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  • LE 6.05.2020: Actualité de l'astronomie / Cet astéroïde est passé à 1.200 km d'un satellite le 28 avril !

    Cet astéroïde est passé à 1.200 km d'un satellite le 28 avril !

     

    Nathalie Mayer

    Journaliste

     

    Publié le 05/05/2020 à 16h45

    Le 27 avril dernier, le Panoramic Survey Telescope and Rapid Response System (Pan-STARRS) de la Nasa observait un nouvel astéroïde à proximité de la Terre. Risques de collision : 10 %. Moins d'une heure plus tard, le Xingming Observatory (Chine) fournissait des données quant à sa position, son mouvement et sa luminosité. L'observatoire de Tautenburg en Allemagne (ESA) se mettait lui aussi en alerte. Même si la taille de l'astéroïde -- entre 4 et 8 mètres -- ne laissait pas réellement craindre de dommages.

    L’astéroïde 2020 HS7, découvert le 27 avril, s’est approché de l’orbite géostationnaire dès le lendemain. © ESA

    L’astéroïde 2020 HS7, découvert le 27 avril, s’est approché de l’orbite géostationnaire dès le lendemain. © ESA 

    L'événement a finalement joué le rôle de test grandeur nature des capacités de détection, de suivi, de caractérisation et de mobilisation des observatoires du monde entier.

    L’astéroïde 2020 HS7 observé par l’observatoire de Tautenburg, le 28 avril 2020. © S. Melnikov, C. Hoegner, B. Stecklum, Observatoire de Tautenburg, ESA

    L’astéroïde 2020 HS7 observé par l’observatoire de Tautenburg, le 28 avril 2020. © S. Melnikov, C. Hoegner, B. Stecklum, Observatoire de Tautenburg, ESA 

    Celui que les astronomes appellent désormais 2020 HS7 s'est tout de même approché de l'orbite géostationnaire de notre Planète, à une distance de 42.745 km du centre de notre Terre. C'était le 28 avril dernier. Et il a approché un satellite à seulement 1.200 km. Lui permettant d'entrer dans le top 50 des astéroïdes s'étant le plus rapproché de nous.

    C’est le Panoramic Survey Telescope and Rapid Response System (Pan-STARRS) de la Nasa (États-Unis) qui a le premier détecté le nouvel astéroïde dans le ciel. © Rob Ratkowski, ESA

    C’est le Panoramic Survey Telescope and Rapid Response System (Pan-STARRS) de la Nasa (États-Unis) qui a le premier détecté le nouvel astéroïde dans le ciel. © Rob Ratkowski, ESA 

    Source: https://www.futura-sciences.com/sciences/breves/asteroide-cet-asteroide-passe-1200-km-satellite-28-avril-2499/?fbclid=IwAR398NUYFRpxgCk5iNper1Qx575ypek9V8U-X0W2sn0LA2iLbR161T0z3Q4#utm_content=futura&utm_medium=social&utm_source=facebook.com&utm_campaign=futura

  • LE 20.04.2020: Actualité de l'astronomie / Cheops démarre sa mission après avoir observé sa première exoplanète.

    Cheops démarre sa mission après avoir observé sa première exoplanète

     

    Rémy Decourt

    Journaliste

     

     

    Après trois mois de tests démontrant qu'il fonctionnait mieux que prévu, Cheops, ce satellite de l'Agence spatiale européenne, sera mis en service d'ici la fin du mois. Son principal objectif est d'observer seulement des étoiles de notre voisinage autour desquelles des planètes ont été détectées de façon à comprendre la diversité des exoplanètes. Il ne cherchera donc pas de nouvelles planètes mais précisera leurs principales caractéristiques, voire si certaines réunissent des conditions propices au développement de la vie.

    Lancé en décembre 2019, le satellite Cheops de l'Agence spatiale européenne s'apprête à débuter ses opérations scientifiques. Conçu pour comprendre la diversité des exoplanètes, leur nature et pour déterminer, entre autres, si elles réunissent des conditions propices au développement de la vie, ce satellite a été mis progressivement en service depuis sa mise en orbite par Arianespace. Ses premières observations sont d'ores et déjà jugées prometteuses par l'équipe scientifique du projet.

