Actualité Météorologie, Astronomie
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Actualité de l'astronomie du 29.12.2020 / Des astronomes ont déterré « une relique stellaire » qui raconte le passé de la Voie lactée.
- Par dimitri1977
- Le 29/12/2020
- Dans Actualité de la météo,de l'astronomie et de la sciences à la une du jour
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Des astronomes ont déterré « une relique stellaire » qui raconte le passé de la Voie lactée
Nathalie Mayer
Journaliste
Publié le 29/12/2020
Les archéologues ne sont pas les seuls à fouiller le monde à la recherche de traces du passé. Les astrophysiciens le font aussi. Et cette fois, c'est en direction du centre de la Voie lactée qu'ils ont débusqué un fragment fossile qui pourrait bien les aider à raconter l'histoire de notre Galaxie.
Plus de 40 ans que les astronomes voyaient en Liller 1 un amas globulaire un peu comme les 150 autres qu'abrite la Voie lactée. Il lui voyait tout de même une particularité. Liller 1 est quasiment situé dans le plan galactique, à proximité du centre de notre Galaxie. Mais aujourd'hui, des chercheurs de l’université de Bologne (Italie) affirment qu'il constitue en réalité ce qui reste de l'un des amas stellaires géants qui, il y a environ 12 milliards d'années, ont fusionné pour former le renflement central de la Voie lactée.
“Une relique stellaire“
« Nos résultats montrent sans équivoque que Liller 1 est bien plus complexe qu'un simple amas globulaire. C'est une relique stellaire », raconte Francesco Ferraro, astronome, dans un communiqué de l’université de Bologne. Un fragment fossile du bulbe galactique « dans lequel est imprimée l'histoire de la formation de la Voie lactée. »
Il y a quelques années déjà, ces mêmes chercheurs avaient montré que les caractéristiques de Terzan 5 ne correspondaient pas à celles d'un amas globulaire. Une curieuse anomalie, à cette époque. Mais avec la découverte faite sur Liller 1 aujourd'hui, les astronomes semblent bien montrer qu'il existe une classe de systèmes stellaires qui n'avait pas encore été identifiée jusqu'à présent.
Sur cette image, les localisations de Terzan 5 et de Liller 1, au cœur de la Voie lactée. © F.R. Ferraro, C. Pallanca, Université de Bologne
Relire l’histoire de la Voie lactée
C'est grâce à une combinaison de données de l'observatoire Gemini South (Chili) et du télescope spatial Hubble que cette découverte a été rendue possible aujourd'hui dans l'une des régions les plus opaques de la Voie lactée. Une région dans laquelle d'épais nuages de poussière rendent la lumière des étoiles jusqu'à 10.000 fois plus faible qu'elle ne l'est en réalité. « Les images combinées de Gemini et d'Hubble nous ont fourni une vue claire et détaillée sur les étoiles de Liller 1 », confirme Cristina Pallanca, astronome à l'université de Bologne.
Ce qui a étonné les chercheurs, c'est qu'au sein de ces structures -- Liller 1 et Terzan 5 -- cohabitent deux populations stellaires très différentes. Des étoiles très anciennes d'une part. Formées il y a environ 12 milliards d'années. Et des étoiles beaucoup plus jeunes d'autre part. D'un âge compris entre 1 et 2 milliards d'années pour Liller 1 et d'environ 4,5 milliards d'années pour Terzan 5. « Des populations riches en fer et concentrées dans les régions centrales, conformément à un scénario d'auto-enrichissement », explique Barbara Lanzoni, chercheur. De quoi prouver, donc, que ces structures se sont formées au moment de la formation de la Voie lactée et qu'elles ont pu, par la suite, déclencher des évènements de formation d'étoiles.
VOIR AUSSIGalaxie : la généalogie de la Voie lactée révèle une grosse surprise
« Maintenant, nous devons continuer à creuser encore plus profondément. Grâce à ces "découvertes fossiles", nous pouvons enfin commencer à lire l'histoire de la Voie lactée. Et qui sait, peut-être devrons-nous repenser nos connaissances sur la formation du bulbe galactique », conclut Francesco Ferraro.
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Actualité de l'astronomie du 28.12.2020 / l'astronaute européen Matthias Maurer nous parle de sa future mission à bord de la Station spatiale.
- Par dimitri1977
- Le 28/12/2020
- Dans Actualité de la météo,de l'astronomie et de la sciences à la une du jour
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Cosmic Kiss : l'astronaute européen Matthias Maurer nous parle de sa future mission à bord de la Station spatiale
Rémy Decourt
Journaliste
Publié le 24/12/2020
En 2021, deux astronautes européens séjourneront à bord de la Station spatiale internationale. Après Thomas Pesquet qui s'envolera au printemps 2021, Matthias Maurer rejoindra le complexe orbital à l'automne 2021. Il prendra la suite du Français pour une mission d'une durée d'au moins six mois. Aux États-Unis pour s'entraîner, Matthias Maurer nous parle de sa mission et comment elle va aider le retour de l'Homme sur la Lune et préparer les voyages à destination de Mars.
Alors que Thomas Pesquet se prépare pour sa seconde mission à bord de la Station spatiale internationale, sa doublure, l'astronaute européen de nationalité allemande Matthias Maurer a officiellement été désigné pour un premier vol en 2021. Originaire du Saarland dans le sud-ouest de l'Allemagne, Matthias Maurer est issu de la même promo que Thomas Pesquet. Très francophile, il est, entre autres, diplômé en sciences des matériaux de l'EEIGM de Nancy.
Son départ est prévu à l'automne 2021 pour une mission d'une durée d'environ six mois durant lesquels il réalisera des travaux scientifiques et des opérations pour le compte de chercheurs et de partenaires internationaux du monde entier. Il rejoindra le complexe orbital à bord d'un véhicule Crew Dragon de SpaceX en compagnie des astronautes de la Nasa, Raja Chari et Thomas H. Marshburn. Il sera alors le second astronaute européen à voler à bord d'un véhicule commercial.
