FORMATION DU SYSTÈME SOLAIRE

  • LE 12.05.2020: Actualité de l'astronomie / La mystérieuse planète 9 existe-t-elle vraiment ?

    La mystérieuse planète 9 existe-t-elle vraiment ?

     


    Laurent Sacco

    Journaliste

     

    Une neuvième planète se cacherait dans le Système solaire  Des astronomes en sont convaincus : il existe une neuvième planète dans les confins du Système solaire. C'est ce qu'indiquent, selon eux, les orbites particulières de plusieurs objets de la ceinture de Kuiper et aussi de la planète naine Sedna, au-delà de Neptune. Les calculs lui donnent une masse comprise entre 5 et 10 fois celle de la Terre. Ce serait une géante de glace, à l’instar de Neptune. Elle serait actuellement dans la région de son orbite très elliptique la plus éloignée du Soleil. Il lui faudrait entre 10.000 et 20.000 ans pour boucler son orbite autour du Soleil. 

    On se souvient de la petite bombe que deux astronomes du célèbre Caltech, Mike Brown et Konstantin Batygin, ont fait « exploser » dans un article de The Astronomical Journal en janvier 2016. Les deux chercheurs faisaient savoir qu'en analysant les caractéristiques des orbites d'objets transneptuniens, ils en avaient déduit la présence d'une planète géante comparable en masse et en taille à Neptune, à plus de 30 milliards de kilomètres du Soleil. Il pourrait s'agir d'une exoplanète capturée par le Soleil ou d'un corps qui se serait formé, comme les autres, à l'aube de l'histoire du Système solaire et aurait ensuite migré. C'est le champ de gravité de cette géante qui aurait perturbé les orbites des petits corps célestes.

    Jusqu'à présent, il a été impossible de découvrir cette neuvième planète dans le Système solaire et ce n'est guère étonnant car elle serait si loin du Soleil qu'en raison d'une des lois de Kepler son mouvement est nécessairement très lent et si on ajoute une luminosité très faible, cela en fait un astre très difficile à identifier sur la voûte céleste. Cela autorise donc toutes sortes d'hypothèses comme celle de l'inexistence de cette nouvelle planète. Mais il faut alors rendre compte des perturbations gravitationnelles qui semblent bien réelles et avoir conduit aux orbites exotiques des objets transneptuniens.

    Dans cette vidéo, Batygin et Brown présentaient il y a trois ans leurs travaux sur la possible existence d'une neuvième planète. Notez l'étrange regroupement des orbites des corps de la ceinture de Kuiper les plus lointains connus. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle avec deux barres horizontales en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître, si ce n'est pas déjà le cas. En cliquant ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, vous devriez voir l'expression « Traduire les sous-titres ». Cliquez pour faire apparaître le menu du choix de la langue, choisissez « français », puis cliquez sur « OK ». © Caltech

     

    Un disque de petits corps produit par les migrations planétaires ?

    C'est précisément cette voie qu'a choisi d'explorer depuis quelque temps Ann-Marie Madigan, une astrophysicienne de l'université du Colorado à Boulder. Notamment avec son étudiant en thèse Alexander Zderic, la chercheuse a déposé récemment sur arxiv deux articles en cours de publication sur ce sujet. Avec ses collègues, elle montre via des simulations numériques de type N corps en mécanique céleste qu'il est possible de rendre compte des observations en postulant l'existence d'un disque annulaire constitué de millions de petits corps glacés qui se serait mis en place il y a plus de 4 milliards d'années, au tout début de l'histoire du Système solaire.

    Ce disque contiendrait l'équivalent de 20 fois la masse de la Terre environ mais comme il serait très dispersé, son influence gravitationnelle serait faible et comme elle se serait exercée pendant des milliards d'années, elle aurait fait évoluer lentement mais sûrement les paramètres orbitaux des transneptuniens qui intriguaient Mike Brown et Konstantin Batygin. Ce disque se serait mis en place à cause des migrations planétaires du genre de celles envisagées avec le fameux Modèle de Nice. Ces migrations auraient expulsé sur des orbites lointaines les petits corps célestes dont les restes seraient aujourd'hui dans le disque postulé.

    Toujours est-il que Brown et Batygin ne sont pas encore convaincus par ce travail ni par les déclarations de Madigan qui pense que selon le rasoir d'ockham, son hypothèse est la plus probable. Batygin explique ainsi que, selon lui, un tel disque aussi distant du Soleil, à savoir bien au-delà de Pluton, et qui se serait mis en place très tôt dans l'histoire du Système solaire, aurait dû être déstabilisé par les étoiles sœurs du Soleil qui étaient encore relativement proches de lui après sa naissance.

