EXPLORATION ROBOTIQUE

  • LE 27.04.2020: Actualité de l'astronomie / Mars : la sonde Hope des Émirats arabes unis est en route pour le Japon

    Mars : la sonde Hope des Émirats arabes unis est en route pour le Japon

     

    Rémy Decourt

    Journaliste

     

    Après avoir marqué l'histoire en envoyant le premier astronaute émirati, Hazaa Al-Mansoori, à bord de la Station spatiale internationale en septembre 2019, les Émirats arabes unis s'apprêtent à lancer une sonde à destination de Mars. Hope, c'est son nom, a quitté Dubai et va rejoindre le Japon d'où elle sera lancée le 14 juillet prochain.

    Malgré la pandémie mondiale du coronavirus (SARS-CoV-2), trois sondes seront lancées cet été à destination de la planète Mars. On compte l'Américaine Mars 2020 et son rover Perseverance, la Chinoise Huoxing-1 et Hope des Émirats arabes unis. Manquent à l'appel la mission ExoMars 2020 et son rover Rosalind Franklin que l'Agence spatiale européenne et l'agence spatiale russe Roscosmos ont été contraintes d’annuler faute de délais suffisants pour tenir la date de lancement. Rendez-vous en 2022 pour cette mission.

    L'incertitude entourant l'état de préparation de la sonde Hope des Émiratis, qui faisait craindre un report de lancement à la fenêtre de tir de 2022, a été levée avec l'annonce de son transfert au Japon, d'où elle sera lancée à bord d'un lanceur H2A. Hope sera propulsée le plus tôt possible à l'intérieur d'une fenêtre de tir de trois semaines qui s'ouvrira le 14 juillet. Son arrivée autour de Mars est prévue au printemps 2021, pour coïncider avec le 50e anniversaire de la fondation des Émirats Arabes Unis (1971). Hope sera installée sur une orbite elliptique de 22.000 x 44.000 kilomètres et la durée de sa mission primaire est de 2 ans.

    Mieux comprendre l'atmosphère martienne

    La pandémie a néanmoins contraint le responsable de la mission d'avancer de plusieurs semaines la date de départ de la sonde du centre spatial Bin Rashid (MBRSC) situé à Dubai. Une décision qui se comprend dans ce contexte de pandémie mais qui n'est pas sans conséquence sur la préparation de la sonde. Des tests jugés secondaires n'ont pas pu être réalisés. Les ingénieurs et techniciens préférant se focaliser sur les tests jugés les plus critiques.

    VOIR AUSSIVie sur Mars : comment les rovers vont rechercher les traces ?

    D'une masse au lancement de 1.500 kilogrammes, et avec des dimensions de 2,37 mètres de large et 2,8 mètres de haut, cette sonde embarque une caméra ainsi que des spectromètres infrarouge et ultraviolet qui seront utilisés pour mieux comprendre l'atmosphère martienne. Ses données serviront aux modèles climatiques qui tentent de comprendre pourquoi et comment la planète Mars est passée d'une planète chaude et humide au monde froid et sec observé aujourd'hui. La mission est prévue pour une durée minimale de deux ans.

    POUR EN SAVOIR PLUS

    Mars : les Émirats arabes unis veulent envoyer une sonde en 2021

    Article de Rémy Decourt publié le 29/05/2015

    Non contents de construire les plus hauts gratte-ciel du monde, les Émirats arabes unis veulent envoyer une sonde autour de Mars... et pas question d'un simple appareil low cost. Ils ambitionnent un retour scientifique plus que symbolique. Hope, une mission de météorologie martienne complétera ainsi les données de la mission Maven de la Nasa.

    Créée il y a à peine 10 mois, l'Agence spatiale des Émirats arabes unis (UAESA, United Arab Emirates Space Agency) a officiellement présenté son projet d'exploration martienne. Cette mission sera réalisée dans le cadre d'un partenariat international dans lequel le Cnes ne jouera aucun rôle, et ce malgré la signature récente d'un mémorandum d'entente avec l'UAESA portant sur la coopération en matière d'utilisation de l'espace extra-atmosphérique à des fins pacifiques. Hope (qui signifie « espoir » en anglais), est le nom de cette mission qui sera lancée au début de la décennie 2020. Elle devrait atteindre la planète rouge en 2021, soit 50 ans après la formation des Émirats arabes unis et leur indépendance de la Grande-Bretagne en 1971.

