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  • LE 18.03.2020 Actualité de l'Astronomie / En vidéo : le lancement réussi d'Ariane 5.

    En vidéo : le lancement réussi d'Ariane 5

     

    Futura avec l'AFP-Relaxnews

     

    L’image contient peut-être : ciel, nuage et plein air, texte qui dit ’Lancement réussi Kourou pour la fusée Ariane ESA, CNES, Arianespace, CSG’

     [EN VIDÉO] Lancement réussi depuis Kourou pour la fusée Ariane 5  Le lancement d'une fusée est toujours un moment impressionnant... Revivez le 109e décollage d'Ariane 5 en vidéo ! 

     

     

    Contrainte à un troisième report, la fusée Ariane 5 a enfin pu décoller samedi, emportant avec elle deux satellites de télécommunications et un véhicule de maintenance de satellites. Après un gel des activités lié au confinement dû à la pandémie de coronavirus, la 253e mission du lanceur a été accomplie avec succès.

     

    Après trois reports, la fusée Ariane 5 a pu décoller samedi depuis Kourou, en Guyane française, et mettre en orbite deux satellites de télécommunications et un ravitailleur, selon une retransmission sur le site d'Arianespace.

    « Dans le cadre de cette mission, trois satellites ont été embarqués à bord de la fusée Ariane 5 la plus performante jamais lancée, démontrant ainsi la compétitivité de nos solutions de lancement et notre capacité à innover en continu », se réjouit Stéphane Israël, président exécutif d'Arianespace dans un communiqué.

     Photo diffusée le 15 août 2020 par l'Agence spatiale européenne du décollage de la fusée Ariane 5 à Kourou. © Handout - European Space Agency, AFP

     Photo diffusée le 15 août 2020 par l'Agence spatiale européenne du décollage de la fusée Ariane 5 à Kourou. © Handout - European Space Agency, AFP 

     

    Un nouveau succès pour Ariane 5 et pour l'industrie spatiale européenne

    Pour ce vol, la capacité d’emport d'Ariane 5 a été augmentée de 85 kg. Le lanceur lourd européen s'est arraché du sol à 19 h 04, heure de Kourou (soit 00 h 04, heure de Paris dans la nuit du 15 au 16 août) pour une mission d'environ 48 minutes, du décollage jusqu'à la séparation des satellites.

    Le lancement, initialement programmé pour le 28 juillet, avait une première fois été repoussé « afin de procéder à des inspections techniques complémentaires », puis à nouveau à cause « d'un comportement anormal d'une sonde dans le réservoir hydrogène liquide de l'étage principal cryotechnique». Et une troisième fois, jeudi, pour des « conditions défavorables de vent en altitude ».

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    Jean-Yves Le Gall

    @JY_LeGall

    Un nouveau succès pour Ariane 5! BRAVO à toute l’Europe spatiale! @CNES @esa @ArianeGroup @BrunoLeMaire @VidalFrederique @florence_parly

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    1:03 AM · 16 août 2020

    163     28 personnes tweetent à ce sujet.

    Arianespace signe là son premier lancement depuis le gel des activités du port spatial européen décrété mi-mars par le Centre national d'études spatiales (CNES) en raison du Covid-19. Une fusée européenne Vega devait décoller mi-juin mais le lancement a dû être reporté plusieurs fois à cause de conditions météo particulièrement défavorables. Son lancement est maintenant programmé pour le 1er septembre, a annoncé samedi Stéphane Israël.

    Ariane 5 emporte avec elle deux satellites de télécommunications (Galaxy 30 et BSAT-4b) au profit des opérateurs Intelsat et B-SAT et un véhicule de maintenance de satellites (MEV-2) pour SpaceLogistics LLC qui doit s'arrimer à un autre appareil déjà en orbite (Intelsat 10-02). « Une fois arrimé, il contrôlera l'orbite du satellite client à l'aide de ses propres propulseurs. Après sa mission pour Intelsat 10-02, MEV-2 se désarrimera et se tiendra à disposition du véhicule d'un autre client », avait précisé Arianespace dont c'est le premier lancement d'un véhicule de maintenance satellitaire. Ce lancement était le 109e d'Ariane 5, le troisième d'Ariane 5 en 2020 et le troisième de l'année au Centre spatial guyanais(CSG), rappelle le Cnes.

