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  • Météorologie en générale/Association Météo Centre Comment se forme la neige ?

    Or blanc pour les skieurs, source de bonheur pour les enfants, cauchemar des automobilistes, la neige fait parler d’elle… mais comment se forme-t-elle ?

    Comment se forme la neige ?

    Au cœur des nuages froids chargés de particules volatiles microscopiques, la vapeur d’eau se condense en gouttelettes d’eau puis en en cristaux de glace à l’origine des flocons de neige. Lorsque la température du nuage est inférieure à 0°C, les cristaux de glace grossissent et finissent par se précipiter vers le sol du fait de leur poids. Lorsque ces précipitations traversent diverses couches d’air assez froides (température inférieure à 0°C), ces cristaux s’agglomèrent et forment des flocons.

    Flocon de neige au microscope.

    Flocon de neige au microscope.

     

     

    Trois conditions sont nécessaires pour que la neige se forme. Premièrement, la température de la masse d’air (dans l’atmosphère et au sol) doit être très proche de 0°C ou juste en dessous. Deuxièmement, la vapeur d’eau et de minuscules particules volatiles (poussière, etc.) doivent être présentes en assez grande quantité dans l’atmosphère.

    En France, la neige tombe généralement en plaine lorsque les températures sous abri sont comprises entre -5°C et +1°C. On retrouve des épisodes neigeux en plaine à partir de fin novembre jusqu’au mois d’avril la plupart du temps. Toutefois, il est possible d’observer des chutes de neige précoces en octobre mais aussi des chutes de neige tardives au mois de mai.

    Neige dans l'Indre en février 2012.

    Neige dans l’Indre en février 2012.

    Les différents types de neige

    Il existe trois types de neige en météorologie : la neige sèche, la neige humide et la neige mouillée. La quantité d’eau liquide est un facteur clé pour déterminer le type de neige.

    La neige sèche ou poudreuse contient très peu ou pas d’eau liquide. On la retrouve fréquemment en montagne où la température est très basse (souvent inférieure à -5°C).

    La neige humide contient un peu d’eau liquide. Elle est souvent « lourde et collante ». On la retrouve fréquemment en plaine où la température est proche de 0°C (souvent entre -1°C et +1°C). C’est le type de neige le plus appréhendé sur les routes.

    La neige mouillée contient beaucoup d’eau liquide. Elle est très « lourde ». On a la retrouve parfois en plaine où la température est nettement positive (souvent entre +1°C et +3°C). Sur les routes, elle est facilement « nettoyée » mais elle peut être dangereuse en cas de fonte puis de regel par la suite (risque de verglas).

    Les différents types de flocons de neige

    Il existe une multitude de formes de flocons de neige mais elles restent difficiles à distinguer car les flocons se mêlent les uns aux autres la plupart du temps. La forme des flocons dépend de plusieurs conditions météorologiques (la température et l’humidité au cœur du nuage notamment). On observe généralement trois types de formes : plaquettes ou assiettes, étoiles et aiguilles ou colonnes.

    Diagramme des formes de flocons selon la température et la sursaturation (Sources : intra-science.com / snowcrystals.com/).

    Le vidéaste russe Vyacheslav Ivanov a filmé au microscope la naissance de flocons de neige. Des formes aussi uniques que complexes dont l’éclosion est magnifique à voir. Vous pouvez visionner sa vidéo ici : https://www.youtube.com/watch?v=h2hml0b0kLs.

    Vous pouvez également consulter ces liens pour en savoir plus sur les différents types de flocons :

    http://www.meteofrance.fr/prevoir-le-temps/phenomenes-meteo/la-neige-et-ses-transformations ;

    http://www.maxisciences.com/flocon/la-merveilleuse-formation-des-flocons-de-neige-filmee-en-time-lapse_art32057.html# ;

    http://www.atlantico.fr/decryptage/flocons-neige-peuvent-avoir-35-formes-differentes-et-parfois-sont-bien-plus-etranges-que-ne-avez-imagine-1982238.html.

    Pourquoi est-il si difficile de prévoir la neige pour les météorologues ?

    La prévision d’un épisode neigeux reste une prévision délicate : il faut attendre 24h voire 12h avant l’épisode en question pour être le plus juste et le plus précis dans les prévisions.

    En effet, la température est le paramètre le plus important lors des prévisions de chutes de neige. Les météorologues doivent prendre en compte la température du sol mais aussi celle de l’air près de ce dernier ainsi que de la masse d’air présente sur plusieurs kilomètres au dessus de nos têtes. Dans le cas où la température reste proche de 0°C, la prévision peut devenir difficile. En effet, l’eau peut aussi bien passer à l’état liquide qu’à l’état solide. L’humidité présente dans l’air et le vent sont également des facteurs clés pour déterminer la qualité de la neige.