    Si CorotKepler et Tess ont montré la diversité des exoplanètes, « Cheops doit nous aider à les classer en famille et à donner des éléments concrets, à savoir leur masse et leur rayon mesurés de façon précise, pour bien comprendre justement cette diversité », explique Alain Lecavelier, de l'Institut d'astrophysique de Paris, et l'un des deux chercheurs représentant la France dans l'équipe scientifique de la mission. Un classement jamais fait qui permettra de sélectionner « pour de futurs observatoires spatiaux et terrestres, les meilleures cibles pour des observations et caractérisations futures des exoplanètes de la catégorie concernée ». Le but de cette mission est donc de réaliser « des études statistiques afin de déterminer différentes familles de planètes en fonction de nombreux paramètres », précise le chercheur.

    Depuis le mois de janvier, date des premières observations de test, et jusqu'à la fin du mois de mars, une équipe de scientifiques, d'ingénieurs et de techniciens a longuement testé et calibré Cheops. Cette phase de test s'est terminée en pleine crise du coronavirus qui a contraint pratiquement tout le personnel de la mission à accomplir son travail depuis son domicile.

    Schéma du premier système planétaire en transit observé par Cheops. Les cercles colorés indiquent la taille relative de l'étoile (colorée) par rapport à la planète en transit (noire), pour le cas de HD 93396 (orange) et sa planète, Kelt-11b, et pour comparaison le Soleil (jaune), la Terre et Jupiter. En bas, La première courbe de lumière de Cheops recouvrant un transit d’exoplanète. L’exoplanète géante KELT-11b fait le tour de l’étoile HD 93396 en 4,7 jours. La baisse de luminosité provoquée par la planète démarre environ neuf heures après le début de l’observation. © Cheops Mission Consortium

    Schéma du premier système planétaire en transit observé par Cheops. Les cercles colorés indiquent la taille relative de l'étoile (colorée) par rapport à la planète en transit (noire), pour le cas de HD 93396 (orange) et sa planète, Kelt-11b, et pour comparaison le Soleil (jaune), la Terre et Jupiter. En bas, La première courbe de lumière de Cheops recouvrant un transit d’exoplanète. L’exoplanète géante KELT-11b fait le tour de l’étoile HD 93396 en 4,7 jours. La baisse de luminosité provoquée par la planète démarre environ neuf heures après le début de l’observation. © Cheops Mission Consortium 

    Des performances meilleures que prévues qui augurent du succès de la mission

    Pour tester les performances du satellite, s'assurer et vérifier que le satellite est aussi précis et stable, l'équipe a observé une première étoile dont les propriétés sont bien connues et le comportement d'une grande stabilité et sans signe d'activité. Elle s'est concentrée sur une étoile baptisée HD 88111 située à 175 années-lumière dans la constellation de l'Hydre et connue pour n'héberger aucune exoplanète. Pour comprendre la difficulté de la tâche, le but est que si le télescope « observe une étoile pendant plusieurs heures, tandis que le satellite se déplace le long de son orbite, l'image de l'étoile doit rester toujours dans le même groupe de pixels dans le détecteur », explique Carlos Corral van Damme, ingénieur principal de l'ESA pour Cheops.

    Comme l'explique Willy Benz, professeur en astrophysique à l'université de Berne et directeur de la mission Cheops, le test le « plus délicat consistait à mesurer la luminosité d'une étoile avec une précision de 0,002 % (20 millionièmes) ». Un tel degré de précision est capital afin de bien discerner l'obscurcissement provoqué par le passage d'une planète de la taille de la Terre devant une étoile de taille similaire à celle du Soleil (un phénomène appelé « transit » qui peut durer plusieurs heures). « Cheops devait également montrer qu'il pouvait maintenir ce niveau de précision pendant deux jours consécutifs. »

    VOIR AUSSICheops : on vous dit tout sur cette mission dédiée aux exoplanètes

    Plusieurs autres tests ont été réalisés dont un qui a consisté à observer le système planétaire HD 93396 qui se situe à 320 années-lumière du nôtre dans la constellation du Sextant. Ce système se compose d'une exoplanète géante baptisée KELT-11b découverte en 2016. Cette exoplanète tourne en 4,7 jours autour de son étoile qui est légèrement plus froide et trois fois plus grande que le Soleil. La courbe de lumière de cette étoile montre une nette baisse causée par le transit de huit heures de KELT-11b. À partir de ces données, les scientifiques ont déterminé très précisément le diamètre de la planète : 181.600 km - avec une incertitude d'un peu moins de 4.300 km.

