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  • LE 23.05.2020: Actualité de l'astronomie / Le télescope WFIRST, s'appellera désormais Nancy Grace Roman, en hommage à la scientifique de la Nasa.

    Le télescope WFIRST, s'appellera désormais Nancy Grace Roman, en hommage à la scientifique de la Nasa

    Par Joël Ignasse le 22.05.2020 à 22h00

    Nancy Grace Roman est considérée comme la "maman" du télescope Hubble. La Nasa rend hommage à la scientifique décédée en 2018 en donnant son nom au télescope WFIRST.

    Nancy Grace Roman

    Nancy Grace Roman au Centre de recherche Goddard de la Nasa.

    NASA

    C'est l'une des grandes figures féminines de l'Agence spatiale américaine : Nancy Grace Roman aura plaidé durant toute sa longue carrière pour le développement de nouveaux outils permettant d'étudier encore plus loin et plus précisément l'Univers. Une détermination qui conduira au lancement du télescope Hubble, il y a trente ans, qui a révolutionné l'astronomie et fait découvrir au monde entier les beautés et les mystères du cosmos. Pour lui rendre hommage, la Nasa a choisi de nommer son prochain télescope spatial Nancy Grace Roman Space Telescope, ou Roman Space Telescope pour faire plus court.

     

    Dès 1960, le projet Hubble est lancé

    Née le 16 mai 1925 à Nashville, Tennessee, Nancy Roman a toujours voulu faire de l'astronomie, en dépit des obstacles que rencontraient à l'époque les femmes qui se destinaient à des carrières scientifiques. Titulaire d'un doctorat de l'Université de Chicago, elle y travaillera six ans avant d'intégrer le Laboratoire de recherche de l'U.S. Navy et finalement la Nasa en 1959, six mois seulement après la création de l'Agence. En tant que cadre, la seule femme à ce niveau de responsabilité pendant longtemps, au Bureau des sciences spatiales, elle a dû gérer les programmes et les financements liés à l'astronomie. Quand elle est arrivée à la Nasa, les astronomes pouvaient obtenir des données à partir de ballons, de fusées-sondes et d'avions, mais ils ne pouvaient pas mesurer toutes les longueurs d'onde de la lumière. L’atmosphère terrestre bloque en effet une grande partie du rayonnement provenant de l’univers lointain.

    Nancy avec la maquette d'un satellite du programme OSO (orbiting solar observatory). Crédit : Nasa.

    Nancy Roman était convaincue que pour observer l'Univers avec plus d'acuité, il fallait envoyer des télescopes dans l'espace. Sous sa direction des projets d'astronomie, la Nasa a lancé entre 1966 et 1972 quatre observatoires astronomiques et elle a également collaboré à deux projets internationaux : le satellite International Ultraviolet Explorer lancé en 1978 et le satellite COBE lancé en 1989 pour étudier le rayonnement fossile. Mais elle est surtout plébiscitée pour avoir dès le milieu des années 1960 tout mis en œuvre pour construire le télescope spatial "le plus révolutionnaire de tous les temps". Elle a commencé par réunir un comité d'astronomes et d'ingénieurs pour plancher sur le sujet puis elle a fait le pied de grue auprès des décideurs de la Nasa et du Congrès pour obtenir les financements nécessaires. Des manœuvres couronnées de succès qui ont aboutit en avril 1990 avec la mise en orbite du Hubble Space Telescope. Après le lancement, Nancy Roman travaillera quelques années pour le Centre de vol spatial Goddard avant de prendre sa retraite en 1997. Elle est décédée le 25 décembre 2018.

     

    Un télescope à large vue

    Initialement appelé WFIRST (Wide Field Infrared Survey Telescope), le Nancy Grace Roman Space Telescope aura deux objectifs principaux : explorer de vastes régions du ciel dans le proche infrarouge pour comprendre comment matière noire et énergie noire affectent le développement de l'univers. Ces deux entités mystérieuses constitueraient jusqu'à 95 % du contenu de l'univers mais personne n'a encore réussi à les identifier. Son autre tâche sera l'étude des exoplanètes et de leurs atmosphères à la recherche de corps propices au développement de la vie.