    Mais Ann-Marie Madigan a montré que le disque postulé pouvait s'être mis en place suffisamment tardivement malgré tout pour que ces étoiles nées dans le même amas ouvert que le Soleil, il y a plus de 4,5 milliards d'années, aient eu le temps de s'éloigner suffisamment pour laisser le disque de débris glacé relativement stable depuis les derniers milliards d'années.

    Mais selon Scott Tremaine, célèbre astrophysicien à l'Institute for Advanced Study de Princeton, il faudrait tout de même qu'au début de son histoire le disque ait contenu environ 20 masses solaires, ce qui n'est en rien évident selon le chercheur. Affaire à suivre donc, en espérant que des instruments comme l'Observatoire Vera-C.-Rubin (Vera C. Rubin Observatory), anciennement nommé Large Synoptic Survey Telescope (LSST, en français « Grand Télescope d'étude synoptique ») nous aideront au cours de cette décennie à y voir plus clair.

    Un exposé de Ann-Marie Madigan sur la planète 9. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © Seti Institute

     

    CE QU'IL FAUT RETENIR

    • Tout comme, en son temps, les anomalies de l'orbite d'Uranus avaient conduit à la découverte de Neptune, deux astronomes ont déduit, de la théorie des perturbations gravitationnelles en mécanique céleste, qu'une neuvième planète d'environ cinq fois la masse de la Terre devait exister à plusieurs centaines d'unités astronomiques du Soleil.
    • Il s'agirait de l'équivalente des superterres que l'on observe à foison dans la Voie lactée et qui aurait migré loin du Soleil, tôt dans l'histoire du Système solaire.
    • On pourrait faire sa découverte d'ici 2030. Mais selon d'autres astronomes, des simulations numériques soutiennent la thèse que les perturbations gravitationnelles, qui suggèrent sa présence, pourraient être dues à un disque de petits corps glacés bien au-delà de Pluton.

    .Source: https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/astronomie-mysterieuse-planete-9-existe-t-elle-vraiment-61311/?fbclid=IwAR1TQyiR2IdCwbOp313yU_UIaEL_uLTFyiusmDPVKoryAfkQDAhOYmGL3w8#utm_content=futura&utm_medium=social&utm_source=facebook.com&utm_campaign=futura

  • LE 14.03.2020: Actualité de l'astronomie / Origine de la Lune : le problème de l'oxygène avec le scénario de l'impact résolu ?

    Origine de la Lune : le problème de l'oxygène avec le scénario de l'impact résolu ?

     

    Journaliste

    Comprendre l'origine de la Lune consiste en quelque sorte à résoudre un puzzle combinant des considérations de cosmochimie et de mécanique céleste. Elles ont mené à l'hypothèse d'une collision entre la jeune Terre et une petite planète appelée Théia, il y a environ 4,5 milliards d'années mais des difficultés avec ce scénario subsistent. L'une d'elles, avec les isotopes de l'oxygène, vient peut-être de disparaître.

    Les clés de l'univers : la mystérieuse naissance de la Lune  L’origine de la Lune est entourée de mystère. Séparation à partir d’une autre planète, création simultanée avec le Système solaire ou encore collision avec la Terre, plusieurs hypothèses quant à sa formation ont été avancées au cours du temps. Discovery Science s’est penché sur la question au cours de cet épisode des Clés de l'univers. 

    L'année dernière, la Nasa avait annoncé à l'occasion des 50 ans du premier alunissage des missions Apollo qu'elle allait sortir de leur hibernation, si l'on peut dire, des échantillons de roches lunaires ramenés par ces missions mais qui avaient été volontairement laissés intacts et isolés à ce moment-là. L'idée était de laisser ces échantillons aux cosmochimistes et planétologues du XXIe siècle, mieux à même de les analyser avec des technologies plus avancées, mais nécessitant que les échantillons soient vierges de toutes tentatives pour ne pas altérer leurs mémoires.

