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LE 12.07.2020: Actualité de l'astronomie / L'Europe peut-elle prendre le leadership de l'exploration humaine ?
- Par dimitri1977
- Le 12/07/2020
- Dans Actualité de la météo,de l'astronomie et de la sciences à la une du jour
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L'Europe peut-elle prendre le leadership de l'exploration humaine ?
Journaliste
Plutôt que de laisser le leadership de l'exploration humaine de la Lune aux États-Unis, l'Europe pourrait viser la conquête scientifique et industrielle, et stimuler ainsi un écosystème durable sur la Lune ! Clarisse Angelier, déléguée générale de l'Association nationale de la Recherche et de la Technologie (ANRT), qui pousse vers cette stratégie, nous explique l'intérêt pour les industriels européens du secteur spatial et hors spatial d'investir massivement dans l'exploration de la Lune.
Alors que les États-Unis se préparent à retourner sur la Lune, entraînant avec eux leurs partenaires dans le programme de la Station spatiale internationale et des entreprises du secteur privé américain, ce regain d'intérêt pour la conquête spatiale est absent des discours politiques en Europe. Si les ambitions dans le domaine spatial sont bien présentes au sein de la Commission européenne, étonnamment l'exploration de la Lune ne suscite pas un engouement aussi important qu'aux États-Unis et en Chine.
Contrairement aux États-Unis où le pouvoir politique et la Nasa ont réussi à stimuler des entrepreneurs et industriels du secteur privé, non spatiaux -- à la fois dans les domaines scientifique, technique et économique --, l'Europe semble avancer à tâtons. En mai 2019, Jim Bridenstine, administrateur de la Nasa, l'affirmait ainsi clairement dans une interview à The Verge : « Nous nous tournons vers le secteur commercial pour qu'il nous propose ses idées et ses visions afin d'aller du Gateway à la surface de la Lune. L'industrie privée fournira un service pour les astronautes américains et nous attendons d'elle qu'elle fasse ses propres investissements dans l'atterrisseur. Avec l'objectif pour elle d'avoir d'autres clients que la Nasa, notamment internationaux ». Alors qu'aux États-Unis se met en place une économie spatiale en complément du programme Artemis de retour sur la Lune de la Nasa, le risque est grand que l'Europe soit absente de cette économie ou qu'elle soit contrainte de s'orienter sur des segments moins porteurs en matière d'attractivité économique, de recherche et développement.
VOIR AUSSIExploration : trois vols d’astronautes de l’ESA entre 2025 et 2030 à bord du Gateway
Faire émerger un écosystème européen intersectoriel sur la Lune
« Nous souhaitons stimuler l'émergence d'un écosystème européen intersectoriel élargi au-delà des acteurs historiques du spatial autour de la participation du Cnes et de l'ESA à l'exploration humaine et robotique de la Lune », explique Clarisse Angelier, déléguée générale de l'Association nationale de la Recherche et de la Technologie (ANRT). Le temps est venu d'embarquer les industries et services du non spatial « qui n'ont pas encore connaissance des atouts que les services et produits spatiaux peuvent leur apporter » ; il en est de même pour le monde universitaire afin de créer « un écosystème européen désireux de contribuer de façon durable et en autonomie aux missions cislunaires et lunaires ». L'ANRT est persuadée que de nombreuses sociétés privées qui ne sont pas du secteur spatial pourraient trouver un intérêt à participer à des programmes liés au retour de l'Homme sur la Lune. Et pas « seulement en termes de recherche et de développement ». En stimulant un écosystème durable sur la Lune, « des débouchés économiques sont possibles, comme le sont des avancées environnementales ou sociétales pour la Terre ».
Avec l'établissement de postes avancés et l'installation d'une base permanente sur la Lune, les industriels européens qui ne sont pas du secteur spatial pourraient trouver un intérêt à participer à des programmes liés au retour de l’Homme sur la Lune. © ESA, P. Carril
Faire jeu égal avec les États-Unis et la Chine
Pour les aider à prendre conscience du rôle qu'ils ont à jouer dans l'installation d'une base lunaire et les inciter à proposer des idées pour stimuler ce retour sur la Lune, l'ANRT se propose de les « fédérer au niveau européen de façon à créer dans un premier temps des liens entre les industries et les agences spatiales, et favoriser l'innovation intersectorielle ».
