HUBBLE
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LE 1.05.2020: Actualité de l'astronomie / L'exoplanète disparue Fomalhaut b est en réalité une collision géante !
- Par dimitri1977
- Le 01/05/2020
- Dans Actualité de la météo,de l'astronomie et de la sciences à la une du jour
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L'exoplanète disparue Fomalhaut b est en réalité une collision géante !
Emma Hollen
Journaliste scientifique
Alors que les scientifiques pensaient avoir identifié une nouvelle planète par-delà les confins de notre Système solaire en 2008, celle-ci avait soudainement et complètement disparu des capteurs du télescope Hubble en 2014. Une nouvelle étude propose une explication quant au sort de Fomalhaut b.
Découverte grâce à des données collectées en 2004 et 2006, Fomalhaut b est présentée au public en 2008. Alors que les exoplanètes sont généralement mises au jour par des méthodes de détection indirectes, tels la méthode du transit planétaire ou les effets de microlentille gravitationnelle, Fomalhaut b avait fait l'objet d'observations directes grâce au télescope Hubble. Celle-ci se présentait comme un point mouvant, visible au cours de plusieurs années par le télescope spatial, jusqu'à sa disparition en 2014.
Un nuage de poussière géant
Afin d'expliquer le sort de Fomalhaut b, une équipe de chercheurs de l'université de l'Arizona a tout bonnement choisi de laisser de côté l'hypothèse de l'exoplanète. Leur proposition : l'objet photographié pour la première fois en 2004 serait en réalité un gigantesque nuage de poussière, issu de la collision de deux corps orbitant autour de l'étoile Fomalhaut. Très tôt durant son observation, Fomalhaut b a posé plusieurs questions inattendues aux astronomes. Pourquoi la planète n'émettait-elle aucun rayonnement infrarouge ? Était-elle entourée d'un vaste anneau de poussière bloquant l'accès à sa signature thermique ? Et pourquoi sa trajectoire était-elle si excentrique, suggérant que Fomalhaut b semblait s'échapper de son système plutôt que d'orbiter paisiblement autour de son étoile ?
« Notre étude, qui a analysé toutes les données d'archive collectées par Hubble sur Fomalhaut, a révélé diverses caractéristiques qui, ensemble, suggèrent que cet objet de la taille d'une planète n'a possiblement jamais existé », explique András Gáspár, coauteur de l'étude parue dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences. Une théorie qui semble confirmée par la disparition de Fomalhaut b, 10 ans après sa première détection.
Vue d'artiste de la collision autour de l'étoile Fomalhaut © ESA, Nasa, M. Kornmesser
Un spectacle cosmique à nul autre pareil
De futures observations seront nécessaires pour valider l'hypothèse du nuage de poussière issu d'une collision, mais l'enthousiasme des chercheurs n'en est pas moindre. « Ces collisions sont extrêmement rares ; il est donc exceptionnel que nous parvenions à en observer une », commente Gáspár. « Nous pensons que nous nous sommes trouvés au bon endroit au bon moment pour témoigner d'un événement improbable grâce au télescope Hubble de la Nasa. » Le nuage, constitué de particules de poussière d'à peine un micron, se serait progressivement dispersé pour atteindre une taille supérieure à celle de l'orbite terrestre autour du Soleil. D'après Gáspár, il se serait désormais tellement dissipé qu'il en serait devenu indétectable pour les capteurs de Hubble. Néanmoins, l'équipe a confiance en ses résultats qui ont, selon elle, répondu aux nombreuses questions posées par le passé par la présumée Fomalhaut b.
Bien que les données confirment l'existence de collisions similaires dans d'autres systèmes, aucun événement d'une telle amplitude n'a jamais été observé dans notre Système solaire. Si les observations futures du télescope spatial James-Webb donnent raison aux chercheurs, nous aurions alors sous les yeux un formidable laboratoire nous permettant d'étudier la formation des systèmes stellaires ainsi que la manière dont deux corps massifs s'annihilent dans l'espace.
