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 EXOBIOLOGIE 

  • LE 11.05.2020: Actualité de l'astronomie / Exobiologie : la vie pourrait exister dans les atmosphères d'hydrogène.

    Exobiologie : la vie pourrait exister dans les atmosphères d'hydrogène

     

    Laurent Sacco

    Journaliste

     

    Sommes-nous certains que la vie ne peut vraiment se développer que dans une atmosphère dominée par l'azote et l'oxygène comme c'est le cas sur la Terre ? Des expériences en laboratoire prouvent que, même sur des exoplanètes avec des atmosphères dominées par l'hydrogène moléculaire, des micro-organismes terrestres peuvent prospérer sans problème. Futura a demandé des précisions à ce sujet à l'astrophysicien Franck Selsis.

     

    On reproche parfois aux exobiologistes d'être dans la situation de l'homme qui, ayant perdu ses clés dans une soirée en ville, les cherche sous un réverbère au motif que c'est seulement sous sa lumière qu'il a une chance de les retrouver ! Transposée à la recherche de la vie ailleurs, cette idée pourrait nous aveugler et nous conduire à penser que seules des formes de vie ressemblant beaucoup à celles qui nous sont familières sur Terre, et dans des environnements très répandus, sont possibles.

    Le risque est réel mais d'un certain côté, ce qui nous intéresse vraiment, c'est de savoir à quel point des formes de vie similaires à celles qui sont connues sont répandues dans le monde des exoplanètes ; d'un autre côté, on envisage tout de même des formes de vie extrêmophiles et on spécule même sur des formes jamais vues, par exemple, basées peut-être sur le concept d’azotosome. De même, cela n'a pas empêché des biochimistes, à l'instar d'Isaac Asimov -- qui n'était pas seulement qu'un des plus célèbres auteurs de science-fiction --, de spéculer sur des formes de vie qui ne seraient pas basées sur l'eau liquide, notamment comme dans l'essai qu'il a écrit en 1962, Not as We Know It .

    Aujourd'hui, c'est l'astronome et planétologue canado-américaine, Sara Seager, bien connue pour ses travaux sur l'étude des exoplanètes et de leurs atmosphères, qui tente de repousser avec ses collègues dans un article publié dans Nature Astronomy, les frontières du paradigme des recherches d'une vie extraterrestre.

    Sara Seager nous parle de ses recherches en exobiologie. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © Earth, Atmospheric and Planetary Sciences, MIT

     

    Des superterres avec une atmosphère d'hydrogène ?

    L'atmosphère de la Terre est dominée depuis un peu plus de deux milliards d'années par l'azote et l'oxygène mais il y a plus de 4 milliards d'années, on trouvait plutôt un mélange de vapeur d'eau, de dioxyde de carbone et d'azote. Plus tôt au début de l'Hadéen, les choses sont moins claires mais si l'on pense aux atmosphères des géantes gazeuses formées directement à partir du gaz du disque protoplanétaire, on peut penser que d'importantes quantités d'hydrogène et d'hélium étaient présentes avant de rapidement quitter notre Planète, son champ de gravité étant trop faible pour garder ces gaz légers.

    Toutefois, il existe des superterres avec donc des champs de gravitation plus intenses et on connait aussi plusieurs scénarios astrochimiques qui pourraient conduire à l'existence d'atmosphère contenant d'importantes quantités d'hydrogène moléculaire H2, comme l'expliquent Sara Seager et ses collègues dans l'introduction de leur article dans Nature Astronomy.

    Ainsi, beaucoup de dihydrogène pourrait avoir été produit par des réactions entre de l'eau et d'importantes quantités de fer apportées par un bombardement météoritique de matériaux primitifs riches en fer (par exemple, comme les météorites chondritiques EH). Enfin, on sait que le rayonnement ultraviolet des étoiles peut photo-dissocier des molécules d'eau en donnant des molécules H2 et O2. Si le champ de gravité d'une superterre est suffisamment important et si elle possède un bouclier magnétique capable de la protéger, dans une certaine mesure de l'érosion de son atmosphère par l'activité de son étoile hôte, alors il est possible d'avoir là aussi une atmosphère contenant beaucoup d'hydrogène.

    De même, des calculs laissent penser qu'une exoplanète de quelques masses terrestres situées au-delà d'environ 2 UA de son soleil et de son rayonnement destructeur X et ultraviolet peut maintenir une atmosphère H2-He primordiale héritée de son disque protoplanétaire et sous une pression de 1 à 100 bars, à condition que la planète ait un champ magnétique protecteur.

    Sara Seager et ses collègues ont donc voulu savoir si des formes de vie pouvaient prospérer dans des atmosphères riches en dihydrogène et pour cela, ils ont tout simplement fait des expériences avec des micro-organismes bien connus sur Terre, la fameuse bactérie Escherichia coli, un simple procaryote, et la levure, un eucaryote plus complexe, qui n'avaient pas été étudiées dans des environnements dominés par l'hydrogène.

    Ces organismes unicellulaires ont donc été placés dans un bouillon nutritif surmonté dans des bouteilles par des équivalents de différentes atmosphères d'exoplanètes avec, respectivement, de l'hydrogène pur, de l'hélium pur, un mélange de 80 % d'azote et 20 % de dioxyde de carbone, et un dernier jeu de bouteilles avec l'air de la Terre. Régulièrement, les chercheurs ont retiré des échantillons de certains de ces organismes avec une aiguille hypodermique pour compter combien étaient vivants. Ils ont constaté que tous se sont répliqués dans toutes les atmosphères testées.

    Bien sûr, c'est exactement ce à quoi les biologistes pouvaient s'attendre car il est bien connu que E.coli et les levures peuvent se développer sur Terre en l'absence d'oxygène mais, en l'occurrence, les expériences montraient de façon claire, et donc plus susceptible d'aider à changer un paradigme, que l'on pouvait ne pas se limiter à chercher des formes de vie dans des atmosphères similaires à celle de la Terre actuelle.

    C'est d'autant plus vrai que des atmosphères dominées par de l'hydrogène peuvent s'étendre beaucoup plus loin au-dessus de la surface d'une exoplanète, ce qui rend sa détection et son analyse bien plus faciles pour la prochaine génération d'instruments, en particulier le télescope spatial James Webb. Enfin, les chercheurs ont constaté qu'en se développant les Escherichia coli ont produit de l'ammoniac, du méthanethiol et de l'oxyde nitreux, ce qui est inspirant pour définir des biosignatures possibles de formes de vie.

    Les explications plus détaillées de Franck Selsis sur le problème de la détection et de l'interprétation des biosignatures. © Académie des Sciences

     

    La difficile question des biosignatures avec des exoplanètes

    La question des biosignatures n'est pas triviale. Rappelons ce que l'astrophysicien Franck Selsis, qui étudie les atmosphères planétaires et l'exobiologie au Laboratoire d'astrophysique de Bordeaux, nous avait répondu et ce qu'il avait expliqué à Futura, dans un précédent article, dans lequel nous lui demandions s'il est possible de détecter la vie en étudiant la composition d'une atmosphère :

    « Vaste question sur laquelle je suis extrêmement prudent. Comme Carl Sagan, je pense que, à une affirmation extraordinaire, il faut une preuve extraordinaire. Pour vous répondre, il faudrait avoir une définition convaincante de ce que doit être une biosignature -- j'écarte ici la question d'une technosignature qui est une autre question. Avec le télescope James Webb, ou à plus long terme avec le futur télescope géant européen (l'E-ELT, European Extremely Large Telescope), nous pourrons peut-être détecter des constituants de l'atmosphère d'exoplanètes telluriques tempérées, dont certaines sont en lien avec le caractère habitable de la Terre ou avec l'activité biologique (eau, oxygène, ozone, méthane, dioxyde de carbone).