    Lorsque deux masses d’air rentrent en conflit (froid d’un côté et doux et humide de l’autre), on observe la formation d’une perturbation. Lors d’un épisode neigeux, les météorologues surveillent tout d’abord l’activité et le comportement de cette perturbation. Ensuite, ils prennent en compte l’évolution des températures du sol et de l’air. Le relief et l’intensité des précipitations restent également deux éléments déterminants pour bien anticiper l’isotherme 0°C et la limite pluie-neige… Enfin, il faut parfois analyser l’épaisseur et la qualité de la couche de neige déjà présente (ou qui sera éventuellement présente) au sol pour pouvoir prévoir éventuellement du verglas ou une fonte plus ou moins rapide.

    A Météo Centre, nous utilisons divers modèles météo (Arôme, Arpège, WRF ou encore ECMWF) pour réaliser nos prévisions. Un important temps d’analyse et de comparaison des modèles nous est requis pour réaliser la meilleure prévision possible et mieux appréhender les risques de verglas par exemple. Le « live » permet également des réajustements de nos prévisions. En effet, grâce aux images satellite, aux radars précipitations, aux relevés et aux observations des internautes et de nos équipes de terrain, nous pouvons voir l’évolution des températures, une éventuelle tenue de la neige ou encore une possible accentuation de l’intensité des précipitations.

     

    Modèle Arpège (Copyright : Météo France / Météociel).

    Neige ou pluie verglaçante ?

    Comme nous l’avions dit plus haut, un épisode neigeux reste très complexe à prévoir. Généralement, il neige lorsque les températures sont égales ou inférieures à 0°C. Cependant, il arrive parfois qu’il neige alors que les températures sont positives.

    Lorsque les flocons de neige traversent diverses couches d’air où la température est négative dans toutes ces dernières, alors il neige. Si les sols sont froids, on peut alors observer un « manteau blanc ». Mais il arrive parfois que la température devienne positive (+1°C à +3°C) à moins de 300 m du sol, alors les flocons n’ont pas le temps de fondre et ont le temps d’atteindre le sol.

    Lorsque les flocons de neige traversent une couche d’air où la température est négative puis une nouvelle couche d’air où elle devient positive et enfin retraverse une couche d’air près du sol où la température est de nouveau négative, alors on observe de la pluie. On appelle cela des pluies verglaçantes. Elles sont très redoutées sur la route car lorsque les gouttes d’eau touchent le sol, d’importantes plaques de verglas peuvent se former.

    Formation de la neige et de la pluie verglaçante (copyright : Association Météo Centre).

    La neige dite par « isothermie »

    La neige peut parfois tomber à basse altitude alors que la masse d’air n’est pas très froide. Ce phénomène reste difficile à prévoir car il reste très localisé et assez rare. En effet, tout dépend de la fluctuation de l’isotherme 0°C (en montagne, c’est l’altitude où il fait 0°C et où se situe la limite pluie-neige) et de l’intensité et de la durée des précipitations. Lorsque ces dernières sont durables et soutenues, de l’air très froid en altitude arrive à plonger vers le sol et la température de l’air finit par baisser progressivement. Ainsi, l’isotherme 0°C s’abaisse jusqu’en plaine. D’abord, il pleut puis la neige remplace progressivement la pluie et il se met à neiger durablement à basse altitude. Moins il y a de vent, plus il y a de chances d’observer ce genre de phénomène. On observe généralement de la neige mouillée et parfois humide. On a pu voir de la neige dite par « isothermie » en décembre 2009 dans la Nièvre.

    La neige « industrielle » ou « de pollution »

    En hiver, lors de conditions anticycloniques, on observe une forte inversion de température. L’air froid reste plaqué contre le sol et empêche les particules de pollution de « s’échapper ». On observe généralement des brouillards près des vallées par ces temps calmes et froids. Couplée à la pollution liée aux industries et aux transports, l’humidité présente dans l’air permet de charger l’air ambiant de particules solides (des noyaux de condensation). La vapeur d’eau se fixe sur ces dernières et se transforme en neige très fine lorsque les conditions météo sont favorables (température négative et absence de vent). On retrouve cette neige dite « industrielle » notamment près des zones polluées (zones industrielles). La prévision de ces faibles chutes de neige reste difficile voire impossible puisque les émissions des usines et des transports (particules, etc.) ne sont pas prises en compte dans les modèles météo.

    Formation de la neige industrielle (copyright : Association Météo Centre).