    Il ne fait guère de doute que les Émiratis ont la volonté politique de montrer qu'ils peuvent se mettre autour de la planète Mars, comme l'ont récemment fait les Indiens et veulent le faire les Chinois. La mission Hope sera également scientifique. Mars est, après la Terre, la planète la plus étudiée et la mieux connue si bien que beaucoup de paramètres sont à prendre en compte si l'on souhaite se différencier des missions précédentes. La sonde aura ainsi une mission d'étude des changements dynamiques qui surviennent dans l'atmosphère martienne quotidiennement et à l'échelle d'une saison à travers l'observation de nombreux paramètres (nuages, poussière, vapeur d'eau). L'idée est de tracer des cartes quotidiennes afin de mieux comprendre comment la météorologie de surface modifie la haute atmosphère martienne.

    Ce ne sera évidemment pas la première sonde envoyée pour étudier les couches de gaz qui entourent la Planète rouge mais la surveiller en permanence n'est jamais inutile. Encore aujourd'hui il se produit en effet des phénomènes météorologiques dont on ne comprend toujours pas bien le fonctionnement et pour lesquels il n'existe pas encore de modèle fiable. C'est notamment le cas des tempêtes de sable mais également de ces mystérieux et gigantesques panaches nuageux évoluant à une altitude anormalement élevée et visibles depuis la Terre.

    La sonde martienne Hope des Émirats arabes unis célébrera le cinquantenaire de l'indépendance de cet État qui regroupe sept émirats. © Mohammed bin Rashid Space Center

    La sonde martienne Hope des Émirats arabes unis célébrera le cinquantenaire de l'indépendance de cet État qui regroupe sept émirats. © Mohammed bin Rashid Space Center 

    Hope en complément de la mission Maven

    Pour accompagner les Émiratis dans leur projet, l'UAESA fera équipe avec l'université du Colorado, à Boulder, dont le laboratoire Atmospheric and Space Physics sera le responsable scientifique. Ce même laboratoire est d'ailleurs également le principal investigateur de la mission Maven. Hope viendra ainsi en complément. En orbite autour de Mars depuis septembre 2014, cette sonde de la Nasa a pour objet d'étudier la haute atmosphère et l'ionosphère de la Planète rouge ainsi que leurs interactions avec le vent solaire de façon à mieux comprendre l'évolution climatique.

    Ce sera donc bien une mission qui apportera un plus à la connaissance de Mars. Elle ne rééditera pas de mesures déjà faites comme ce fut le cas par exemple de la sonde Mars Orbiter Mission de l'Inde. De façon plus large, les données de Hope serviront aux modèles climatiques qui tentent de comprendre pourquoi et comment Mars est passée d'une planète chaude et humide au monde froid et sec que l'on observe aujourd'hui.

    Cette sonde sera construite très vraisemblablement par un industriel américain et les trois instruments qu'elle embarquera (une caméra et deux spectromètres) seront fournis par le LASP de l'université de Boulder. Elle sera lancée en 2020 et arrivera autour de Mars sept mois plus tard sur une orbite elliptique avec un périgée de 22.000 kilomètres et un apogée de 44.000 kilomètres.

    À cette volonté de faire de la « science utile » s'ajoute celle d'associer à la réalisation de cette mission, de nombreux étudiants et ingénieurs Émiratis.

    Source: https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/mars-mars-sonde-hope-emirats-arabes-unis-route-japon-58196/?fbclid=IwAR2iYDrxf1uYH5n8fCzBmbrkjzDNhCWIolnwRV4mcVEriZZE-T4uaBd5VP8#utm_content=futura&utm_medium=social&utm_source=facebook.com&utm_campaign=futura

  • LE 15.04.2020: Actualité de l'astronomie / Report du rover ExoMars : Thales Alenia Space s'explique.

    Report du rover ExoMars : Thales Alenia Space s'explique

     

    Rémy Decourt

    Journaliste

     

     

     

    Moins d'un mois après la décision de l'Agence spatiale européenne et Roscosmos de reporter le lancement de la mission ExoMars 2020 à la fenêtre de tir suivante en 2022, Walter Cugno, directeur des activités Sciences et Exploration de Thales Alenia Space, répond à nos questions.