    Source: https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/ariane-5-video-lancement-reussi-ariane-5-82515/?utm_content=buffer9fb21&utm_medium=social&utm_source=facebook.com&utm_campaign=futura&fbclid=IwAR2NCxpB1WCxKIjol0LQziHp29x2kyG2biElznamjcghxVGI60dyonu4g0M

  • LE 18.03.2020 Actualité de l'Astronomie / Combien de satellites tournent autour de la Terre ?

    Combien de satellites tournent autour de la Terre ?

     

     

    Céline Deluzarche

    Journaliste

     

     

    L’image contient peut-être : nuit et eau

    L'orbite terrestre est de plus en plus encombrée par des milliers de satellites d'opérateurs privés et publics. Combien sont-ils à tourner au-dessus de nos têtes ? Quelles sont leurs missions ? Quels pays en comptent le plus ? Quelles sont leur taille et altitude ? Retrouvez tous les chiffres grâce à cette infographie.

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     [EN VIDÉO] Comment mettre un satellite en orbite autour de la Terre ?  Sans même que nous en ayons conscience, les satellites sont devenus indispensables à notre quotidien. Les moyens de communication, de surveillance et une bonne partie des recherches scientifiques en dépendent. Alors, comment mettre en orbite un satellite ? Le Cnes nous répond dans cette courte vidéo didactique. 

    Selon l'association UCS (Union of Concerned Scientists), 2.063 satellites opérationnels étaient en orbite autour de la Terre au 1er avril 2019. Le plus ancien encore en opération est un satellite amateur américain, Amsat-Oscar 7 (AO-7), lancé le 15 novembre 1974. La cadence des lancements s'est brusquement accélérée ces dernières années, avec 378 satellites lancés en 2017 et 375 satellites en 2018. Attention : il ne s'agit pas du nombre de fusées, car les lancements multiples sont devenus la norme. Le 15 février 2017, l'Inde a ainsi battu un record avec 104 satellites en un seul tir.

     

    Pays et taille des satellites

    Cette prolifération est liée à deux phénomènes : d'une part, de plus en plus de pays s'intéressent à l'espace. L’Angola a ainsi lancé son premier satellite en 2017, destiné à fournir des services de communication (radiotélévision, voix) et d'Internet haut débit au-dessus du continent africain et d'une partie de l'Europe. D'autre part, les satellites se miniaturisent avec l'apparition de CubeSats et autres nanosatellites pas plus gros qu'une boîte à chaussures.

     

    Utilisation des satellites

    Sur les 2.063 satellites en orbite terrestre, 38 % (788) sont dédiés à l'observation de la Terre (étude du climat, des précipitations, surveillance...) et 37 % (773) aux services de communication. Viennent ensuite les satellites à but scientifique ou technologique dans la communication ou la défense (263) et ceux utilisés pour la navigation globale ou régionale (138). On voit même apparaître des projets de plus en plus insolites, comme des œuvres d'art ou des startups proposant d'envoyer vos cendres dans le ciel à votre mort.

     

    Orbite des satellites

    64 % des satellites (1.325) sont envoyés en orbite basse (LEO), située entre 500 et 2.000 kilomètres d'altitude. Cette proximité permet un temps de latence très court et une moindre énergie au lancement. Elle est utilisée notamment pour les systèmes de télécommunication, d'imagerie terrestre ou la météorologie. 27 % des satellites (554) naviguent sur une orbite géostationnaire, à 36.000 kilomètres d'altitude, qui sert notamment pour les services de communication comme la télévision, le satellite restant à tout moment au-dessus du même point. L'orbite moyenne, située entre 2.000 et 36.000 kilomètres, sert quant à elle aux satellites de navigation tels que le GPS.

    Source: https://www.futura-sciences.com/sciences/questions-reponses/satellite-satellites-tournent-autour-terre-7065/?utm_content=bufferfb976&utm_medium=social&utm_source=facebook.com&utm_campaign=futura&fbclid=IwAR3724WotMTd3RZleg_dRRggEuESptDEuYj_PvXZJuNoM9kGLgoFtoJnNiQ

  • LE 18.03.2020 Actualité de l'Astronomie / Espace : ce pigment artificiel pourrait protéger les astronautes des rayons X.

