NAINE BRUNE
-
LE 12.05.2020: Actualité de l'astronomie / La naine brune la plus proche de la Terre a des bandes nuageuses comme Jupiter.
- Par dimitri1977
- Le 12/05/2020
- Dans Actualité de la météo,de l'astronomie et de la sciences à la une du jour
- 0 commentaire
La naine brune la plus proche de la Terre a des bandes nuageuses comme Jupiter
Journaliste scientifique
À 6,5 années-lumière de la Terre se trouve Luhman 16, un système binaire constitué des naines brunes les plus proches de nous. Une étude polarimétrique a permis de déterminer que la plus massive des deux possède à sa surface des bandes nuageuses similaires à celles de Jupiter.
Luhman 16 est un système constitué de deux naines brunes découvertes par Kevin Luhman en 2013. Ce système, situé à 6,5 années-lumière de nous, est le troisième plus proche du Système solaire, seulement devancé par le système triple Alpha Centauri (dont Proxima Centauri) et par l'étoile de Barnard. Ceci fait de ces deux membres les naines brunes les plus proches de la Terre. Luhman 16 A et B, de types spectraux L7,5 et T0,5, ont des masses respectives de 33 et 29 fois celle de Jupiter et toutes deux une température d'environ 1.000 °C.
Luhman 16 observé par polarimétrie
Dans un nouvel article, Maxwell A. Millar-Blanchaer et ses collègues décrivent leur étude des deux naines brunes par polarimétrie. Cette technique vise à mesurer la polarisation de la lumière de ces objets. C'est la première fois que cette technique est utilisée pour contraindre la présence, sur des corps situés hors du Système solaire, des structures atmosphériques ne variant pas par rotation, autrement dit des bandes nuageuses telles qu'on peut en trouver sur Jupiter ou sur Saturne. En l'occurrence, les scientifiques ont observé en avril 2018 les deux naines brunes en bande H (proche infrarouge) avec l'instrument NaCo du Very Large Telescope (VLT) pour en mesurer la polarisation linéaire. Ils ont alors comparé les mesures obtenues avec différents modèles : des couches nuageuses solides, des bandes nuageuses ou des naines brunes avec une atmosphère homogène mais plus ou moins aplaties du fait de leur rotation.
Luhman 16 vue par le Wide-field Infrared Survey Imager (Wise) : image large, où les deux naines brunes ne sont pas résolues et par l'Observatoire Gemini, encart avec les deux naines brunes résolues. © Nasa, JPL, Gemini Observatory, AURA, NSF
Des bandes nuageuses sur Luhman 16 A
Les chercheurs ont ainsi pu déterminer que 0,03 % de la lumière de Luhman 16 A est linéairement polarisée. Les modèles excluent que cette polarisation puisse être due à un objet juste aplati, mais les observations sont compatibles avec des modèles à bandes nuageuses. Luhman 16 B, bien que très similaire à sa compagne sur de nombreux points, a néanmoins des conditions météorologiques très différentes. Les observations ont montré qu'elle a, pour sa part, une polarisation linéaire de 0,01 %, ce qui ne permet pas de tirer de conclusion. Luhman 16 B pourrait avoir une forme légèrement aplatie, des bandes nuageuses, ou juste des nuages irréguliers.
Un suivi à venir et une technique qui peut se généraliser
Les auteurs notent que ces observations montrent la morphologie des nuages de ces deux astres à un point donné dans le temps. La variabilité observée dans les mesures de polarisation d'études antérieures montre que la morphologie des nuages peut varier dans le temps. Les auteurs ont par conséquent obtenu des observations de suivi de Luhman 16 en avril 2019 afin de rechercher la variabilité à court et à long terme de la polarisation des naines brunes. Ces données n'ont pas encore été analysées et seront publiées dans une étude de suivi.