« Effectivement, souligne Didier Schmitt, le coordonnateur de la proposition pour le Conseil des ministres de l'ESA pour l'exploration robotique et humaine, que ce soit la médecine (télé-médecine), l'habillement (ex. anti-bactérien), le recyclage de l'air et des eaux usées, le divertissement, la manufacture additive de pièces de rechange ou la production de nourriture, des innovations seront nécessaires et les entreprises du secteur spatial n'ont pas toutes ces compétences ». Il faudra donc créer des alliances intelligentes. « Nous faisons le pari que ces associations d'entreprises de secteurs d'activité différents innoveront avec à la clé des retombées immédiates pour des applications de la vie de tous les jours », conclut-il. Comme tient à le souligner Clarisse Angelier, seule une initiative à « l'échelle européenne peut permettre de développer un écosystème durable et économiquement attrayant sur et autour de la Lune ».
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La Commission européenne pourrait relancer à son compte l’idée de Village lunaire de l’Agence spatiale européenne
Dans ce but, l'ANRT prévoit « la rédaction d'un narratif sur l'idée que nous nous faisons de l'exploration lunaire » de façon à commencer à impulser des coopérations avec des acteurs du non spatial sur des projets lunaires. L'objectif est d'aider l'Europe à avoir un « positionnement moins dans l'ombre des États-Unis et de la Chine ». Plutôt que les États-Unis dictent la politique de recherche et de développement lunaire de l'ESA en lui confiant la réalisation de modules pour le gateway lunaire et le module de service du véhicule Orion, la Commission européenne pourrait relancer à son compte l'idée de Village lunaire de l'Agence spatiale européenne. L'expression village lunaire (Moon village) ne signifie pas « que l'on va construire sur la Lune un village avec des écoles, des maisons et une mairie », nous expliquait en janvier 2016 Franco Bonacina, le porte-parole du directeur général de l'ESA. Il s'agit de fédérer des idées sur l'exploration de la Lune, de façon à coordonner en bonne intelligence de futures activités lunaires robotiques et humaines à partir de la fin de la décennie 2020.
Des entreprises de secteurs d'activités hors spatial poussées à investir dans l'exploration
Pour comprendre cet intérêt à investir massivement dans l'exploration de la Lune, il faut se rendre compte « qu'il y a tout un écosystème à mettre en place ». Le retour sur la Lune, ce n'est pas seulement des fusées et des vaisseaux ! Une présence permanente sur la Lune d'ici 2040 nécessitera des éléments d'infrastructures essentiels dans des domaines liés à l'énergie, à la mobilité, aux transports, à la production, à l'alimentation, à la santé, à l'eau et à l'habitat. Plutôt que de laisser aux États-Unis la mainmise sur tous ces sujets, « l'installation permanente de l'Homme sur la Lune dans un esprit d'autonomie complète et durable est une opportunité pour les Européens, un projet fédérateur et inspirant ». C'est aussi une plateforme d'innovations avec des retombées importantes pour la Terre et l'espace.
Si cette initiative doit être commune, la France avec une « volonté politique forte est en capacité de prendre le leadership de cette initiative ». Aux côtés d'Arianespace pour la logistique et le transport spatial, le CEA et Air Liquide pour la fourniture d'énergie et l'utilisation des ressources lunaires par exemple, des entreprises comme Vinci ou Bouygues pour la réalisation de structures habitables, l'Inra pour l'agriculture et la nutrition lunaires, ou la Comex pour son expertise dans le travail en milieu extrême, « toutes ont un intérêt certain à s'intéresser à l'exploration de la Lune », qu'elle soit humaine ou robotique.
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LE 11.07.2020: Actualité de l'astronomie / Les naines blanches, sources clés du carbone dans l’univers.
- Par dimitri1977
- Le 11/07/2020
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Les naines blanches, sources clés du carbone dans l’univers
Nathalie Mayer
Journaliste
Lorsqu'elles rendent leur dernier souffle, les étoiles dispersent des cendres dans l'univers, donnant naissance à de splendides nébuleuses. Des cendres riches en éléments chimiques, parmi lesquels, du carbone. Des chercheurs viennent enfin d'identifier la principale source de cet élément indispensable à la vie : les naines blanches produites par des étoiles d'au moins 1,5 fois la masse de notre Soleil.
Le carbone est un élément indispensable à la vie. Il est né au cœur des étoiles, de la fusion de trois noyaux d'hélium. Mais les astrophysiciens se demandent encore quel type d'étoiles en est la principale source. Les résultats de chercheurs de l’université de Californie à Santa Cruz (États-Unis) pourraient bien aider à clore le débat. Selon eux, les naines blanches jouent un rôle essentiel en la matière.