     

    Mais, pourra-t-on affirmer pour autant la présence d'une forme de vie si, par exemple, la teneur en oxygène est similaire à celle de l'atmosphère de la Terre ?

    Peut-être, mais cela impliquerait de nombreuses observations complémentaires et beaucoup de temps. Je me suis précisément posé la question de ce que devrait être une bonne biosignature dans mon travail de thèse. Prenons l'exemple d'une planète qui serait aussi massive que Vénus et initialement riche en eau. Le rayonnement de son étoile pourrait avoir dissocié les molécules d'H2O laissant partir dans l'espace les molécules de H2 mais retenant dans l'atmosphère les molécules d'O2, du fait de sa gravité. On aurait donc une atmosphère riche en oxygène et pour autant, son origine ne serait pas biologique -- incidemment, l'oxygène de Vénus semble, probablement, avoir migré dans son manteau.

    Plus généralement, qu'est-ce qui pourrait nous assurer que des molécules généralement associées à la vie n'ont pas été produites par des processus abiotiques (sans intervention du vivant) ? Pour tenter d'éviter ce problème, j'ai proposé de chercher à détecter tout à la fois des molécules d'ozone, de gaz carbonique et d'eau. Mais, d'une part, c'est une signature terrestre très spécifique et le vivant pourrait générer d'autres compositions. Et, d'autre part, ce n'est pas parce que je ne suis pas parvenu à obtenir par simulation des atmosphères d'exoplanètes avec cette signature par des processus non biologiques que ce n'est pas possible. Rien ne dit que mon exploration des phénomènes possibles est exhaustive.

    Je pense donc qu'il faudra attendre d'avoir analysé et bien compris les atmosphères d'un très grand nombre d'exoplanètes avant de pouvoir raisonnablement se dire capable de reconnaître de façon indiscutable une atmosphère transformée par la vie ».

    Que pense aujourd'hui Franck Selsis de la publication de Sara Seager ? Nous lui avons demandé et voici ses commentaires.

    L'astrophysicien Franck Selsis étudie les atmosphères planétaires et l'exobiologie. © Benjamin Pavone

    L'astrophysicien Franck Selsis étudie les atmosphères planétaires et l'exobiologie. © Benjamin Pavone   

     

     

    Futura-sciences : Comment peut-on justifier le choix fait par Sara Seager de faire des expériences avec des atmosphères d'hydrogène ?

    Franck Selsis : La première raison est que, dans ce type d'atmosphères, il y a des réactions chimiques conduisant à une chimie du carbone très riche et pouvant produire des molécules servant de briques au vivant. Outre les nombreuses observations astronomiques qui le démontrent, la fameuse expérience de Miller-Urey au début des années 50 a illustré ce phénomène en produisant des bases azotés et des acides aminés dans un mélange gazeux de méthane (CH4), ammoniac (NH3), hydrogène H2 et eau H2O, soumis à des décharges électriques. Urey et Miller postulaient alors que ce devait être la composition de l'atmosphère primitive terrestre. Si l'on a très peu de contraintes sur la composition primordiale de notre atmosphère, ce scénario ne semble plus pertinent bien que l'hydrogène a pu être un constituant, minoritaire mais important, de cette atmosphère.

    La deuxième raison poussant à considérer des atmosphères dominées par H2 vient du fait qu'avec une molécule aussi légère, ces atmosphères sont épaisses et s'étendent loin de la surface des exoplanètes. Cela facilite grandement l'analyse de la composition de l'atmosphère d'exoplanètes lors de transits. Aujourd'hui, les seules atmosphères d'exoplanètes que nous pouvons analyser sont dominées par l'hydrogène moléculaire, surtout pour des planètes géantes et chaudes mais, avec le télescope James Webb, nous pourrons tenter l'analyse d'atmosphères de planètes plus terrestres, en particulier celles de l'étoile TRAPPIST-1.

    Enfin, on sait aussi que des atmosphères d'hydrogène avec des pressions comprises entre 10 et 100 bars, soit entre 10 et 100 fois celles de l'atmosphère terrestre, permettent l'existence d'eau liquide sur une exoplanète pourvu que l'insolation de la planète soit très faible. L'hydrogène moléculaire étant un gaz à effet de serre très efficace à haute pression, il permet même de considérer le cas d'exoplanètes habitables loin de leurs étoiles hôtes.

    Franck Selsis : Nous sommes certains du contraire puisque la vie prédate l'accumulation d'oxygène dans l'atmosphère.

     

     

    Futura-sciences :  On peut penser que d'importantes quantités d'hydrogène et d'hélium étaient présentes avant de rapidement quitter notre Planète, son champ de gravité étant trop faible pour garder ces gaz légers. 

    Franck Selsis : La Terre s'est formée en environ 100 millions d'années. Le disque protoplanétaire ne persiste pas au-delà de 10 millions d'années. Donc, la Terre n'a pas pu accréter du gaz de la nébuleuse. Les planètes géantes, elles, se forment très vite, d'une façon encore mal comprise. Pour qu'une superterre possède une atmosphère épaisse d'hydrogène capturée à la nébuleuse, il faut qu'elle se forme également très vite. Ce qui est possible : elles pourraient se former comme une géante mais son grossissement est avorté pour une raison ou une autre : par exemple, la dissipation du disque.

     

     

    Futura-sciences : Les travaux publiés dans Nature astronomy apportent-ils quelque chose de nouveau ?

    Franck Selsis : Pas vraiment, cela fait longtemps que l'on a fait des expériences similaires avec des micro-organismes sous des atmosphères différentes. On a constaté d'ailleurs que ces micro-organismes pouvaient s'adapter en changeant de métabolisme à partir du moment où ils disposaient d'eau et de sources de nourriture. On ne sait pas vraiment s'il s'agit d'une mémoire de l'histoire primitive de l'apparition de la vie, une hypothèse tout de même peu probable car on ne voit pas bien, étant donné la façon dont fonctionne l'évolution, comment ces capacités auraient pu perdurer pendant des milliards d'années alors que les conditions d'apparitions de la vie sur la Terre primitive ont disparu. Cette capacité de changer de métabolisme pourrait donc être héritée des divers environnements possibles sur la Terre actuelle.

    Dans les expériences qui ont été faites, les micro-organismes sont mis en culture donc avec de l'eau, ce qui veut dire qu'on ne doit pas en fait considérer des atmosphères purement d'hydrogène moléculaire. Il doit aussi y avoir de la vapeur d'eau.

    Autre problème. Pour

  • LE 18.04.2020: Actualité de l'astronomie / L'azote sur Terre, essentiel à l'apparition de la vie, vient-il des comètes ?