Par ailleurs, la technique de polarimétrie ne se limite pas aux naines brunes. Elle peut s'appliquer aussi aux exoplanètes, notamment aux géantes gazeuses chaudes, dont l'atmosphère ressemble à celle des naines brunes. Bien que la mesure d'un signal de polarisation soit plus difficile pour les exoplanètes en raison de leur faible luminosité et de la proximité de leur étoile, les informations obtenues pour les naines brunes peuvent potentiellement éclairer ces futures études. Les télescopes tels que le James-Webb ou le WFIRST (Wide Field Infrared Survey Telescope) seront également utiles pour étudier Luhman 16 et d'autres systèmes pour en apprendre plus sur leurs structures nuageuses.
CE QU'IL FAUT RETENIR
- Luhman 16 est un système binaire constitué des deux naines brunes les plus proches de la Terre.
- En observant ces deux objets par polarimétrie, Maxwell A. Millar-Blanchaer et ses collègues ont pu déterminer que Luhman 16 A, la plus massive des deux naines brunes, a des bandes nuageuses similaires à celles observées sur Jupiter. Par contre, les résultats ne permettent pas encore de tirer de conclusion pour Luhman 16 B.
- Des observations de suivi, qui seront analysées dans une étude à venir, permettront de contraindre la variabilité à court et à long terme de la polarisation de ces objets.
- Cette technique pourra également être utilisée pour étudier la structure nuageuse d'autres naines brunes et d'exoplanètes.
-
LE 17.04.2020: Actualité de l'astronomie / La vitesse des vents d'une naine brune mesurée pour la première fois.
- Par dimitri1977
- Le 17/04/2020
- Dans Actualité de la météo,de l'astronomie et de la sciences à la une du jour
- 0 commentaire
La vitesse des vents d'une naine brune mesurée pour la première fois
la rédaction de Futura
Si, sur Terre, les vents dépassent rarement les 300 km/h, ce n'est pas le cas sur tous les corps célestes. Une nouvelle étude, combinant observations dans l'infrarouge et dans le domaine radio, a permis de mesurer la vitesse du vent sur une naine brune et de déterminer qu'elle y atteint 2.300 km/h.
Les naines brunes sont des corps célestes intermédiaires en masse, entre les planètes géantes gazeuses (comme Jupiter) et les étoiles. Depuis le milieu des années 1990, plusieurs centaines de naines brunes ont été découvertes. Sur Terre ou tout autre corps ayant une surface solide bien identifiée, la vitesse du vent est mesurée par rapport à cette surface. Cependant, les planètes géantes gazeuses et les naines brunes sont composées presque entièrement de gaz, donc il faut utiliser une autre référence.
Dans les couches supérieures de ces corps, les différentes portions de gaz peuvent se déplacer indépendamment. Cependant, en profondeur, la pression est si importante que le gaz tourne d'un seul bloc. C'est la rotation de cette partie, que l'on considère comme l'intérieur de ces corps, qui sert de référence pour mesurer les vents en surface.
Vue d'artiste de 2MASS J10475385+2124234 montrant son champ magnétique et sa surface, qui ont été observés à différentes longueurs d'onde pour déterminer leur période de rotation et, par suite, la vitesse des vents en surface. © Bill Saxton, NRAO / AUI / NSF
De la théorie à la pratique
Dans un article publié dans Science, Katelyn N. Allers, Johanna M. Vos, Beth A. Biller et Peter K. G. Williams décrivent comment ils sont parvenus à mesurer la vitesse du vent sur une naine brune. L'objet étudié, 2MASS J10475385+2124234 (en abrégé 2MASS J1047+21), a une masse estimée entre 16 et 68 fois celle de Jupiter. Situé à 34 années-lumière de nous et d'une température de 600 °C, cet objet brille suffisamment en infrarouge pour que Spitzer, télescope spatial de la Nasa récemment retiré du service, détecte les variations de luminosité de la naine brune au cours de sa rotation. Ces variations permirent à Katelyn Allers et ses collègues de déterminer la période de rotation de la surface de l'objet : 1,741 ± 0,007 heure.
