 2003 sur une durée et une étendue géographique toutes deux exceptionnelles.
Une situation de blocage sur la France durant la canicule d'août 2003 © Météo-France (Cliquez sur l'image pour l'agrandir)
Pour aller plus loin :
La canicule d'août 2003 a été exceptionnelle par sa durée (deux semaines) entre le 1er et le 15 août, son intensité et son extension géographique. L'été 2003 est le plus chaud jamais observé depuis 1950. Notre article : Retour sur la canicule de 2003
Les vagues de chaleur remarquables
Pour qualifier un événement de "vague de chaleur", Météo-France s'appuie sur les données de l'indicateur thermique national (une moyenne de 30 stations régulièrement réparties sur le territoire) disponibles depuis 1947. Les climatologues observent un pic de chaleur, correspondant au dépassement d'une température moyenne très élevée sur la France (valeur franchie statistiquement une fois tous les 200 jours). Ils calculent ensuite la durée de l'événement à partir d'une valeur seuil, caractérisant le début et la fin de l'épisode.
Caractérisation d'une vague de chaleur à partir de l'indicateur thermique quotidien sur la France en durée (date de début et de fin), intensité max et sévérité (partie marron de la courbe de température). © Météo-France
Fortes chaleurs : quels risques, quels conseils pour les plus vulnérables ?
L'exposition à de fortes chaleurs constitue une agression pour l'organisme. C'est la transpiration qui permet au corps de maintenir sa température. Lorsque le corps ne contrôle plus sa température et qu'elle augmente rapidement, une personne peut être victime d'un "coup de chaleur". Il peut être mortel.
Les nourrissons et les personnes déjà fragilisées (âgées, celles atteintes d'une maladie chronique) sont particulièrement vulnérables. Lors d'une canicule, elles risquent une déshydratation, l'aggravation de leur maladie chronique ou encore un coup de chaleur.
Les personnes en bonne santé (notamment les sportifs et travailleurs manuels exposés à la chaleur) ne sont cependant pas à l'abri si elles ne respectent pas quelques précautions élémentaires.
Quels conseils pour les plus vulnérables ?
À partir de 65 ans, le corps ne transpire pas assez pour pouvoir maintenir sa température. Il faut donc pallier ce manque en se mouillant régulièrement la peau, notamment le visage et les bras. Sans oublier de boire régulièrement.
- Les nourrissons, les sportifs et travailleurs manuels exposés à la chaleur
En cas de forte chaleur, le corps transpire trop et le stock d'eau s'épuise rapidement. Le corps n'a alors pas assez d'eau pour transpirer et maintenir sa température. Il faut donc renouveler l'eau du corps en buvant abondamment.
- Les personnes atteintes de maladies chroniques
La chaleur aggrave leur maladie. Dans tous les cas, le meilleur moyen de ne pas être indisposé est de fuir la chaleur.
Les bons réflexes
- Buvez régulièrement de l'eau sans attendre d'avoir soif.
- Évitez de sortir aux heures les plus chaudes et passez plusieurs heures par jour dans un lieu frais (cinéma, bibliothèque municipale, supermarché, musée...).
- Rafraîchissez-vous et mouillez-vous le corps (au moins le visage et les avants bras) plusieurs fois par jour (douches, bains, brumisateur ou gant de toilette mouillé sans vous sécher).
- Mangez en quantité suffisante et ne buvez pas d'alcool.
- Évitez les efforts physiques.
- Maintenez votre logement frais (fermez fenêtres et volets la journée, ouvrez-les le soir et la nuit s'il fait plus frais).
- Pensez à donner régulièrement de vos nouvelles à vos proches et, dès que nécessaire, osez demander de l'aide.
- Consultez régulièrement le site de Météo-France pour vous informer.
- Aidez les personnes les plus fragiles et demandez de l'aide, notamment auprès de votre mairie.
- En cas de malaise, appelez le 15.
En voiture et lors de longs trajets
- Pensez à emporter de l'eau et un brumisateur pendant les trajets en voiture.
- Arrêtez-vous régulièrement pour vous reposer et vous rafraîchir.
- Sur certaines aires d'autoroute des fontaines à eau ou des zones de brumisation sont mis à votre disposition.
- Si possible, décalez votre trajet aux heures les moins chaudes.
- Ne jamais laisser une personne seule dans une voiture, surtout un enfant car la température dans l'habitacle peut augmenter très vite.
Canicule Info service
0800 06 66 66
Appel gratuit depuis un poste fixe en France, de 9h à 19h
Vagues de chaleur tardives
Si les vagues de chaleur se produisent en France métropolitaine principalement entre début juillet et mi-août, il arrive parfois que ce phénomène se produise plus tardivement dans l'année, comme cela été le cas en 2016.
Des épisodes remarquables au XXIe siècle ...
Il n'est pas nécessaire de remonter loin dans le passé pour trouver trace d'épisodes de chaleur postérieurs à la mi-août. Ainsi, du 15 au 21 août 2012, la France avait connu une vague de chaleur remarquable avec des températures dépassant 38 °C du Sud-Ouest à l'Île-de-France. Ponctuellement, des valeurs supérieures à 40 °C avaient même été relevées comme à Brive (40,5 °C), Auxerre et Châteauroux (40,3 °C) et Vichy (40,2 °C). Dans de nombreuses régions, les températures de cette fin août avaient été les plus élevées de tout l'été.
L'année précédente, en 2011, un pic de chaleur s'était produit autour du 21 août. Si les températures les plus élevées avaient principalement concerné le Sud-Ouest (avec des valeurs parfois supérieures à 40 °C), des valeurs très souvent supérieures à 35 °C avaient été enregistrées sur la moitié est du pays.
Du 15 au 20 août 2009, une vague de chaleur s'était déjà produite, moins sévère toutefois que celle de 2012. En 2001, les quatre journées du 24 au 27 août avaient été, elles aussi, exceptionnellement chaudes.
... et avant
Si plusieurs épisodes de forte chaleur se sont produits après la mi-août depuis le début du XXIe siècle, on retrouve également trace de tels phénomènes bien avant, avec toutefois des températures légèrement inférieures à celles relevées lors des épisodes les plus récents.
En 1961, quatre journées exceptionnellement chaudes avaient été observées du 29 août au 1er septembre : les températures avaient dépassé 30 °C en plaine sur l'ensemble du pays, atteignant même 37 °C à Bordeaux, Tours et Niort.
Et en 1947, un épisode de forte chaleur avait débuté le 14 août pour se prolonger jusqu'au 20 du mois. Des températures supérieures à 35 °C avaient été observées à Toulouse, Nantes, Tours, Bordeaux, Châteauroux, Poitiers, Lyon et Mâcon. On avait relevé 34,7 °C à Paris-Montsouris.
Changement climatique et vagues de chaleur
Si la canicule de 2003 en France métropolitaine a marqué les esprits , d'autres épisodes ont également été particulièrement remarquables (juillet 1983, été 1974). Sur les trente dernières années, le nombre comme la durée et l'intensité de ces évènements ont augmenté. Les projections climatiques réalisées sur la France métropolitaine indiquent que d'ici la fin du siècle, les vagues de chaleur pourraient être bien plus fréquentes, beaucoup plus sévères et plus longues qu'actuellement.
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