Rappelons que près de 90 % des étoiles finissent leur vie sous la forme de naines blanches. Celles-ci prennent des milliards d'années pour se refroidir et s'assombrir. Mais, avant de s'effondrer, elles répandent leurs cendres dans l'univers. Des cendres, pour certaines d'entre elles au moins, riches en carbone.
Le saviez-vous ?
Une naine blanche, c’est une étoile en fin de vie extrêmement dense. Un centimètre cube de sa matière pèse… une tonne ! Ce qui reste d’une étoile plutôt modeste après qu’elle a épuisé son carbone nucléaire et éjecté ses couches supérieures sous forme de nébuleuse planétaire.
C'est en observant une anomalie de masse que les chercheurs sont arrivés à cette conclusion. Les naines blanches observées dans d'anciens amas d’étoiles ouverts de notre Voie lactée apparaissent en effet plus massives que la théorie d'évolution stellaire ne le prévoit. Plutôt de l'ordre de 0,7 à 0,75 masse solaire que de 0,6 à 0,65. La signature, selon les astronomes, d'une synthèse de carbone pour les naines blanches d'un certain type.
L’amas ouvert d’étoiles connu sous le nom de Rose de Caroline — ou NGC 7789 — se trouve à environ 8.000 années-lumière de la Terre, dans la constellation de Cassiopée. Des chercheurs de l’université de Californie à Santa Cruz (États-Unis) y ont trouvé des étoiles naines blanches inhabituellement massives qui ont probablement joué un rôle essentiel dans la dispersion de carbone dans l’univers. © Guillaume Seigneuret, Nasa
Des étoiles de plus de 1,5 fois la masse du Soleil
Ainsi, lorsqu'elles sont au moins 1,5 fois plus massives que le Soleil, les étoiles produisent en leur cœur, dans les dernières phases de leur vie, des atomes de carbone. Puis, elles les transportent jusqu'à leur surface. Ces atomes de carbone sont finalement propagés dans le milieu interstellaire par de doux vents stellaires. Les modèles construits par les astronomes indiquent que le phénomène se produit assez lentement pour permettre aux noyaux centraux de ces étoiles, les futures naines blanches, de croître sensiblement en masse.
De quoi expliquer l'anomalie observée par les chercheurs de l'université de Californie. Contrairement à ce que les astronomes pensaient, la relation entre la masse initiale et la masse finale d'une étoile devenue naine blanche n'est pas linéaire. Et cela pourrait avoir des implications plus importantes encore.
« Ces travaux ont aussi un impact sur l'âge des naines blanches connues. Or celles-ci se posent comme des sondes cosmiques essentielles pour comprendre l'histoire de la formation de la Voie lactée. La relation entre masse initiale et masse finale est également ce qui définit la limite de masse inférieure pour les supernovae, ces explosions gigantesques vues à de grandes distances et qui sont vraiment importantes pour comprendre la nature de l'univers », indique Pier-Emmanuel Tremblay, chercheur à l'université de Warwick, dans un communiqué de l’université de Californie.
Enfin, les astronomes imaginent que la majeure partie de la lumière qui nous arrive de galaxies très lointaines vient d'étoiles brillantes, riches en carbone, similaires à celles étudiées par les chercheurs de l'université de Californie. Et une interprétation fiable de cette lumière dépend bien sûr de la compréhension qu'ils ont de la synthèse du carbone dans les étoiles.
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LE 11.07.2020: Actualité de l'astronomie / Perseverance : la fenêtre de lancement vers Mars se fermera le 15 août.
- Par dimitri1977
- Le 11/07/2020
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Perseverance : la fenêtre de lancement vers Mars se fermera le 15 août
Nathalie Mayer
Journaliste
[EN VIDÉO] Pourquoi les lancements vers Mars ne peuvent se faire que tous les 26 mois ? Lancer un engin vers Mars, ce n’est pas facile. Il ne suffit pas d’attendre que notre Terre soit au plus près de la planète rouge... explications en vidéo !
Cela fait maintenant des mois qu'il en est question. Le rover Perseverance devrait enfin décoller de notre Terre -- du Centre spatial Kennedy, en Floride (États-Unis) -- le jeudi 30 juillet 2020. Objectif : Mars, la Planète rouge. Avec une arrivée prévue le 18 février 2021 à environ 22 heures, heure de Paris.