    « Les mesures de Cheops sont cinq fois plus précises que celles effectuées depuis le sol », indique Willy Benz. La stabilité du satellite et sa charge utile sont donc meilleures que celles prévues et nécessaires pour remplir les objectifs scientifiques de la mission. Cela donne « un avant-goût des résultats que nous pouvons espérer grâce à Cheops au cours des prochains mois et des prochaines années », conclut Willy Benz.

    Source: https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/exoplanetes-cheops-demarre-mission-apres-avoir-observe-premiere-exoplanete-78851/?fbclid=IwAR25dF-DSSAOafSdnreOZMndy7ih8njy7vF9CGzyyiJvt_lo0MLvsh1QSJs#utm_content=futura&utm_medium=social&utm_source=facebook.com&utm_campaign=futura

  • LE 15.04.2020: Actualité de l'astronomie / Report du rover ExoMars : Thales Alenia Space s'explique.

    Report du rover ExoMars : Thales Alenia Space s'explique

     

    Rémy Decourt

    Journaliste

     

     

     

    Moins d'un mois après la décision de l'Agence spatiale européenne et Roscosmos de reporter le lancement de la mission ExoMars 2020 à la fenêtre de tir suivante en 2022, Walter Cugno, directeur des activités Sciences et Exploration de Thales Alenia Space, répond à nos questions.

    Afin de permettre de résoudre, sans risque, des problèmes techniques pour lesquels le planning était déjà très tendu pour tenir la date de lancement, l'Agence spatiale européenne (ESA) et Roscosmos ont été malheureusement contraints de reporter le lancement de la mission ExoMars 2020 à la fenêtre de tir suivante, soit dans environ 26 mois. Après ExoMars 2018, puis ExoMars 2020, voici venu le temps d'ExoMars 2022 qui devrait être lancé à la fin de l'été 2022, avec une arrivée sur Mars en 2023, à la fin du printemps.

    Ce report nous a d'autant plus surpris car il faisait suite à un premier report. En 2016, les deux agences avaient déjà été contraintes de reporter le lancement d'ExoMars, alors prévu en mai 2018. À l'époque, elles avaient évoqué des retards dans les activités industrielles européennes et russes, ainsi que dans les livraisons relatives à la charge utile scientifique.

    Cette fois-ci, les instruments scientifiques ne sont pas en cause mais il s'agit des éléments liés au vaisseau lui-même : les parachutes, les panneaux solaires, des équipements électroniques russes et la mise au point d'un logiciel de vol. Si l'ESA et Roscosmos ont reconnu et expliqué l'existence de ces problèmes, les deux agences ont tenu à souligner que l'épidémie de coronavirus était seulement un facteur aggravant dans le sens où elle a contribué à limiter les déplacements géographiques des personnes impliquées sur le projet.

    Des différences culturelles et méthodes de travail  

    À ces problèmes rendus publics, s'ajoutent des contraintes supplémentaires liées à l'harmonisation entre les standards et les méthodes de travail des partenaires russes du projet et les standards de l'ESA. Cela a généré des retards supplémentaires malgré des efforts significatifs faits pour s'adapter aux différences culturelles et méthodes de travail des uns et des autres. Enfin, un problème récurrent a également été découvert sur un lot de lanceur Proton, dont celui d'ExoMars 2020. Ce problème porte sur le fait que de nombreuses liaisons boulonnées, laissent apparaître des fissures qui doivent être aussi corrigées.

    En attendant, souhaitons bonne chance aux divers missions, américaine Mars 2020, chinoise Huoxing-1 et Hope des Émirats arabes unis, dont les lancements à destination de Mars sont toujours prévus cet été, malgré un risque de report pour Hope.

    La sonde ExoMars 2020, lors d'essais dans une des chambres anéchoïques de l'usine cannoise de Thales Alenia Space. ExoMars 2020 est ici vu dans sa configuration de vol avec le module de transfert (le carrier, reconnaissable à ses panneaux solaires), le bouclier thermique (avec les cônes avant et arrière) à l'intérieur duquel se trouve la plateforme d'atterrissage Kazachok qui supporte le rover Rosalind Franklin (absent lors de cet essai). © Thales Alenia Space, Alizée Palomba

    La sonde ExoMars 2020, lors d'essais dans une des chambres anéchoïques de l'usine cannoise de Thales Alenia Space. ExoMars 2020 est ici vu dans sa configuration de vol avec le module de transfert (le carrier, reconnaissable à ses panneaux solaires), le bouclier thermique (avec les cônes avant et arrière) à l'intérieur duquel se trouve la plateforme d'atterrissage Kazachok qui supporte le rover Rosalind Franklin (absent lors de cet essai). © Thales Alenia Space, Alizée Palomba 

     

    Walter Cugno, directeur des activités Sciences et Exploration de Thales Alenia Space, répond à nos questions.

