COLONISATION DE LA LUNE
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LE 5.05.2020: Actualité de l'astronomie / La Nasa retient ces trois projets d'atterrisseurs lunaires.
- Par dimitri1977
- Le 05/05/2020
- Dans Actualité de la météo,de l'astronomie et de la sciences à la une du jour
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La Nasa retient ces trois projets d'atterrisseurs lunaires
Rémy Decourt
Journaliste
Les projets d'atterrisseurs lunaires de Blue Origin, SpaceX et Dynetics (avec Thales Alenia Space) ont été retenus par la Nasa. Les trois sociétés ont jusqu'au mois de février 2021 pour affiner leur proposition. À cette date, la Nasa sélectionnera le système d'atterrissage retenu et donnera son feu vert à la fabrication des deux premières unités de vol desservant les missions de 2024 et 2026.
La Nasa, qui a pour objectif de retourner sur la Lune dès 2024, a dévoilé les trois sociétés retenues pour présenter un projet abouti de leur système d'atterrissage pour transporter des équipages entre l'orbite lunaire et la surface de la Lune dans le cadre du programme Artemis. Ce futur véhicule doit permettre à un équipage de deux à quatre astronautes d'atteindre la surface lunaire, de vivre et d'opérer au sol pendant au moins une semaine, puis de rejoindre l'orbite lunaire.
Il s'agit de Blue Origin, de SpaceX et de Dynetics. Thales Alenia Space sera partenaire de Dynetics et sera en charge de la conception de la cabine pressurisée, lieux de vie de l'équipage comprenant la structure primaire, l'écoutille et la porte d'accès aux activités extravéhiculaires, les fenêtres et les protections thermiques et antimicrométéorites. Le projet d'atterrisseur lunaire de Boeing, en partenariat avec Vivace, n'a pas été retenu. Un nouveau revers pour Boeing qui n'a pas non plus décroché de contrat pour la réalisation d'éléments de la petite station lunaire (le Gateway).
En février 2021, la Nasa passera en revue chaque projet et en retiendra un ou plusieurs. Compte tenu des délais très courts d'ici à 2024, date prévue de la première mission habitée, l'atterrisseur le plus susceptible d'être prêt à cette date sera sélectionné a indiqué la Nasa. Cependant, la Nasa n'exclut pas de sélectionner une des deux autres sociétés, voire les deux, pour développer des atterrisseurs plus aboutis et mieux adaptés aux missions ultérieures qui pourraient durer jusqu'à 45 jours.
Concepts d'atterrisseurs lunaires à l'étude pour le compte de la Nasa. De gauche à droite, le projet de Blue Origin, de Dynetics (auquel participe Thales Alenia Space) et celui de SpaceX. © Blue Origin, Dynetics, SpaceX, Nasa
Incertitude sur le sort de la petite station lunaire
Aucune des trois sociétés sélectionnées n'a proposé d'utiliser le Space Launch System (SLS) que développe Boeing pour le compte de la Nasa et dont l'avenir s'assombrit. Blue Origin utilisera son lanceur New Glenn ou le Vulcan d'ULA, dont elle fournira le moteur de l'étage principal. Dynetics utilisera également le Vulcan d'ULA tandis que SpaceX, sans surprise, utilisera le Super Heavy. Si la Nasa s'est voulue rassurante sur l'avenir du SLS, en soulignant qu'il sera utilisé pour lancer le véhicule Orion et des missions robotiques, son utilité pourrait être remise en cause. Ce programme accuse plusieurs années de retard, des dépassements de coûts significatifs et un coût d'utilisation annoncé comme très supérieur à ceux des autres lanceurs américains en développement, également capables de lancer une capsule habitée.
VOIR AUSSINasa : la Station lunaire internationale aura du retard
La Nasa a également précisé que, pour les deux premières missions habitées de retour sur la Lune, en 2024 et 2026, le Gateway ne sera pas prêt. Le scénario initial qui prévoyait d'utiliser le Gateway comme un poste avancé, où viendraient s'amarrer le véhicule Orion et l'atterrisseur lunaire, est donc abandonné au profit d'une manœuvre incertaine de transfert d'équipage en orbite. Initialement, les équipages devaient rejoindre cette petite station avant d'embarquer à bord de l'atterrisseur lunaire. Dans ce nouveau scénario, qui s'inspire des missions Apollo, le transfert des équipages, du véhicule Orion à l'atterrisseur lunaire, sera réalisé en orbite à proximité de la Lune.