Cosmic Kiss, la première mission de Matthias Maurer à bord de la Station spatiale Internationale. © ESA
Une mission baptisée « le baiser cosmique »
Matthias Maurer décrit sa mission, baptisée « le baiser cosmique » (Cosmic kiss en anglais), comme une « déclaration d'amour pour l'espace ». Ce baiser cosmique « symbolise le lien particulier que la station établit entre les habitants de la Terre et le cosmos », explique-t-il. « Il traduit également la valeur du partenariat dans l'exploration de la Lune et de Mars, ainsi que la nécessité de respecter, de protéger et de préserver la nature de notre Planète, alors que nous sommes en quête d'un avenir durable sur Terre. »
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Il y a avant tout le grand rêve de voler dans l’espace, de voir la Terre de l’extérieur et de voir le monde dans sa globalité
« Il y a avant tout le grand rêve de voler dans l'espace, de voir la Terre de l'extérieur et de voir le monde dans sa globalité toutes les 90 minutes, de flotter tout librement, sans gravité. C'est la combinaison de tout cela qui me motive à aller dans l'espace. » Dans le cadre de cette mission, Matthias Maurer réalisera une très grande variété d'expériences scientifiques à caractère médical et scientifique qui toucheront de nombreux domaines, comme les sciences de la vie, la santé, la croissance des plantes, la mécanique des fluides, le comportement des matériaux ainsi que la démonstration de nouvelles technologies et la réalisation de programmes à destination des communautés universitaires et scolaires. Certaines de ces expériences serviront à préparer les prochaines étapes de l'exploration qui mèneront les Hommes sur La Lune et Mars.
Le saviez-vous ?
Lors de son temps libre à bord de la Station spatiale, Matthias Maurer a prévu de réaliser des activités dont certaines seront partagées sur les réseaux sociaux. Deux lui tiennent particulièrement à cœur. Après ses études, l’astronaute a réalisé un tour du monde et souhaite « photographier depuis l’espace chaque étape réalisée et les mêmes lieux visités lors de ce tour du monde ». Enfin, « rendre la pareille » à Lucas Parmitano qui a été le premier DJ de l'espace, le temps d'un court set destiné à une nuit électro organisée sur un bateau de croisière à Ibiza. « À l’époque j’étais en soutien au sol. »
Sans surprise, les expériences liées à la physique des matériaux intéresseront particulièrement Matthias Maurer, qui a étudié la science et le génie des matériaux dans quatre universités européennes. Et notamment celles qui lui permettront de « développer de nouveaux matériaux et alliages plus performants » avec des retombées très concrètes sur Terre. « Ils pourront être utilisés dans la construction de moteurs d'avions et de voitures afin de les rendre plus légers, avec à la clé une consommation d'énergie pour les faire fonctionner. »
Préparer l'Homme à vivre et travailler en autonomie dans l'espace
La santé des astronautes est un sujet de préoccupation majeur et plusieurs expériences médicales et physiologiques sont prévues pour préparer au mieux les futurs voyages à destination de la planète Mars. Malgré la multitude d'expériences sur les effets de la microgravité sur la santé des astronautes déjà réalisées, il faut savoir que ces expériences prennent beaucoup plus de temps que celles menées sur Terre. Elles durent en général entre trois et cinq ans, car il faut récolter les données de plusieurs astronautes si l'on veut obtenir un résultat significatif au niveau statistique. D'où la répétition des expériences médicales d'une mission à une autre. C'est notamment vrai pour le risque d'ostéoporose, une maladie qui entraîne une détérioration de la densité et de la force des os et qui peut « constituer un obstacle majeur aux vols de longue durée, notamment ceux à destination de Mars ». Aujourd'hui, les mesures préconisées pour prévenir et contenir ce risque « pourraient ne pas s'avérer suffisantes », rappelle Matthias Maurer, et donc « le risque de se fracturer un membre une fois arrivé à destination est bien réel ».
D'autres voies sont à l'étude pour élaborer de nouvelles contre-mesures, voire de nouveaux traitements, en « complément des traditionnels exercices physiques qui rythment l'activité quotidienne des astronautes à bord de l'ISS », par exemple « une meilleure alimentation ». L'absence de gravité a aussi des « effets indésirables sur la vue des astronautes » qui peut se traduire par « une perte d'une partie de leur vision ». Lors de son premier séjour à bord de l'ISS, Thomas Pesquet avait reconnu ressentir que sa vue avait diminué dans l'ISS. Ces problèmes de vision sont pris très au sérieux en prévision des voyages à destination de Mars. Dans les cas les plus extrêmes, le « risque est qu'un astronaute arrive aveugle à destination ». N'oublions pas que les études menées pour la santé des astronautes et les efforts de recherche « contribuent et contribueront toujours, à prévenir et à traiter l'ostéoporose sur Terre et les myopathies par exemple ».
Matthias Maurer : « Contrairement à Elon Musk qui croit que notre futur est dans l’espace et semble convaincu que la Terre est condamnée et souhaite que l’Homme devienne une civilisation spatiale et une espèce multiplanétaire, je pense, au contraire, que notre Planète doit rester notre lieu de vie et qu’il faut la préserver. Cette conquête de l'espace ne doit pas se faire avec l'objectif de trouver une Terre de substitution. Mars ne sera pas notre deuxième planète. La nôtre est là, menacée par nos activités, et il faut faire en sorte de la protéger. Néanmoins, je suis d’accord avec lui sur d’autres points. Nous devons devenir une espèce multiplanétaire car il y a tellement à apprendre dans l’espace. Mais aller dans l’espace, ce n’est pas simple et il faut maîtriser une technologie plus avancée qu’elle ne l’est aujourd’hui. Selon moi, la stratégie de SpaceX qui s’appuie sur la réutilisation est la bonne si l’on veut vraiment explorer l’espace. » © ESA, P. Carril
Pour vivre et travailler sur la Lune et Mars, voire sur un astéroïde, la maîtrise d'un certain nombre de nouvelles technologies sera nécessaire, dont celles qui nous permettront d'exploiter et d'utiliser les ressources in situ. Dans ce contexte, le programme Artemis de la Nasa, qui prévoit l'installation d'un camp de base au pôle Sud, sera riche d'enseignement. « Il déterminera l'avenir de l'exploration humaine ! » Si sur la Lune on ne « parvient pas à démontrer qu'il est possible d'utiliser les ressources lunaires pour soutenir une présence humaine, aucune agence spatiale ne s'engagera dans un voyage humain à destination de Mars ». Une des expériences que réalisera Matthias Maurer doit démontrer que l'on peut construire des infrastructures en dur, à partir du régolithe lunaire. « On souhaite démontrer que du régolithe lunaire peut être à la base de la fabrication additive qui, aujourd'hui, utilise essentiellement des polymères. »
Pour pouvoir vivre en autonomie sur la Lune et sur Mars, il sera également nécessaire de recycler au maximum l'air, les déchets et l'eau. À bord de l'ISS, l'eau consommée est issue à 80 % du recyclage de la transpiration, des urines et autres eaux souillées. Pour améliorer ce taux, une expérience doit « permettre d'améliorer le taux de recyclage de l'air et de l'eau à bord de l'ISS et nous souhaitons bientôt arriver à 92 % ». Cette technologie développée pour l'ISS est aussi de nature à améliorer la qualité de vie sur Terre en « l'adaptant pour le recyclage des eaux dans les régions terrestres qui en manquent, voire pour des systèmes de purification ».