     

    SOURCES ASSOCIATION METEO CENTRE

     

  • Météorologie en générale/Phénomènes météo comment prévoir la neige en plaine

    Phénomènes météo

    La neige en plaine

    La neige en plaine en questions

     

    La neige en plaine en questions

     

    Si chaque hiver la neige est attendue avec impatience par les amateurs des sports d'hiver et les enfants, elle est en revanche plutôt redoutée en plaine, notamment par tous ceux qui doivent prendre le volant.

    A quelle période de l'année neige-t-il généralement ?

    Sur les massifs montagneux, la neige peut déjà faire de brèves apparitions dès fin août-début septembre au-dessus de 2 000 à 2 500 m d'altitude. En plaine, on rencontre fréquemment des épisodes de neige dès la deuxième quinzaine du mois de novembre jusqu'en mars ou avril, parfois même au mois de mai.

    Lire aussi : Premiers flocons précoces pour la saison ? (article du 3 décembre 2014)

    ­­ Comment se forme la neige ?

    Il s'agit de précipitations solides qui tombent d'un nuage et atteignent le sol lorsque la température de l'air est négative ou voisine de 0 °C. Ces cristaux de glace s'agglomèrent et forment des flocons. Leur forme varie en fonction de la température et de l'humidité au sein du nuage. On distingue 3 formes types : les étoiles, les plaquettes, les aiguilles et colonnes. Sous nos latitudes, la neige tombe en plaine par une température sous abri le plus souvent comprise entre -5 °C et +1 °C.

    La température est-elle le seul paramètre déterminant pour prévoir la neige ?

    La température est bien le paramètre clef de la prévision des chutes de neige. Non seulement la température de l'air près du sol, mais aussi celles du sol et de la masse d'air sur plusieurs kilomètres d'épaisseur.
    D'autres paramètres entrent également en jeu et déterminent la qualité de la neige : l'humidité de l'air et le vent.

    Existe-t-il plusieurs sortes de neige ?

    On peut distinguer trois types de neige selon la quantité d'eau liquide qu'elle contient : la neige sèche, la neige humide et la neige mouillée.
    La neige sèche ne contient pas d'eau liquide. Légère et poudreuse, elle est fréquente en montagne où elle tombe souvent par température nettement inférieure à 0 °C.
    La neige humide, ou collante, tombe par température légèrement positive. Elle contient un peu d'eau liquide, ce qui la rend collante ou pâteuse et assez lourde. C'est la plus fréquente en plaine et la plus indésirable.
    La neige mouillée tombe par température nettement positive (entre +1 °C et +3 °C) et contient, pour cette raison, beaucoup d'eau liquide. Très lourde, elle est facilement évacuée par le trafic routier, mais peut aussi fondre puis regeler sous forme de plaques de glace.

    Lire aussi :  Pluie, neige, pluie verglaçante : quelles différences ?

    Pourquoi la neige collante et la neige mouillée sont-elles si indésirables ?

    Ce sont des neiges qui provoquent souvent d'importants dommages et des perturbations.
    La neige collante adhère très facilement à tout ce qu'elle rencontre en tombant : câbles électriques, caténaires de la SNCF, etc. Lorsqu'il en tombe plusieurs centimètres, elle provoque de sérieux dégâts : sous le poids de cette neige lourde, les toitures et les serres peuvent s'effondrer et les branches des arbres se rompre. Ce type de situation est assez fréquent dans le sud de la France. Mais une chute de seulement quelques centimètres suffit elle aussi à perturber gravement le trafic routier, ainsi que les circulations aérienne et ferroviaire.

    ­­Comment limiter les effets des neiges collante et mouillée ?

    En anticipant les épisodes de neige. La carte de vigilance, lancée en octobre 2001 par Météo-France, intègre les chutes de neige. En cas d'épisode de neige significatif, donc potentiellement dangereux, elle informe la population et les pouvoirs publics, ce qui permet de mettre en place des mesures préventives.
    Des seuils de hauteur de neige ont été établis par région, selon la densité de la population et les conséquences potentielles locales. Les régions sont en effet diversement acclimatées à la neige : 5 cm de neige perturberont par exemple davantage Paris ou Perpignan que Grenoble ou Tarbes. Les agglomérations, surtout celles situées en plaine, ne sont en général pas conçues pour vivre avec de la neige. Elles sont donc particulièrement vulnérables. La carte de vigilance rappelle également les précautions à prendre pour se protéger chez soi ou lors de ses déplacements.