    Afin de permettre de résoudre, sans risque, des problèmes techniques pour lesquels le planning était déjà très tendu pour tenir la date de lancement, l'Agence spatiale européenne (ESA) et Roscosmos ont été malheureusement contraints de reporter le lancement de la mission ExoMars 2020 à la fenêtre de tir suivante, soit dans environ 26 mois. Après ExoMars 2018, puis ExoMars 2020, voici venu le temps d'ExoMars 2022 qui devrait être lancé à la fin de l'été 2022, avec une arrivée sur Mars en 2023, à la fin du printemps.

    Ce report nous a d'autant plus surpris car il faisait suite à un premier report. En 2016, les deux agences avaient déjà été contraintes de reporter le lancement d'ExoMars, alors prévu en mai 2018. À l'époque, elles avaient évoqué des retards dans les activités industrielles européennes et russes, ainsi que dans les livraisons relatives à la charge utile scientifique.

    Cette fois-ci, les instruments scientifiques ne sont pas en cause mais il s'agit des éléments liés au vaisseau lui-même : les parachutes, les panneaux solaires, des équipements électroniques russes et la mise au point d'un logiciel de vol. Si l'ESA et Roscosmos ont reconnu et expliqué l'existence de ces problèmes, les deux agences ont tenu à souligner que l'épidémie de coronavirus était seulement un facteur aggravant dans le sens où elle a contribué à limiter les déplacements géographiques des personnes impliquées sur le projet.

    Des différences culturelles et méthodes de travail  

    À ces problèmes rendus publics, s'ajoutent des contraintes supplémentaires liées à l'harmonisation entre les standards et les méthodes de travail des partenaires russes du projet et les standards de l'ESA. Cela a généré des retards supplémentaires malgré des efforts significatifs faits pour s'adapter aux différences culturelles et méthodes de travail des uns et des autres. Enfin, un problème récurrent a également été découvert sur un lot de lanceur Proton, dont celui d'ExoMars 2020. Ce problème porte sur le fait que de nombreuses liaisons boulonnées, laissent apparaître des fissures qui doivent être aussi corrigées.

    En attendant, souhaitons bonne chance aux divers missions, américaine Mars 2020, chinoise Huoxing-1 et Hope des Émirats arabes unis, dont les lancements à destination de Mars sont toujours prévus cet été, malgré un risque de report pour Hope.

    La sonde ExoMars 2020, lors d'essais dans une des chambres anéchoïques de l'usine cannoise de Thales Alenia Space. ExoMars 2020 est ici vu dans sa configuration de vol avec le module de transfert (le carrier, reconnaissable à ses panneaux solaires), le bouclier thermique (avec les cônes avant et arrière) à l'intérieur duquel se trouve la plateforme d'atterrissage Kazachok qui supporte le rover Rosalind Franklin (absent lors de cet essai). © Thales Alenia Space, Alizée Palomba

    La sonde ExoMars 2020, lors d'essais dans une des chambres anéchoïques de l'usine cannoise de Thales Alenia Space. ExoMars 2020 est ici vu dans sa configuration de vol avec le module de transfert (le carrier, reconnaissable à ses panneaux solaires), le bouclier thermique (avec les cônes avant et arrière) à l'intérieur duquel se trouve la plateforme d'atterrissage Kazachok qui supporte le rover Rosalind Franklin (absent lors de cet essai). © Thales Alenia Space, Alizée Palomba 

     

    Walter Cugno, directeur des activités Sciences et Exploration de Thales Alenia Space, répond à nos questions.

     

    Que va-t-il se passer à très court terme ?

    Walter Cugno : En raison de la pandémie en cours, les activités des essais à Cannes, qui étaient terminées à environ 95 %, ont été suspendues pour permettre le retour à Turin des différents éléments d'ExoMars 2020 le plus rapidement possible. Certains équipements seront renvoyés en Russie pour être réparés. Les tests fonctionnels et logiciels seront terminés d'ici l'été 2020 et, une fois les équipements russes de retour à Turin, la plate-forme d'atterrissage sera entièrement assemblée et intégrée dans le module de descente et l'ensemble intégré sur module de transport (carrier) pour effectuer les tests fonctionnels finaux avant stockage.

    Parallèlement, la nouvelle analyse de la mission 2022 sera lancée pour définir la nouvelle trajectoire et les conditions d'arrivée et de descente sur Mars. Des tests seront effectués avec l'ESA et Roscomos tout au long des années 2020-2021 pour qualifier le vaisseau spatial, les conditions appropriées pour le placer en stockage et les actions à mettre en place pour effectuer une mission réussie pour un lancement en 2022. Les tests environnementaux restants seront exécutés avant l'expédition du vaisseau spatial à Baïkonour, au printemps 2022.