    Pour atteindre ces buts, le Roman Space Telescope sera équipé d’un miroir de 2,4 mètres et de deux instruments principaux. Le premier est un imageur à large champ qui permettra d’observer l’univers dans le proche infrarouge. « Il donnera au télescope la capacité de capturer une image de la profondeur et de la qualité de celle de Hubble, mais couvrant une zone 100 fois plus grande », détaille Paul Hertz. L'engin portera également un coronographe conçu pour bloquer la lueur des étoiles lointaines et ainsi révéler la présence de planètes orbitant autour. Il permettra des mesures détaillées de la composition chimique des atmosphères planétaires. Le projet dont le coût est évalué à plus d’un milliard d’euros est maintenant sur les rails, le télescope devrait être lancé dans les années 2020 mais la Nasa oriente actuellement son budget pour finaliser le lancement du James Webb Telescope. Un calendrier plus précis sera validé, une fois que ce dernier sera en orbite.

    Source: sciencesetavenir.fr
    Source: https://www.sciencesetavenir.fr/espace/systeme-solaire/le-telescope-wfirst-s-appellera-desormais-nancy-grace-roman-en-hommage-a-la-scientifique-de-la-nasa_144519

  • LE 23.05.2020: Actualité de l'astronomie / SpaceX : à cinq jours d'un vol habité historique.

    SpaceX : à cinq jours d'un vol habité historique

     

    Rémy Decourt

    Journaliste

     

     

    Alors qu'au Texas, à Boca Chica, SpaceX prépare tant bien que mal le très court vol d'essai du prototype SN4, précurseur d'un démonstrateur du Starship (le dernier essai de mise à feu statique du moteur Raptor s'étant terminé par un incendie sans trop de gravité pour le prototype, semble-t-il), tous les regards se portent au Centre spatial Kennedy.

     

    VOIR AUSSISpaceX : le premier vol habité de Crew Dragon aura lieu le 27 mai

     

    C'est en effet la semaine prochaine que doit décoller de Floride le premier vol habité de SpaceX ! Le décollage est prévu le 27 mai à 16 h 32 (20 h 32  GMT) depuis le pas de tir 39A du Centre spatial Kennedy, là même d'où partaient les missions Apollo du programme lunaire de la Nasa. Les deux astronautes, Bob Behnken et Doug Hurley, qui partiront en mission à bord de la Station spatiale, sont arrivés au Centre spatial Kennedy après leur quarantaine à Houston. Ce vol habité sera le premier lancé depuis le sol américain et depuis le retrait des navettes spatiales en juillet 2011.

    Depuis cette date, les astronautes américains étaient contraints d'utiliser le système de transport spatial Soyouz des Russes. Pour l'occasion, Elon Musk a publié sur son compte twitter plusieurs photos de son système de transport spatial.

    SpaceX✔@SpaceX

    Crew Dragon and Falcon 9 in the hangar at Launch Complex 39A

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    Transfert sur son pas de tir du Centre spatial Kennedy du Falcon 9 et du Crew Dragon de SpaceX. © Nasa, Kim Shiflett

    Transfert sur son pas de tir du Centre spatial Kennedy du Falcon 9 et du Crew Dragon de SpaceX. © Nasa, Kim Shiflett 

    Source: https://www.futura-sciences.com/sciences/breves/vol-habite-spacex-cinq-jours-vol-habite-historique-2586/?fbclid=IwAR34IRlO33PjUcOIc4MwT02E3wviBpgIgIctnzCP-D-qXwXidCBw3wWhTMA#utm_content=futura&utm_medium=social&utm_source=facebook.com&utm_campaign=futura

  • LE 22.05.2020: Actualité de l'astronomie / Les astronomes ont élucidé le mystère de la forme en X des galaxies radio.