Bien que la Nasa soit convaincue de l'utilité du Gateway, qu'elle présente comme « d'une importance critique » pour les phases suivantes de l'exploration lunaire, son intérêt, comme celui du SLS, pourrait être remis en question alors que les États-Unis vont devoir financer un plan massif de relance de l'économie, durement frappés par la pandémie de coronavirus. À suivre donc.
POUR EN SAVOIR PLUS
La Nasa annonce une nouvelle étape "majeure" dans le programme lunaire Artemis
Article de Futura avec l'AFP Relaxnews publié le 23/07/2019
Ce lundi 22 juillet, l'agence spatiale américaine a demandé au secteur aérospatial de lui proposer des projets détaillés de véhicules pour faire atterrir deux astronautes sur la Lune d'ici 2024, objectif réaffirmé par les États-Unis lors du 50e anniversaire de la mission Apollo 11.
La Nasa a annoncé une nouvelle étape « majeure » dans le programme lunaire, baptisé Artemis, avec la publication de documents expliquant en détail ce qu'elle attend du secteur spatial. L'objectif est de poser deux astronautes, dont une femme, sur le sol lunaire en 2024, au pôle Sud, où ils resteraient six jours et demi, selon l'un de ces documents.
Onze sociétés avaient été sélectionnées en mai par la Nasa pour mener des études de faisabilité et développer des prototypes d'ici six mois, dont des géants traditionnels du secteur (Boeing, Lockheed Martin, Northrop Grumman) et de nouveaux venus comme SpaceX et Blue Origin, la firme du patron d'Amazon Jeff Bezos, qui a déjà présenté un projet d'atterrisseur.
Jim Bridenstine✔@JimBridenstine
On the heels of the 50th Anniversary of #Apollo11, we’ve just issued a draft solicitation asking U.S. companies to help us develop the 21st century human landing system that will land the first woman and next man on the Moon in 2024. WE ARE GOING. https://go.nasa.gov/2GovZpx #Artemis
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La Nasa passe à la vitesse supérieure
Cette fois, la Nasa passe une étape supérieure, avec des dizaines de pages de prérequis pour l'électronique embarquée, les communications et jusqu'aux combinaisons spatiales. N'importe quelle société peut répondre.
« Au lendemain du 50e anniversaire d'Apollo 11, nous venons de publier un projet de sollicitation aux entreprises américaines pour qu'elles nous aident à développer le système d'atterrissage humain du XXIe siècle qui permettra de faire alunir la première femme et le prochain homme sur la Lune en 2024 », a tweeté l'administrateur de la Nasa, Jim Bridenstine. « Nous y allons », a-t-il ajouté en lettres capitales.
Ce n'est que dans plusieurs mois que la Nasa, après avoir reçu des réponses des firmes spatiales, décidera qui le construira et comment. Cet atterrisseur sera l'équivalent du module lunaire qui avait emmené Neil Armstrong et Buzz Aldrin sur la Lune. Une différence importante toutefois : le véhicule sera amarré à une mini-station en orbite autour de la Lune, « Gateway », qui servira de point d'étape entre la Terre et la Lune, notamment pour être réutilisée et ravitaillée en carburant.
Pour l'instant, le programme Artemis est en retard, principalement à cause des délais de construction du lanceur lourd SLS.
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LE 30.04.2020: Actualité de l'astronomie / Lunar Flashlight : une mission pour sonder la glace des cratères lunaires.
- Par dimitri1977
- Le 30/04/2020
- Dans Actualité de la météo,de l'astronomie et de la sciences à la une du jour
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Lunar Flashlight : une mission pour sonder la glace des cratères lunaires
Rémy Decourt
Journaliste
L'eau est la clé d'une installation durable et autonome sur la Lune. La Nasa souhaite donc s'assurer que les dépôts de glace d'eau, que plusieurs satellites ont identifiés à l'intérieur de nombreux cratères lunaires situés aux pôles, existent bien. Elle prépare avec le JPL un petit satellite qui sera dédié à cette tâche et dont le lancement est prévu en 2021 lors du vol Artemis 1. Mais si cette eau a un intérêt évident, serons-nous capables de l'utiliser ?
En prévision des futures missions habitées à destination de la Lune et si l'on envisage des habitats permanents pour y vivre et y travailler, au-delà de simples visites d'exploration que seront les premières missions Artemis de la Nasa, il serait bon de savoir si la Lune dispose bien de glace d'eau en quantité suffisamment nécessaires pour faire vivre et travailler ses futurs colons.