     

    Comment seront stockés le rover et les autres éléments de la mission ?

    Walter Cugno : Malgré les difficultés actuelles, le modèle de vol du rover est stocké en toute sécurité dans la salle ISO-7 Ultraclean de Turin. Le module de descente, ainsi que le modèle thermique structurel du rover, sont toujours à Cannes. Prochainement, tous les éléments, le module de transport (carrier), de descente, la plateforme d'atterrissage (Kazachok) et le rover (Rosalind Franklin) seront réunis à Turin où se poursuivront les dernières activités d'intégration et de test.

    Des difficultés à prévoir  ?

    Walter Cugno : La propreté est un sujet sensible, et il en a toujours été ainsi pour les projets spatiaux. Le matériel de vol doit être stocké dans un environnement contrôlé, ultra propre, et respecter les normes et les règles de protection de la planète qu'appliquent l'ESA. Cela dans le but de prévenir la contamination biologique de la planète rouge et d'éviter tout risque de fausser les résultats scientifiques, en contaminant les échantillons prélevés par la foreuse par exemple.

    Le rover Rosalind Franklin dans l'usine toulousaine d'Airbus. © Airbus

    Le rover Rosalind Franklin dans l'usine toulousaine d'Airbus. © Airbus 

    Quid des instruments scientifiques et de la foreuse ?

    Walter Cugno : Conformément aux directives de l'ESA, tous les instruments seront inspectés afin de prévenir toute obsolescence éventuelle des composants, même si nous ne nous attendons pas à en trouver. Concernant le rover, et en particulier la foreuse et le Laboratoire d'analyse (ALD Analytical Laboratory Drawer), nous avons tout le savoir-faire pour identifier toute anomalie éventuelle et adopter à temps des solutions préventives. Le rover sera contrôlé périodiquement, tout au long de la période de stockage, de façon à s'assurer de son bon fonctionnement. Les instruments et les mécanismes qui traiteront les échantillons martiens feront également l'objet de vérifications régulières.

    Malgré un premier report de deux ans, comment expliquez-vous ce nouveau retard ?

    Walter Cugno : Comme l'a souligné l'ESA, du point de vue du développement du programme, Thales Alenia Space confirme qu'à ce jour, plus de 95 % des activités de préparation et d'intégration ont été réalisées avec succès. Comme l'a exprimé le directeur général de l'ESA, Jan Wörner, bien que nous aurions pu lancer cet été, le choix fait s'est appuyé sur la nécessité de disposer de plus de temps pour effectuer les tests nécessaires pour que toutes les composantes du vaisseau spatial soient aptes sans réserve à l'aventure martienne.

    Au cours de l'année écoulée, afin de finaliser la phase d'intégration dans les salles blanches de Turin ou de Cannes, nous avons travaillé 24h/24 et 7 jours sur 7, en trois équipes, avec plus de 50 spécialistes supplémentaires de Thales Alenia Space mobilisés, en plus des 200 employés de Thales Alenia Space travaillant déjà sur la mission.

    En tant que maître d’œuvre du programme, que souhaitez-vous rajouter pour commenter ce report de la mission ?

    Walter Cugno : Avec l'ESA et ROSCOSMOS, nous comprenons clairement ce qui doit être réalisé au cours des deux prochaines années. La conférence de presse de l'ESA a mis en avant une nouvelle feuille de route. C'est avec regret que nous avons pris la décision de reporter le lancement de la mission à la fenêtre de tir suivante. Même si un peu plus de temps aurait été nécessaire pour terminer les tests nécessaires, ce report contribuera au succès de la mission.

    Source: https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/mars-report-rover-exomars-thales-alenia-space-explique-49427/?fbclid=IwAR3kpi3ZeC5fTFZAhO1dvAXZTZL1Q8tY3jCt_m3fA9mr70sXLXY7MPx9BKA#utm_content=futura&utm_medium=social&utm_source=facebook.com&utm_campaign=futura

  • LE 15.04.2020: Actualité de l'astronomie / Report du rover ExoMars : Thales Alenia Space s'explique.