    Les astronomes ont élucidé le mystère de la forme en X des galaxies radio

     

    la rédaction de Futura

     

     

    C'est comme une chasse au Trésor... Tout le monde a en tête cette fameuse carte tant convoitée par les pirates des récits de notre enfance où le fameux X marquait le lieu de la cachette du précieux butin. Des astronomes d'Afrique du Sud et des États-Unis ont suivi cette fameuse trace en forme de « X » et ont élucidé un phénomène mystérieux se produisant dans l'espace lointain...

     

     

    Les galaxies contenant en leur centre un trou noir supermassif actif, présentent généralement des jets « jumeaux » qui semblent éclater de part et d'autre du centre. Ces jets se propagent donc vers l'extérieur, dans des directions opposées et de manière plus ou moins rectiligne.

    Mais, dans la galaxie PKS 2014-55, à environ 800 millions d'années-lumière de la Terre, les jets provenant de son trou noir supermassif central n'agissent pas de la même manière. Au lieu d'une structure symétrique et rectiligne, cette galaxie -- comme d'autres que l'on rassemble par l'appellation de « galaxies X »  -- semble avoir quatre jets en forme d'un « X » légèrement courbe.

    La galaxie en forme de X, PKS 2014-55, observée avec le télescope MeerKAT, indiquant les anciens jets radio en forme de X, les plus jeunes jets plus près du trou noir central et la région d'influence dominée par les étoiles et le gaz de la galaxie centrale. © UP, NRAO / AUI / NSF, Sarao, DES

    La galaxie en forme de X, PKS 2014-55, observée avec le télescope MeerKAT, indiquant les anciens jets radio en forme de X, les plus jeunes jets plus près du trou noir central et la région d'influence dominée par les étoiles et le gaz de la galaxie centrale. © UP, NRAO / AUI / NSF, Sarao, DES 

     

    Le X a révélé le mystère

    La raison pour laquelle les galaxies X ont cette forme caractéristique était jusqu'alors non élucidée. Mais, grâce à de nouvelles observations détaillées du radiotélescope MeerKAT, situé dans le désert sud-africain, les astronomes ont résolu l'énigme, comme des pirates qui ont suivi le fameux « X ».

    Les jets d'ondes radio en forme de X de PKS 2014-55, qui s'étendent sur 2,5 millions d'années-lumière dans l'espace, sont renvoyés vers l’intérieur de la galaxie lorsqu'ils rencontrent la pression du gaz intergalactique. Lorsque le matériau retombe vers le centre, il est alors dévié par une pression de gaz plus élevée près du centre et se courbe plutôt vers l'extérieur, créant alors les bras en X.

    VOIR AUSSILes trous noirs supermassifs façonnent les galaxies qui les abritent

    Avant que ces découvertes ne soient publiées, dans la publication du journal Monthly notices de la Royal Astronomical Society, les astronomes avaient plusieurs théories sur les processus de formation des galaxies X. Certains pensaient que les jets avaient changé de direction au fil du temps à mesure que la rotation du trou noir changeait.

    D'autres soupçonnaient que deux trous noirs supermassifs au centre, indiscernables des télescopes, projetaient deux paires de jets différentes dans des directions différentes. Maintenant, le mystère est résolu et révèle en fait une énorme bataille entre les jets du trou noir et le gaz à travers lequel ils se déplacent

    Source: https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/trou-noir-supermassif-astronomes-ont-elucide-mystere-forme-x-galaxies-radio-81054/?fbclid=IwAR2L1J9BsOSya11YG6bh0vibTTOk10muotzIOnXATTZnj4g3INJWuJVeQa4#utm_content=futura&utm_medium=social&utm_source=facebook.com&utm_campaign=futura

  • LE 21.05.2020: Actualité de l'astronomie / La Nasa a fabriqué un simulateur de rayons cosmiques.

    La Nasa a fabriqué un simulateur de rayons cosmiques

     

    Par Joël Ignasse le 19.05.2020 à 20h01

    Un simulateur de rayons cosmiques fabriqué par la Nasa va permettre d'étudier leurs effets sur l'organisme.

    rayons cosmiques

    Dans l'espace, les astronautes sont constamment bombardés par des rayons cosmiques.