    L'azote sur Terre, essentiel à l'apparition de la vie, vient-il des comètes ?

     

    Laurent Sacco

    Journaliste

     

     

     

    Futura a interrogé l'astrochimiste, exobiologiste et planétologue Olivier Poch au sujet d'un travail que lui et ses collègues ont effectué et qui jette une lumière nouvelle sur l'origine de l'azote sur Terre, azote que la vie utilise de façon cruciale dans les protéines et l'ADN. Il a permis d'identifier un réservoir caché de cet élément à la surface de la comète 67P/Tchourioumov-Guérassimenko.

     

    Environ 80 % des météorites qui tombent sur Terre sont des chondrites. Au cours du XXe siècle, les cosmochimistes ont constaté que leur composition moyenne est très similaire à celle des éléments dans l'atmosphère du Soleil si l'on tient compte du fait que celle-ci est très majoritairement composée d'hydrogène et d'hélium - des éléments volatils que l'on ne retrouve pas vraiment dans les météorites. La composition moyenne de la Terre est également très proche de celle de ces météorites, en particulier les chondrites à enstatite. On constate aussi que la composition de l'atmosphère de Jupiter est très voisine de celle du Soleil. Ces constatations soutiennent le scénario de la formation du Système solaire hérité de Kant et Laplace dans lequel le Soleil et son cortège de planètes sont nés à partir d'une nébuleuse protosolaire, un nuage de gaz d'hydrogène et d'hélium contenant 1 % de poussière qui s'est contractée gravitationnellement il y a un peu plus de 4,56 milliards d'années.

    Il y a pourtant des différences, parfois très importantes, notamment quand on regarde les abondances des isotopes des éléments chimiques, mais pas seulement, dans les divers corps du Système solaire, comètes et astéroïdes compris. Ces différences sont intéressantes parce qu'elles sont porteuses d'informations précieuses sur la cosmogonie du Système solaire, de la Terre et même sur l'origine de la Vie. Les cosmochimistes se servent, par exemple, du rapport des isotopes de l'hydrogène D/H (D désignant le deutérium, qui contient un proton et un neutron dans son noyau alors que H ne contient qu'un proton) pour tenter de déterminer l'origine de l'eau des océans.

    La cosmochimie, une clé de l'exobiologie

    On a pensé un temps que cette eau avait été apportée par des comètes mais il semble que les rapports D/H, mesurés jusqu'ici, ne soient pas favorables car ils sont très généralement différents de celui de l'eau de l'océan terrestre. Ainsi, la sonde Rosetta a découvert que le rapport D/H dans 67P/Tchourioumov-Guérassimenko est trois fois plus élevé que le rapport D/H de l'eau dans les océans de la Terre. On a trouvé des rapports presque aussi élevés, environ deux fois la valeur des océans terrestres, avec les comètes de HalleyHyakutake et Hale Bopp, 12 fois celui estimé pour la nébuleuse protosolaire.

    L’eau de la Terre semble donc plutôt venir de certains astéroïdes sur la base du rapport D/H mesuré dans l'eau des météorites. Mais, en ce qui concerne les comètes on connaît quelques exceptions, comme les comètes 103P/Hartley et 46P/Wirtanen, donc un retournement de situation reste possible.En effet, les rapports mesurés le sont dans l'eau émise par la chevelure ou coma (mot latin de même sens), qui forme un halo à peu près sphérique entourant le noyau des comètes. Or, une étude en 2019 a montré qu'il pourrait y avoir une corrélation entre le taux d'activité des comètes et le rapport D/H mesuré. Le D/H mesuré dans la coma des comètes les plus actives est proche de la valeur terrestre, alors qu'il est plus élevé pour les comètes moins actives. Des phénomènes de fractionnement isotopique pourraient se produire sur les comètes les moins actives, de sorte que le rapport D/H à l'intérieur de toutes les comètes pourrait être proche de celui de l'eau des océans.

    La comète 46P/Wirtanen, photographiée le 26 novembre 2018. © Avec la permission de Gerald Rhemann

    La comète 46P/Wirtanen, photographiée le 26 novembre 2018. © Avec la permission de Gerald Rhemann 

    On se pose des questions aussi sur l'origine de l'azote de notre atmosphère. Provient-il du dégazage volcanique du manteau de la Terre au début de son histoire, l'azote étant initialement piégé dans les minéraux composant la Terre primitive (incidemment, la Terre serait plus pauvre en azote que l'atmosphère solaire pour des raisons mal comprises, à moins que l'azote manquant ne se trouve dans son manteau) ou d'un apport plus tardif sous forme d'impact de météorites après le refroidissement de la surface de la Terre ? L'origine de l'azote de notre Planète nous interroge aussi et sans doute surtout parce que cet élément est avec le carbone, l'hydrogène et l'oxygène l'un des composants majeurs (CHON) de molécules organiques essentielles à la vie, comme les acides aminés formant les protéines et bien sûr les fameuses bases azotées que sont l'adénine, la cytosine, la guanine, la thymine et l'uracile, respectivement symbolisés par A, C, G, T et U, qui sont au cœur du code génétique des molécules d’ARN et d'ADN.

    Des mesures faites avec des radiotélescopes, et dans l'infrarouge par spectroscopie, montraient la présence de molécules azotées comme l'acide cyanhydrique (HCN), l'ammoniac (NH3), ou encore le formaldéhyde H2CO dans la coma. Certaines de ces espèces ont des implications importantes pour la chimie prébiotique. Ainsi, dans une solution aqueuse, HCN est une molécule clé pour la synthèse d'adénine et d'autres bases azotées, H2CO l'est pour les sucres (réaction de formose), NH3, HCN, H2CO et d'autres aldéhydes permettent la synthèse de Strecker (et avec CO2, la synthèse de Bucherer-Berg) d'acides aminés et espèces apparentées. Les comètes pourraient donc avoir joué un rôle dans l'arrivée sur Terre de composants azotés favorisant l'apparition de la Vie.

    Toutefois, jusqu'à la mission Rosetta, on n'avait pas trouvé de preuve convaincante de la présence de N2 dans une comète. Or, cette molécule devait être la forme la plus abondante de l'azote dans le disque protoplanétaire où se sont formées planètes et comètes.

    Au final, comme on avait commencé à le constater avec les mesures in situ de la mission Giotto dans une comète, en l'occurrence celle de Halley en 1986, les comètes semblent anormalement pauvres en azote et en particulier en N2. D'ailleurs, le rapport de l'azote moléculaire et du monoxyde de carbone (N2/CO), mesuré in situ par la sonde Rosetta pour 67P/Tchourioumov-Guérassimenko avec l'instrument Rosetta Orbiter Spectrometer for Ion and Neutral Analysis (Rosina), s'avère 25 fois plus faible que celui dans la nébuleuse protosolaire déduit de celui mesuré dans les atmosphères du Soleil et de Jupiter. De façon plus générale, le rapport N/C pour les comètes est anormalement bas et pour 67P/Tchourioumov-Guérassimenko il est 10 fois plus faible.