    Espace : ce pigment artificiel pourrait protéger les astronautes des rayons X

     

     

    Céline Deluzarche

    Journaliste

     

     

    L’image contient peut-être : une personne ou plus, texte qui dit ’La sélénomélanine, une mélanine artificielle qui protège des rayons X Lukas Gojda, Adobe Fern’

    Des chercheurs ont fabriqué une forme artificielle de mélanine, qui offre une protection contre les rayonnements ionisants. Ce nouveau pigment pourrait entrer dans la composition de matériaux protecteurs ou d'une « crème solaire » anti-rayons X.

    La peau contient un pigment naturel, la mélanine, fabriquée par des mélanocytes. On en connaît deux types présents dans la peau : l'eumélanine, de couleur brun-noir, et la phéomélanine, de couleur jaune-rouge (il existe aussi trois autres formes naturelles de mélanine mais moins courantes). Eh bien, voici que des chercheurs viennent d'en inventer une sixième sorte : la sélénomélanine. Ce pigment artificiel est formé d'une molécule de phéomélanine à laquelle on a rattaché du sélénium, un oligoélément connu pour protéger contre les radiations ionisantes et comme anti-inflammatoire.

    Objectif : offrir une protection contre les rayons X, auxquels sont notamment exposés les astronautes lors de leurs missions spatiales. Ces radiations ionisantes endommagent l'ADN des cellules, ce qui fait peser un grave risque pour la santé lors d'une exposition prolongée. « Les radiations accumulées lors d'un voyage interplanétaire sont des centaines de fois supérieures à celles reçues sur Terre pour la même période », affirme ainsi Jordanka Semkova, de l'Académie bulgare des sciences.

    Des cellules de peau modifiées avec la sélénomélanine (en rouge). © Université de Northwestern

    Des cellules de peau modifiées avec la sélénomélanine (en rouge). © Université de Northwestern 

     

    De la mélanine dopée au sélénium

    La mélanine naturelle offre certes une protection contre les rayonnements UV et les rayons X, mais elle demeure insuffisante. Qu'à cela ne tienne : les chercheurs de l'université de Northwestern (États-Unis) ont décidé de la « doper » avec le sélénium. « La mélanine contenant du sélénium apporte une meilleure protection que les autres formes de mélanine [...] Nous avons donc décidé de la fabriquer nous-mêmes », explique Nathan Gianneschi, l'un des auteurs de l'étude parue dans le Journal of the American Chemical Society.

    Les chercheurs ont simplement échangé le soufre de la molécule de phéomélanine avec l'élément sélénium, très proche du soufre dans le tableau périodique mais qui absorbe mieux les rayons X. Ils ont ensuite créé des cellules contenant cette mélanine modifiée et les ont exposées à des radiations de 6 grays, une dose en principe létale pour les cellules humaines. Par comparaison avec toutes les autres formes de mélanine testées, seule la sélénomélanine s'est avérée offrir une protection efficace.

     

    De la sélénomélanine à l’état naturel ?

    Si la fabrication de sélénomélanine a ici été effectuée par synthèse chimique, il serait parfaitement possible de l'obtenir de manière organique à l'aide de bactéries, avancent les chercheurs. « Il se pourrait même que la sélénomélanine existe à l'état naturel sans que nous ne l'ayons encore découverte », suggère Nathan Gianneschi. Son équipe compte d'ailleurs explorer le Salton Sea, un lac contaminé au sélénium en Californie du Sud pour voir si des bactéries n'auraient pas développé cette fameuse sélénomélanine.

    En attendant, les chercheurs envisagent d'appliquer une couche de ce pigment sur des matériaux légers afin de protéger les astronautes contre les rayonnements cosmiques. Un tel matériau pourrait également être inclus dans les cabines des avions, également soumis aux rayonnements ionisants. On peut enfin imaginer une sorte de « crème solaire » à base de sélénomélanine pour protéger les patients traités par radiothérapie ou lors d'examens cliniques (radiographie et scanner).