     

    Que va-t-il se passer à très court terme ?

    Walter Cugno : En raison de la pandémie en cours, les activités des essais à Cannes, qui étaient terminées à environ 95 %, ont été suspendues pour permettre le retour à Turin des différents éléments d'ExoMars 2020 le plus rapidement possible. Certains équipements seront renvoyés en Russie pour être réparés. Les tests fonctionnels et logiciels seront terminés d'ici l'été 2020 et, une fois les équipements russes de retour à Turin, la plate-forme d'atterrissage sera entièrement assemblée et intégrée dans le module de descente et l'ensemble intégré sur module de transport (carrier) pour effectuer les tests fonctionnels finaux avant stockage.

    Parallèlement, la nouvelle analyse de la mission 2022 sera lancée pour définir la nouvelle trajectoire et les conditions d'arrivée et de descente sur Mars. Des tests seront effectués avec l'ESA et Roscomos tout au long des années 2020-2021 pour qualifier le vaisseau spatial, les conditions appropriées pour le placer en stockage et les actions à mettre en place pour effectuer une mission réussie pour un lancement en 2022. Les tests environnementaux restants seront exécutés avant l'expédition du vaisseau spatial à Baïkonour, au printemps 2022.

     

    Comment seront stockés le rover et les autres éléments de la mission ?

    Walter Cugno : Malgré les difficultés actuelles, le modèle de vol du rover est stocké en toute sécurité dans la salle ISO-7 Ultraclean de Turin. Le module de descente, ainsi que le modèle thermique structurel du rover, sont toujours à Cannes. Prochainement, tous les éléments, le module de transport (carrier), de descente, la plateforme d'atterrissage (Kazachok) et le rover (Rosalind Franklin) seront réunis à Turin où se poursuivront les dernières activités d'intégration et de test.

    Des difficultés à prévoir  ?

    Walter Cugno : La propreté est un sujet sensible, et il en a toujours été ainsi pour les projets spatiaux. Le matériel de vol doit être stocké dans un environnement contrôlé, ultra propre, et respecter les normes et les règles de protection de la planète qu'appliquent l'ESA. Cela dans le but de prévenir la contamination biologique de la planète rouge et d'éviter tout risque de fausser les résultats scientifiques, en contaminant les échantillons prélevés par la foreuse par exemple.

    Le rover Rosalind Franklin dans l'usine toulousaine d'Airbus. © Airbus

    Le rover Rosalind Franklin dans l'usine toulousaine d'Airbus. © Airbus 

    Quid des instruments scientifiques et de la foreuse ?

    Walter Cugno : Conformément aux directives de l'ESA, tous les instruments seront inspectés afin de prévenir toute obsolescence éventuelle des composants, même si nous ne nous attendons pas à en trouver. Concernant le rover, et en particulier la foreuse et le Laboratoire d'analyse (ALD Analytical Laboratory Drawer), nous avons tout le savoir-faire pour identifier toute anomalie éventuelle et adopter à temps des solutions préventives. Le rover sera contrôlé périodiquement, tout au long de la période de stockage, de façon à s'assurer de son bon fonctionnement. Les instruments et les mécanismes qui traiteront les échantillons martiens feront également l'objet de vérifications régulières.

    Malgré un premier report de deux ans, comment expliquez-vous ce nouveau retard ?

    Walter Cugno : Comme l'a souligné l'ESA, du point de vue du développement du programme, Thales Alenia Space confirme qu'à ce jour, plus de 95 % des activités de préparation et d'intégration ont été réalisées avec succès. Comme l'a exprimé le directeur général de l'ESA, Jan Wörner, bien que nous aurions pu lancer cet été, le choix fait s'est appuyé sur la nécessité de disposer de plus de temps pour effectuer les tests nécessaires pour que toutes les composantes du vaisseau spatial soient aptes sans réserve à l'aventure martienne.

    Au cours de l'année écoulée, afin de finaliser la phase d'intégration dans les salles blanches de Turin ou de Cannes, nous avons travaillé 24h/24 et 7 jours sur 7, en trois équipes, avec plus de 50 spécialistes supplémentaires de Thales Alenia Space mobilisés, en plus des 200 employés de Thales Alenia Space travaillant déjà sur la mission.