VOIR AUSSITrente images magnifiques pour les 30 ans d'Hubble
POUR EN SAVOIR PLUS
Fomalhaut b, une exoplanète saisie dans le visible par Hubble
Article de Laurent Sacco, publié le 14/11/2008
La patience a payé pour un groupe d'astronomes américains. En étudiant avec le télescope Hubble durant plusieurs années l'étoile Fomalhaut située à seulement 25 années-lumière de la Terre, les chercheurs ont obtenu les premières images dans le visible d'une exoplanète trois fois plus massive que Jupiter, Fomalhaut b.
Étoile principale d'une constellation de l'hémisphère sud, le Poisson Austral, Fomalhaut est connue depuis la plus haute antiquité, avant de devenir l'objet de l'attention des chasseurs d'exoplanètes dès le début des années 1980. A cette époque, le satellite de la Nasa, IRAS (Infrared Astronomy Satellite) détecte en infrarouge la signature d'une grande quantité de poussières, pouvant s'interpréter comme due à la présence d’un système planétaire.
Dès 2004, déjà avec Hubble, la même technique de coronographie, bien connue en physique solaire, avait montré que Fomalhaut était entourée d'un anneau de débris et de poussières laissés par un disque protoplanétaire, ressemblant beaucoup à la ceinture de Kuiper de notre propre système solaire, riche en poussières, comètes et petites planètes, désormais appelées plutoïdes.
Fomalhaut est une étoile jeune puisqu'elle ne doit être âgée que de 200 à 300 millions d'années. Toutefois, elle est de type A sur la séquence principale et donc plus chaude que notre Soleil. Le taux de ses réactions nucléaires est bien plus élevé, ce qui signifie qu'elle devrait épuiser son carburant nucléaire en un milliard d'années environ. Seize fois plus brillante que notre Soleil, elle aura donc une existence dix fois plus courte.
Cliquez pour agrandir. L'étoile Fomalhaut dans la constellation du Poisson Austral. Crédit : A. Fujii, NASA, ESA, and Z. Levay (STScI)
Etant très lumineuse, plus que le Soleil, la détection autour d'elle d'une planète n'est donc pas chose aisée et c'est une performance extraordinaire que viennent d'accomplir Paul Kalas et ses collègues.
Déjà en 2005, celui-ci avait proposé que la structure bien particulière de l'anneau de poussières détecté impliquait la présence d'un planète géante, proche de celui-ci, exerçant son influence gravitationnelle. En particulier, le centre de l'orbite de l'anneau ne coïncident pas avec celui de l'étoile, de plus les bords nets de ce dernier s'expliquaient bien là aussi, si l'on compare les effets gravitationnels confinant des satellites bergers des anneaux de Saturne, par la présence proche d'une planète.
Pour en avoir le cœur net, les astronomes ont occulté la lumière centrale de l'étoile avec le coronographe équipant Hubble afin de détecter une éventuelle exoplanète dont la luminosité pouvait être au moins un milliard de fois plus faible que celle de son étoile hôte. Ils avaient alors noté la présence de zones un peu plus brillantes autour de l'étoile qui pouvaient être des planète. De fait, en 2006, de nouvelles images montraient clairement qu'une de ces taches brillantes s'était déplacée par rapport à l'étoile.