Les astronautes européens Matthias Maurer et Thomas Pesquet devant l'étage principal et réutilisable d'un Falcon 9 de SpaceX. © ESA
Un entraînement a minima pour voler à bord du Crew Dragon et préserver ses secrets
Sans surprise, l'entraînement des astronautes pour voler à bord du Crew Dragon est « très différent de celui nécessaire pour Soyouz ». En raison de la conception du Soyouz, qui date de la fin des années 1960, l'apprentissage à son utilisation « était très mécanique, car un vol Soyouz peut être manuel de A à Z si nécessaire ». A contrario, la préparation au Crew Dragon est plutôt de type « logiciel ». On passe d'une époque à une autre « où il nous faut apprendre quoi faire quand un logiciel "bugue", plutôt qu'à savoir comment piloter un véhicule à partir d'une multitude de boutons ». La période d'entraînement est aussi plus courte. « À bord de Crew Dragon c'est la technologie qui fait tout ! », au point que le pilote ne « pilote pas vraiment, se contentant de surveiller et confirmer les décisions de l'ordinateur de bord. »
Thomas Pesquet et Matthias Maurer seront de « simples » passagers à bord du Crew Dragon. Cela peut surprendre, mais les entreprises SpaceX et Boeing souhaitent initialement se concentrer sur le succès des missions et « éviter la bureaucratie autour des questions de transfert de technologies aux étrangers et d'exposition de secrets industriels » que les deux astronautes auraient pu approcher dans le cadre d'exercices plus poussés, comme ceux nécessaires pour devenir pilote ou commandant de bord.
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Actualité de l'astronomie du 28.12.2020 / Solar Orbiter : que nous disent les premiers résultats sur la physique du Soleil ?
- Par dimitri1977
- Le 28/12/2020
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Solar Orbiter : que nous disent les premiers résultats sur la physique du Soleil ?
Adrien Coffinet
Journaliste scientifique
Publié le 24/12/2020
Les derniers résultats de Solar Orbiter montrent que la mission établit les premiers liens directs entre les événements à la surface du Soleil et ce qui se passe dans l'espace interplanétaire autour de la sonde. Ils donnent également de nouvelles perspectives sur les « feux de camp » solaires, la météorologie spatiale et les comètes en désintégration.
Les scientifiques de Solar Orbiter sont contents et ont de quoi l'être au vu des résultats obtenus avec la sonde de l'Agence spatiale européenne, lancée le 10 février dernier.
Solar Orbiter a dix instruments scientifiques répartis en deux groupes : six télescopes de télédétection, qui regardent le Soleil et sa couronne, ainsi que quatre instruments in situ, qui mesurent pour leur part les particules de vent solaire autour de la sonde ainsi que ses champs magnétique et électrique. Le 15 juin, la sonde a effectué son premier passage au plus près du Soleil, à seulement 77 millions de kilomètres, presque deux fois plus près de notre étoile que la Terre. Ses instruments ont alors enregistré des données.
Du vent solaire, des feux de camp et une comète
Les données de Solar Orbiter ont permis de déterminer la région source du vent solaire qui frappe la sonde et d'identifier cette « empreinte » dans les images de télédétection. Dans un exemple étudié en juin 2020, l'empreinte est vue au bord d'une région appelée « trou coronal », où le champ magnétique du Soleil atteint l'espace, permettant au vent solaire de circuler. Cette cartographie est la plus précise qui a pu être faite à ce jour.
Solar Orbiter a également obtenu de nouvelles informations sur les « feux de camp » du Soleil, de minuscules éruptions à la surface de notre étoile. L'existence de ces éruptions était pressentie depuis longtemps, mais il n'y avait jusqu'à présent aucun moyen de voir des événements aussi petits. C'est important car on suppose que ces nanoéruptions sont responsables du chauffage de la couronne solaire. Les données de l'instrument Spice (Spectral Imaging of the Coronal Environment) de Solar Orbiter, conçu pour révéler la vitesse du gaz à la surface du Soleil, a montré qu'il existe effectivement des événements à petite échelle dans lesquels le gaz se déplace à une vitesse significative, mais la recherche d'une corrélation avec les feux de camp n'a pas encore été faite.
Image à haute résolution, prise par l'Extreme Ultraviolet Imager (EUI) de Solar Orbiter, avec le télescope HRIEUV le 30 mai 2020. Le cercle en bas à gauche représente la Terre à l'échelle. La flèche montre un des « feux de camp » repérés à la surface du Soleil. © Solar Orbiter/EUI Team/ESA & Nasa; CSL, IAS, MPS, PMOD/WRC, ROB, UCL/MSSL
Outre les objectifs scientifiques prévus de Solar Orbiter, la sonde a été utile pour des études fortuites. Peu de temps après le lancement de la sonde, il a été remarqué qu'elle traverserait les deux queues de la comète C/2019 Y4 (Atlas). Solar Orbiter n'a pas été conçue pour une telle rencontre, mais les experts de la mission ont veillé à ce que tous les instruments in situ l'enregistrent. La comète s'est désintégrée avant que la sonde ne s'en rapproche, mais heureusement ça n'a pas empêché Solar Orbiter de voir des signatures dans les données de la comète Atlas. Cependant, au lieu d'un fort croisement de queue unique, la sonde a détecté de nombreux épisodes dans les données magnétiques, ainsi que de la poussière irrégulière, probablement libérée de l'intérieur de la comète lorsqu'elle s'est divisée en de nombreux petits morceaux.
Météo spatiale furtive
Solar Orbiter a mesuré le vent solaire pendant une grande partie de son temps dans l'espace, enregistrant un certain nombre d'éjections de particules du Soleil. Le 19 avril, une éjection de masse coronale (ÉMC) particulièrement intéressante, partie du Soleil le 14 avril, a balayé Solar Orbiter alors qu'elle était à environ 120 millions de kilomètres de notre étoile. Cet événement a été aussi observé par la sonde BepiColombo, qui se trouvait alors près de la Terre, et l'observatoire solaire Stereo, qui était alors environ 90 degrés « derrière » la Terre sur son orbite et regardait directement à travers la zone de l'espace que l'ÉMC a traversée. De son côté, l'observatoire solaire Soho, à 1,5 million de kilomètres de la Terre en direction du Soleil, l'a à peine enregistrée. Cela place l'événement du 19 avril dans une classe rare d'événements météorologiques spatiaux appelés ÉMC furtives.