    En tant que maître d’œuvre du programme, que souhaitez-vous rajouter pour commenter ce report de la mission ?

    Walter Cugno : Avec l'ESA et ROSCOSMOS, nous comprenons clairement ce qui doit être réalisé au cours des deux prochaines années. La conférence de presse de l'ESA a mis en avant une nouvelle feuille de route. C'est avec regret que nous avons pris la décision de reporter le lancement de la mission à la fenêtre de tir suivante. Même si un peu plus de temps aurait été nécessaire pour terminer les tests nécessaires, ce report contribuera au succès de la mission.

    Source: https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/mars-report-rover-exomars-thales-alenia-space-explique-49427/?fbclid=IwAR3kpi3ZeC5fTFZAhO1dvAXZTZL1Q8tY3jCt_m3fA9mr70sXLXY7MPx9BKA#utm_content=futura&utm_medium=social&utm_source=facebook.com&utm_campaign=futura

  • LE 15.04.2020: Actualité de l'astronomie / Report du rover ExoMars : Thales Alenia Space s'explique.

    Report du rover ExoMars : Thales Alenia Space s'explique

     

    Rémy Decourt

    Journaliste

     

     

     

    Moins d'un mois après la décision de l'Agence spatiale européenne et Roscosmos de reporter le lancement de la mission ExoMars 2020 à la fenêtre de tir suivante en 2022, Walter Cugno, directeur des activités Sciences et Exploration de Thales Alenia Space, répond à nos questions.

    Afin de permettre de résoudre, sans risque, des problèmes techniques pour lesquels le planning était déjà très tendu pour tenir la date de lancement, l'Agence spatiale européenne (ESA) et Roscosmos ont été malheureusement contraints de reporter le lancement de la mission ExoMars 2020 à la fenêtre de tir suivante, soit dans environ 26 mois. Après ExoMars 2018, puis ExoMars 2020, voici venu le temps d'ExoMars 2022 qui devrait être lancé à la fin de l'été 2022, avec une arrivée sur Mars en 2023, à la fin du printemps.

    Ce report nous a d'autant plus surpris car il faisait suite à un premier report. En 2016, les deux agences avaient déjà été contraintes de reporter le lancement d'ExoMars, alors prévu en mai 2018. À l'époque, elles avaient évoqué des retards dans les activités industrielles européennes et russes, ainsi que dans les livraisons relatives à la charge utile scientifique.

    Cette fois-ci, les instruments scientifiques ne sont pas en cause mais il s'agit des éléments liés au vaisseau lui-même : les parachutes, les panneaux solaires, des équipements électroniques russes et la mise au point d'un logiciel de vol. Si l'ESA et Roscosmos ont reconnu et expliqué l'existence de ces problèmes, les deux agences ont tenu à souligner que l'épidémie de coronavirus était seulement un facteur aggravant dans le sens où elle a contribué à limiter les déplacements géographiques des personnes impliquées sur le projet.

    Des différences culturelles et méthodes de travail  

    À ces problèmes rendus publics, s'ajoutent des contraintes supplémentaires liées à l'harmonisation entre les standards et les méthodes de travail des partenaires russes du projet et les standards de l'ESA. Cela a généré des retards supplémentaires malgré des efforts significatifs faits pour s'adapter aux différences culturelles et méthodes de travail des uns et des autres. Enfin, un problème récurrent a également été découvert sur un lot de lanceur Proton, dont celui d'ExoMars 2020. Ce problème porte sur le fait que de nombreuses liaisons boulonnées, laissent apparaître des fissures qui doivent être aussi corrigées.

    En attendant, souhaitons bonne chance aux divers missions, américaine Mars 2020, chinoise Huoxing-1 et Hope des Émirats arabes unis, dont les lancements à destination de Mars sont toujours prévus cet été, malgré un risque de report pour Hope.

    La sonde ExoMars 2020, lors d'essais dans une des chambres anéchoïques de l'usine cannoise de Thales Alenia Space. ExoMars 2020 est ici vu dans sa configuration de vol avec le module de transfert (le carrier, reconnaissable à ses panneaux solaires), le bouclier thermique (avec les cônes avant et arrière) à l'intérieur duquel se trouve la plateforme d'atterrissage Kazachok qui supporte le rover Rosalind Franklin (absent lors de cet essai). © Thales Alenia Space, Alizée Palomba

    La sonde ExoMars 2020, lors d'essais dans une des chambres anéchoïques de l'usine cannoise de Thales Alenia Space. ExoMars 2020 est ici vu dans sa configuration de vol avec le module de transfert (le carrier, reconnaissable à ses panneaux solaires), le bouclier thermique (avec les cônes avant et arrière) à l'intérieur duquel se trouve la plateforme d'atterrissage Kazachok qui supporte le rover Rosalind Franklin (absent lors de cet essai). © Thales Alenia Space, Alizée Palomba 

     

    Walter Cugno, directeur des activités Sciences et Exploration de Thales Alenia Space, répond à nos questions.