Cliquez pour agrandir. L'image prise avec le coronographe de Hubble montre l'anneau de poussières autour de Fomallhaut. Le zoom montre une tache brillante se déplaçant de 2004 à 2006 selon une orbite autour de l'étoile . C'est Fomalhaut b. Crédit : NASA, ESA, P. Kalas, J. Graham, E. Chiang, E. Kite (University of California, Berkeley), M. Clampin (NASA Goddard Space Flight Center), M. Fitzgerald (Lawrence Livermore National Laboratory), and K. Stapelfeldt and J. Krist (NASA Jet Propulsion Laboratory)
Les études et les analyses ont montré qu'il s'agissait bien d'un objet en orbite autour de Fomalhaut et qui suivait les lois de Kepler. Située à 119 unités astronomiques (UA) de son étoile, c'est-à-dire environ 10 fois la distance du Soleil à Saturne, Fomalhaut b ne l'est que de 18 AU du bord interne de l'anneau de poussières. Après quatre mois d'analyse des données observationnelles concernant la stabilité de l'anneau de poussières, en conjonction avec des modélisations de l'influence de Fomalhaut b sur celui-ci, une estimation de la masse de l'exoplanète a été obtenue. Elle est de 3 fois celle de Jupiter mais ne peut guère la dépasser, sans quoi l'anneau serait distordu et verrait même son existence impossible.
Cliquez pour agrandir. Une vue d'artiste de Fomalhaut b. Crédit : ESA, NASA, and L. Calcada (ESO for STScI)
Remarquablement, la luminosité dans le visible de la planète est anormalement élevée, ce qui suggère l'existence autour d'elle d'un système d'anneaux constitués de glace réfléchissant la lumière, comme dans le cas de Saturne, mais d'une toute autre ampleur !
En revanche, comme une jeune planète géante, elle devrait rayonner assez fortement dans l'infrarouge (IR) puisqu'elle est encore en plein processus de contraction gravitationnelle selon le mécanisme de Kelvin-Helmholtz. Des tentatives d'observations au sol en IR sont en cours. Les renseignements sur la composition de l'atmosphère de cette exoplanètes que l'on en tirerait seraient précieux pour comprendre l'évolution primitive des planètes géantes du système solaire.
Cliquez pour agrandir. Une comparaison entre le système de Fomalhaut et le notre. Crédit : NASA, ESA, and A. Feild (STScI)
Comme Neptune et Uranus, Fomalhaut b est probablement née plus proche de son soleil et a ensuite migré vers l'extérieur par le jeu des interactions gravitationnelles à N corps, donc vraisemblablement avec des plus petites planètes.
Une telle observation est très encourageante car elles nous montrent que la prochaine génération de télescopes dédiée à l'étude des exoplanètes, et qui va bientôt être opérationnelle, ne devrait pas manquer de nous donner rapidement des informations et des images extraordinaires, levant un coin du voile sur notre origine et notre place dans l'Univers.
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LE 25.04.2020: Actualité de l'astronomie / Hubble dévoile « un récif corallien cosmique » pour ses 30 ans.
- Par dimitri1977
- Le 25/04/2020
- Dans Actualité de la météo,de l'astronomie et de la sciences à la une du jour
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Hubble dévoile « un récif corallien cosmique » pour ses 30 ans
Rémy Decourt
Publié le 24/04/2020
Trente ans après son lancement, Hubble continue d'émerveiller le public non scientifique et la communauté des astronomes professionnels. Les images anniversaire sont toujours très attendues, d'autant plus que certaines d'entre elles sont devenues iconiques, et cette année, la Nasa et l'ESA ont choisi un duo coloré pour nous montrer une partie du cycle de la vie des étoiles.
Les images acquises par le télescope spatial Hubble ont redéfini notre vision de l'Univers et certaines d'entre elles ont acquis le statut d'icône. Bien que cela ne puisse être que subjectif, la première image iconique d'Hubble est très certainement celle des piliers de la création, au centre de la nébuleuse de l'Aigle (M16), un cliché réalisé en 1995 et revisité en 2015 à l'occasion des 25 ans du télescope.
Cette année, pour commémorer trois décennies de découvertes scientifiques d'Hubble, l'équipe scientifique du télescope, la Nasa et l'ESA ont décidé de nous plonger à l'intérieur du Grand Nuage de Magellan et de nous dévoiler deux nébuleuses colorées, l'objet NGC 2014 et son voisin NGC 2020 qui forment une vaste région de formation d'étoiles. Cette image, souligne le communiqué de presse conjoint entre la Nasa et l'ESA, est « un des exemples les plus photogéniques des nombreuses pépinières stellaires turbulentes que le télescope a observé tout au long de ses 30 ans ». Ce duo coloré, surnommé « récif cosmique », révèle comment des étoiles massives et énergiques sculptent l'enveloppe de gaz et de poussière qui les entoure.