Détections multipoints d'une éjection de masse coronale. © ESA
Dans les années à venir, les opportunités de la science multipoint, c'est-à-dire basée sur des observations depuis plusieurs points, augmenteront. Solar Orbiter fera ainsi, par exemple, des mesures conjointes avec la sonde solaire Parker de la Nasa, cette dernière effectuant des mesures in situ depuis l'intérieur de l'atmosphère solaire tandis que Solar Orbiter prendra des images de la même région, donnant ainsi à la fois les détails et une vue d'ensemble.
En 2022, Solar Orbiter se rapprochera à moins de 48 millions de kilomètres de la surface du Soleil, soit plus de 20 millions de kilomètres plus près qu'en 2021.
CE QU'IL FAUT RETENIR
La sonde européenne Solar Orbiter, lancée en février dernier, établit les premiers liens directs entre les événements à la surface du Soleil et ce qui se passe dans l'espace interplanétaire autour de la sonde.
La sonde a également étudié le vent solaire, de toutes petites éruptions solaires baptisées « feux de camp », la météorologie spatiale ainsi que la désintégration d'une comète.
Solar Orbiter effectue certaines de ces mesures de façon conjointe avec d'autres sondes, un bel exemple de développement de la science multipoint.
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Actualité de l'astronomie du 28.12.2020 / En vidéo, les « sept minutes de terreur » qui attendent le rover Perseverance à son arrivée sur Mars.
- Par dimitri1977
- Le 28/12/2020
- Dans Actualité de la météo,de l'astronomie et de la sciences à la une du jour
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En vidéo, les « sept minutes de terreur » qui attendent le rover Perseverance à son arrivée sur Mars
Xavier Demeersman
Journaliste
Publié le 26/12/2020
Dans moins de deux mois, le vaisseau transportant le nouveau grand rover de la Nasa Perseverance et le révolutionnaire Mars Helicopter Ingenuity va entrer dans l'atmosphère de Mars pour les déposer en douceur sur leur site d'exploration. Un moment où toutes les équipes de la mission retiendront leur souffle.
L'arrivée du rover Perseverance à la surface de Mars en quête de traces de vie anciennes ou actuelles sera un des plus grands moments de 2021. Une mission, rappelons-le, très ambitieuse tant sur le plan de la recherche en exobiologie, météorologie, environnement extraterrestre que celui de la préparation de l'installation des premiers êtres humains sur une autre planète.
VOIR AUSSIMars : des lacs étaient salés et probablement favorables à la vie
Pour l'instant, le super-rover à la pointe des technologies (célébré par le Time magazine, on en parle ici), encapsulé dans le vaisseau qui le conduit jusqu'à la Planète rouge, vogue paisiblement dans l'espace interplanétaire à une vitesse de quelque 85.000 km/h ! Les trois quarts de son voyage sont déjà accomplis (77 % ce 24 décembre) et il ne lui reste plus que 56 jours de vol (108 millions de kilomètres) avant d'apercevoir la terre rouge... Comme prévu, ce sera donc le 18 février que la machine va atterrir à l'intérieur du cratère Jezero, une destination bien entendu sciemment choisie par les équipes scientifiques de la mission pour son habitabilité passée, il y a plus de trois milliards et demi d'années, quand il faisait plus chaud à la surface de ce monde.
Le rover Perseverance dans les griffes du Sky Crane qui le transporte jusqu'à son site d'atterrissage prévu, le cratère Jezero. © Nasa, JPL-Caltech
Sept minutes de terreur !
Comme tous les engins qui veulent toucher le sol de Mars, Perseverance va devoir atterrir en douceur, et ainsi passer d'une vitesse de croisière supérieure à 50.000 km/h à zéro en très peu de temps. La méthode choisie pour cette séquence nommée EDL (entry, descent, and landing) est pratiquement la même que celle employée pour Curiosity, en août 2012. Elle a fait ses preuves.
La très belle animation ci-dessus présente l'enchaînement des différentes actions qui se dérouleront le jour J. Le moment le plus tendu sera bien sûr celui où la capsule plongera dans l'atmosphère jusqu'au terminus au sol quelques minutes plus tard. Un moment crucial pour la mission que la Nasa appelle, à juste titre, « sept minutes de terreur ! » (ici condensées en trois minutes dans la vidéo). Comme le centre de contrôle de Mars 2020 est sur Terre, à des centaines de millions de kilomètres de là, soit une dizaine de minutes-lumière, toutes les actions ont donc été orchestrées à l'avance et le cerveau du vaisseau n'aura plus qu'à jouer la partition qu'on lui aura transmise.
Déposé en douceur par le Sky Crane, Perseverance touche le sol de Mars. © Nasa, JPL-Caltech
Les principales étapes de l’atterrissage de Mars 2020
0:28 : Mars est en vue ! La capsule se sépare de son enveloppe de panneaux solaires.
0:40 : Le vaisseau qui transporte Perseverance entre dans l'atmosphère martienne. Il doit passer de 20.000 km/h à presque zéro en quelques minutes.
0:54 : Solidement attaché, le rover et son vaisseau sont conçus pour résister aux vibrations au cours de son voyage et la manœuvre périlleuse de la séquence EDL.
1:05 : le cratère Jezero n'est plus très loin. Le parachute supersonique est ouvert. Maintenant, la descente peut se faire à une vitesse réduite.
1:26 : la capsule s'ouvre, le rover a les pieds dans le vide. Quelques instants plus tard, l'engin qui va le porter se détache du vaisseau, lequel va aller s'écraser des centaines de mètres plus bas.
Aussitôt largué, le SkyCrane a allumé ses rétrofusées. C'est parti pour une petite balade au-dessus de la région où doit atterrir Perseverance.
2:03 : quand la zone d'atterrissage est en vue, à l'intérieur d'une ellipse de huit kilomètres, l'engin-porteur descend le rover avec les filins.
2:08 : quand Perseverance touche le sol, les filins sautent aussitôt. Le SkyCrane s'éloigne pour aller s'échouer dans un endroit qui ne met pas en danger le rover.
Perseverance est livré. Reste plus ensuite qu'à vérifier que tout est en état de fonctionnement. Puis viendront les premières images de son environnement, mais aussi de lui-même, afin de l'ausculter visuellement. Puis les premiers tours de roue, les premières mesures météo, le déploiement du petit hélicoptère révolutionnaire qui l'accompagne, etc.
