Capture mars 2020

LE 15.04.2020: Actualité de l'astronomie / Report du rover ExoMars : Thales Alenia Space s'explique.

Report du rover ExoMars : Thales Alenia Space s'explique

 

Rémy Decourt

Journaliste

 

 

 

Moins d'un mois après la décision de l'Agence spatiale européenne et Roscosmos de reporter le lancement de la mission ExoMars 2020 à la fenêtre de tir suivante en 2022, Walter Cugno, directeur des activités Sciences et Exploration de Thales Alenia Space, répond à nos questions.

Afin de permettre de résoudre, sans risque, des problèmes techniques pour lesquels le planning était déjà très tendu pour tenir la date de lancement, l'Agence spatiale européenne (ESA) et Roscosmos ont été malheureusement contraints de reporter le lancement de la mission ExoMars 2020 à la fenêtre de tir suivante, soit dans environ 26 mois. Après ExoMars 2018, puis ExoMars 2020, voici venu le temps d'ExoMars 2022 qui devrait être lancé à la fin de l'été 2022, avec une arrivée sur Mars en 2023, à la fin du printemps.

Ce report nous a d'autant plus surpris car il faisait suite à un premier report. En 2016, les deux agences avaient déjà été contraintes de reporter le lancement d'ExoMars, alors prévu en mai 2018. À l'époque, elles avaient évoqué des retards dans les activités industrielles européennes et russes, ainsi que dans les livraisons relatives à la charge utile scientifique.

Cette fois-ci, les instruments scientifiques ne sont pas en cause mais il s'agit des éléments liés au vaisseau lui-même : les parachutes, les panneaux solaires, des équipements électroniques russes et la mise au point d'un logiciel de vol. Si l'ESA et Roscosmos ont reconnu et expliqué l'existence de ces problèmes, les deux agences ont tenu à souligner que l'épidémie de coronavirus était seulement un facteur aggravant dans le sens où elle a contribué à limiter les déplacements géographiques des personnes impliquées sur le projet.

Des différences culturelles et méthodes de travail  

À ces problèmes rendus publics, s'ajoutent des contraintes supplémentaires liées à l'harmonisation entre les standards et les méthodes de travail des partenaires russes du projet et les standards de l'ESA. Cela a généré des retards supplémentaires malgré des efforts significatifs faits pour s'adapter aux différences culturelles et méthodes de travail des uns et des autres. Enfin, un problème récurrent a également été découvert sur un lot de lanceur Proton, dont celui d'ExoMars 2020. Ce problème porte sur le fait que de nombreuses liaisons boulonnées, laissent apparaître des fissures qui doivent être aussi corrigées.

En attendant, souhaitons bonne chance aux divers missions, américaine Mars 2020, chinoise Huoxing-1 et Hope des Émirats arabes unis, dont les lancements à destination de Mars sont toujours prévus cet été, malgré un risque de report pour Hope.

La sonde ExoMars 2020, lors d'essais dans une des chambres anéchoïques de l'usine cannoise de Thales Alenia Space. ExoMars 2020 est ici vu dans sa configuration de vol avec le module de transfert (le carrier, reconnaissable à ses panneaux solaires), le bouclier thermique (avec les cônes avant et arrière) à l'intérieur duquel se trouve la plateforme d'atterrissage Kazachok qui supporte le rover Rosalind Franklin (absent lors de cet essai). © Thales Alenia Space, Alizée Palomba

La sonde ExoMars 2020, lors d'essais dans une des chambres anéchoïques de l'usine cannoise de Thales Alenia Space. ExoMars 2020 est ici vu dans sa configuration de vol avec le module de transfert (le carrier, reconnaissable à ses panneaux solaires), le bouclier thermique (avec les cônes avant et arrière) à l'intérieur duquel se trouve la plateforme d'atterrissage Kazachok qui supporte le rover Rosalind Franklin (absent lors de cet essai). © Thales Alenia Space, Alizée Palomba 

 

Walter Cugno, directeur des activités Sciences et Exploration de Thales Alenia Space, répond à nos questions.

 

Que va-t-il se passer à très court terme ?

Walter Cugno : En raison de la pandémie en cours, les activités des essais à Cannes, qui étaient terminées à environ 95 %, ont été suspendues pour permettre le retour à Turin des différents éléments d'ExoMars 2020 le plus rapidement possible. Certains équipements seront renvoyés en Russie pour être réparés. Les tests fonctionnels et logiciels seront terminés d'ici l'été 2020 et, une fois les équipements russes de retour à Turin, la plate-forme d'atterrissage sera entièrement assemblée et intégrée dans le module de descente et l'ensemble intégré sur module de transport (carrier) pour effectuer les tests fonctionnels finaux avant stockage.