    Report du rover ExoMars : Thales Alenia Space s'explique

     

    Rémy Decourt

    Journaliste

     

     

     

    Moins d'un mois après la décision de l'Agence spatiale européenne et Roscosmos de reporter le lancement de la mission ExoMars 2020 à la fenêtre de tir suivante en 2022, Walter Cugno, directeur des activités Sciences et Exploration de Thales Alenia Space, répond à nos questions.

    Afin de permettre de résoudre, sans risque, des problèmes techniques pour lesquels le planning était déjà très tendu pour tenir la date de lancement, l'Agence spatiale européenne (ESA) et Roscosmos ont été malheureusement contraints de reporter le lancement de la mission ExoMars 2020 à la fenêtre de tir suivante, soit dans environ 26 mois. Après ExoMars 2018, puis ExoMars 2020, voici venu le temps d'ExoMars 2022 qui devrait être lancé à la fin de l'été 2022, avec une arrivée sur Mars en 2023, à la fin du printemps.

    Ce report nous a d'autant plus surpris car il faisait suite à un premier report. En 2016, les deux agences avaient déjà été contraintes de reporter le lancement d'ExoMars, alors prévu en mai 2018. À l'époque, elles avaient évoqué des retards dans les activités industrielles européennes et russes, ainsi que dans les livraisons relatives à la charge utile scientifique.

    Cette fois-ci, les instruments scientifiques ne sont pas en cause mais il s'agit des éléments liés au vaisseau lui-même : les parachutes, les panneaux solaires, des équipements électroniques russes et la mise au point d'un logiciel de vol. Si l'ESA et Roscosmos ont reconnu et expliqué l'existence de ces problèmes, les deux agences ont tenu à souligner que l'épidémie de coronavirus était seulement un facteur aggravant dans le sens où elle a contribué à limiter les déplacements géographiques des personnes impliquées sur le projet.

    Des différences culturelles et méthodes de travail  

    À ces problèmes rendus publics, s'ajoutent des contraintes supplémentaires liées à l'harmonisation entre les standards et les méthodes de travail des partenaires russes du projet et les standards de l'ESA. Cela a généré des retards supplémentaires malgré des efforts significatifs faits pour s'adapter aux différences culturelles et méthodes de travail des uns et des autres. Enfin, un problème récurrent a également été découvert sur un lot de lanceur Proton, dont celui d'ExoMars 2020. Ce problème porte sur le fait que de nombreuses liaisons boulonnées, laissent apparaître des fissures qui doivent être aussi corrigées.

    En attendant, souhaitons bonne chance aux divers missions, américaine Mars 2020, chinoise Huoxing-1 et Hope des Émirats arabes unis, dont les lancements à destination de Mars sont toujours prévus cet été, malgré un risque de report pour Hope.

    La sonde ExoMars 2020, lors d'essais dans une des chambres anéchoïques de l'usine cannoise de Thales Alenia Space. ExoMars 2020 est ici vu dans sa configuration de vol avec le module de transfert (le carrier, reconnaissable à ses panneaux solaires), le bouclier thermique (avec les cônes avant et arrière) à l'intérieur duquel se trouve la plateforme d'atterrissage Kazachok qui supporte le rover Rosalind Franklin (absent lors de cet essai). © Thales Alenia Space, Alizée Palomba

    La sonde ExoMars 2020, lors d'essais dans une des chambres anéchoïques de l'usine cannoise de Thales Alenia Space. ExoMars 2020 est ici vu dans sa configuration de vol avec le module de transfert (le carrier, reconnaissable à ses panneaux solaires), le bouclier thermique (avec les cônes avant et arrière) à l'intérieur duquel se trouve la plateforme d'atterrissage Kazachok qui supporte le rover Rosalind Franklin (absent lors de cet essai). © Thales Alenia Space, Alizée Palomba 

     

    Walter Cugno, directeur des activités Sciences et Exploration de Thales Alenia Space, répond à nos questions.

     

    Que va-t-il se passer à très court terme ?

    Walter Cugno : En raison de la pandémie en cours, les activités des essais à Cannes, qui étaient terminées à environ 95 %, ont été suspendues pour permettre le retour à Turin des différents éléments d'ExoMars 2020 le plus rapidement possible. Certains équipements seront renvoyés en Russie pour être réparés. Les tests fonctionnels et logiciels seront terminés d'ici l'été 2020 et, une fois les équipements russes de retour à Turin, la plate-forme d'atterrissage sera entièrement assemblée et intégrée dans le module de descente et l'ensemble intégré sur module de transport (carrier) pour effectuer les tests fonctionnels finaux avant stockage.