Pour déterminer la vitesse de l'intérieur de 2MASS J1047+21, les chercheurs se sont tournés vers son champ magnétique. Alors que la naine brune tourne, le champ magnétique accélère des particules chargées qui produisent alors des ondes radio que les chercheurs ont détectées avec les radiotélescopes du Karl G. Jansky Very Large Array, au Nouveau-Mexique (États-Unis). Ils ont alors pu déterminer que l'intérieur de la naine brune mettait entre 1,751 et 1,765 heure pour faire un tour sur lui-même.
La différence entre les deux périodes de rotation a permis de déterminer que les vents en surface de 2MASS J1047+21 soufflent vers l'est à une vitesse de 650 ± 310 m/s (2.340 ± 1.116 km/h). À titre de comparaison, les vents les plus rapides du système solaire se trouvent sur Neptune, où ils peuvent dépasser les 2.000 km/h.
Précédents historiques et validation de la méthode
Dans le passé, des scientifiques avaient déjà utilisé Spitzer pour déterminer la présence de vents et estimer leur vitesse sur des exoplanètes et des naines brunes à partir des variations de luminosité de leur atmosphère en infrarouge. Par ailleurs, des observations réalisées avec le spectrographe Harps, installé sur le télescope de 3,6 mètres de l'Observatoire européen austral, à La Silla (Chili), ont permis de mesurer directement la vitesse du vent sur une planète éloignée.
La différence est que, avec la technique de Katelyn Allers et ses collègues, on peut directement comparer la vitesse en surface et à l'intérieur du corps, alors que les méthodes précédentes ne disent rien sur les profondeurs des objets étudiés.
En utilisant des mesures de Jupiter similaires à celles de la naine brune et en les comparant avec des données plus détaillées recueillies grâce aux sondes spatiales, Kateryn Allers et ses collaborateurs ont pu confirmer la validité de leur méthode.
Une technique généralisable
La technique utilisée pour étudier 2MASS J1047+21 pourrait également servir pour en savoir plus sur l'atmosphère de planètes et d'autres corps dominés par le gaz en dehors de notre système solaire. « Nous pensons que cette technique pourrait être très utile pour donner un aperçu de la dynamique des atmosphères exoplanétaires, a déclaré Katelyn Allers. Ce qui est vraiment excitant, c'est de pouvoir apprendre comment la chimie, la dynamique atmosphérique et l'environnement autour d'un objet sont interconnectés, et la perspective d'avoir une vision vraiment complète de ces mondes. ».
-
LE 23.02.2020: Actualité de la météo,de l'astronomie et de la science/ Une énigmatique naine ultrafroide fait une super éruption.
- Par dimitri1977
- Le 23/02/2020
- Dans Actualité de la météo,de l'astronomie et de la sciences à la une du jour
- 0 commentaire
Une énigmatique naine ultrafroide fait une éruption beaucoup plus puissante que le Soleil
Laurent Sacco
Journaliste
Le dépouillement des archives des observations dans le domaine des rayons X par le satellite XMM-Newton a révélé une puissante éruption stellaire survenue en 2008. Surprise, elle provenait d'une naine ultrafroide donc trop petite et trop peu lumineuse en théorie pour produire une éruption plus forte que celles du Soleil en rayons X.
Le 10 décembre 2019, l’ESA a fêté les 20 ans du lancement par la fusée Ariane 5 de XMM-Newton (XMM pour X-Rays multi Mirror Mission). C'est un poids lourd des observations des rayons X dans l'espace. Les caméras du satellite sont parmi les plus sensibles et ses miroirs parmi les plus puissants jamais développés dans le monde de l'astronomie des rayons X. Il a été rejoint dans l'espace tout récemment par le Hubble russe des rayons X, à savoir Spektr-RG (SRG), qui malgré sa dénomination précise « Spectrum-Roentgen-Gamma » n'étudiera pas le ciel gamma. D'ici les années 2030, c'est Athena (Advanced Telescope for High ENergy Astrophysics) qui sera le successeur de XMM-Newton prévu par l'ESA.