Parallèlement, la nouvelle analyse de la mission 2022 sera lancée pour définir la nouvelle trajectoire et les conditions d'arrivée et de descente sur Mars. Des tests seront effectués avec l'ESA et Roscomos tout au long des années 2020-2021 pour qualifier le vaisseau spatial, les conditions appropriées pour le placer en stockage et les actions à mettre en place pour effectuer une mission réussie pour un lancement en 2022. Les tests environnementaux restants seront exécutés avant l'expédition du vaisseau spatial à Baïkonour, au printemps 2022.

 

Comment seront stockés le rover et les autres éléments de la mission ?

Walter Cugno : Malgré les difficultés actuelles, le modèle de vol du rover est stocké en toute sécurité dans la salle ISO-7 Ultraclean de Turin. Le module de descente, ainsi que le modèle thermique structurel du rover, sont toujours à Cannes. Prochainement, tous les éléments, le module de transport (carrier), de descente, la plateforme d'atterrissage (Kazachok) et le rover (Rosalind Franklin) seront réunis à Turin où se poursuivront les dernières activités d'intégration et de test.

Des difficultés à prévoir  ?

Walter Cugno : La propreté est un sujet sensible, et il en a toujours été ainsi pour les projets spatiaux. Le matériel de vol doit être stocké dans un environnement contrôlé, ultra propre, et respecter les normes et les règles de protection de la planète qu'appliquent l'ESA. Cela dans le but de prévenir la contamination biologique de la planète rouge et d'éviter tout risque de fausser les résultats scientifiques, en contaminant les échantillons prélevés par la foreuse par exemple.

Le rover Rosalind Franklin dans l'usine toulousaine d'Airbus. © Airbus

Le rover Rosalind Franklin dans l'usine toulousaine d'Airbus. © Airbus 

Quid des instruments scientifiques et de la foreuse ?

Walter Cugno : Conformément aux directives de l'ESA, tous les instruments seront inspectés afin de prévenir toute obsolescence éventuelle des composants, même si nous ne nous attendons pas à en trouver. Concernant le rover, et en particulier la foreuse et le Laboratoire d'analyse (ALD Analytical Laboratory Drawer), nous avons tout le savoir-faire pour identifier toute anomalie éventuelle et adopter à temps des solutions préventives. Le rover sera contrôlé périodiquement, tout au long de la période de stockage, de façon à s'assurer de son bon fonctionnement. Les instruments et les mécanismes qui traiteront les échantillons martiens feront également l'objet de vérifications régulières.

Malgré un premier report de deux ans, comment expliquez-vous ce nouveau retard ?

Walter Cugno : Comme l'a souligné l'ESA, du point de vue du développement du programme, Thales Alenia Space confirme qu'à ce jour, plus de 95 % des activités de préparation et d'intégration ont été réalisées avec succès. Comme l'a exprimé le directeur général de l'ESA, Jan Wörner, bien que nous aurions pu lancer cet été, le choix fait s'est appuyé sur la nécessité de disposer de plus de temps pour effectuer les tests nécessaires pour que toutes les composantes du vaisseau spatial soient aptes sans réserve à l'aventure martienne.

Au cours de l'année écoulée, afin de finaliser la phase d'intégration dans les salles blanches de Turin ou de Cannes, nous avons travaillé 24h/24 et 7 jours sur 7, en trois équipes, avec plus de 50 spécialistes supplémentaires de Thales Alenia Space mobilisés, en plus des 200 employés de Thales Alenia Space travaillant déjà sur la mission.

En tant que maître d’œuvre du programme, que souhaitez-vous rajouter pour commenter ce report de la mission ?

Walter Cugno : Avec l'ESA et ROSCOSMOS, nous comprenons clairement ce qui doit être réalisé au cours des deux prochaines années. La conférence de presse de l'ESA a mis en avant une nouvelle feuille de route. C'est avec regret que nous avons pris la décision de reporter le lancement de la mission à la fenêtre de tir suivante. Même si un peu plus de temps aurait été nécessaire pour terminer les tests nécessaires, ce report contribuera au succès de la mission.

Source: https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/mars-report-rover-exomars-thales-alenia-space-explique-49427/?fbclid=IwAR3kpi3ZeC5fTFZAhO1dvAXZTZL1Q8tY3jCt_m3fA9mr70sXLXY7MPx9BKA#utm_content=futura&utm_medium=social&utm_source=facebook.com&utm_campaign=futura

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