    C'est un problème car les comètes se sont formées dans les régions froides et éloignées du disque protoplanétaire et devraient donc être des vestiges inchangés de ce disque, et garder en mémoire le rapport N/C de la nébuleuse protosolaire mesuré dans l'atmosphère solaire. Faut-il croire à ces mesures ? Que nous disent-elles sur la formation du Système solaire, quand on sait que Titan et Triton ont des atmosphères d'azote, et sur l'origine de la Vie ?

    Le biochimiste russe Alexander Oparine, à l'origine d'une hypothèse sur la formation des premières molécules organiques sur Terre, parle (en russe, traduit ensuite par son interlocuteur) de la possibilité, dans un avenir pas très éloigné, de synthétiser la matière vivante, en choisissant judicieusement les différentes étapes à suivre. © INA

    Les comètes, à l'origine de l'azote de la petite mare chaude de Darwin ?

    Rappelons une célèbre lettre adressée par Darwin à son ami, le grand botaniste et explorateur britannique Joseph Dalton Hooker. Il y évoque brièvement en 1871 un lieu et un scénario possibles pour l'origine de la vie en ces termes : « Quelque petite mare chaude, en présence de toutes sortes de sels d'ammoniac et d'acide phosphorique, de lumière, de chaleur, d'électricité, etc. », où « un composé de protéine fut chimiquement formé, prêt à subir des changements encore plus complexes ».

    Au siècle suivant, dans les années 1920, le biochimiste russe Alexander Oparine et le biologiste anglais John Burton Haldane vont reprendre l'hypothèse de Darwin en remplaçant sa petite mare chaude par les mers et les océans de la Terre primitive, enrichis en molécules prébiotiques par des réactions au sein de l'atmosphère initiale de la Terre, supposée différente de celle d'aujourd'hui.

    Les comètes ont-elles encore une place importante dans ce scénario pour l'apport de l'azote ?

    L'astrochimiste et planétologue Olivier Poch dans son laboratoire. © Olivier Poch

    L'astrochimiste et planétologue Olivier Poch dans son laboratoire. © Olivier Poch 

    Il semblerait bien qu'il existe un réservoir d'azote supplémentaire dans les comètes, au moins dans le cas de 67P/Tchourioumov-Guérassimenko, ce qui pourrait permettre de réconcilier les rapports N/C mesurés, si l'on en croit un article publié dans Science par un consortium international de chercheurs notamment du CNRS, des universités de Grenoble, de Paris, d'Aix-Marseille et de l'Observatoire de Paris (également disponible sur arXiv).

    Futura a interrogé à ce sujet le principal auteur de cet article, l'astrochimiste, exobiologiste et planétologue Olivier Poch. Lui et ses collègues de l'Institut de planétologie et d'astrophysique de Grenoble (Ipag) ont reconstitué en laboratoire des matériaux cométaires possibles à la surface de 67P/Tchourioumov-Guérassimenko pour mesurer ensuite, en laboratoire, les caractéristiques des spectres de la lumière infrarouge que ces comètes artificielles pouvaient réfléchir. En les comparant aux spectres mesurés par l'instrument Visible, InfraRed and Thermal Imaging Spectrometer (Virtis) de la sonde Rosetta, les astrochimistes sont arrivés à la conclusion qu'il existait à la surface de 67P/Tchourioumov-Guérassimenko, « Tchoury » pour les intimes, des sels d'ammonium comme par exemple le formate d'ammonium, NH4+ HCOO-Le spectromètre de masse Rosina a aussi, quant à lui, livré indirectement des indices de la présence de ce sel d'ammonium et d'autres, en l'occurrence  NH4+Cl- (chlorure d'ammoniun), NH4+CN- (cynanure d'ammonium), NH4+OCN- (cyanate d'ammonium) et NH4+CH3COO(acétate d'ammonium). Voici les réponses d'Olivier Poch à nos questions.

    Futura : Vous, et vos collègues, avez montré qu'il y avait un réservoir d'azote caché dans la comète 67P/Tchourioumov-Guérassimenko et peut-être dans d'autres comètes. Cela permet-il de résoudre l'énigme du manque d'azote dans les comètes ?

    Olivier Poch : Il est certain que dans le cas de cette comète le rapport N/C est plus élevé s'il y a effectivement la présence des sels d'ammonium, mais nous ne savons pas encore si l'augmentation est suffisante pour en déduire que l'on a effectivement maintenant un rapport conforme à ce qui était attendu du fait de la formation précoce et primitive des comètes, à savoir un rapport reflétant celui de la nébuleuse protosolaire d'où sont nés également le Soleil et les planètes.

    Futura : Comment en êtes-vous venus à faire cette découverte ?

    Olivier Poch : La composition de la surface des comètes et des astéroïdes peut être étudiée à partir de la mesure du spectre de la lumière qu'elle réfléchit dans l'infrarouge. C'est ce que l'on a fait entre 2014 et 2016 avec le spectro-imageur Virtis (Visible, InfraRed and Thermal Imaging Spectrometer) de la sonde Rosetta. Le spectre obtenu a révélé que la surface de Tchoury est sombre, rougeâtre et presque entièrement uniforme en 

    LE 17.04.2020: Actualité de l'astronomie / Tchoury livre une clé de l'origine de l'azote de la vie sur Terre.

    Tchoury livre une clé de l'origine de l'azote de la vie sur Terre

     

    Laurent Sacco

    Journaliste

     

    Futura a interrogé l'astrochimiste, exobiologiste et planétologue Olivier Poch au sujet d'un travail que lui et ses collègues ont effectué et qui jette une lumière nouvelle sur l'origine de l'azote sur Terre, azote que la vie utilise de façon cruciale dans les protéines et l'ADN. Il a permis d'identifier un réservoir caché de cet élément à la surface de la comète 67P/Tchourioumov-Guérassimenko.

     

    Environ 80 % des météorites qui tombent sur Terre sont des chondrites. Au cours du XXe siècle, les cosmochimistes ont constaté que leur composition moyenne est très similaire à celle des éléments dans l'atmosphère du Soleil si l'on tient compte du fait que celle-ci est très majoritairement composée d'hydrogène et d'hélium - des éléments volatils que l'on ne retrouve pas vraiment dans les météorites. La composition moyenne de la Terre est également très proche de celle de ces météorites, en particulier les chondrites à enstatite. On constate aussi que la composition de l'atmosphère de Jupiter est très voisine de celle du Soleil. Ces constatations soutiennent le scénario de la formation du Système solaire hérité de Kant et Laplace dans lequel le Soleil et son cortège de planètes sont nés à partir d'une nébuleuse protosolaire, un nuage de gaz d'hydrogène et d'hélium contenant 1 % de poussière qui s'est contractée gravitationnellement il y a un peu plus de 4,56 milliards d'années.

    Il y a pourtant des différences, parfois très importantes, notamment quand on regarde les abondances des isotopes des éléments chimiques, mais pas seulement, dans les divers corps du Système solaire, comètes et astéroïdes compris. Ces différences sont intéressantes parce qu'elles sont porteuses d'informations précieuses sur la cosmogonie du Système solaire, de la Terre et même sur l'origine de la Vie. Les cosmochimistes se servent, par exemple, du rapport des isotopes de l'hydrogène D/H (D désignant le deutérium, qui contient un proton et un neutron dans son noyau alors que H ne contient qu'un proton) pour tenter de déterminer l'origine de l'eau des océans.