     

    Que va-t-il se passer à très court terme ?

    Walter Cugno : En raison de la pandémie en cours, les activités des essais à Cannes, qui étaient terminées à environ 95 %, ont été suspendues pour permettre le retour à Turin des différents éléments d'ExoMars 2020 le plus rapidement possible. Certains équipements seront renvoyés en Russie pour être réparés. Les tests fonctionnels et logiciels seront terminés d'ici l'été 2020 et, une fois les équipements russes de retour à Turin, la plate-forme d'atterrissage sera entièrement assemblée et intégrée dans le module de descente et l'ensemble intégré sur module de transport (carrier) pour effectuer les tests fonctionnels finaux avant stockage.

    Parallèlement, la nouvelle analyse de la mission 2022 sera lancée pour définir la nouvelle trajectoire et les conditions d'arrivée et de descente sur Mars. Des tests seront effectués avec l'ESA et Roscomos tout au long des années 2020-2021 pour qualifier le vaisseau spatial, les conditions appropriées pour le placer en stockage et les actions à mettre en place pour effectuer une mission réussie pour un lancement en 2022. Les tests environnementaux restants seront exécutés avant l'expédition du vaisseau spatial à Baïkonour, au printemps 2022.

     

    Comment seront stockés le rover et les autres éléments de la mission ?

    Walter Cugno : Malgré les difficultés actuelles, le modèle de vol du rover est stocké en toute sécurité dans la salle ISO-7 Ultraclean de Turin. Le module de descente, ainsi que le modèle thermique structurel du rover, sont toujours à Cannes. Prochainement, tous les éléments, le module de transport (carrier), de descente, la plateforme d'atterrissage (Kazachok) et le rover (Rosalind Franklin) seront réunis à Turin où se poursuivront les dernières activités d'intégration et de test.

    Des difficultés à prévoir  ?

    Walter Cugno : La propreté est un sujet sensible, et il en a toujours été ainsi pour les projets spatiaux. Le matériel de vol doit être stocké dans un environnement contrôlé, ultra propre, et respecter les normes et les règles de protection de la planète qu'appliquent l'ESA. Cela dans le but de prévenir la contamination biologique de la planète rouge et d'éviter tout risque de fausser les résultats scientifiques, en contaminant les échantillons prélevés par la foreuse par exemple.

    Le rover Rosalind Franklin dans l'usine toulousaine d'Airbus. © Airbus

    Le rover Rosalind Franklin dans l'usine toulousaine d'Airbus. © Airbus 

    Quid des instruments scientifiques et de la foreuse ?

    Walter Cugno : Conformément aux directives de l'ESA, tous les instruments seront inspectés afin de prévenir toute obsolescence éventuelle des composants, même si nous ne nous attendons pas à en trouver. Concernant le rover, et en particulier la foreuse et le Laboratoire d'analyse (ALD Analytical Laboratory Drawer), nous avons tout le savoir-faire pour identifier toute anomalie éventuelle et adopter à temps des solutions préventives. Le rover sera contrôlé périodiquement, tout au long de la période de stockage, de façon à s'assurer de son bon fonctionnement. Les instruments et les mécanismes qui traiteront les échantillons martiens feront également l'objet de vérifications régulières.

    Malgré un premier report de deux ans, comment expliquez-vous ce nouveau retard ?

    Walter Cugno : Comme l'a souligné l'ESA, du point de vue du développement du programme, Thales Alenia Space confirme qu'à ce jour, plus de 95 % des activités de préparation et d'intégration ont été réalisées avec succès. Comme l'a exprimé le directeur général de l'ESA, Jan Wörner, bien que nous aurions pu lancer cet été, le choix fait s'est appuyé sur la nécessité de disposer de plus de temps pour effectuer les tests nécessaires pour que toutes les composantes du vaisseau spatial soient aptes sans réserve à l'aventure martienne.