La première opportunité de lancement s'ouvrira à 13 heures 50, heure de Paris. Elle restera ouverte pour environ deux heures, avec un compte à rebours qui pourra être déclenché toutes les cinq minutes. Une précision nécessaire car lancer un engin vers Mars ne va pas de soi. Les ingénieurs doivent au préalable calculer la bonne vitesse, la bonne direction et le bon moment, faisant intervenir de nombreux paramètres.
Les fenêtres de lancement possibles pour le rover Persevance à compter du 30 juillet 2020 (Launch Date). Pour obtenir l’heure de Paris, il faut ajouter deux heures au Coordinated Universal Time (UTC). © Nasa
Pour un lancement vers Mars, en l'occurrence la fenêtre de lancement s'ouvre et se ferme tous les 26 mois environ (voir la vidéo ci-dessus). Ainsi, celle ouverte pour le lancement de Peseverance se refermera le samedi 15 août. Espérons que, d'ici là, les ingénieurs de la Nasa auront été prêts à envoyer leur rover vers la Planète rouge. Sinon, il faudra patienter jusqu'en... 2022 !
Le lancement du rover Perseverance est prévu pour le jeudi 30 juillet 2020. Mais la fenêtre de lancement restera ouverte jusqu’au 15 août. © Nasa
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LE 11.07.2020: Actualité de l'astronomie / La substance étrange trouvée sur la face cachée de la Lune enfin identifiée.
- Par dimitri1977
- Le 11/07/2020
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La substance étrange trouvée sur la face cachée de la Lune enfin identifiée
Nathalie Mayer
Journaliste
Il y a environ un an, l'Agence spatiale chinoise (CNSA) signalait la découverte sur la face cachée de la Lune par le rover Yutu-2, d'une substance étrange, ressemblant à « un gel brillant ». De quoi enflammer les imaginations.
La promenade lunaire quotidienne du rover Yutu2 !! #Space #Moon #Chine ©CNSA / CLEP
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Depuis, les chercheurs chinois ont analysé les données recueillies par le rover. Et l'enthousiasme est retombé. Il ne s'agit finalement ni plus ni moins que... de roche. De la roche qui a probablement fondu sous la chaleur d'un impact de météorite, prenant un aspect verdâtre et scintillant sur une surface d'environ 52 centimètres sur 16.
Au centre de cette image, on devine la substance étrange en question. © CNSA, CLEP
La substance apparaît finalement très similaire à deux échantillons récupérés par les missions Apollo 15 et 17. Ces deux échantillons ont été classés dans la catégorie des brèches, des matériaux composées de roches cimentées par des matériaux plus fins. En l'occurrence, du régolithe lunaire cimenté par un verre noir.
First image of the far side of the Moon, taken by Luna 3 in 1959.
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Les chercheurs chinois notent tout de même que la brèche découverte par Yutu-2 s'est probablement formée plus loin, avant d'être éjectée dans le cratère où elle a été trouvée. Car la météorite qui a donné naissance à ce cratère - une météorite de pas plus de deux centimètres de diamètre - ne semble pas assez grosse pour générer une chaleur suffisante à la formation de cette brèche.
C’est au fond de ce cratère lunaire que Yutu-2 a détecté une substance étrange, faisant penser à un gel brillant. © China National Space Administration (CNSA)
POUR EN SAVOIR PLUS
Article de Nathalie Mayer paru le 02/09/2019
Au cours de ses déambulations sur la face cachée de la Lune, le rover chinois Yutu-2 de la mission Chang'e 4 a fait une étrange découverte. Au fond d'un petit cratère d'impact récent, il a attiré l'attention sur une substance décrite par l'Agence spatiale chinoise (CNSA) comme ressemblant à « un gel brillant ». Une découverte pour laquelle les responsables n'ont pas hésité à bouleverser le calendrier de la mission.
Selon eux, le matériau photographié par Yutu-2 se distingue du régolithe qui recouvre le sol de notre satellite naturel autant par sa forme que par sa couleur et sa texture. Une analyse spectrométrique -- dans le visible et dans le proche infrarouge -- visant à en déterminer la composition chimique a été menée. Mais les résultats n'ont pas encore été publiés. Certains ont émis l'hypothèse un peu farfelue qu'il aurait pu s'agir des tardigrades perdus par la sonde israélienne Bereshit. D'autres avancent beaucoup plus sérieusement qu'il pourrait s'agir tout simplement de verre en fusion créé par l'impact de météorites. Affaire à suivre...
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LE 10.07.2020: Actualité de l'astronomie / Exploration : trois vols d’astronautes de l’ESA entre 2025 et 2030 à bord du Gateway.