On peut penser que même à ce moment-là on continuera à faire des découvertes étonnantes dans les archives des observations de XMM-Newton car c'est précisément ce qui vient d'arriver, comme l'explique une équipe d'astrophysiciens dans un article publié dans le journal Astronomy & Astrophysics. Les chercheurs y annoncent avoir découvert, à leur grande surprise, qu'une naine ultrafroide de type spectral L - donc un astre dont la limite entre le statut d'étoile naine rouge de type M et de naine brune n'est pas toujours très clair - est néanmoins capable de produire l'équivalent des super-éruptions solaires dans le domaine des rayons X.
Une des éruptions solaires vues par SDO. © Nasa Goddard
Des éruptions magnétiques mal comprises ?
La naine L présente dans le catalogue des observations de XMM-Newton sous le numéro J0331-27, malgré une masse de seulement 8 % environ de celle du Soleil et une température de surface de 2.100 K par rapport à environ 6.000 K sur le Soleil, a tout de même tellement brillé en rayons X le 5 juillet 2008 qu'en quelques minutes elle a libéré plus de dix fois plus d'énergie que les éruptions similaires les plus intenses connues avec le Soleil. « C'est la partie scientifique la plus intéressante de la découverte, car nous ne nous attendions pas à ce que les étoiles naines L stockent suffisamment d'énergie dans leurs champs magnétiques pour provoquer de telles explosions », explique dans un communiqué de l'ESA l'astrophysicien Beate Stelzer, de l'Institut für Astronomie und Astrophysik Tübingen (Allemagne), et de l'Inaf - Osservatorio Astronomico di Palermo (Italie), qui faisait partie de l'équipe derrière cette découverte.
Une présentation des éruptions solaires. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © Nasa Goddard
Les astrophysiciens n'ont pas pour le moment d'explication à ce phénomène qui doit sans doute relever en partie de celle fournie pour les éruptions solaires avec la reconnexion des lignes de champs magnétiques (voir à ce sujet la vidéo ci-dessus). Mais il faut dire que l'on est ici dans le cas de ce qu'on appelle une naine ultrafroide, pas loin du seuil de masse où il n'est pas simple parfois de pouvoir dire si l'on est en présence d'une étoile sur la séquence principale, bien que de très faible masse, ou dans le cas d'une naine brune produisant très temporairement de l'énergie par des réactions de fusion thermonucléaire de son contenu en deutérium.
La frontière entre naine rouge et naine brune
Ainsi, prédites théoriquement pendant les années 1960, les premières naines brunes ont été observées au milieu des années 1990. Ces astres trop massifs pour être des géantes gazeuses, comme Jupiter, doivent leur nom à Jill Tarter, une exobiologiste connue pour être l'une des figures de proue de Seti.
Les astrophysiciens s'accordent souvent pour dire que ce qui différencie une étoile d'une naine brune est le fait qu'elle est suffisamment massive pour que des réactions de fusion thermonucléaire durables s'y enclenchent, comme celles décrites par la chaîne proton-proton ou le cycle de Bethe-Weizsäcker. On trouve alors des masses comprises entre 75 et 80 fois la masse de Jupiter (MJ), c'est-à-dire un seuil d'environ 0,07 masse solaire au-dessus duquel on est bien en présence d'une étoile au sens ordinaire du terme. J0331-27 avec une masse de seulement 8 % environ de celle du Soleil ne serait donc pas une naine brune.
En ce qui concerne le critère de distinction entre une géante gazeuse et une naine brune, les scientifiques utilisent généralement le seuil de 13 MJ. Des réactions de fusion temporaires, en l'occurrence celle du deutérium, peuvent alors se produire, comme celle du lithium à partir de 65 MJ. Pour des naines brunes assez massives, on considère aussi que la pression qui s'oppose à la contraction de l'astre a une origine physique différente de celle que l'on trouve dans une géante gazeuse. Le phénomène qui entre en jeu est similaire à celui qui existe dans les naines blanches, à savoir la pression de dégénérescence d'un gaz d'électrons.