    La cosmochimie, une clé de l'exobiologie

    On a pensé un temps que cette eau avait été apportée par des comètes mais il semble que les rapports D/H, mesurés jusqu'ici, ne soient pas favorables car ils sont très généralement différents de celui de l'eau de l'océan terrestre. Ainsi, la sonde Rosetta a découvert que le rapport D/H dans 67P/Tchourioumov-Guérassimenko est trois fois plus élevé que le rapport D/H de l'eau dans les océans de la Terre. On a trouvé des rapports presque aussi élevés, environ deux fois la valeur des océans terrestres, avec les comètes de HalleyHyakutake et Hale Bopp, 12 fois celui estimé pour la nébuleuse protosolaire.

    L’eau de la Terre semble donc plutôt venir de certains astéroïdes sur la base du rapport D/H mesuré dans l'eau des météorites. Mais, en ce qui concerne les comètes on connaît quelques exceptions, comme les comètes 103P/Hartley et 46P/Wirtanen, donc un retournement de situation reste possible.En effet, les rapports mesurés le sont dans l'eau émise par la chevelure ou coma (mot latin de même sens), qui forme un halo à peu près sphérique entourant le noyau des comètes. Or, une étude en 2019 a montré qu'il pourrait y avoir une corrélation entre le taux d'activité des comètes et le rapport D/H mesuré. Le D/H mesuré dans la coma des comètes les plus actives est proche de la valeur terrestre, alors qu'il est plus élevé pour les comètes moins actives. Des phénomènes de fractionnement isotopique pourraient se produire sur les comètes les moins actives, de sorte que le rapport D/H à l'intérieur de toutes les comètes pourrait être proche de celui de l'eau des océans.

    La comète 46P/Wirtanen, photographiée le 26 novembre 2018. © Avec la permission de Gerald Rhemann

    La comète 46P/Wirtanen, photographiée le 26 novembre 2018. © Avec la permission de Gerald Rhemann 

    On se pose des questions aussi sur l'origine de l'azote de notre atmosphère. Provient-il du dégazage volcanique du manteau de la Terre au début de son histoire, l'azote étant initialement piégé dans les minéraux composant la Terre primitive (incidemment, la Terre serait plus pauvre en azote que l'atmosphère solaire pour des raisons mal comprises, à moins que l'azote manquant ne se trouve dans son manteau) ou d'un apport plus tardif sous forme d'impact de météorites après le refroidissement de la surface de la Terre ? L'origine de l'azote de notre Planète nous interroge aussi et sans doute surtout parce que cet élément est avec le carbone, l'hydrogène et l'oxygène l'un des composants majeurs (CHON) de molécules organiques essentielles à la vie, comme les acides aminés formant les protéines et bien sûr les fameuses bases azotées que sont l'adénine, la cytosine, la guanine, la thymine et l'uracile, respectivement symbolisés par A, C, G, T et U, qui sont au cœur du code génétique des molécules d’ARN et d'ADN.

    Des mesures faites avec des radiotélescopes, et dans l'infrarouge par spectroscopie, montraient la présence de molécules azotées comme l'acide cyanhydrique (HCN), l'ammoniac (NH3), ou encore le formaldéhyde H2CO dans la coma. Certaines de ces espèces ont des implications importantes pour la chimie prébiotique. Ainsi, dans une solution aqueuse, HCN est une molécule clé pour la synthèse d'adénine et d'autres bases azotées, H2CO l'est pour les sucres (réaction de formose), NH3, HCN, H2CO et d'autres aldéhydes permettent la synthèse de Strecker (et avec CO2, la synthèse de Bucherer-Berg) d'acides aminés et espèces apparentées. Les comètes pourraient donc avoir joué un rôle dans l'arrivée sur Terre de composants azotés favorisant l'apparition de la Vie.

    Toutefois, jusqu'à la mission Rosetta, on n'avait pas trouvé de preuve convaincante de la présence de N2 dans une comète. Or, cette molécule devait être la forme la plus abondante de l'azote dans le disque protoplanétaire où se sont formées planètes et comètes.

    Au final, comme on avait commencé à le constater avec les mesures in situ de la mission Giotto dans une comète, en l'occurrence celle de Halley en 1986, les comètes semblent anormalement pauvres en azote et en particulier en N2. D'ailleurs, le rapport de l'azote moléculaire et du monoxyde de carbone (N2/CO), mesuré in situ par la sonde Rosetta pour 67P/Tchourioumov-Guérassimenko avec l'instrument Rosetta Orbiter Spectrometer for Ion and Neutral Analysis (Rosina), s'avère 25 fois plus faible que celui dans la nébuleuse protosolaire déduit de celui mesuré dans les atmosphères du Soleil et de Jupiter. De façon plus générale, le rapport N/C pour les comètes est anormalement bas et pour 67P/Tchourioumov-Guérassimenko il est 10 fois plus faible.

    C'est un problème car les comètes se sont formées dans les régions froides et éloignées du disque protoplanétaire et devraient donc être des vestiges inchangés de ce disque, et garder en mémoire le rapport N/C de la nébuleuse protosolaire mesuré dans l'atmosphère solaire. Faut-il croire à ces mesures ? Que nous disent-elles sur la formation du Système solaire, quand on sait que Titan et Triton ont des atmosphères d'azote, et sur l'origine de la Vie ?

    Le biochimiste russe Alexander Oparine, à l'origine d'une hypothèse sur la formation des premières molécules organiques sur Terre, parle (en russe, traduit ensuite par son interlocuteur) de la possibilité, dans un avenir pas très éloigné, de synthétiser la matière vivante, en choisissant judicieusement les différentes étapes à suivre. © INA

    Les comètes, à l'origine de l'azote de la petite mare chaude de Darwin ?

    Rappelons une célèbre lettre adressée par Darwin à son ami, le grand botaniste et explorateur britannique Joseph Dalton Hooker. Il y évoque brièvement en 1871 un lieu et un scénario possibles pour l'origine de la vie en ces termes : « Quelque petite mare chaude, en présence de toutes sortes de sels d'ammoniac et d'acide phosphorique, de lumière, de chaleur, d'électricité, etc. », où « un composé de protéine fut chimiquement formé, prêt à subir des changements encore plus complexes ».

    Au siècle suivant, dans les années 1920, le biochimiste russe Alexander Oparine et le biologiste anglais John Burton Haldane vont reprendre l'hypothèse de Darwin en remplaçant sa petite mare chaude par les mers et les océans de la Terre primitive, enrichis en molécules prébiotiques par des réactions au sein de l'atmosphère initiale de la Terre, supposée différente de celle d'aujourd'hui.

    Les comètes ont-elles encore une place importante dans ce scénario pour l'apport de l'azote ?

    L'astrochimiste et planétologue Olivier Poch dans son laboratoire. © Olivier Poch

    L'astrochimiste et planétologue Olivier Poch dans son laboratoire. © Olivier Poch 

    Il semblerait bien qu'il existe un réservoir d'azote supplémentaire dans les comètes, au moins dans le cas de 67P/Tchourioumov-Guérassimenko, ce qui pourrait permettre de réconcilier les rapports N/C mesurés, si l'on en croit un article publié dans Science par un consortium international de chercheurs notamment du CNRS, des universités de Grenoble, de Paris, d'Aix-Marseille et de l'Observatoire de Paris (également disponible sur arXiv).