    Parallèlement, la nouvelle analyse de la mission 2022 sera lancée pour définir la nouvelle trajectoire et les conditions d'arrivée et de descente sur Mars. Des tests seront effectués avec l'ESA et Roscomos tout au long des années 2020-2021 pour qualifier le vaisseau spatial, les conditions appropriées pour le placer en stockage et les actions à mettre en place pour effectuer une mission réussie pour un lancement en 2022. Les tests environnementaux restants seront exécutés avant l'expédition du vaisseau spatial à Baïkonour, au printemps 2022.

     

    Comment seront stockés le rover et les autres éléments de la mission ?

    Walter Cugno : Malgré les difficultés actuelles, le modèle de vol du rover est stocké en toute sécurité dans la salle ISO-7 Ultraclean de Turin. Le module de descente, ainsi que le modèle thermique structurel du rover, sont toujours à Cannes. Prochainement, tous les éléments, le module de transport (carrier), de descente, la plateforme d'atterrissage (Kazachok) et le rover (Rosalind Franklin) seront réunis à Turin où se poursuivront les dernières activités d'intégration et de test.

    Des difficultés à prévoir  ?

    Walter Cugno : La propreté est un sujet sensible, et il en a toujours été ainsi pour les projets spatiaux. Le matériel de vol doit être stocké dans un environnement contrôlé, ultra propre, et respecter les normes et les règles de protection de la planète qu'appliquent l'ESA. Cela dans le but de prévenir la contamination biologique de la planète rouge et d'éviter tout risque de fausser les résultats scientifiques, en contaminant les échantillons prélevés par la foreuse par exemple.

    Le rover Rosalind Franklin dans l'usine toulousaine d'Airbus. © Airbus

    Le rover Rosalind Franklin dans l'usine toulousaine d'Airbus. © Airbus 

    Quid des instruments scientifiques et de la foreuse ?

    Walter Cugno : Conformément aux directives de l'ESA, tous les instruments seront inspectés afin de prévenir toute obsolescence éventuelle des composants, même si nous ne nous attendons pas à en trouver. Concernant le rover, et en particulier la foreuse et le Laboratoire d'analyse (ALD Analytical Laboratory Drawer), nous avons tout le savoir-faire pour identifier toute anomalie éventuelle et adopter à temps des solutions préventives. Le rover sera contrôlé périodiquement, tout au long de la période de stockage, de façon à s'assurer de son bon fonctionnement. Les instruments et les mécanismes qui traiteront les échantillons martiens feront également l'objet de vérifications régulières.

    Malgré un premier report de deux ans, comment expliquez-vous ce nouveau retard ?

    Walter Cugno : Comme l'a souligné l'ESA, du point de vue du développement du programme, Thales Alenia Space confirme qu'à ce jour, plus de 95 % des activités de préparation et d'intégration ont été réalisées avec succès. Comme l'a exprimé le directeur général de l'ESA, Jan Wörner, bien que nous aurions pu lancer cet été, le choix fait s'est appuyé sur la nécessité de disposer de plus de temps pour effectuer les tests nécessaires pour que toutes les composantes du vaisseau spatial soient aptes sans réserve à l'aventure martienne.

    Au cours de l'année écoulée, afin de finaliser la phase d'intégration dans les salles blanches de Turin ou de Cannes, nous avons travaillé 24h/24 et 7 jours sur 7, en trois équipes, avec plus de 50 spécialistes supplémentaires de Thales Alenia Space mobilisés, en plus des 200 employés de Thales Alenia Space travaillant déjà sur la mission.

    En tant que maître d’œuvre du programme, que souhaitez-vous rajouter pour commenter ce report de la mission ?

    Walter Cugno : Avec l'ESA et ROSCOSMOS, nous comprenons clairement ce qui doit être réalisé au cours des deux prochaines années. La conférence de presse de l'ESA a mis en avant une nouvelle feuille de route. C'est avec regret que nous avons pris la décision de reporter le lancement de la mission à la fenêtre de tir suivante. Même si un peu plus de temps aurait été nécessaire pour terminer les tests nécessaires, ce report contribuera au succès de la mission.