    Au cours de l'année écoulée, afin de finaliser la phase d'intégration dans les salles blanches de Turin ou de Cannes, nous avons travaillé 24h/24 et 7 jours sur 7, en trois équipes, avec plus de 50 spécialistes supplémentaires de Thales Alenia Space mobilisés, en plus des 200 employés de Thales Alenia Space travaillant déjà sur la mission.

    En tant que maître d’œuvre du programme, que souhaitez-vous rajouter pour commenter ce report de la mission ?

    Walter Cugno : Avec l'ESA et ROSCOSMOS, nous comprenons clairement ce qui doit être réalisé au cours des deux prochaines années. La conférence de presse de l'ESA a mis en avant une nouvelle feuille de route. C'est avec regret que nous avons pris la décision de reporter le lancement de la mission à la fenêtre de tir suivante. Même si un peu plus de temps aurait été nécessaire pour terminer les tests nécessaires, ce report contribuera au succès de la mission.

    Source: https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/mars-report-rover-exomars-thales-alenia-space-explique-49427/?fbclid=IwAR3kpi3ZeC5fTFZAhO1dvAXZTZL1Q8tY3jCt_m3fA9mr70sXLXY7MPx9BKA#utm_content=futura&utm_medium=social&utm_source=facebook.com&utm_campaign=futura

  • LE 10.04.2020: Actualité de l'astronomie / La sonde BepiColombo, en route vers Mercure, va frôler la Terre à l'aube

    La sonde BepiColombo, en route vers Mercure, va frôler la Terre à l'aube

     

    Rémy Decourt

    Journaliste

     

     

     

    En pleine épidémie de Covid-19, l'Agence spatiale européenne se prépare au survol de la Terre par la sonde BepiColombo en route vers Mercure. Les explications d'Agnès Montagnon, manager française à l'ESA et responsable des Opérations de vol de BepiColombo vers Mercure au Centre européen des opérations spatiales à Darmstadt de l'ESA (Esoc).

    C'est dans le contexte particulier de l'épidémie du Covid-19, qui contraint l'Agence spatiale européenne à réduire au strict minimum les équipes de contrôle et d'ingénieurs du Centre européen des opérations spatiales à Darmstadt de l'ESA (Esoc) - afin de respecter les règles de distanciation sociale - que la sonde BepiColombo s'apprête à survoler la Terre à seulement 12.700 kilomètres de distance. Ce passage au plus près de la Terre est prévu demain vendredi, à 6 h 25, heure de Paris.

    Lancée en octobre 2018, cette sonde européano-japonaise réalisera vendredi 10 avril sa « première des neuf assistances gravitationnelles nécessaires pour rejoindre la planète et s'insérer en orbite autour », nous explique Agnès Montagnon, responsable des Opérations de vol de BepiColombo vers Mercure au Centre européen des opérations spatiales à Darmstadt de l'ESA (Esoc). Bien que couramment utilisée, cette « manœuvre est toujours délicate à réaliser ». La sonde doit passer au « point de passage prévu, à une distance de seulement 12.700 km de la Terre, nécessaire pour modifier sa vitesse et courber sa trajectoire vers le centre du Système solaire à destination de Vénus ». Ce passage au-dessus de la Terre va « ralentir la sonde de près de quatre kilomètres par seconde ».

    Agnès Montagnon, manager française à l’ESA et responsable des Opérations de vol de BepiColombo vers Mercure au Centre européen des opérations spatiales à Darmstadt de l’ESA (ESOC). © ESA

    Agnès Montagnon, manager française à l’ESA et responsable des Opérations de vol de BepiColombo vers Mercure au Centre européen des opérations spatiales à Darmstadt de l’ESA (ESOC). © ESA  

    Habituellement, les manœuvres d'assistance sont plutôt utilisées pour accélérer des sondes à destination d'objets lointains du Système solaire. Mais, comme nous le rappelle Agnès Montagnon, elles peuvent être également utilisées « pour changer le plan d'inclinaison des satellites ou, comme c'est le cas pour BepiColombo, ralentir ». En fait, tout dépend des caractéristiques du survol et de la mission.