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Actualité de l'astronomie du 20.12.2020 / Cette exoplanète « excentrique » met les astronomes sur la piste de l'introuvable planète 9.
- Par dimitri1977
- Le 20/12/2020
- Dans Actualité de la météo,de l'astronomie et de la sciences à la une du jour
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Cette exoplanète « excentrique » met les astronomes sur la piste de l'introuvable planète 9
Nathalie Mayer
Journaliste
Publié le 14/12/2020
Pour expliquer les orbites chaotiques de planètes naines aux confins du Système solaire, les astronomes envisagent depuis plusieurs années l'existence d'une « planète 9 ». Elle échappe toutefois toujours aux observations. Mais aujourd'hui, les chercheurs ont mis la main sur une exoplanète dont le comportement se rapproche de celui théorisé pour la « planète 9 ». De quoi apporter un peu plus de crédibilité à l'hypothèse.
Aux confins de notre Système solaire se joue une histoire étrange. Une série de planètes naines naviguent sur des orbites perturbées. Pour expliquer le phénomène, les astronomes ont avancé l'idée de l'existence dans la région d'une « planète 9 ». Une planète de 10 fois plus grande que la Terre, se déplaçant sur une orbite très excentrique. Mais qui reste hypothétique, car échappant toujours à toute observation.
Aujourd'hui, l'histoire pourrait avoir fait un pas vers son dénouement. Grâce à des données extrêmement précises recueillies par le télescope spatial Hubble et par la mission Gaia, des astronomes semblent avoir mis la main sur une exoplanète qui se comporte comme ils imaginent que la fameuse « planète 9 » pourrait le faire.
Elle porte le nom de HD 106906 b. Elle a été découverte en 2013, à 336 années-lumière de la Terre, du côté de la constellation de la Croix du Sud. Sa masse est estimée à quelque 11 fois celle de Jupiter. Ce qui est bien plus que la masse supposée de la « planète 9 ».
Ce qui rapproche cette exoplanète de la mystérieuse inconnue de notre Système solaire, c'est qu'elle orbite à une distance de sa paire d'étoiles hôtes de 737 unités astronomiques, soit 737 fois la distance entre la Terre et le Soleil ou 25 fois la distance entre Neptune et le Soleil ! Et les chercheurs montrent aujourd'hui que son orbite se révèle en plus très inclinée -- d'un angle compris entre 36 et 44° --, très excentrique -- avec une période de pas moins de 15.000 ans -- et externe au disque de débris qui entourent lesdites étoiles. De quoi montrer que l'hypothèse de la « planète 9 » est possible. Que de telles planètes éloignées peuvent exister et se former dans les 10 premiers millions d'années de la vie d'une étoile.
Cette image du télescope spatial Hubble montre une orbite possible de l’exoplanète baptisée HD 106906 b, en dehors du disque de débris circumstellaires — l’équivalent de notre ceinture de Kuiper — de son système. Ce disque est, lui-même, déformé, sans doute par des tiraillements gravitationnels induits par la planète. © Nasa, ESA, Meiji Nguyen/UC Berkeley, Robert De Rosa/ESO et Paul Kalas/UC Berkeley et SETI Institute
Le jeu des interactions gravitationnelles
Pour expliquer la configuration actuelle du système HD 106906, les astronomes se reposent sur des images obtenues par l'imageur de planètes Gemini (Chili) du disque de débris entourant les étoiles hôtes de l'étonnante exoplanète. Ils avancent que celle-ci a dû se former bien plus près de ses étoiles. À seulement trois fois la distance Terre-Soleil. Puis « quelque chose s'est produit très tôt -- des interactions gravitationnelles propres au système stellaire binaire -- qui a projeté la planète vers l'extérieur avant que des étoiles de passage -- les astronomes ont identifié trois candidates probables -- stabilisent son orbite et l'empêche de quitter son système d'origine », explique Paul Kalas, chercheur à l'université de Californie, dans un communiqué.
“ Comme une machine à remonter le tempshttps://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/exoplanete-cette-exoplanete-excentrique-met-astronomes-piste-introuvable-planete-9-84684/?fbclid=IwAR2il-TVQ9IBtWBh2HdfcQONn76RKMfeD2HpQVkpwdLYwmVjTKHR4Rz4_UY&utm_content=buffer04f4b&utm_medium=social&utm_source=facebook.com&utm_campaign=futura “
« C'est un peu comme si nous étions face à une machine à remonter le temps, qui nous permet de voir ce qui aurait pu se passer dans notre jeune Système solaire », ajoute-t-il dans le communiqué de l'équipe du télescope spatial Hubble. Des interactions avec Jupiter auraient en effet pu éjecter une planète vers l'extérieur. Mais avec une telle force qu'elle se serait probablement retrouvée à errer dans l'espace, comme une planète vagabonde. Sans l'intervention d'étoiles de passage qui pourrait l'avoir stabilisée sur une orbite éloignée de celles de toutes les planètes du Système solaire pour la muer en « planète 9 ».
« Si une planète se cache derrière les perturbations observées sur les orbites des objets transneptuniens, elle doit avoir une orbite excentrique inclinée par rapport au plan du Système solaire », confirme Robert De Rosa, membre de l'équipe de l'Observatoire européen austral (Chili). Les astronomes attendent désormais avec plus d'impatience encore, les données que pourra fournir sur HD 106906 b, le futur télescope spatial James Webb.
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Actualité de l'astronomie du 20.12.2020 / Des E.T autour de Proxima Centauri ? Une technosignature extraterrestre potentielle a été trouvée par Seti.
- Par dimitri1977
- Le 20/12/2020
- Dans Actualité de la météo,de l'astronomie et de la sciences à la une du jour
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Des E.T autour de Proxima Centauri ? Une technosignature extraterrestre potentielle a été trouvée par Seti
Laurent Sacco
Journaliste
Publié le 20/12/2020
Il y a quelques années, le milliardaire Yuri Milner a lancé le projet Breakthrough Initiative qui se décline sous deux formes en rapport avec un financement sur 10 ans à hauteur de 92 millions d'euros du programme Seti. La première, et la plus importante, le Breakthrough Listen, consiste à tenter de détecter des émissions de civilisations E. T. dans le domaine radio. Le Breakthrough Listen a fait une détection très intrigante, mais il va falloir attendre un peu pour en savoir plus et il faut garder la tête froide.