    Source: https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/sante-astronautes-espace-ce-pigment-artificiel-pourrait-proteger-astronautes-rayons-x-82409/?utm_content=bufferfd2da&utm_medium=social&utm_source=facebook.com&utm_campaign=futura&fbclid=IwAR25klyVp4yDdPYtGakLx39M1PRmT8IBYmlx8tEhmOkp9r8JsgaFayZCcww

  • LE 16.03.2020 Actualité de l'Astronomie de la science / INTERVIEW. "Le XVIIe (17e) siècle, un tournant dans l’histoire des sciences".

    INTERVIEW. "Le XVIIe siècle, un tournant dans l’histoire des sciences"

     

    Par Dominique Leglu et Leroy Florence le 16.08.2020 à 11h00ABONNÉS

     

     

    En séparant l’infini mathématique de l’infini comme totalité du monde, Galilée et Descartes ont initié de fantastiques réussites scientifiques. Mais avec, en contrepartie, la perte du sentiment de l’existence.

    INTERVIEW. "Le XVIIe siècle, un tournant dans l’histoire des sciences"

    Michel Blay

    MANUEL COHEN / AFP

    Cet article est extrait des "Indispensables" de Sciences et Avenir n°202, dédié à la thématique de "l'infini", en vente en kiosque de juillet à septembre 2020.

    Michel Blay est historien des sciences, directeur de recherche honoraire au CNRS et président du Comité pour l'histoire du CNRS.

    Sciences et Avenir : Est-il possible de penser l’infini ?

    Michel Blay : Je crois que cette expression n'a pas de sens. On peut penser "avec" l'infini, ce dernier étant alors un outil, celui qui a permis de construire des objets notamment mathématiques depuis le 17e siècle. On peut aussi penser "à partir" de l'infini, comme le fait par exemple Descartes : il distingue l'infini, qui est le nom de Dieu, et l'indéfini, le monde dans lequel nous vivons. Mais l'infini en lui-même, comment peut-on le penser, en dehors de la pure mathématique ?

    L’infini aurait donc une histoire ?

    Absolument. Ne pensons pas que ce terme désigne la même chose des Grecs à nos jours ! Il faut bien distinguer l'infini comme totalité du monde et l'infini qui permet de faire des mathématiques, deux notions qui n'ont été séparées qu'au 17e siècle. La première réflexion sur l'infini nous vient des Grecs, et remonte à la naissance de la philosophie. Avant même Socrate. Le philosophe, en effet, est celui qui interroge le monde en tant qu'existant : qu'est-ce qui est ? Que signifie être ? Qu'est-ce que cette totalité où je suis ? C'est une réflexion extrêmement abstraite, qui est la question grecque, ou occidentale, par excellence. Dans les autres civilisations, c'est le mythe qui rend compte de la totalité.

    Au milieu du 6e siècle avant Jésus-Christ, donc, le philosophe Anaximandre de Milet écrit un traité sur la nature dans lequel il introduit le terme apeiron, l'illimité. Ce n'est pas exactement l'infini, mais un principe général de fabrication du monde, ce dont tout dérive et revient. Puis, par la suite, Platon ou Aristote se représenteront le mouvement des astres comme une ronde sans fin dans un monde clos, le temps n'ayant ni début ni terme. Pour eux, la nature, dans son principe interne de génération et de corruption, cyclique, se produit indéfiniment. Il y a donc en Grèce un jeu de l'infini, ou plutôt de l'indéfini, et du fini.

    Qui dit infini, en Occident, évoque aussitôt le Dieu des monothéismes…

    Avec le christianisme, le Dieu créateur récupère en effet la notion d'infini, qui est un de ses multiples attributs. Un infini absolument transcendant, qui n'a rien à voir avec celui des mathématiques ou de la cosmologie… Jusqu'au théologien Nicolas de Cues (1401-1464), dit le Cusain, qui précise qu'en Dieu se réalise la coïncidence des opposés, du fini et de l'infini. Disant cela, il rompt avec le principe de non-contradiction d'Aristote selon lequel une chose ne peut pas à la fois être et ne pas être. Pour le Cusain, ce principe est vrai dans l'ordre de la raison et de la logique, mais plus dans l'ordre de l'intellect divin. Cette idée ouvre quelque chose de tout à fait nouveau sur le statut de l'infini et de Dieu, statut qui se précisera quelques décennies plus tard avec Giordano Bruno.