- Par dimitri1977
- Le 10/07/2020
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Exploration : trois vols d’astronautes de l’ESA entre 2025 et 2030 à bord du Gateway
Rémy Decourt
Journaliste
Vols habités, Gateway, Station spatiale internationale, retour sur la Lune, mission martienne, astronautes, coopération avec la Chine : Didier Schmitt, expert des questions liées à l'exploration humaine et robotique à l'ESA, répond à nos questions.
Quelque 51 ans après les premiers pas de l’Homme sur la Lune, les États-Unis s'apprêtent à y retourner pour y rester. Pour cela, ils développent, avec leurs partenaires internationaux dans l'ISS, le véhicule Orion dont le module de service est fourni par l'ESA et le Gateway. Cette coopération avec l'ESA, le Canada et le Japon doit permettre pour la première fois de l'histoire à des non-Américains de marcher sur la Lune et aux astronautes de ces pays de séjourner à bord du Gateway.
Ce retour est prévu en 2024 avec un équipage de deux astronautes américains qui devrait atterrir sur la Lune lors de la mission Artemis 3. Ce n'est qu'après cette phase de retour sur la Lune terminée, et pour laquelle les États-Unis souhaitent ne dépendre de personne -- à l'exception du module de service européen d'Orion -- que des astronautes non-américains pourront marcher sur la Lune vers la fin de la décennie 2020. Au sein des agences spatiales, les tractations ont déjà débuté avec la Nasa pour négocier des places à bord du Gateway et effectuer des missions habitées sur la Lune.
Didier Schmitt est coordonnateur de la proposition pour le Conseil des ministres de l'ESA pour l'exploration robotique et humaine. À ce titre, il est en charge d'écrire le programme d'exploration de l'ESA qui sera présenté lors de la prochaine conférence ministérielle en 2022. Futura a souhaité en savoir plus et lui donne la parole :
Les partenariats pour Orion et le Gateway sont-ils suffisants et satisfaisants pour l'ESA ?
Didier Schmitt : Ces partenariats sont très satisfaisants. Nous avons négocié avec succès un mémorandum d'accord pour les modules Ihab (Module d'habitation international sous maîtrise d'œuvre de Thales Alenia Space, en Italie) et Esprit (un nombre d'éléments dont des télécommunications et un système de refueling avec maîtrise d'œuvre Thales Alenia Space, en France), que doit réaliser l'ESA pour le Gateway. Ils seront livrés à la Nasa entre 2023 et 2027. Cet accord comprend aussi la fourniture de deux modules de service européen de la capsule américaine Orion, modules que nous avons commencé à fabriquer dans le cadre de la coopération dans la Station spatiale internationale (ISS). Il nous permet d'avoir en retour des vols d'astronautes européens à bord du Gateway et une participation garantie à l'utilisation du Gateway à des fins de recherche scientifique, de développement technologique et de démonstration et comme base-relais pour de futures missions d'exploration.
L'ESA négocie-t-elle avec la Nasa la place d'un astronaute à bord d'une mission Artemis à destination du Gateway, voire un séjour sur la Lune ?
Didier Schmitt : Nous avons négocié trois vols d'astronautes de l'ESA entre 2025 et 2030 à bord du Gateway. Pour la surface lunaire, ce sera plus compliqué. Approuvé par les États membres de l'ESA lors de sa réunion du Conseil les 23 et 24 juin, l'accord ne couvre pas le programme Artemis de retour sur la Lune de la Nasa dont les premières missions habitées se passeront en principe du Gateway pour atterrir. Mais, bien entendu, un Européen sur la Lune avant la fin de la décennie reste quand même un objectif.
Les Américains visent 2024 et la mission Artemis 2024 pour retourner sur la Lune. Au-delà de cette mission, la Nasa pourrait permettre à des astronautes non-américains de séjourner sur la Lune. © Nasa
VOIR AUSSIC'est officiel : Thomas Pesquet retournera dans l'espace
Les séjours à bord du Gateway seront-ils moins nombreux et plus courts que ceux de l'ISS ?
Didier Schmitt : Oui. À la différence de la Station spatiale internationale, le Gateway ne sera pas occupé en permanence. La Nasa envisage des séjours réguliers de quatre astronautes, et dont la durée serait comprise entre 15 jours et jusqu'à un maximum de 90 jours. Dans ce scénario, un accès est possible tous les ans, mais pas forcément à un astronaute européen.
Le choix des astronautes étrangers sera-t-il « compliqué » ?