Gageons que cela va être l'un des buzz de cette fin d'année 2020 et qu'il reviendra sur le devant de la scène au début de l'année 2021. Des membres du programme Seti, plus précisément du projet Breakthrough Listen financé par le milliardaire Yuri Milner (cofondateur et actuel président du fonds d'investissement russe Digital Sky Technologies, DST, spécialisé dans l'Internet) ont visiblement laissé fuiter une information qui a été révélée par le très réputé journal britannique The Guardian.
Elle a depuis été confirmée par deux articles dans Scientific American et National Geographic. Des signaux radios ayant passé une première batterie de filtres pour exclure des phénomènes naturels ont été captés lors d'observations effectuées entre avril et mai 2019 par des membres du Breakthrough Listen à l'aide du radiotélescope de l'observatoire australien Parkes. Ils semblent venir de l'étoile Proxima Centauri et la source qui l'a émise a été baptisée BLC-1 pour "Breakthrough Listen Candidate 1".
Les exobiologistes du Breakthrough Listen devraient publier au moins un papier à ce sujet l'année prochaine. Si on en croit les faits révélés par les articles, les signaux détectés ont des propriétés que l'on s'attend surtout à voir avec des technosignatures.
« On parle beaucoup de sensationnalisme avec Seti. La raison pour laquelle nous sommes si enthousiastes à propos de Seti, et pourquoi nous y consacrons nos carrières, est la même raison pour laquelle le public est si passionné par ce sujet. C'est à propos des extraterrestres! C'est génial! » explique Andrew Siemion, chercheur principal du Breakthrough Listen, dans l'article de National Geographic.
Une vidéo pour la promotion de la recherche de civilisations E. T. dans l'univers via notamment le projet Breakthrough Listen financé sur 10 ans à hauteur de 100 millions de dollars (environ 92 millions d'euros), soit trois fois plus que ce qu’avait déjà fait Paul Allen, le cofondateur de Microsoft avec Bill Gates. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle avec deux barres horizontales en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître, si ce n'est pas déjà le cas. En cliquant ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, vous devriez voir l'expression « Traduire les sous-titres ». Cliquez pour faire apparaître le menu du choix de la langue, choisissez « Français », puis cliquez sur « OK ». © Breakthrough Initiatives, YouTube
Une technosignature, oui mais laquelle ?
« Seule la technologie humaine semble produire des signaux comme ceux-là. Notre WiFi, nos tours de téléphonie cellulaire, notre GPS, les communications radios avec satellites - tout cela ressemble exactement aux signaux que nous recherchons, ce qui rend très difficile de savoir si quelque chose provient de l'espace ou de la technologie générée par l'homme » ajoute dans le même article Sofia Sheikh, étudiante en thèse de la Pennsylvania State University et membre de l'équipe Breakthrough qui dirige l'analyse du signal de BLC-1.
En l'occurrence, l'énergie du signal est concentrée dans une bande étroite de fréquences, autour de 982.002 megahertz, et il subit ce qui semble bel et bien être un décalage Doppler, exactement ce à quoi on doit s'attendre si la source se trouve sur une planète en mouvement. Ce pourrait donc bien être une technosignature, oui mais laquelle ?
Elle pourrait être bien terrestre, un émission issue d'un fonctionnement anormal dans un bâtiment, un avion ou un satellite militaire inconnu en orbite pourrait fort bien faire l'affaire et est même nettement plus crédible selon les chercheurs.
On ne peut pas non plus exclure à ce stade un phénomène naturel exotique.
Rappelons qu'en 1967, lorsque le premier pulsar a été découvert, ses pulsations régulières avaient aussi été interprétées comme la technosignature d'une civilisation E.T. avancée. D'ailleurs, la source radio détectée avait alors été baptisée LGM pour Little Green Men, « petits hommes verts », en anglais. En 1965, des astronomes russes pensaient aussi avoir détecté une civilisation E.T. L'intensité de la source radio CTA 102 variait trop rapidement pour les modèles d'objets de l'astrophysique de l'époque.
Or nous savons maintenant qu'il s'agissait d'un effet de la physique des quasars.
Superposition d’une vue du ciel austral, acquise par le télescope de 3,6 mètres de l’ESO à l’observatoire de La Silla au Chili, et d’images de l’étoile Proxima Centauri (angle inférieur droit) et du système d’étoiles double Alpha Centauri AB (angle inférieur gauche) acquises par le télescope spatial Hubble. Proxima Centauri est l’étoile la plus proche du Système solaire. Elle est l’hôte de la planète Proxima b, découverte au moyen de l’instrument Harps qui équipe le télescope de 3,6 mètres de l’ESO. © Y. Beletsky (LCO), ESO, Esa, Nasa, M. Zamani
Alpha et Proxima du Centaure font rêver exobiologistes et auteurs de SF
Mais rêvons un peu, supposons que ce soit bel et bien une technosignature E.T. Ce serait absolument incroyable car l'étoile Proxima Centauri est la plus proche du Soleil, à seulement 4,2 années-lumière environ, et depuis 2016 nous savons qu'elle possède une exoplanète en orbite : Proxima Centauri b
Proxima Centauri fait partie du système triple d'Alpha du Centaure. Il est constitué de deux étoiles proches l'une de l'autre au point de former une étoile binaire, Alpha du Centaure A et B (à 4,36 années-lumière), et d'une troisième étoile, Alpha du Centaure C, à 4,22 années-lumière, également appelée Proxima du Centaure.
Le système triple d'Alpha du Centaure a fait rêver les exobiologistes et en particulier les auteurs de science-fiction depuis longtemps en raison des caractéristiques des étoiles de son système double. Alpha Centauri A est en effet une étoile de type spectral G2, c'est-à-dire une naine jaune très semblable au Soleil, et Alpha Centauri B, un peu moins lumineuse, est de type spectral K1 donc d'un type proche du Soleil. Il n'est donc pas étonnant que de nombreux récits de SF fassent état de planètes habitables avec des formes de vie extraterrestres autour d'une des étoiles d'Alpha du Centaure.
Les nombreux fans quadragénaires et plus du livre de science-fiction Vaisseaux de l’espace de l’an 2000 à l’an 2100 de Stewart Cowley peuvent en témoigner. Avec des illustrations de peintres, ce livre, le premier d'une série, raconte l'histoire de la découverte en 2036 des civilisations d'Alpha, puis de Proxima du Centaure, et de la guerre qui s'ensuivit avec cette dernière. Regroupant ces illustrations à la façon d'un livre d'histoire présentant des avions de la seconde guerre mondiale (l'ouvrage date de 1978), il laisse songeur quand on pense aux dernières découvertes sur les exoplanètes.