    NASA

     

    En 1912, le 7 août, le physicien autrichien Victor Franz Hess entreprit un vol en ballon qui restera gravé dans l'histoire des sciences. Il voulait étudier un mystérieux rayonnement ionisant qui parasitait les électroscopes. Et, il pensait qu'en prenant de l'altitude, il pourrait mesurer l'atténuation de ce rayonnement dont les scientifiques de l'époque estimaient qu'il était originaire de la Terre. C'est tout le contraire qui se produisit : le Baron Hess s'aperçut que plus il montait plus le rayonnement augmentait ce qui démontrait qu'il était originaire du cosmos. Il venait de découvrir le rayonnement cosmique, un phénomène qui pourrait limiter les voyages de longue durée dans l'espace.

     

    Des particules d'origines diverses

    Les rayons cosmiques sont constitués de particules à haute énergie qui proviennent du Soleil pour partie, portées par le vent solaire, mais d'autres, les plus énergétiques, sont formées par des étoiles voisines ou lors de supernovas à l'extérieur du système solaire et même parfois de la galaxie. Les protons constituent jusqu'à 90% des rayons cosmiques qui frappent l'atmosphère terrestre, le reste se constituant d'ions d'hélium et d'atomes plus lourds, jusqu'au fer. Sur Terre, les rayons cosmiques peuvent provoquer des perturbations électromagnétiques et climatiques. Mais ce sont surtout leurs effets sur les astronautes qui les reçoivent de plein fouet dans l'espace qui inquiètent : ils pourraient affecter un certain nombres d'organes ainsi que les systèmes de régulation du corps.

    Il est cependant difficile d'étudier leurs conséquences sur l'Homme : la Terre est en partie protéger de ces rayons par son bouclier magnétique qui abrite également les occupants de la station spatiale internationale qui est située à 400 km en orbite. Les derniers astronautes à les avoir véritablement affrontés sont ceux du programme américain d'exploration lunaire Apollo, qui a pris fin en 1972. Pour en savoir plus, il faut donc réaliser des expériences sur Terre en simulant l'effet de ces rayons.

     

    Simulation multisource

    Jusqu'à présent pour simuler ces rayons cosmiques et étudier leurs effets les chercheurs exposaient des animaux à un faisceau monoénergétique formé d'une seule catégorie d'ions et ils reproduisaient l'expérience pour chaque particule à étudier. Dans la revue PLOS Biology, des scientifiques du Centre de Recherche de la Nasa à Langley explique comment ils ont mis au point une technologie de commutation et de contrôle permettant de basculer rapidement entre plusieurs combinaisons de faisceaux. Les expériences menées au Space radiation laboratory de la Nasa ont dès 2018 permis de délivrer 33 faisceaux d'ions différents en moins de 75 minutes, imitant ainsi l'effet cumulatif reçu par des astronautes lors d'une mission lointaine. Des tests sont maintenant en cours pour observer l'effet de ces radiations sur des modèles animaux exposés 4 semaines durant à ce mélange d'ondes. Les chercheurs vont notamment évaluer le risque de cancers radio-induits, les effets sur le système cardiovasculaire et l'impact sur le système nerveux central.

    Lire la suite sur: https://www.sciencesetavenir.fr/espace/univers/la-nasa-a-fabrique-un-simulateur-de-rayons-cosmiques_144421
     

     

    Source: sciencesetavenir.fr

     

  • LE 21.05.2020: Actualité de l'astronomie / Première preuve directe de la naissance d'une planète.

    Première preuve directe de la naissance d'une planète

     

     

    Rémy Decourt

    Journaliste

     

     

    Autour de la jeune étoile AB Aurigae, une équipe d'astronomes a découvert, à l'aide du VLT de l'ESO, les signes de la naissance d'une planète et l'endroit précis où elle pourrait se former ! Les explications d'Anthony Boccaletti de l'Observatoire de Paris, Université PSL, qui a dirigé l'étude.

    Étonnement, la théorie de formation planétaire la plus admise par la communauté scientifique est une théorie jeune et en plein développement, de sorte que chaque observation d'une étape de la formation des planètes est un moyen d'affiner ce modèle théorique.