    Source: https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/mars-report-rover-exomars-thales-alenia-space-explique-49427/?fbclid=IwAR3kpi3ZeC5fTFZAhO1dvAXZTZL1Q8tY3jCt_m3fA9mr70sXLXY7MPx9BKA#utm_content=futura&utm_medium=social&utm_source=facebook.com&utm_campaign=futura

  • LE 14.03.2020: Actualité de l'astronomie / Pourquoi la mission ExoMars est de nouveau reportée ?

    Pourquoi la mission ExoMars est de nouveau reportée ?

     

    Journaliste

     

    L'ESA et Roscosmos ont annoncé que la mission ExoMars et son rover Rosalind Franklin ne partiront pas cet été à destination de Mars. Les deux agences partenaires ont été contraintes de reporter de deux ans le lancement en raison de difficultés techniques et de l'épidémie de coronavirus. Nos explications.

    Les agences spatiales ESA et Roscomos, respectivement européenne et russe, ont reporté de deux ans le lancement de la mission ExoMars 2020 et de son rover Rosalind Franklin en raison de difficultés techniques et de l'épidémie de coronavirus. Prévue cet été, cette mission devait décoller à bord d'un lanceur russe Proton à destination de Mars dans l'espoir de trouver des traces de vie éteinte, voire en activité. Son lancement, toujours à bord d'un Proton, est maintenant prévu lors de la prochaine de fenêtre de tir qui aura lieu entre août et octobre 2022.

    En 2016, les deux agences avaient déjà été contraintes de reporter le lancement d'ExoMars, alors prévu en mai 2018. À l'époque, pour justifier ce report, elles avaient évoqué des retards dans les activités industrielles européennes et russes, ainsi que dans les livraisons relatives à la charge utile scientifique.

    VOIR AUSSIVie sur Mars : comment les rovers vont rechercher les traces ?

    Pour certains, l'annonce d'aujourd'hui n'est pas vraiment une surprise. Déjà cet été, il était question à demi-mot d'un risque de report. Les équipes étaient alors empêtrées dans la mise au point des parachutes, dont on apprenait plus tard que la taille et la complexité s'expliquaient par l'atterrisseur russe doté d'un système rétro-propulsif pas assez puissant. L'ESA et Roscosmos rencontraient aussi des problèmes concernant des équipements électroniques et l'écriture du logiciel de bord.

    Le rover Rosalind Franklin (ExoMars 2020) débute ses essais de vide thermique chez Airbus à Toulouse. © Airbus

    Le rover Rosalind Franklin (ExoMars 2020) débute ses essais de vide thermique chez Airbus à Toulouse. © Airbus 

    Un retard sur fond d'épidémie de coronavirus

    Alors que les responsables de la mission étaient confiants en fin d'année 2019 pour tenir les délais et le planning de qualification, ces derniers jours, ils ont dû se rendre à l'évidence et accepter, malgré des cadences de travail très élevées des équipes en 3 x 8, ne pas pouvoir être prêts à lancer cet été. L'aggravation de l'épidémie de Covid-19 en Europe, n'a évidemment pas arrangé les affaires d'un projet très international avec des usines et des sites d'assemblage et de construction répartis en Espagne, en Angleterre, en France, en Italie et en Russie principalement. L'épidémie a fortement compliqué la tâche des équipes du fait de l'interdiction de se rendre en Italie et les périodes de quarantaine imposées aux citoyens français par la Russie par exemple.

    Il faut aussi savoir que la participation russe à la mission n'a pas été au niveau attendu. Ainsi, la firme russe NPO Lavotchine, qui réalise la plateforme d'atterrissage Kazachok, a perdu beaucoup de compétence d'ingénierie du fait d'une activité très ralentie. La façon de travailler des équipes russes était également très en décalage avec celles des autres partenaires du projet, ce qui a été un facteur de ralentissement, malgré la bonne volonté des équipes russes. 

    Sans surprise, ce deuxième report entraînera des coûts supplémentaires qui porteront le budget total du programme au-delà des deux milliards d'euros ! Une rallonge qui ne sera évidemment pas simple à trouver d'autant plus qu'ExoMars n'étant pas une mission obligatoire dans le jargon de l'ESA, son financement dépend du bon vouloir des États membres qui souhaitent la financer. À suivre donc.