    Celui-ci n'est pas du tout, comme on le dit parfois, un père de l'athéisme ou de la laïcité ! Profondément croyant, il ne voit pas pourquoi Dieu aurait créé un monde fini alors que sa puissance est infinie. On ne conserve de lui, en général, que l'idée d'infini en extension et en grandeur, c'est-à-dire géométrique, et celle de pluralité des mondes. Mais il introduit d'autres infinis, par exemple comme présence de Dieu dans chaque être, chaque être étant en lui-même infini.

    Selon vous, c’est donc le 17e siècle qui marque la rupture dans cette question de l’infini ?

    Deux personnalités vont jouer un rôle majeur. Galilée, d'une part, qui transforme le monde en monde mécanique. C'est l'ingénieur, pour qui tout est machine. Et Descartes, d'autre part, qui se pose la question : comment admettre un monde mécanique et en même temps justifier de la présence de Dieu ? Il s'en sort d'une manière assez maligne : il pose que Dieu est l'infini alors que le monde est mécanique et indéfini, c'est-à-dire aussi grand que l'on veut sans être infini, car dépendant de l'infini divin. Mais aussitôt se pose un problème : si l'infini est le nom de Dieu, comment l'utiliser en mathématiques ? Donc... il ne l'utilise pas en mathématiques ! Tout le 17e siècle est dans ce jeu visant à protéger la transcendance : la métaphysique essaie de construire quelque chose, la science également, les deux sphères se pensant en harmonie. C'est Fontenelle qui, en 1728, opérera la vraie séparation dans ses "Éléments de la géométrie de l'infini". Il le dit très clairement : il y a deux infinis, l'infini géométrique, celui qui permet de faire de la physique et des mathématiques, et qui n'a à rendre compte que de lui-même. Et un deuxième qui correspond à la totalité… Celui-là est très obscur, on ne va plus s'en occuper. Cela libère totalement la pensée de l'infini mathématique et va permettre des réussites admirables aux 18e et 19e siècles, jusqu'à Cantor.

     

    C’est formidable…

    C’est un tournant absolument central dans la constitution de notre pensée moderne : désormais, la philosophie peut discuter avec la religion, la science, non… si ce n’est pour des questions de pouvoir. Les penseurs ont alors l’impression d’être libérés des questions métaphysiques. Le 18e est un siècle magnifique, avec une certaine innocence, un certain optimisme, un certain bonheur.

    Mais en réalité, les questions fondamentales demeurent ! Blaise Pascal, qui s’était posé à la même époque que Descartes la question de l’infini, l’avait bien vu. Et il a choisi de dire : "Je suis un excellent mathématicien, mais que me dit ma vie ? Que je dois être du côté de Dieu, de l’infini. J’abandonne donc la physique." Il a donné plus d’importance à son être même, au sens de sa vie, qu’aux résultats expérimentaux de la science.

    Pourquoi est-ce si fâcheux d’avoir abandonné l’infini comme totalité ?

    Tout simplement parce qu’il n’y a plus de lien entre la préoccupation philosophique et la construction mathématique du monde. Avoir le souci de la totalité, c’est se questionner sur le sens de ce que l’on fait. Mais aussi sur sa responsabilité. Quel rapport entre faire de la physique et l’existence de la totalité du monde ? Cet abandon de la totalité a mené les scientifiques à succomber à l’hubris de la technique. Contrairement aux Grecs, qui séparaient nettement nature et technique, on croit depuis Galilée et Descartes - de façon très illusoire - que la nature est une machine, donc que l’homme est une machine. Une hypothèse fort intéressante, mais qui conduit à ce que la nature devienne notre objet. Notre hubris de mécanistes finit par tout détruire.

    L’infini comme totalité nous serait donc inaccessible aujourd’hui ?

    Non ! On peut en faire simplement l’expérience. Regardez un arbre. Il est là, fini. Approchez-vous : vous voyez les feuilles, les branches, l’écorce, de petits animaux, etc. Plus vous vous approchez, plus il devient infini, présent, vivant, là, pour vous. Le concept d’arbre est fini, mais cet arbre-là, dans l’ici et maintenant, lui, est infini. Ainsi, on peut voir l’infini dans le fini. Cela donne un poids existentiel à ce qui nous entoure. Avec cet exemple de l’arbre, j’essaie de faire sentir qu’il y a de l’existence, une existence infinie. Et qu’il faut essayer de se désintoxiquer des concepts.