Gros plan sur NGC 2020 et sa région où se forment des étoiles. © Nasa, ESA and STScI
Par rapport à d'autres images acquises par le télescope spatial Hubble, cette image « iconique » des 30 ans peut paraître étonnamment moins artistique. Mais, gardons à l'esprit qu'Hubble est avant tout un outil professionnel et que si chaque année il consacre une petite partie de son précieux temps d'observation à prendre une image d'anniversaire spéciale, ces images sont avant tout destinées à la communauté des astronomes pour les étudier. Cette image des 30 ans est donc un très bon compromis entre intérêt médiatique et utilité scientifique, entre image scientifique et image de vulgarisation. « Ces images continuent de défier les scientifiques avec de nouvelles surprises passionnantes et de fasciner le public avec des observations toujours plus évocatrices. »
VOIR AUSSIHubble : dans les coulisses du télescope spatial avec Roger-Maurice Bonnet
À ce jour, Hubble aura réalisé plus de 1,4 million d'observations et fourni des données que les astronomes du monde entier ont utilisées pour rédiger plus de 17.000 publications scientifiques à comité de lecture. Cela en fait l'un des observatoires spatiaux les plus prolifiques de l'histoire de l'astronomie. La quantité des données acquises et celles qui continueront de l'être d'ici 2025, date à laquelle Hubble sera désorbité (faute de carburant), est telle qu'elle va alimenter les futures recherches en astronomie pendant de nombreuses autres années encore.
Une image scientifique et de vulgarisation
Que nous dit ce cliché visuellement esthétique. Au-delà de cet aspect « beau », nécessaire pour intéresser le grand public, cette image n'est évidemment pas dénuée de tout intérêt scientifique, comme le suggère son examen attentif.
NGC 2020, avec au centre une étoile de type Wolf-Raye. La couleur provient de l'oxygène gazeux, chauffé à environ 11.000 degrés Celsius, ce qui est beaucoup plus chaud que l'hydrogène gazeux qui l’entoure. © Nasa, ESA and STScI
Bien que NGC 2014 et NGC 2020 semblent séparés dans cette image en lumière visible, ils font partie en réalité d'un même complexe de formation d'étoiles géantes, situé dans le Grand Nuage de Magellan, une galaxie satellite de la Voie lactée, à environ 163.000 années-lumière.
« NGC 2014, le plus grand des deux objets, abrite un amas de jeunes étoiles brillantes qui sculptent leur environnement en érodant le nuage de poussière et de gaz dans lequel elles se sont formées. » En revanche, la nébuleuse de couleur bleue, au-dessous de NGC 2014, a été façonnée par une étoile géante qui est environ 200.000 fois plus lumineuse et 15 fois plus massive que notre Soleil. C'est un exemple d'une classe rare d'étoiles appelées étoiles Wolf-Rayet qui pourraient exploser en supernova d'ici quelques millions d'années.
NGC 2014 et NGC 2020 qui forment une vaste région de formation d'étoiles, sont les deux objets choisis pour les 30 ans d'Hubble. Cliquez ici pour télécharger les versions HD de cette image. © Nasa, ESA, and STScI
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LE 23.04.2020: Actualité de l'astronomie / Si Fomalhaut b n'est pas une planète alors qu'est-ce que c'est ?
- Par dimitri1977
- Le 23/04/2020
- Dans Actualité de la météo,de l'astronomie et de la sciences à la une du jour
- 0 commentaire
Si Fomalhaut b n'est pas une planète alors qu'est-ce que c'est ?