    Source: https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/mars-mission-exomars-nouveau-reportee-49427/?fbclid=IwAR0VoGfAe8fo10keHPRORVcBgZTxBXQXcTsOWTmWAznval7TnLCsNx11g0I#utm_content=futura&utm_medium=social&utm_source=facebook.com&utm_campaign=futura

  • LE 14.03.2020: Actualité de l'astronomie / Pourquoi la mission ExoMars est de nouveau reportée ?

    Pourquoi la mission ExoMars est de nouveau reportée ?

     

    Journaliste

     

    L'ESA et Roscosmos ont annoncé que la mission ExoMars et son rover Rosalind Franklin ne partiront pas cet été à destination de Mars. Les deux agences partenaires ont été contraintes de reporter de deux ans le lancement en raison de difficultés techniques et de l'épidémie de coronavirus. Nos explications.

    Les agences spatiales ESA et Roscomos, respectivement européenne et russe, ont reporté de deux ans le lancement de la mission ExoMars 2020 et de son rover Rosalind Franklin en raison de difficultés techniques et de l'épidémie de coronavirus. Prévue cet été, cette mission devait décoller à bord d'un lanceur russe Proton à destination de Mars dans l'espoir de trouver des traces de vie éteinte, voire en activité. Son lancement, toujours à bord d'un Proton, est maintenant prévu lors de la prochaine de fenêtre de tir qui aura lieu entre août et octobre 2022.

    En 2016, les deux agences avaient déjà été contraintes de reporter le lancement d'ExoMars, alors prévu en mai 2018. À l'époque, pour justifier ce report, elles avaient évoqué des retards dans les activités industrielles européennes et russes, ainsi que dans les livraisons relatives à la charge utile scientifique.

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    Pour certains, l'annonce d'aujourd'hui n'est pas vraiment une surprise. Déjà cet été, il était question à demi-mot d'un risque de report. Les équipes étaient alors empêtrées dans la mise au point des parachutes, dont on apprenait plus tard que la taille et la complexité s'expliquaient par l'atterrisseur russe doté d'un système rétro-propulsif pas assez puissant. L'ESA et Roscosmos rencontraient aussi des problèmes concernant des équipements électroniques et l'écriture du logiciel de bord.

    Le rover Rosalind Franklin (ExoMars 2020) débute ses essais de vide thermique chez Airbus à Toulouse. © Airbus

    Le rover Rosalind Franklin (ExoMars 2020) débute ses essais de vide thermique chez Airbus à Toulouse. © Airbus 

    Un retard sur fond d'épidémie de coronavirus

    Alors que les responsables de la mission étaient confiants en fin d'année 2019 pour tenir les délais et le planning de qualification, ces derniers jours, ils ont dû se rendre à l'évidence et accepter, malgré des cadences de travail très élevées des équipes en 3 x 8, ne pas pouvoir être prêts à lancer cet été. L'aggravation de l'épidémie de Covid-19 en Europe, n'a évidemment pas arrangé les affaires d'un projet très international avec des usines et des sites d'assemblage et de construction répartis en Espagne, en Angleterre, en France, en Italie et en Russie principalement. L'épidémie a fortement compliqué la tâche des équipes du fait de l'interdiction de se rendre en Italie et les périodes de quarantaine imposées aux citoyens français par la Russie par exemple.

    Il faut aussi savoir que la participation russe à la mission n'a pas été au niveau attendu. Ainsi, la firme russe NPO Lavotchine, qui réalise la plateforme d'atterrissage Kazachok, a perdu beaucoup de compétence d'ingénierie du fait d'une activité très ralentie. La façon de travailler des équipes russes était également très en décalage avec celles des autres partenaires du projet, ce qui a été un facteur de ralentissement, malgré la bonne volonté des équipes russes. 

    Sans surprise, ce deuxième report entraînera des coûts supplémentaires qui porteront le budget total du programme au-delà des deux milliards d'euros ! Une rallonge qui ne sera évidemment pas simple à trouver d'autant plus qu'ExoMars n'étant pas une mission obligatoire dans le jargon de l'ESA, son financement dépend du bon vouloir des États membres qui souhaitent la financer. À suivre donc.

    Source: https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/mars-mission-exomars-nouveau-reportee-49427/?fbclid=IwAR0VoGfAe8fo10keHPRORVcBgZTxBXQXcTsOWTmWAznval7TnLCsNx11g0I#utm_content=futura&utm_medium=social&utm_source=facebook.com&utm_campaign=futura