Une origine extraterrestre très improbable
Mais ne laissons pas les rêves prendre le pas sur l'approche rationnelle et scientifique. Futura a demandé l'avis d'un des membres de l'Institut Seti, l'astronome français Franck Marchis, par ailleurs très impliqué dans l'imagerie des exoplanètes et bien connu des lecteurs de Futura pour ses travaux sur le volcanisme de Io et comme l'un des membres d'Unistellar, la start-up française derrière l'eVscope (Enhanced Vision Telescope) . Voici sa réponse, qu'il a reprise et précisé dans la vidéo ci-dessous :
« Il est trop tôt pour se prononcer sur la véracité et la nature de ce signal car personne n'a vu le papier scientifique qui est en préparation. Comme beaucoup de scientifiques, j'ai énormément de questions, par exemple:
Comment se fait-il que le signal ait été détecté qu'une seule fois sur 30h en avril et mai?
Pourquoi les observateurs n'ont pas alerté la communauté scientifique pour confirmer le signal après sa découverte?
Il serait tout de même extraordinaire que dans les 300 millions d'exoplanètes qui pourraient être habitables dans notre galaxie de 200,000 années-lumière de diamètre, deux civilisations (la nôtre et celle qui serait sur Proxima b ou c) utilisant la même technologie en même temps seraient proches de seulement 4,2 années-lumière.
C'est une coïncidence qui me parait tellement improbable que je pense que l'on va trouver rapidement une explication plus terre-à-terre sur l'origine de ce signal. Après les monolithes, l'annonce de l'existence d'une soi-disant "fédération galactique" par Haim Eshed, nous avons désormais un signal "WOW! 2020" qui semble avoir fuité via un scientifique du groupe Breakthrough Listen. Bizarre non ? ».
Des explications plus complètes de Franck Marchis. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © SETI Institute
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Actualité de l'astronomie du 16.12.2020 / Un sursaut gamma détecté aux confins de l'Univers dans la galaxie la plus lointaine connue ?
- Par dimitri1977
- Le 16/12/2020
- Dans Actualité de la météo,de l'astronomie et de la sciences à la une du jour
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Un sursaut gamma détecté aux confins de l'Univers dans la galaxie la plus lointaine connue ?
Laurent Sacco
Journaliste
Publié le 15/12/2020
Modifié le 16/12/2020
Il n'y a plus de doute : la galaxie GN-z11, découverte il y a quelques années avec le télescope Hubble, est bien la plus lointaine et la plus ancienne connue à ce jour. On y aurait même observé l'une des plus puissantes explosions possibles dans le cosmos observable, un sursaut gamma, survenue seulement 400 millions d'années après le Big Bang.
Il y a presque un siècle, au cours des années 1920, l'astronome Edwin Hubble est parvenu à démontrer que certaines des nébuleuses, que ses collègues observaient depuis presque deux siècles, ne faisaient pas partie de la Voie lactée mais qu'elles étaient, comme elle, de grandes galaxies contenant des milliards d'étoiles. Découvrant dans la foulée l'expansion de l'Univers observable, il allait donner à Georges Lemaître des raisons supplémentaires de développer son modèle du Big Bang dont il comprenait qu'il était naturellement impliqué par les équations de la théorie de la relativité générale d'Einstein.
En fait, comme l'a expliqué à plusieurs reprises Jean-Pierre Luminet, Lemaître était en avance de plusieurs décennies sur tout le monde en cosmologie dans les années 1920 et 1930, que ce soit avec la loi que l'on appelle aujourd'hui celle de Hubble-Lemaître, la théorie de la formation des galaxies, la constante cosmologique accélérant l'expansion du cosmos observable et même une théorie quantique du Big Bang.
Une large part du modèle cosmologique moderne se trouve donc dans les travaux de Lemaître, tout aussi largement complétés du point de vue théorique par les travaux du prix Nobel de physique James Peebles.
Les télescopes au sommet du Mauna kea, comme ici, notamment les télescopes de l'Observatoire Keck présentés dans cette vidéo, nous permettent de sonder les secrets du cosmos. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © Explore Documentary Films
Voir les premières galaxies
Mais on ne doit pas passer sous silence l'importance des observations. Depuis Hubble et Lemaître, les astronomes cherchent à remonter toujours plus loin dans le passé pour comprendre la naissance des étoiles et des galaxies, multipliant les records grâce à des instruments collectant des photons fossiles dans toutes les longueurs d'onde, des rayons gamma, des kilonovae aux ondes radios des quasars.
La nouvelle frontière est depuis quelque temps celle de l'ère du Cosmos dite des Âges Sombres, et plus principalement en fait, leur fin à l'occasion de la période que l'on appelle la Renaissance cosmique ; elle s'accompagne de la naissance des premières étoiles et de la réionisation du gaz des baryons du Big Bang sous l'effet du rayonnement des jeunes étoiles et aussi des premiers trous noirs massifs accrétant copieusement la matière des courants froids maintenant sur le devant de la scène via le paradigme homonyme expliquant la croissance des galaxies qui les abritent.
Les observations du satellite Planck nous ont appris que l'Univers observable est âgé d'environ 13,787 ± 0,020 milliards d'années. On pense aujourd'hui que les première étoiles ont commencé leur vie environ 150 millions d'années après le Big Bang et des galaxies étaient déjà bien constituées seulement 100 millions d'années plus tard environ.
Ce qui semble certain aujourd'hui, c'est que la galaxie GN-z11 (dont la découverte avait été annoncée en 2016 à la suite des observations du télescope Hubble) est bien la plus ancienne connue à ce jour et que des instruments -- comme ceux équipant les télescopes Keck I et Subaru sur le Mauna Kea, à Hawaii -- nous la montrent, très partiellement il est vrai, telle qu'elle était il y a environ 13,4 milliards d'années.
En direction de la constellation de la Grande Ourse, il y a relativement peu d’étoiles de notre galaxie, la Voie lactée, si bien que le ciel nous ouvre là de belles fenêtres sur l’Univers. C’est dans l’une d’elles qu’Hubble a débusqué l’objet GN-z11 qui pulvérise le précédent record de distance. © Nasa, Esa, G. Bacon (STScI)
Des sursauts gamma dès la fin des Âges sombres ?
C'est en effet ce que montre aujourd'hui via deux publications dans Nature Astronomy une équipe internationale d'astronomes menés par Linhua Jiang, de l'Institut Kavli d'astronomie et d'astrophysique de l'université de Pékin, et Nobunari Kashikawa de l'université de Tokyo. Les chercheurs ont obtenu dans le proche infrarouge des spectres qui confirment ce dont on se doutait déjà avec les observations de Hubble il y a quatre ans, comme l'expliquait Futura dans le précédent article ci-dessous.