Emma Hollen
Journaliste scientifique
Publié le 21/04/2020
Alors que les scientifiques pensaient avoir identifié une nouvelle planète par-delà les confins de notre Système solaire en 2008, celle-ci avait soudainement et complètement disparu des capteurs du télescope Hubble en 2014. Une nouvelle étude propose une explication quant au sort de Fomalhaut b.
Découverte grâce à des données collectées en 2004 et 2006, Fomalhaut b est présentée au public en 2008. Alors que les exoplanètes sont généralement mises au jour par des méthodes de détection indirectes, tels la méthode du transit planétaire ou les effets de microlentille gravitationnelle, Fomalhaut b avait fait l'objet d'observations directes grâce au télescope Hubble. Celle-ci se présentait comme un point mouvant, visible au cours de plusieurs années par le télescope spatial, jusqu'à sa disparition en 2014.
Un nuage de poussière géant
Afin d'expliquer le sort de Fomalhaut b, une équipe de chercheurs de l'université de l'Arizona a tout bonnement choisi de laisser de côté l'hypothèse de l'exoplanète. Leur proposition : l'objet photographié pour la première fois en 2004 serait en réalité un gigantesque nuage de poussière, issu de la collision de deux corps orbitant autour de l'étoile Fomalhaut. Très tôt durant son observation, Fomalhaut b a posé plusieurs questions inattendues aux astronomes. Pourquoi la planète n'émettait-elle aucun rayonnement infrarouge ? Était-elle entourée d'un vaste anneau de poussière bloquant l'accès à sa signature thermique ? Et pourquoi sa trajectoire était-elle si excentrique, suggérant que Fomalhaut b semblait s'échapper de son système plutôt que d'orbiter paisiblement autour de son étoile ?
« Notre étude, qui a analysé toutes les données d'archive collectées par Hubble sur Fomalhaut, a révélé diverses caractéristiques qui, ensemble, suggèrent que cet objet de la taille d'une planète n'a possiblement jamais existé », explique András Gáspár, coauteur de l'étude parue dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences. Une théorie qui semble confirmée par la disparition de Fomalhaut b, 10 ans après sa première détection.
Vue d'artiste de la collision autour de l'étoile Fomalhaut © ESA, Nasa, M. Kornmesser
Un spectacle cosmique à nul autre pareil
De futures observations seront nécessaires pour valider l'hypothèse du nuage de poussière issu d'une collision, mais l'enthousiasme des chercheurs n'en est pas moindre. « Ces collisions sont extrêmement rares ; il est donc exceptionnel que nous parvenions à en observer une », commente Gáspár. « Nous pensons que nous nous sommes trouvés au bon endroit au bon moment pour témoigner d'un événement improbable grâce au télescope Hubble de la Nasa. » Le nuage, constitué de particules de poussière d'à peine un micron, se serait progressivement dispersé pour atteindre une taille supérieure à celle de l'orbite terrestre autour du Soleil. D'après Gáspár, il se serait désormais tellement dissipé qu'il en serait devenu indétectable pour les capteurs de Hubble. Néanmoins, l'équipe a confiance en ses résultats qui ont, selon elle, répondu aux nombreuses questions posées par le passé par la présumée Fomalhaut b.
Bien que les données confirment l'existence de collisions similaires dans d'autres systèmes, aucun événement d'une telle amplitude n'a jamais été observé dans notre Système solaire. Si les observations futures du télescope spatial James-Webb donnent raison aux chercheurs, nous aurions alors sous les yeux un formidable laboratoire nous permettant d'étudier la formation des systèmes stellaires ainsi que la manière dont deux corps massifs s'annihilent dans l'espace.
VOIR AUSSITrente images magnifiques pour les 30 ans d'Hubble
POUR EN SAVOIR PLUS
Fomalhaut b, une exoplanète saisie dans le visible par Hubble
Article de Laurent Sacco, publié le 14/11/2008
La patience a payé pour un groupe d'astronomes américains. En étudiant avec le télescope Hubble durant plusieurs années l'étoile Fomalhaut située à seulement 25 années-lumière de la Terre, les chercheurs ont obtenu les premières images dans le visible d'une exoplanète trois fois plus massive que Jupiter, Fomalhaut b.