    Futura a interrogé à ce sujet le principal auteur de cet article, l'astrochimiste, exobiologiste et planétologue Olivier Poch. Lui et ses collègues de l'Institut de planétologie et d'astrophysique de Grenoble (Ipag) ont reconstitué en laboratoire des matériaux cométaires possibles à la surface de 67P/Tchourioumov-Guérassimenko pour mesurer ensuite, en laboratoire, les caractéristiques des spectres de la lumière infrarouge que ces comètes artificielles pouvaient réfléchir. En les comparant aux spectres mesurés par l'instrument Visible, InfraRed and Thermal Imaging Spectrometer (Virtis) de la sonde Rosetta, les astrochimistes sont arrivés à la conclusion qu'il existait à la surface de 67P/Tchourioumov-Guérassimenko, « Tchoury » pour les intimes, des sels d'ammonium comme par exemple le formate d'ammonium, NH4+ HCOO-Le spectromètre de masse Rosina a aussi, quant à lui, livré indirectement des indices de la présence de ce sel d'ammonium et d'autres, en l'occurrence  NH4+Cl- (chlorure d'ammoniun), NH4+CN- (cynanure d'ammonium), NH4+OCN- (cyanate d'ammonium) et NH4+CH3COO(acétate d'ammonium). Voici les réponses d'Olivier Poch à nos questions.

    Futura : Vous, et vos collègues, avez montré qu'il y avait un réservoir d'azote caché dans la comète 67P/Tchourioumov-Guérassimenko et peut-être dans d'autres comètes. Cela permet-il de résoudre l'énigme du manque d'azote dans les comètes ?

    Olivier Poch : Il est certain que dans le cas de cette comète le rapport N/C est plus élevé s'il y a effectivement la présence des sels d'ammonium, mais nous ne savons pas encore si l'augmentation est suffisante pour en déduire que l'on a effectivement maintenant un rapport conforme à ce qui était attendu du fait de la formation précoce et primitive des comètes, à savoir un rapport reflétant celui de la nébuleuse protosolaire d'où sont nés également le Soleil et les planètes.

    Futura : Comment en êtes-vous venus à faire cette découverte ?

    Olivier Poch : La composition de la surface des comètes et des astéroïdes peut être étudiée à partir de la mesure du spectre de la lumière qu'elle réfléchit dans l'infrarouge. C'est ce que l'on a fait entre 2014 et 2016 avec le spectro-imageur Virtis (Visible, InfraRed and Thermal Imaging Spectrometer) de la sonde Rosetta. Le spectre obtenu a révélé que la surface de Tchoury est sombre, rougeâtre et presque entièrement uniforme en matière de composition, avec des caractéristiques montrant la présence de composés organiques complexes et de minéraux opaques à base de 

    LE 20.02.2020: Actualité de la météo,de l'astronomie et de la science/ Chassez les signaux extraterrestres dans la plus grande masse de données.

    Chassez les signaux extraterrestres dans la plus grande masse de données jamais publiées par Seti

     

    Journaliste

    Depuis plusieurs années maintenant, le projet Breakthrough Listen est à l'écoute de signaux extraterrestres. À ce jour, aucune technosignature n'a été identifiée. Mais peut-être s'en cache-t-il dans la masse colossale de données livrées récemment au public. Prêts à chercher une aiguille dans une botte de foin ?

    Breakthrough Listen, c'est un projet destiné à traquer les signaux extraterrestres. En juin 2019, l'équipe du projet dressait le bilan de ses trois premières années de chasse aux technosignatures. Des milliers d'heures d'observations sur des milliards de canaux de fréquence. Mais rien. Pas une seule trace d'un signal artificiel provenant des étoiles. Pas de quoi non plus décourager les chercheurs. Ils l'avaient déjà fait en juin dernier. Ils viennent de rendre publique une nouvelle batterie de données. Près de deux pétaoctets d'émissions radio, cette fois, en provenance du plan galactique et de la région centrale de notre Voie lactée.

    Des données brutes, pour la plupart. Dans un spectre de fréquences comprises entre 1 et 12 gigahertz. Livrées avant même d'être passées au crible des astronomes professionnels. « Nous espérons que ces données révèleront quelque chose de nouveau et d'intéressant, que ce soit une autre vie intelligente dans l’Univers ou un phénomène astronomique naturel encore inconnu », commente Matt Lebofsky, administrateur, dans un communiqué de l’université de Berkeley (États-Unis).

    Le saviez-vous ?

    L’Institut Seti et l’observatoire national de radioastronomie (NRAO) ont également annoncé leur volonté d’ajouter des capacités spécifiques à la recherche de signaux extraterrestres aux radiotélescopes exploités par le NRAO. Et en premier lieu du côté du Très grand réseau Karl-G.-Jansky (VLA - États-Unis). Une interface destinée à offrir un accès sans précédent au flux de données produit en continu par le télescope pendant qu’il balaie le ciel.

    Et ce n'est pas un hasard si elles se concentrent sur le centre de la Voie lactée. Les astronomes sont unanimes à ce sujet. C'est dans une région dense en étoiles que la probabilité de détecter un technosignal est la plus élevée. Au-delà de cela, « si une civilisation avancée voulait placer une balise quelque part, le centre galactique serait un bon endroit pour le faire, précise Andrew Siemion, dans le même communiqué. Il est extraordinairement énergique, donc on pourrait imaginer que si une civilisation avancée voulait exploiter beaucoup d'énergie, elle pourrait en quelque sorte utiliser le trou noir supermassif qui se trouve au centre de la Voie lactée ».

    Grâce à un système baptisé Cosmic Seti (Commensal Open-Source Multimode Interferometer Cluster Search for Extraterrestrial Intelligence), les chercheurs pourront bientôt exploiter le VLA, Très grand réseau Karl-G.-Jansky (VLA - États-Unis) à la recherche de technosignatures 24 heures sur 24 et 7jours sur 7. © Alex Savello, NRAO

    Grâce à un système baptisé Cosmic Seti (Commensal Open-Source Multimode Interferometer Cluster Search for Extraterrestrial Intelligence), les chercheurs pourront bientôt exploiter le  VLA, Très grand réseau Karl-G.-Jansky (VLA - États-Unis) à la recherche de technosignatures 24 heures sur 24 et 7jours sur 7. © Alex Savello, NRAO 

    Une part infime de l’espace explorée

    En parallèle, l'équipe de Breakthrough Listen a partagé son analyse d'un petit sous-ensemble de données. Les chercheurs se sont en effet penchés sur vingt étoiles proches de notre Système solaire et alignées avec le plan de l'orbite de la Terre de sorte qu'une civilisation avancée pourrait repérer le passage de notre Planète devant le Soleil. Par la méthode du transit, comme nous le faisons pour détecter

    Il a ensuite fallu nettoyer les données de toutes les interférences humaines comme les ondes électromagnétiques émises par la téléphonie mobile, par les satellites ou encore par les systèmes GPS. Les chercheurs ont ainsi réduit environ un million de pics radio à quelques centaines seulement. De quoi assurer aux données exploitées une sensibilité telle qu'elle aurait dû permettre de détecter un émetteur d'une puissance similaire aux plus puissants émetteurs terrestres. Mais toujours rien. « Cela nous permet de fixer de nouvelles limites à nos recherches », se consolent les chercheurs.