    Mais même des échantillons déjà exploités il y a des décennies peuvent révéler des informations sur l'histoire du Système solaire et en l'occurrence sur l'origine de la Lune, si l'on en croit une publication dans Nature Geoscience de trois chercheurs de l'University of New Mexico à Albuquerque (États-Unis). En utilisant des spectromètres de masses du Center for Stable Isotopes, ils ont revisité les mesures des abondances en isotopes de l'oxygène (16O,17O,18O) de nombreux échantillons de roches lunaires conservés au Centre spatial Lyndon B. Johnson, en les comparant ensuite aux mêmes abondances déterminées avec les mêmes instruments dans des roches terrestres (on peut trouver les échantillons lunaires utilisés sur une archive de la Nasa).

    Une présentation des archives des roches lunaires. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © PBS NewsHour

    Dans le premier cas, il s'agissait de basaltesanorthositesnorites et verres volcaniques (le fameux sol orange d'Apollo 17), alors que dans le second on trouvait également des basaltes mais aussi des gabbros et des péridotites. Dans tous ces cas, l'ensemble des échantillons devait permettre de se faire une idée de la composition moyenne silicatée des deux astres et donc d'accéder à celles en isotopes de l'oxygène qui se trouvent dans les manteaux lunaires et terrestres.

    Des signatures isotopiques différentes en accord avec un impact géant

    Les résultats obtenus ont surpris les chercheurs, ils ont découvert des variations entre les abondances des échantillons lunaires et celles des échantillons terrestres qui avaient jusqu'ici échappé à leurs prédécesseurs. Pour la première fois, on découvrait qu'il y avait bien une différence entre la signature isotopique de l'oxygène du manteau lunaire et celle du manteau de la Terre. Or, cette différence était attendue si le fameux scénario de l'impact géant entre la proto-terre et une petite planète de la taille de Mars et baptisée Théia - en souvenir de la divinité grecque mère d'Hélios (le Soleil) et de Séléné (la Lune) - était bien la bonne explication de l'origine de la Lune, comme Futura l'expliquait dans le précédent article ci-dessous.

    Une des roches lunaires utilisées par les chercheurs. Sa référence pour la mission Apollo 11 est 10044. © Nasa

    Une des roches lunaires utilisées par les chercheurs. Sa référence pour la mission Apollo 11 est 10044. © Nasa 

    Rappelons rapidement que les simulations de capture de la Lune par la Terre ne sont pas très favorables à une capture gravitationnelle en douceur mais implique plutôt une collision. De plus, les premières analyses des roches lunaires montraient des abondances en certains isotopes très proches, voire justement identiques dans le cas de l'oxygène entre ces roches et celles de la Terre, indiquant une origine commune. Or, les modèles de la formation du Système solaire et ce que l'on sait de la composition des météorites, dont certaines sont des roches martiennes, nous indiquent que selon leur lieu d'origine les planètes rocheuses ne peuvent pas avoir des compositions aussi proches.

    On pouvait résoudre presque toutes les énigmes en supposant que Théia en entrant en collision avec la Terre avait arraché une partie de son manteau. Les éjectas produits se seraient alors mélangés aux restes de Théia en orbite autour de la Terre qui, par accrétion, auraient donné la Lune.

    Le problème, c'est que les abondances des isotopes de l'oxygène, en particulier, étaient bien trop proches, ce qui suggérait soit que Théia s'était formée très proche de la Terre dans le disque protoplanétaire, ce qui était difficile à comprendre et à justifier mais pas impossible, soit il fallait faire intervenir des processus d'homogénéisation et de mélange entre les matériaux de la proto-Terre et de Théia qui n'allaient pas de soi.

    Les nouvelles mesures aujourd'hui annoncées semblent donc résoudre pour la première fois les contradictions ou pour le moins les difficultés, de sorte que le scénario de l'impact géant en sort renforcé.

    Une autre des roches lunaires utilisées par les chercheurs. Sa référence pour la mission Apollo 15 est 15426. © Nasa

    Une autre des roches lunaires utilisées par les chercheurs. Sa référence pour la mission Apollo 15 est 15426. © Nasa 

    Source: https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/formation-systeme-solaire-origine-lune-probleme-oxygene-scenario-impact-resolu-57871/?fbclid=IwAR2NvNvcA54x06lPLfy0neRGlpxdkfCSx_HJ2GKxDQT_SPrxF2u5yFPJLAM#utm_content=futura&utm_medium=social&utm_source=facebook.com&utm_campaign=futura

     

     

  • LE 15.02.2020: Actualité de la météo,de l'astronomie et de la science/ Où se situe la limite du Système solaire ?

    Où se situe la limite du Système solaire ?

     

    Journaliste

     

    Où s'arrête le Système solaire et où commence l'espace interstellaire ? Quand quitte-t-on vraiment notre village planétaire gouverné par le Soleil ? Il y a deux façons de voir les choses.