Étoile principale d'une constellation de l'hémisphère sud, le Poisson Austral, Fomalhaut est connue depuis la plus haute antiquité, avant de devenir l'objet de l'attention des chasseurs d'exoplanètes dès le début des années 1980. A cette époque, le satellite de la Nasa, IRAS (Infrared Astronomy Satellite) détecte en infrarouge la signature d'une grande quantité de poussières, pouvant s'interpréter comme due à la présence d’un système planétaire.
Dès 2004, déjà avec Hubble, la même technique de coronographie, bien connue en physique solaire, avait montré que Fomalhaut était entourée d'un anneau de débris et de poussières laissés par un disque protoplanétaire, ressemblant beaucoup à la ceinture de Kuiper de notre propre système solaire, riche en poussières, comètes et petites planètes, désormais appelées plutoïdes.
Fomalhaut est une étoile jeune puisqu'elle ne doit être âgée que de 200 à 300 millions d'années. Toutefois, elle est de type A sur la séquence principale et donc plus chaude que notre Soleil. Le taux de ses réactions nucléaires est bien plus élevé, ce qui signifie qu'elle devrait épuiser son carburant nucléaire en un milliard d'années environ. Seize fois plus brillante que notre Soleil, elle aura donc une existence dix fois plus courte.
Cliquez pour agrandir. L'étoile Fomalhaut dans la constellation du Poisson Austral. Crédit : A. Fujii, NASA, ESA, and Z. Levay (STScI)
Etant très lumineuse, plus que le Soleil, la détection autour d'elle d'une planète n'est donc pas chose aisée et c'est une performance extraordinaire que viennent d'accomplir Paul Kalas et ses collègues.
Déjà en 2005, celui-ci avait proposé que la structure bien particulière de l'anneau de poussières détecté impliquait la présence d'un planète géante, proche de celui-ci, exerçant son influence gravitationnelle. En particulier, le centre de l'orbite de l'anneau ne coïncident pas avec celui de l'étoile, de plus les bords nets de ce dernier s'expliquaient bien là aussi, si l'on compare les effets gravitationnels confinant des satellites bergers des anneaux de Saturne, par la présence proche d'une planète.
Pour en avoir le cœur net, les astronomes ont occulté la lumière centrale de l'étoile avec le coronographe équipant Hubble afin de détecter une éventuelle exoplanète dont la luminosité pouvait être au moins un milliard de fois plus faible que celle de son étoile hôte. Ils avaient alors noté la présence de zones un peu plus brillantes autour de l'étoile qui pouvaient être des planète. De fait, en 2006, de nouvelles images montraient clairement qu'une de ces taches brillantes s'était déplacée par rapport à l'étoile.
Cliquez pour agrandir. L'image prise avec le coronographe de Hubble montre l'anneau de poussières autour de Fomallhaut. Le zoom montre une tache brillante se déplaçant de 2004 à 2006 selon une orbite autour de l'étoile . C'est Fomalhaut b. Crédit : NASA, ESA, P. Kalas, J. Graham, E. Chiang, E. Kite (University of California, Berkeley), M. Clampin (NASA Goddard Space Flight Center), M. Fitzgerald (Lawrence Livermore National Laboratory), and K. Stapelfeldt and J. Krist (NASA Jet Propulsion Laboratory)
Les études et les analyses ont montré qu'il s'agissait bien d'un objet en orbite autour de Fomalhaut et qui suivait les lois de Kepler. Située à 119 unités astronomiques (UA) de son étoile, c'est-à-dire environ 10 fois la distance du Soleil à Saturne, Fomalhaut b ne l'est que de 18 AU du bord interne de l'anneau de poussières. Après quatre mois d'analyse des données observationnelles concernant la stabilité de l'anneau de poussières, en conjonction avec des modélisations de l'influence de Fomalhaut b sur celui-ci, une estimation de la masse de l'exoplanète a été obtenue. Elle est de 3 fois celle de Jupiter mais ne peut guère la dépasser, sans quoi l'anneau serait distordu et verrait même son existence impossible.