    Selon eux, l'espoir demeure car ce n'est qu'une infime part des endroits et des longueurs d'onde qui a pour l'heure été analysée. « De toutes les observations déjà faites, nous n'en avons probablement exploité que 20 à 30 %. Notre objectif n'est pas seulement d'atteindre les 100 % mais de procéder sur ses données à des analyses itératives », conclut Andrew Siemion.

    Collaborez au Breakthrough Initiative en fouillant les deux pétaoctets de données mis à disposition par le Seti.

    Illustration. Les chercheurs du programme Breakthrough Listen sont à la recherche de signaux susceptibles d’être émis par des civilisations extraterrestres qui nous rechercheraient eux aussi. © UC Berkeley, Breakthrough Listen

    Illustration. Les chercheurs du programme Breakthrough Listen sont à la recherche de signaux susceptibles d’être émis par des civilisations extraterrestres qui nous rechercheraient eux aussi. © UC Berkeley, Breakthrough Listen 

    Source: https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/seti-institute-chassez-signaux-extraterrestres-plus-grande-masse-donnees-jamais-publiees-seti-64825/?fbclid=IwAR1z1lnOpZrrTCSVtJqAIXydTnDZTQHKg1wJmswTowBFLXNHCnnwjlKO9uY#utm_content=futura&utm_medium=social&utm_source=facebook.com&utm_campaign=futura

  • LE 11.02.2020: Actualité de la météo,de l'astronomie et de la science/ Exobiologie : une base de l'ADN peut naître dans les nébuleuses.

    Exobiologie : une base de l'ADN peut naître dans les nébuleuses

     

    Journaliste

    Une équipe française d'astrochimistes a montré qu'au moins une des bases de l'ADN pouvait se former à la surface des poussières glacées dans la nébuleuse protosolaire où est né le Système solaire il y a 4,56 milliards d'années environ. Cette brique de la Vie pouvait donc se retrouver plus tard sur la Terre primitive.

    Le prix Nobel de physique 2019 a récompensé les pionniers de la découverte des exoplanètes. Au 7 février 2020, la noosphère du géochimiste Vladimir Vernadsky et du géologue et paléontologue Pierre Teilhard de Chardin, l'esprit collectif en quelque sorte de l'Humanité, en a identifié 4.177. Mais d'autres candidats à ce titre sont en cours de vérification et on s'attend à une nouvelle moisson de résultats avec le satellite Tess, le successeur de Kepler. Il semble clair désormais que la formation planétaire est un processus aussi universel que la formation des étoiles, au moins dans la Voie lactée. Mais qu'en est-il de la vie telle que nous la connaissons sur Terre ?

    Ces dernières décennies, les cosmochimistes et les astrochimistes ne sont pas restés inactifs de leur côté non plus. De nombreuses molécules organiques relevant d'une chimie prébiotique pouvant faire naître la vie ont été repérées dans les nuages moléculaires et poussiéreux où naissent les pouponnières d'étoiles partout dans notre Galaxie, mais aussi dans les météorites (des acides aminés, des sucres, des bases azotées) et les comètes du Système solaire issues d'un de ces nuages. Récemment d'ailleurs, les données du radiotélescope Alma avec celles de la composition de la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko ont permis de dresser une sorte d'arbre généalogique cosmique des atomes de phosphore composant l'ADN et les membranes de nos cellules.

    Comme l'expliquait Futura, dans le précédent article ci-dessous, on a ainsi toutes les raisons de penser que le bombardement météoritique et cométaire intense qui s'est produit sur Terre au cours de l'Hadéen, le premier éon de son histoire il y a plus de 4 milliards d'années, a donc amené sur notre Planète d'importantes quantités de matériaux rendant possible l'apparition de la Vie. Ce processus pourrait avoir aussi été universel avec des exoplanètes potentiellement habitables.

    « La géochimie et la cosmochimie, c'est l'étude des éléments chimiques pour comprendre l'histoire de la Terre et des planètes... ». Entretiens avec Manuel Moreira, professeur à l'Université Paris Diderot, et des membres de l'équipe. © Chaîne IPGP

    Des glaces interstellaires fertiles en réactions chimiques prébiotiques

    De multiples travaux et expériences sont menés pour comprendre comment sont nées les molécules prébiotiques, en particulier dans les enveloppes de glace des poussières du nuage interstellaire qui contenait la nébuleuse protosolaire. Aujourd'hui, un communiqué du CNRS nous apprend que des chimistes et des astrophysiciens du laboratoire Physique des interactions ioniques et moléculaires (PIIM, CNRS/Aix-Marseille Université) et de l'Institut de chimie des milieux et matériaux de Poitiers (IC2MP, CNRS/Université de Poitiers) ont démontré que l'une des cinq bases nucléiques qui servent de briques à l'ADN, en l'occurrence la cytosine, pouvait bien être synthétisée dans les gangues de glace des poussières occupant les régions froides de la nébuleuse protosolaire, d'où a émergé le disque protoplanétaire du Système solaire primitif. L'article exposant leur travail vient d'être publié dans la revue The Astrophysical Journal Letters.

    Les astrochimistes ont reproduit dans un réacteur chimique les conditions régnant dans cette nébuleuse parcourue par les particules des rayons cosmiques et les photons ultraviolets des jeunes étoiles. Ces rayonnements sont responsables d'une chimie active en brisant en radicaux libres les molécules initialement contenues dans les glaces d'eau, de méthanol et d'ammoniac qui se sont formées à basse température (77 K) et basse pression (10-7 mbar) autour d'analogues des poussières interstellaires présentes dans le réacteur chimique.

    Les chercheurs pensent qu'il n'est pas seulement possible d'obtenir de la cytosine mais aussi les quatre autres bases nucléiques qui forment les nucléotides composant l'ADN et l'ARN, à savoir l'adénine, la guanine, la thymine et l'uracile.

    En effet, les techniques de spectrométrie de masse, utilisées pour identifier les molécules produites par les réarrangements très actifs entre les radicaux libres produits par les rayonnements dans les gangues de glace, ont permis d'identifier des isomères de ces quatre bases nucléiques. Elles pourraient même s'être formées dans les expériences conduites mais la précision des mesures n'est pas encore suffisante pour affirmer que tel a bien été le cas.

    CE QU'IL FAUT RETENIR

    • On a découvert des molécules organiques dans les nuages interstellaires et l'on sait qu'elles se concentrent dans l'enveloppe de glace, essentiellement d'eau, autour des poussières. On y trouve notamment du méthanol.
    • Des sucres et des acides aminés se trouvent également dans les comètes et les météorites. Leur origine est étudiée en laboratoire, en reconstituant les conditions du milieu interstellaire et l'effet des rayons ultraviolets sur la chimie prébiotique dans les glaces autour des poussières.
    • Il est ainsi prouvé que le sucre constituant l'ADN, le désoxyribose, ainsi qu'au moins une et probablement plusieurs des bases azotées présentes avec ce sucre dans les nucléotides de l'ADN pouvaient se former dans le milieu interstellaire ou la nébuleuse protosolaire, ce qui suggère une naissance universelle de la Vie dans le cosmos.