    La nécessité de ralentir la sonde plusieurs kilomètres par seconde

    Or, du fait de la gravité considérable exercée par le Soleil et plutôt que de prendre une trajectoire directe et embarquer une très grande quantité de carburant, jusqu'à plus de 50 % de la masse du véhicule, l'Agence spatiale européenne a préféré allonger le voyage de la sonde, en matière de distance et de temps, avant d'arriver à destination. Concrètement au lieu de parcourir les 90 millions de kilomètres qui séparent Mercure de la Terre en seulement quelques mois, BepiColombo s'astreint à un voyage de sept ans, de près de 9 milliards de kilomètres à parcourir et neuf assistances gravitationnelles ! Des contraintes fortes mais nécessaires. Pour atteindre la « vitesse requise afin d'être capturée en orbite par la gravité de Mercure, la sonde devra perdre 7,7 km/s », ce qui est énorme. Ce freinage représente sept fois la poussée nécessaire pour rejoindre Mars ! L'énergie pour la mise en orbite autour de Mercure est même bien plus élevée que pour expédier une sonde jusqu'à Pluton, pourtant située entre 4,4 et plus de 7 milliards de kilomètres. BepiColombo réussira ce ralentissement en « effectuant un total de neuf manœuvres d'assistances gravitationnelles ». Après le survol, suivront deux manœuvres autour de Vénus et six autour de Mercure.

    La sonde BepiColombo. Notez les deux boucliers thermiques de la mission : au premier plan, Mosif, qui sera installé sur le dessus de la sonde pour protéger l'orbiteur japonais MMO et, déjà installé sur l'orbiteur européen MPO, le bouclier (de couleur verdâtre) qui le protégera du flux thermique et des rayonnements infrarouges. © Rémy Decourt

    La sonde BepiColombo. Notez les deux boucliers thermiques de la mission : au premier plan, Mosif, qui sera installé sur le dessus de la sonde pour protéger l'orbiteur japonais MMO et, déjà installé sur l'orbiteur européen MPO, le bouclier (de couleur verdâtre) qui le protégera du flux thermique et des rayonnements infrarouges. © Rémy Decourt  

    « Pendant la phase de survol de la Terre, nous avons besoin d'être en contact quotidien avec la sonde. » C'est pourquoi, les trois antennes de 35 mètres du réseau de l’espace lointain de l'ESA, situées à Malargüe (Argentine), New Norcia en Australie et à Cebreros en Espagne, seront utilisées. Elles resteront en « contact permanent avec la sonde jusqu'au 13 avril pour s'assurer que tout s'est bien passé, c'est-à-dire que la sonde soit sur la bonne trajectoire en direction de Vénus » où auront lieu les deux « prochaines manœuvres d'assistances gravitationnelles pour ajuster la trajectoire de la sonde en direction de Mercure et continuer à freiner la vitesse de BepiColombo ».

    Le saviez-vous ?

    Après Mariner 10 dans les années 1970 et Messenger (2010-2015), BepiColombo est la troisième mission, et la première européenne, vers Mercure, la plus petite planète et la moins explorée de notre Système solaire. « La moins explorée non pas parce qu'elle n'est pas intéressante mais parce qu'elle est difficile d'accès », explique Álvaro Giménez, directeur du programme scientifique de l’ESA. Avec BepiColombo, l'ESA et la Jaxa se sont donné les moyens de faire progresser notre « connaissance de Mercure, progrès qui bénéficiera des succès de Messenger et des découvertes pionnières de Mariner 10 », précise François Leblanc, planétologue au Latmos.

    Lors de ce survol, les scientifiques de la mission prévoient d'utiliser huit des dix instruments embarqués à bord de l'orbiteur MPO. Pour rappel, la sonde BepiColombo se compose du module de transfert MTM (Mercury Transfert Module), de l'orbiteur MPO dédié à la planète (Mercury Planetary Orbiter), du bouclier thermique, pour protéger l'engin des quelque 350 °C au voisinage de Mercure et de l'orbiteur MMO d'étude de la magnétosphère (Mercury Magnetospheric Orbiter), fourni par le Japon.

    Pour les scientifiques, il s'agit de réaliser des mesures techniques et de calibration de façon à s'assurer de leur bon fonctionnement. Comme le souligne l'ESA, il ne faut donc pas s'attendre à des données avec le niveau de qualité espéré lorsque ces mêmes instruments seront mis en service autour de Mercure. La caméra principale ne pouvant pas être mise en route, l'ESA utilisera les trois caméras de type GoPro, situées sur le module de transfert, pour prendre des photos du système Terre-Lune qui passera dans leur champ de vision. Environ 300 images seront acquises 24 heures avant et 24 heures après le passage de la sonde au plus près de la Terre.

    Source: https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/mercure-sonde-bepicolombo-route-vers-mercure-va-froler-terre-aube-80491/#utm_content=futura&utm_medium=social&utm_source=facebook.com&utm_campaign=futura

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