    Notre Système solaire est cet ensemble composé de huit planètes importantes (peut-être neuf, si la planète X existe), de leurs satellites, de planètes naines (on n'en connait qu'une dizaine pour l'instant), d'une multitude d'astéroïdes, de comètes et des tas et des tas de poussières (d'ici et d'ailleurs...), le tout gouverné par le Soleil. Alors, où se trouve la limite du Système solaire ?

    Limite du système solaire : l'héliopause et l'espace interstellaire

    En 2013, des chercheurs indiquaient que, d'après les données collectées par Voyager 1 (parti de la Terre en 1977 et fonçant à travers le Système solaire), la sonde aurait franchi l'héliopause et atteint l'espace interstellaire. Elle était alors à quelque 19 milliards de kilomètres de la Planète bleue, soit environ 17 heures-lumière.

    Par rapport aux 4,2 années-lumière de distance de Proxima du Centaure, l'étoile la plus proche du Soleil, cela peut paraître peu. La sonde est en réalité sortie de l'héliosphère, la bulle de plasma générée par le Soleil, et vogue donc désormais dans le milieu intersidéral. C'est une première dans l'histoire de l'humanité. Mais est-elle vraiment sortie du Système solaire ?

    Voyager 1 (en attendant Voyager 2) a dépassé l’héliosphère créée par le vent solaire et navigue désormais dans le milieu interstellaire. © Nasa

    Voyager 1 (en attendant Voyager 2) a dépassé l’héliosphère créée par le vent solaire et navigue désormais dans le milieu interstellaire. © Nasa 

    La zone d'influence gravitationnelle du Soleil et le nuage de Oort

    Pour beaucoup d'astronomes, les limites de notre système planétaire sont définies par l'aire d'influence gravitationnelle du Soleil qui, rappelons-le, en représente à lui seul 99,86 % de la masse totale. Quand un corps n'en ressent pas ou plus l'attraction, il n'en fait pas ou plus partie.

    Cela va jusqu'au bord extérieur du nuage de Oort, lequel conserverait la forme sphérique de la nébuleuse primitive. Cette région est connue pour abriter des milliards de comètes potentielles (celles qui sont délogées viennent nous rendre visite), vestiges de cette période originelle.

    Cette frontière invisible serait à environ une année-lumière du foyer central, le Soleil. Autrement dit, à quelque 9.600 milliards de kilomètres Bien au-delà de Neptune, de Pluton, de la ceinture de Kuiper...

    Illustration de la coquille peuplée de comètes, vestiges de la formation du Système solaire, appelée « nuage de Oort ». Au centre, minuscule, la ceinture de Kuiper et, à l’intérieur, le Soleil et les huit planètes qui l’entourent. (Cliquez sur l'image pour l'agrandir.) © Calvin J. Hamilton

    Illustration de la coquille peuplée de comètes, vestiges de la formation du Système solaire, appelée « nuage de Oort ». Au centre, minuscule, la ceinture de Kuiper et, à l’intérieur, le Soleil et les huit planètes qui l’entourent. (Cliquez sur l'image pour l'agrandir.) © Calvin J. Hamilton 

    Pour vous donner une idée de ce que cela représente, imaginez que tout le Système solaire soit rétréci et que son étoile ne fasse plus qu'un centimètre de diamètre, au lieu de 1,4 million de kilomètres. La Terre (109 fois plus petite) ne serait alors plus qu'un minuscule grain de sable placé à un mètre (en réalité 150 millions de kilomètres soit une unité astronomique). Jupiter serait donc à 5 mètres, Neptune à 30, Pluton à environ 40 et la ceinture de Kuiper, entre 30 et 55 mètres.

    On est toutefois encore très loin de la bordure. En effet, le nuage de Oort s'arrêterait à environ 100 kilomètres ! Si le Soleil était une bille jaune, son influence s'exercerait dans un rayon de 100 km autour de lui. L'étoile voisine Proxima du Centaure est, elle, à 400 km...

    Source: https://www.futura-sciences.com/
    Lien: https://www.futura-sciences.com/sciences/questions-reponses/systeme-solaire-situe-limite-systeme-solaire-6598/?fbclid=IwAR2mup3DU_w0_ioUTsfJIX9ckakqgzJ59cM7U1GkYmBymy_W5yahBVVPLk4#utm_content=futura&utm_medium=social&utm_source=facebook.com&utm_campaign=futura