    Il y a quelques mois, des observations réalisées avec l'instrument Sphere installé au Very Large Telescope (VLT) de l'Observatoire européen austral ont mis en évidence les signes révélateurs d'un système planétaire en formation autour de la jeune étoile AB Aurigae. Ce système planétaire en formation, situé à 520 années-lumière de la Terre dans la constellation d'Auriga (le Cocher), est très bien connu des astronomes qui l'observent depuis près d'une vingtaine d'années.

    Ces observations ont permis de repérer une « structure en spirale proéminente avec une "torsion" » qui marque le site « où une planète pourrait se former », nous explique Anthony Boccaletti de l'Observatoire de Paris, Université PSL (France), qui a dirigé l'étude. Cette « torsion est prédite selon certains modèles théoriques de formation planétaire », déclare la coauteure Anne Dutrey, du Laboratoire d'astrophysique de Bordeaux (LAB). Elle correspond à la « connexion de deux spirales - l'une s'enroulant vers l'intérieur de l'orbite de la planète, l'autre s'étendant vers l'extérieur - qui se rejoignent à l'emplacement de la planète ». Elles permettent au gaz et à la poussière du disque de « s'accréter sur la planète en formation et de la faire croître », précise la chercheuse.

    Cette structure observée pourrait être la « première preuve directe de la naissance d'une planète », tient à souligner Anthony Boccaletti. Ce point de « perturbation se trouve à peu près à la même distance de l'étoile que Neptune du Soleil », ajoute t-il.

    Images du système AB Aurigae montrant le disque qui l'entoure. L'image de droite est une version agrandie de la zone indiquée par un carré rouge sur l'image de gauche. Elle montre la région interne du disque, y compris la « torsion » jaune très brillant (entourée de blanc) qui, selon les scientifiques, marque l'endroit où une planète est en train de se former. Cette torsion se trouve à peu près à la même distance de l'étoile Aurigae AB que Neptune du Soleil. Le cercle bleu représente la taille de l'orbite de Neptune. © ESO / Boccaletti et al.

    Images du système AB Aurigae montrant le disque qui l'entoure. L'image de droite est une version agrandie de la zone indiquée par un carré rouge sur l'image de gauche. Elle montre la région interne du disque, y compris la « torsion » jaune très brillant (entourée de blanc) qui, selon les scientifiques, marque l'endroit où une planète est en train de se former. Cette torsion se trouve à peu près à la même distance de l'étoile Aurigae AB que Neptune du Soleil. Le cercle bleu représente la taille de l'orbite de Neptune. © ESO / Boccaletti et al. 

    Le moment et le lieu précis où se forment des planètes 

    Ces observations fournissent aussi les indices cruciaux pour aider les scientifiques à mieux comprendre ce processus. « Nous devons observer de très jeunes systèmes pour vraiment saisir le moment où les planètes se forment », explique Anthony Boccaletti. Mais, jusqu'à présent, les astronomes n'avaient pas réussi à prendre des images suffisamment nettes et profondes de ces jeunes disques pour trouver le « point précis qui indique l'endroit où un bébé planète devrait être en train de naître ». C'est aujourd'hui chose faite !

    Ces nouvelles images, « acquises par l'instrument Sphere et qui sont les plus précises et les plus profondes du système AB Aurigae obtenues à ce jour », montrent une « étonnante spirale de poussière et de gaz autour d'AB Aurigae ». Or, les spirales de ce type signalent la présence de bébés planètes qui « excitent » le gaz, créant des « perturbations dans le disque en forme d'ondes un peu comme le sillage d'un bateau sur un lac », explique Emmanuel Di Folco, également du LAB qui a aussi participé à l'étude. À mesure que la planète tourne autour de l'étoile centrale, cette « onde prend la forme d'un bras spiral » et la région en jaune très brillant près du centre d'AB Aurigae est « l'un de ces sites de perturbation où l'équipe pense qu'une planète est en train de se former », précise Emmanuel Di Folco.