Didier Schmitt : Effectivement. Le planning des rotations des équipages sera difficile à négocier. Il faut garder à l'esprit que les autres partenaires de la Nasa, le Japon et le Canada, souhaitent aussi envoyer des astronautes à bord du Gateway. Certes, leur niveau de participation est tout de même inférieur à celui de l'ESA qui, par ses contributions, sera le partenaire principal de la NASA ; le Japon prévoit de fournir essentiellement de la logistique (ravitaillement) ainsi que des fonctions liées à l'habitation et le Canada, le système externe robotisé intelligent Canadarm3.
Peut-on envisager qu'un astronaute européen soit à bord de la première mission à destination du Gateway ?
Didier Schmitt : Ce n'est pas impossible. Cette première mission serait alors composée de 3 astronautes de la Nasa et d'un Européen. Elle aurait pour tâche de mettre en service le module Ihab. Cela fut le cas par exemple quand le module Columbus a été arrimé à l'ISS : un astronaute de l'ESA faisait partie de l'équipage de la Navette pour l'y installer.
On n'a pas encore remarché sur la Lune que l'on parle déjà de Mars. L'ESA est-elle en discussion avec ses partenaires internationaux au sujet d'une mission habitée à destination de Mars ?
Didier Schmitt : L'ESA s'y prépare. Nous venons de signer un mémorandum d'accord sur les contributions respectives de l'ESA et de la Nasa pour la réalisation de la mission de retour d’échantillons martiens. Nous allons fournir l'orbiteur de retour, le rover de collecte et un bras articulé pour placer les échantillons dans le cône de la fusée qui va amener le conteneur d'échantillons en orbite martienne. Ce n'est pas rien !
Après la Lune, la Nasa et la Chine ont fait de Mars un objectif que les Américains voudraient officiellement atteindre à l'horizon 2035. Pour des raisons de coût, cette première mission habitée martienne sera aussi internationale. Nous voulons être du voyage et pour cela, nous devons nous y préparer. Nous devons être compétents dans des domaines qui seront essentiels à cette mission internationale. Sans quoi, nous ne serons pas du voyage. En parallèle, la poursuite de participations en coopération à des missions scientifiques et technologiques robotiques, notamment avec missions cargo ou de retour d'échantillons lunaires puis martiens, permet de préparer ces futures missions habitées.
Avez-vous identifié les atouts qui convaincront la Nasa et vos partenaires internationaux ?
Didier Schmitt : Oui et non. On ne va pas se focaliser sur un point plutôt qu'un autre actuellement mais nous réalisons des études constamment afin d'affiner notre stratégie. Que ce soit avec l'ISS ou le Gateway, l'objectif est de démontrer notre savoir-faire et notre utilité quant à l'utilisation de ces deux infrastructures spatiales. Pour Mars, c'est très diffèrent, il faudra des « habitats intelligents » car pas question de revenir si quelque chose n'allait pas. Je vous rappelle que la Lune est mille fois plus éloignée de la Terre que ne l'est la Station spatiale internationale, et Mars, au plus loin en conjonction, est mille fois plus loin que la Lune.
La désorbitaiton annoncée de l'ISS, à l'horizon 2025, restreint-elle son utilisation pour préparer les futurs vols de longues durées à destination de Mars ?
Didier Schmitt : Détrompez-vous. Quand on sera en 2025, l'objectif sera plus lointain. Mais il est vrai qu'avant même 2030, la Nasa mettra beaucoup moins de budget dans la Station spatiale internationale car elle devra financer ses programmes d'exploration lunaires et martiens. La Nasa devrait se désengager progressivement de la Station en renforçant sa commercialisation. Mais, que ce soit pour l'ESA ou les autres agences spatiales, nous aurons toujours besoin d'un complexe orbital pour préparer les vols futurs vers Mars, notamment pour les aspects santé et support vie. Le Gateway ne sera pas suffisant pour préparer des astronautes à un vol de longue durée à destination de Mars. N'oubliez pas que, pour Mars, il est question de devoir rester dans l'espace en autonomie totale pour une période proche de 3 ans sans possibilité d'interruption du voyage.
L'entraînement d'astronautes européens avec leurs homologues chinois peut-il laisser penser qu'un Européen pourrait voler à bord d'une capsule Shenzhou NG ?
Didier Schmitt : Cela a toujours été l'idée car plusieurs de nos astronautes ont déjà appris et continuent d'apprendre le chinois. Mais, en l'état actuel des choses, il y a encore des difficultés. Le défi reste de trouver la bonne entente pour arriver à une compensation.