    POUR EN SAVOIR PLUS

    Exobiologie : des bases de l'ADN peuvent naître dans l'espace

    Article de Laurent Sacco du 01/10/2019

    Une équipe de chercheurs japonais a montré que plusieurs des bases azotées qui sont des constituants fondamentaux de l'ADN pouvaient se former dans le milieu interstellaire et ensuite être incorporées dans les météorites et comètes frappant la jeune Terre. Cela renforce la thèse qu'une chimie prébiotique universelle peut faire naître la Vie partout dans la Voie lactée et au-delà.

    On aura probablement de la peine à croire que le modèle de la formation des planètes du Système solaire à partir d'une nébuleuse protosolaire, qui s'effondre en donnant un disque protoplanétaire, n'était pas le principal modèle considéré par les cosmogonistes avant le début des années 1970. Au début du XXe siècle par exemple, c'était l'idée que les planètes s'étaient formées à partir d'un lambeau de matière solaire arraché par le passage rapproché d'une étoile qui était avancée. Plus généralement, plusieurs des modèles proposés, de ceux de James Jeans à Fred Hoyle en passant par celui de Thomas Chamberlin et Forest Moulton, impliquaient que la formation des systèmes planétaires devaient être rare dans la Voie lactée, notamment parce que les étoiles passent rarement suffisamment près les unes des autres pour qu'opèrent plusieurs des scénarios envisagés.

    Depuis le début du XXIe siècle nous savons désormais, comme on pouvait le croire facilement depuis 50 ans avec le retour en grâce de l'hypothèse de la nébuleuse de Kant-Laplace, que la formation planétaire est un processus universel et inévitable. Dans la quête de nos origines, la prochaine étape est donc celle de l'origine de la Vie proprement dite. S'agit-il également d'un processus universel, comme on peut le croire là aussi du fait de la découverte des molécules organiques interstellaires et de la présence de briques de la Vie dans les météorites, ou a contrario d'un évènement rare, ce qui donnerait une solution simple au paradoxe de Fermi ?

    Pour tenter de le savoir, comme Futura l'avait expliqué dans plusieurs des articles précédents ci-dessous, les astrochimistes reproduisent en laboratoire les conditions régnantes dans les nuages moléculaires denses et froids où naissent de jeunes étoiles émettant un rayonnement ultraviolet intense, comme le montre l'exemple des Piliers de la création situés dans la nébuleuse de l'Aigle, au cœur de l'amas ouvert M16.

    Les années passant, on découvre de plus en plus que des briques de la Vie et de l'ADN peuvent apparaître sur la poussière du milieu interstellaire et finalement dans les météorites à l'aube de l'histoire du Système solaire. Cette vidéo de la Nasa en est un bon exemple. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © Nasa Goddard

    Les nuages moléculaires et le début de la chimie prébiotique

    Plusieurs des météorites trouvées sur Terre contiennent des acides aminés, des sucres, et mêmes des bases azotées de l'ADN et de l'ARN. Le bombardement météoritique et cométaire intense de l'Hadéen, il y a plus de 4 milliards d'années a donc amené sur Terre d'importantes quantités de matériaux rendant possible une chimie prébiotique (ces matériaux ont de toute façon pu être synthétisés in situ comme le laissent penser des expériences comme celle de Miller). Or, ces météorites et ces comètes sont nées à partir des molécules et des poussières du nuage interstellaire qui contenait la nébuleuse protosolaire.

    On peut donc raisonnablement penser que ces phénomènes se sont produits également lors de la formation d'exoplanètes de type terrestre. On prend donc toute la mesure de l'annonce d'une équipe japonaise publiée dans un article du journal Nature Communications. Pour la première fois, des astrochimistes ont démontré que des bases azotées de l'ADN et de l'ARN pouvaient être synthétisées par les nuages interstellaires soumis au rayonnement ultraviolet des étoiles (les expériences précédentes ayant fourni des résultats similaires n'avaient pas été faites à basse température de l'ordre de 10 kelvins dans ces nuages).

    Le ribose se forme dans le manteau de glace des grains de poussière, à partir de molécules précurseurs simples (eau, méthanol et ammoniac) et sous l'effet de radiations intenses. © Cornelia Meinert (CNRS) & Andy Christie (Slimfilms.com)

    Le ribose se forme dans le manteau de glace des grains de poussière, à partir de molécules précurseurs simples (eau, méthanol et ammoniac) et sous l'effet de radiations intenses. © Cornelia Meinert (CNRS) & Andy Christie (Slimfilms.com) 

    Ces molécules sont apparues dans des expériences en laboratoire de simulation de ces nuages similaires à celles ayant déjà conduit à la formation des sucres et phosphates que l'on trouve, avec des bases azotées, à l'origine des nucléotides, les composants fondamentaux de l'ADN et de l'ARN.

    En l'occurrence, Yasuhiro Oba et ses collègues de l'université de Hokkaido, de l'université de Kyushu et de l'Agence japonaise pour la science et la technologie de la Terre et de la Terre (Jamstec) ont mené des expériences dans une chambre de réaction à ultra-vide où un mélange gazeux d'eau, de monoxyde de carbone, d'ammoniac et de méthanol a été alimenté en continu sur un analogue des poussières cosmiques à une température de -263 °C. Deux lampes à décharge de deutérium fixées fournissaient une lumière ultraviolette pour provoquer des réactions chimiques dans le film glacé qui s'est formé autour des analogues de poussière, comme, on le suppose, autour des grains des nuages moléculaires.

    Un spectromètre de masse à haute résolution et un chromatographe en phase liquide à haute performance ont permis de détecter la présence des nucléobases cytosine, uracile, thymine, adénine, xanthine et hypoxanthine. Ils ont également détecté des acides aminés et plusieurs types de dipeptides, ou dimères d'acides aminés, initiant donc la formation de protéines.

    Les bases nucléiques fondamentales détectées dans un environnement simulé, celui d'un nuage interstellaire. © Hokkaido University

    Les bases nucléiques fondamentales détectées dans un environnement simulé, celui d'un nuage interstellaire. © Hokkaido University 


    Exobiologie : le sucre de l'ADN peut naître dans le milieu interstellaire

    Article de Laurent Sacco publié le 21/12/2018

    Une équipe de chercheurs de la Nasa a montré que le 2-désoxyribose, un sucre qui est un constituant fondamental de l'acide désoxyribonucléique - le mythique ADN -, pouvait se former dans le milieu interstellaire et ensuite être incorporées dans les météorites et comètes frappant la jeune Terre. Cela renforce la thèse qu'une chimie prébiotique universelle peut faire naître la Vie partout dans la Voie lactée et au-delà.

    Il y a plus de 60 ans, alors que la conquête spatiale commençait vraiment, tous les astrochimistes, ou peu s'en faut, s'attendaient à trouver des molécules organiques à la surface des planètes comme Mars, ou des satellites comme la Lune, mais certainement pas dans l'environnement froid et hostile du milieu interstellaire. On savait déjà qu'il était parcouru par des rayons cosmiques très énergétiques, dont certains sont même des particules d'