Si, aujourd'hui, il ne fait plus guère de doute que de nombreux cratères polaires recèlent potentiellement d'épais dépôts de glace, de parfois plusieurs mètres d'épaisseur, certains scientifiques sont plus prudents. C'est le cas de Barbara Cohen, responsable scientifique de la mission Lunar Flashlight qui doit survoler en 2021 les cratères lunaires, notamment ceux du pôle sud, pour vérifier s'ils contiennent de la glace d'eau.
« Bien que nous ayons une assez bonne idée qu'il y a de la glace à l'intérieur des cratères les plus froids et les plus sombres de la Lune, les mesures sont tout de même un peu ambiguës. » Pour la chercheuse du Centre spatial Goddard de la Nasa, « scientifiquement ça va, mais si nous prévoyons d'envoyer des astronautes là-bas pour déterrer la glace et la boire, nous devons être sûrs qu'elle existe » !
Pour en voir le cœur net, le JPL de la Nasa développe le petit satellite Lunar Flashlight qui aura pour mission de cartographier les dépôts de glace d'eau supposés exister au fond des cratères polaires de la Lune, notamment ceux dont les planchers sont en permanence dans l'ombre du Soleil. Le but de la mission est de fournir des informations sans ambiguïté possible sur l'existence de dépôts de glace d’eau au fond de ces cratères lunaires. Son lancement est prévu lors de la mission Artemis 1 qui donnera le coup d'envoi du retour des Américains sur la Lune.
Cette question de l'utilisation de l'eau n'est pas trop d'actualité aujourd'hui. Il faut savoir que les missions du programme Artemis seront de durée très courte, d'une dizaine de jours et jusqu'à 45 jours. Par souci de simplification, chaque mission embarquera tout ce que son équipage aura besoin en oxygène, nourriture et eau. Plutôt que de se ravitailler en eau sur place, la Nasa préférera jouer la sécurité. D'ailleurs, il est peu probable que l'on soit capable d'en extraire et d'en utiliser d'ici ces vingt prochaines années ! Ce n'est seulement qu'à l'horizon 2050, si une base est effectivement construite, qu'il sera nécessaire de se préoccuper de cette question, si l'on souhaite que cette base soit autonome. À cela, s'ajoute qu'il n'est pas envisagé de ravitailler cette future base en eau car, à l'état liquide, il s'agit d'une ressource « lourde » en termes de masse et de volume. Et donc coûteuse et compliquée à lancer depuis la Terre.
État des dépôts connus de glace d'eau aux pôles de la Lune recensés par la sonde Lunar Reconnaissance Orbiter de la Nasa. © Nasa, Lunar Orbiter Laser Altimeter Science team
Serons-nous capables d'utiliser l'eau de la Lune ?
À l'état liquide, si les idées ne manquent pas pour utiliser cette eau, les possibilités sont tout de même assez restreintes. Avec des températures de plus ou moins - 200° degrés, faire fondre cette glace et s'en servir pour produire de l'eau à l'état liquide, de l'oxygène et de l'hydrogène, sera techniquement très complexe. Parmi les idées réalistes, malgré des difficultés de mise en œuvre, citons l'utilisation de larges paraboles qui focaliseraient le Soleil sur cette glace pour la réchauffer, la vaporiser et la voir se condenser sur des miroirs, d'où l'eau s'écoulerait dans des réservoirs.
Séparées en leurs deux éléments constitutifs, l'hydrogène et l'oxygène, les molécules d'eau peuvent aussi fournir de l'air mais aussi de l'hydrogène et de l'oxygène utiles pour des carburants de véhicules spatiaux. L'idée est d'utiliser ces deux éléments pour produire des ergols liquides de moteurs à oxygène et hydrogène liquides. Or, l'hydrogène produit par électrolyse, puis liquéfié, nécessite des quantités d'énergies considérables et une infrastructure complexe de stockage. Cette complexité explique le choix des constructeurs de lanceurs d'abandonner l'utilisation de l'hydrogène, lui préférant le méthane comme ergol pour les futurs moteurs chimiques des lanceurs (LOX-méthane). Il faudra donc fabriquer des moteurs spécifiques à des usages « lunaires », ce qui limitera leur attrait. Tout comme faire le plein ! Si l'on peut comprendre que ce carburant pourrait être utilisé par des véhicules spatiaux retournant sur Terre avec une cargaison ou un équipage, le coût sera exorbitant.