    Vous diriez que la science est un échafaudage de concepts ?

    Mais oui ! Seulement, nous vivons dans un tel montage conceptuel que nous avons l’impression qu’il est la réalité. Prenez Newton, par exemple, quand il construit le concept t : un temps qui s’écoule uniformément, celui qui a permis la mécanique. Personne ne vit un temps de cette sorte ! Notre temps est une intériorité. Le temps de Newton ne commence pas, ne s’arrête pas. Le nôtre, nous le savons, va s’arrêter à un moment donné. Nous ne sommes pas éternels, nous sommes dans la finitude. Et c’est à cela qu’il faut revenir.

    Propos recueillis par Dominique Leglu, Florence Leroy et Vincent Rea

    Source: https://www.sciencesetavenir.fr/fondamental/interview-michel-blay-historien-des-sciences-directeur-de-recherche-honoraire-au-cnrs-president-du-comite-pour-l-histoire-du-cnrs-le-xviie-siecle-un-tournant-dans-l-histoire-des-sciences_145883

  • LE 16.03.2020 Actualité de l'Astronomie / Michaël Gillon : "Des exoplanètes potentiellement habitables par milliards".

    Michaël Gillon : "Des exoplanètes potentiellement habitables par milliards"

     

    Par Azar Khalatbari le 16.08.2020 à 08h00

    Michaël Gillon est maître de recherches FNRS (le Fonds de la recherche scientifique) au sein de l'unité de recherche en astrobiologie de l'université de Liège (Belgique). Cet entretien est un extrait de Sciences et Avenir 881/882, daté juillet/août 2020.

    Michaël Gillon a découvert avec son équipe le système planétaire Trappist-1.

    Michaël Gillon a découvert avec son équipe le système planétaire Trappist-1.

    MAXPPP

    Elles sont plus de 4266 exoplanètes identifiées à ce jour, démontrant que notre étoile est loin d'être seule à posséder un cortège planétaire. Parmi elles, Proxima b, la plus proche de nous (4,2 années-lumière) et le système Trappist-1, composé de sept planètes (40 années-lumière) dont la découverte a été annoncée en 2017 par l'équipe de Michaël Gillon. Le chercheur belge répond aux questions de Sciences et Avenir.

    Sciences et Avenir : Plus de trois ans après la découverte par votre unité de ce système planétaire, que sait-on de plus ?

    Michaël Gillon : Nous avons pu observer plus de 500 transits de ces planètes [passages devant l'étoile]. En raison de leur présence respective, le moment du transit de chacune est légèrement décalé. En analysant ces perturbations, nous parvenons à mieux déterminer la masse de chacune et estimer leur densité, similaire à celle de la Terre. Ce qui laisse penser qu'elles ont un noyau de fer, un manteau de silicates et peut-être des éléments volatils… comme de l'eau. Car elles se sont formées très loin de leur étoile, dans un environnement riche en eau.

    Qu’espérez-vous encore découvrir ?

    Nous espérons observer leur atmosphère grâce au télescope James Webb, le successeur de Hubble.

    Que disent ces découvertes de notre propre Terre ?

    L'étoile du système Trappist, aussi bien que celle de Proxima b, est bien plus petite que notre Soleil. En ce sens, la Terre est unique. Mais ces petites étoiles sont très fréquentes dans la galaxie et autour d'elles gravitent des planètes telluriques, dotées d'une surface solide. On estime qu'il y a 20 à 30 milliards de planètes potentiellement habitables uniquement dans la Voie lactée. Cela crée beaucoup d'enthousiasme en exobiologie.

    Source: https://www.sciencesetavenir.fr/espace/astrophysique/interview-michael-gillon-maitre-de-recherches-fnrs-au-sein-de-l-unite-de-recherche-en-astrobiologie-de-l-universite-de-liege-belgique-des-exoplanetes-potentiellement-habitables-par-milliards_146341