    La prévision est généralement plus facile en montagne, car les températures y sont nettement plus basses qu'en plaine ; elles se situent donc moins souvent autour de cette limite de 0 °C. Il en est de même pour certaines grandes villes réputées pour leur enneigement. La prévision de la neige est ainsi plus aisée sur Chicago ou Moscou que sur Paris car les températures basses qui y règnent ne laissent guère de place au doute : les précipitations sont le plus souvent neigeuses.
     

    Quelles sont les difficultés de la prévision de neige en plaine ?

    Une situation à neige, c'est d'abord une perturbation avec deux masses d'air en conflit, de l'air froid d'un côté, de l'air doux et humide de l'autre. Pour prévoir la neige et déterminer sa qualité, les prévisionnistes doivent d'une part évaluer l'activité et l'évolution de la perturbation, d'autre part estimer le plus précisément possible les températures de l'air et du sol. La prévision devient difficile lorsque la température avoisine 0 °C car l'eau peut facilement et rapidement passer de l'état liquide à l'état solide et inversement.
    Enfin, la prévision de la neige en plaine ne concerne pas seulement celle des chutes de neige. Elle englobe aussi celle de l'évolution de la couche déjà déposée : son maintien au sol, sa fonte, son regel possible si elle est humide et la formation de plaques de verglas, l'évolution de son épaisseur et de sa qualité, la durée et la vitesse d'évolution entre ces différents états.

    Pour rester informer, consultez la carte de vigilance météorologique.
     

    Quels sont les moyens utilisés par les prévisionnistes pour prévoir la neige ?

    Nous utilisons les résultats des modèles de prévision (simulations informatiques du comportement de l'atmosphère), que nous confrontons, bien évidemment aux observations. L'imagerie issue des satellites et des radars est également d'une grande utilité, car elle donne des informations précises sur l'étendue des zones qui donnent des précipitations, leur intensité, leur vitesse de déplacement, ainsi que la probabilité qu'elles tombent sous forme de neige et tiennent au sol. Tout cela nous permet de corriger les résultats des modèles.
    Si le modèle prévoit par exemple de la neige sur Paris, on pourra, grâce aux images satellite et radars, estimer plus précisément l'heure de son arrivée sur la capitale. Les radars ne permettent toutefois pas de distinguer la pluie de la neige. Il revient alors aux prévisionnistes de déterminer s'il s'agit, ou non, de neige.

    On peut donc prévoir de la neige dès que la température au sol est inférieure à 0 °C ?

    Ce n'est pas si simple, car la chute de neige est un phénomène assez complexe. Lorsqu'il neige en plaine en France, la température au sol est, il est vrai, le plus souvent comprise entre -5 °C et +1 °C. Mais la neige peut aussi tomber, plus rarement, par des températures assez nettement positives : la neige se forme en altitude et évolue au sein des masses d'air qu'elle rencontre lors de sa chute ; si la température de l'air devient positive à moins de 300 m du sol, les flocons n'ont pas le temps de fondre et ils atteignent le sol ; c'est pourquoi des chutes de neige sont également possibles avec des températures comprises entre +1 °C et +3 °C.
    À l'inverse, si les flocons de neige rencontrent au cours de leur chute une épaisse couche d'air à température positive puis à nouveau de l'air à température négative près du sol, il peut alors pleuvoir par température négative. Il s'agit alors de pluie verglaçante, qui constitue un danger encore bien plus important que la neige, car le sol devient une véritable patinoire.

    Lire aussi :  Qu'est-ce qu'une pluie verglaçante ?

    Existe-t-il d'autres types de chutes de neige par température positive ?

    Oui, la neige dite par « isothermie ». C'est un phénomène local délicat à prévoir : lorsque les précipitations sont à la fois soutenues et durables, elles arrivent à abaisser progressivement la température de l'air qu'elles traversent jusqu'à 0 °C. La neige fond alors à des altitudes de plus en plus basses et finit par atteindre le sol. L'isotherme 0 °C (altitude à laquelle la température de l'air atteint 0 °C) s'abaisse ainsi progressivement jusqu'au voisinage du sol. Les chutes de neige par isothermie sont peu fréquentes en plaine. On a observé des épisodes de ce type en janvier 1980 à Carcassonne, en février 1983 à Landivisiau, en janvier 1992 à Perpignan, en décembre 1997 sur la région parisienne, et, plus récemment, en décembre 2009 dans la Nièvre.

     

     

    Peut-il neiger sur les côtes méditerranéennes ?