    Donnons la parole à Anthony Boccaletti :

    Avez-vous une idée de la taille de la planète en formation ou s'agit-il pour l'instant d'une proto-planète ?

    Anthony Boccaletti : Non pas précisément. On voit la forme que fait la spirale et on en déduit que ça colle plutôt bien avec les modèles qui considèrent ces spirales comme produites par des planètes. Mais, justement, le modèle est très simple et ne dépend pas vraiment de la masse de la planète. Dans l'article, on essaye de faire des estimations en supposant que la planète est entourée d'un disque circumplanétaire et que ce disque émet de la lumière en infrarouge. Cela implique un modèle qui relie le taux d'accrétion de ce disque avec sa luminosité. On trouve qu'un objet de quelques masses de Jupiter pourrait expliquer le flux observé.

    Une future planète géante gazeuse donc ?

    Anthony Boccaletti : Oui. Ce serait plutôt une planète massive pour produire de telles spirales aussi évidentes dans les images.

    Concrètement, que voit-on de la planète sur ces images ?

    Anthony Boccaletti : On voit surtout la spirale. La planète est probablement enfouie dans le gaz et la poussière et n'est pas visible. Ce qui est un peu en contradiction avec ce que j'ai dit au dessus à propos de l'estimation de sa masse en supposant que le flux mesuré est issu d'un disque circumplanétaire.

    Que nous apprend cette découverte sur la formation des planètes ?

    Anthony Boccaletti : On connait des disques avec des spirales, on connait des planètes imagées à l'intérieur de disques (Beta Pic b, PDS70 b, également observée avec Sphere), mais on n'a jamais pu mettre en évidence une connexion entre les deux ! Justement parce que, lorsqu'il y a une spirale, c'est que la quantité de gaz est encore trop élevée pour permettre aux observations en optique de révéler la planète. Ici, on commence à voir pour la première fois une structure dans la spirale qui correspond à ce que l'on attend si cette spirale est générée par une proto-planète. Toujours pas un lien direct mais on s'en rapproche un peu plus.

    D'autres observations sont-elles prévues avec des instruments en service ou est-il nécessaire d'attendre de futurs instruments, comme ceux à bord du JWST, pour améliorer les observations de Sphere ?

    Anthony Boccaletti : Ce qui ne changera pas, c'est la capacité de nos instruments à « traverser » le gaz. Celui ci sera encore là pendant... quelques milliers ou millions d'années ! Mais oui, on prévoit d'autres observations. Tout d'abord avec Sphere, pour mesurer si cette structure se déplace. On devine déjà un déplacement entre les images de Alma et celles de Sphere, mais le confirmer et obtenir une orbite képlérienne serait la preuve qu'il s'agit bien d'un objet massif, type planète, qui suit les lois de Kepler. Ensuite, on a demandé aussi des observations avec Muse au VLT pour chercher si il y a une accrétion. Cela permettrait de montrer qu'un disque circumplanetaire (et donc une planète) existe.

    Il sera aussi nécessaire d'augmenter la résolution angulaire sur cet objet ?

    Anthony Boccaletti : Effectivement. Ce sera nécessaire pour résoudre encore mieux la torsion de la spirale et comparer avec des modèles plus compliqués, dits hydrodynamiques. Cela sera possible avec l'Extremely Large Telescope de l'ESO, en cours de construction. Nous devrions être en mesure de voir directement et plus précisément comment la dynamique du gaz contribue à la formation des planètes. Le télescope spatial James Webb (JWST), dont le lancement est prévu en mars 2021, pourrait être utilisé pour mesurer le flux de l'objet en infrarouge moyen, surtout s'il y a un disque circumplanétaire car son flux sera plus élevé à 10 microns qu'à 1 ou 2 microns.

    Source: https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/astronomie-premiere-preuve-directe-naissance-planete-15067/?fbclid=IwAR0kpktL0kJ58lb9fCyzonxYSZsRYniwl33IJOSO2SZIx9S_oC6tpcG1gAY#utm_content=futura&utm_medium=social&utm_source=facebook.com&utm_campaign=futura