Cliquez pour agrandir. Une vue d'artiste de Fomalhaut b. Crédit : ESA, NASA, and L. Calcada (ESO for STScI)
Remarquablement, la luminosité dans le visible de la planète est anormalement élevée, ce qui suggère l'existence autour d'elle d'un système d'anneaux constitués de glace réfléchissant la lumière, comme dans le cas de Saturne, mais d'une toute autre ampleur !
En revanche, comme une jeune planète géante, elle devrait rayonner assez fortement dans l'infrarouge (IR) puisqu'elle est encore en plein processus de contraction gravitationnelle selon le mécanisme de Kelvin-Helmholtz. Des tentatives d'observations au sol en IR sont en cours. Les renseignements sur la composition de l'atmosphère de cette exoplanètes que l'on en tirerait seraient précieux pour comprendre l'évolution primitive des planètes géantes du système solaire.
Cliquez pour agrandir. Une comparaison entre le système de Fomalhaut et le notre. Crédit : NASA, ESA, and A. Feild (STScI)
Comme Neptune et Uranus, Fomalhaut b est probablement née plus proche de son soleil et a ensuite migré vers l'extérieur par le jeu des interactions gravitationnelles à N corps, donc vraisemblablement avec des plus petites planètes.
Une telle observation est très encourageante car elles nous montrent que la prochaine génération de télescopes dédiée à l'étude des exoplanètes, et qui va bientôt être opérationnelle, ne devrait pas manquer de nous donner rapidement des informations et des images extraordinaires, levant un coin du voile sur notre origine et notre place dans l'Univers.
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LE 18.04.2020: Actualité de l'astronomie / Qu'est-ce que le télescope spatial Hubble a observé le jour de votre anniversaire ?
- Par dimitri1977
- Le 18/04/2020
- Dans Actualité de la météo,de l'astronomie et de la sciences à la une du jour
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Qu'est-ce que le télescope spatial Hubble a observé le jour de votre anniversaire ?
Nathalie Mayer
Journaliste
Des étoiles, des galaxies, des planètes, des nébuleuses. Depuis son lancement le 24 avril 1990, le télescope spatial Hubble a réalisé plus de 1,4 million d'observations. Et pour célébrer avec tous les passionnés d'astronomie ses 30 années de bons et loyaux services à la science, les équipes de la Nasa (États-Unis) ont décidé de sélectionner un cliché en particulier pris chaque jour de l'année.
Check out what the @NASAHubble Space Telescope looked at on my birthday! #Hubble30 https://imagine.gsfc.nasa.gov/hst_bday/january-3 …
Voir les autres Tweets de Nathalie Mayer
Qu’a vu le télescope spatial Hubble le jour de votre anniversaire ? Deux galaxies spirales sous un angle différent, par exemple. À gauche NGC 4302 et à droite NGC 4298. © Nasa
À vous désormais d'entrer la date de votre anniversaire -- le jour et le mois, uniquement -- et de découvrir l'image que Hubble a dévoilé au monde à la date de votre anniversaire -- si vous êtes suffisamment jeune et que vous avez un peu de chance -- ou alors que vous souffliez peut-être vos 10, 18, 30, 40 ou 50 bougies. À partager sans modération sur les réseaux sociaux en utilisant le hashtag #Hubble30.
Pour fêter les 30 ans du télescope spatial Hubble, les astronomes de la Nasa vous offre en cadeau, l’image de votre anniversaire. © Urupong, Adobe Stock
LIEN HUBBLE: https://imagine.gsfc.nasa.gov/hst_bday/january-3