Mais il y a mieux, comme on peut s'en convaincre en prenant connaissance d'une de ces publications dont une version est en accès libre, comme l'autre, dans l'une des célèbres mémoires scientifiques collectives de la noosphère : arXiv.
On le sait, plus un photon a voyagé longtemps dans l'espace en expansion, plus sa longueur d'onde aura été étirée par cette expansion, produisant l'effet d'un décalage spectral vers le rouge. Les astronomes expliquent maintenant que des photons infrarouges provenant de GN-z11 semblent être, à l'origine, ceux d'un flash de lumière important dans l'ultraviolet survenu donc il y a environ 13,4 milliards d'années.
Ce flash a duré quelques minutes et ses caractéristiques laissent penser qu'il s'agit de la pointe émergée d'un sursaut gamma survenu dans GN-z1. Il s'agirait donc d'un sursaut gamma long, le type de GRB (gamma-ray bursts) que l'on pense résulter de l'occurrence de supernovas de type Ib et Ic. Si tel est bien le cas, les chercheurs en concluent que les « résultats suggèrent également que le taux d'événements de type GRB pourrait être très élevé dans l'univers primitif, impliquant une formation rapide de galaxies. Des détecteurs de GRB plus sensibles pourront observer directement ces GRB dans le futur, et sonder l'époque précoce de la réionisation cosmique ».
La galaxie la plus éloignée, GN-z11, pointée par une flèche, est bien visible sur l'image obtenue avec le télescope spatial Hubble. Son spectre dans le proche infrarouge a été déterminé par le télescope Keck. Les raies d'émission du carbone doublement ionisé sont visibles (C III), indiquant un décalage vers le rouge de 10,957. © Université de Tokyo
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Actualité de l'astronomie du 16.12.2020 / Proxima du Centaure : c'est la plus grande menace pour la vie sur l'exoplanète la plus proche de nous.
- Par dimitri1977
- Le 16/12/2020
- Dans Actualité de la météo,de l'astronomie et de la sciences à la une du jour
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Proxima du Centaure : c'est la plus grande menace pour la vie sur l'exoplanète la plus proche de nous
Nathalie Mayer
Journaliste
Publié le 14/12/2020
Modifié le 15/12/2020
Les astronomes le savent, l'activité de notre Soleil peut avoir des conséquences fâcheuses sur Terre. Bien que généralement limitées. Mais dans d'autres systèmes planétaires, la météo spatiale pourrait se montrer beaucoup plus défavorable. L'exemple de Poxima b, présenté aujourd'hui par des chercheurs, apparaît même comme une mauvaise nouvelle pour la recherche de formes de vie dans l'Univers.
Début décembre, l'Agence américaine d'étude de l'atmosphère et des océans (NOAA) a émis une alerte tempête un peu particulière. Une alerte qui fait suite à une éruption solaire et à une éjection de masse coronale (CME) impressionnantes. Une tempête solaire donc, qui aurait pu perturber nos systèmes de communications et nos réseaux électriques.
Le saviez-vous ?
Les astronomes appellent éjections de masse coronale (CME), les événements de météorologie spatiale les plus énergétiques. De violentes expulsions de plasma ionisé et de rayonnement quittant l’atmosphère d’une étoile. Ils en observent sur le Soleil depuis les années 1970. Elles sont plus difficiles à identifier sur des étoiles éloignées.
L'événement s'est produit au moment même où des chercheurs de l’université de Sydney publient un bulletin de météo spatiale plutôt défavorable du côté de Proxima Centauri, l'étoile la plus proche de notre Système solaire et que l'on sait désormais entourée d'exoplanètes. Une au moins, baptisée Proxima b, est située dans la zone habitable de l'étoile, où l'eau est supposée pouvoir exister sous forme liquide.
Pour établir ce bulletin météo, les chercheurs se sont appuyés sur des signaux radio caractéristiques émis par Proxima du Centaure. Des signaux captés avec une précision incroyable par un réseau de 36 antennes réparties sur un kilomètre carré, l'Askap, en Australie. Celui-là même qui nous faisait découvrir, il y a quelques jours, un million de nouvelles galaxies dans le ciel austral.
En haut, les données fournies par l’Askap pour la nuit du 2 mai 2019. En bas, celles des télescopes optiques. Ces données, rapprochées les unes des autres, font apparaître clairement le lien entre sursaut radio et éruption stellaire intense. © Andrew Zic, Université de Sidney, CSIRO
De violentes éjections de masse coronale
Notre Soleil émet généralement ce type de sursaut radio en parallèle d'éjections de masse coronale. « Des sursauts radio peuvent nous arriver d'étoiles naines pour des raisons différentes. Mais il est fort probable que, comme pour le Soleil, les sursauts observés au cours de notre étude soient associés à des éjections de masse coronale », explique Andrew Zic, chercheur, dans le communiqué de l’université de Sidney. D'autant que des observations de Proxima Centauri par le chasseur d’exoplanètes de la Nasa, Tess (Transiting exoplanet survey satellite), notamment, ont montré de puissantes éruptions associées dans le domaine de l'optique.
Selon les chercheurs, des éruptions stellaires d'une telle puissance ne se produisent pas plus d'une fois toutes les décennies ou deux sur notre Soleil. Du côté de Proxima Centauri, elles semblent survenir... plusieurs fois par an ! Une mauvaise nouvelle donc, pour la météorologie spatiale locale. « De ce point de vue, il semble que les naines rouges, les étoiles les plus courantes dans notre Galaxie -- elles représenteraient 70 % du total des étoiles --, ne soient pas de bons candidats pour abriter la vie », note l'astrophysicien.
Rappelons en effet que pour une étoile comme le Soleil, la zone habitable se définit relativement loin. Mettant la vie à l'abri des éjections de masse coronale. Pour une étoile naine rouge comme Proxima du Centaure -- une étoile relativement froide, donc --, en revanche, la zone habitable se situe très près de l'étoile. Plus encore que Mercure ne l'est du Soleil. Les chercheurs montrent ainsi que, sous l'effet de violentes éjections de masse coronale, Proxima b est susceptible de subir une forte érosion atmosphérique, exposant sa surface à des rayons X très intenses et à un rayonnement ultraviolet nuisibles à la vie. Sa seule petite chance : posséder -- comme la Terre -- un champ magnétique protecteur. Mais pour l'heure, aucune observation de champ magnétique autour d'une exoplanète n'a pu être faite...