    La neige dans les régions méditerranéennes n'est pas si rare que l'on pourrait le penser. Sur 32 hivers (1970-71 à 2001-2002), on relève ainsi 25 épisodes majeurs, avec une hauteur de neige au sol supérieure à 10 cm à basse altitude dans les régions Languedoc-Roussillon et Provence-Alpes-Côte d'Azur. On y a également enregistré des hauteurs de neige au sol supérieures à 50 cm à moins de 500 m d'altitude en 1970, 1981, 1986, 1992 et 2001.
    La neige, souvent de type mouillée dans ces régions, peut ainsi paralyser ces départements peu habitués à y faire face. Par ailleurs, lorsque la neige est sèche ou peu humide, le mistral favorise la formation de congères, catastrophiques pour le réseau routier.

    Illustrations : Copyright Météo-France

     

    Les chutes de neige précoces en plaine

     

    L'automne est une période de contrastes en France. Les masses d'air chaudes encore présentes sur le pays en début de saison sont progressivement confrontées à des masses d'air de plus en plus froides issues des régions polaires. Celles-ci se constituent au fil des semaines autour du pôle Nord qui reçoit de moins en moins d'énergie solaire. Selon les configurations météorologiques, lorsque le flux prend une composante nordique, ces masses d'air polaires peuvent descendre brutalement sur l'Hexagone, provoquant des chutes de neige jusqu'en plaine. Sans surprise, ce sont les régions au climat le plus continental, du Centre-Est au Nord-Est, qui sont souvent concernées en premier.

    Un phénomène exceptionnel jusqu'à la mi-octobre

    Les chutes de neige sont rarissimes en septembre, même si un épisode a été consigné dans les archives sous le règne de Louis XV, dans la nuit du 29 au 30 septembre 1764. On avait alors mesuré une quinzaine de centimètres de neige sur les hauteurs de la Loire et du Rhône.
    Durant la première quinzaine d'octobre, la neige reste exceptionnelle et concerne plutôt les régions de l'Est. Des chutes de neige ont, par exemple, été observées à Lyon, le 8 octobre 1936 (un coup de froid exceptionnellement précoce s'était produit du 6 au 12). En 1975, un épisode neigeux remarquable s'est produit entre le 10 et le 14 octobre, avec de la neige à Nancy et Metz le 11, à Langres le 13 (4 cm) et de la pluie et neige mêlées à Orly ou encore à Gourdon (Lot) le 10.

    Les neiges précoces d'octobre du 21e siècle

    D'autres épisodes neigeux précoces se sont produits ces quinze dernières années. Parmi eux, celui des 23 et 24 octobre 2003, notamment sur la plaine d'Alsace, avec 1 cm au sol à Bâle-Mulhouse. En 2008, le 30 octobre, il a neigé de la Basse-Normandie à la Mayenne et la Sarthe, avec 10 cm relevés au Pré-en-Pail (Mayenne) et 5 cm à Laval. Enfin, les 27 et 28 octobre 2012, il est tombé 15 à 20 cm sur l'ouest de Grenoble et des flocons ont été observés jusqu'en Provence, sous un mistral tempétueux.

    Les chutes de neige de novembre 1980

    L'épisode du 4 au 5 novembre 1980 reste une référence en matière de précipitations neigeuses précoces, notamment par son étendue géographique. La neige était cette fois tombée en quantités exceptionnelles sur une large partie du pays, jusque dans le Sud. À cette occasion, l'épaisseur de neige au sol avait atteint : 50 cm à Aubenas (Ardèche), 30 cm à Clermont-Ferrand, 26 cm à Vichy, 5 cm à Nîmes et 3 cm à Carcassonne. Il avait aussi neigé abondamment au même moment en Bretagne avec 21 cm à Rostrenen (Côtes d'Armor) et 17 cm à Dinard.

     

    L'effet de lac

     

    L'expression « effet de lac » ou « lake effect » est originaire des États-Unis, où l'on observe fréquemment, dans certaines régions proches des Grands Lacs, de fortes de chutes de neige localisées dans le temps et dans l'espace. Ce phénomène survient lorsqu'une masse d'air polaire continentale, froide et sèche, est rendue instable par son passage au-dessus d'une surface maritime plus douce.

    Le mécanisme physique en jeu, appelé « suradiabatisme », peut également être observé en France, le plus souvent près des côtes de la Manche, où de fortes chutes de neige peuvent se produire localement. Lors de l'hiver 2009/2010, on avait relevé jusqu'à 60 cm dans le Cotentin et 50 cm dans les Côtes-d'Armor en quelques jours, entre le 5 et le 10 janvier.

    Des averses de neige formées au-dessus des lacs

    Lors de vagues de froid hivernales, de l'air froid stationne sur le continent. Suivant la direction des vents, cette masse d'air initialement très stable peut être poussée au-dessus de surfaces maritimes au contact desquelles elle va se réchauffer et s'humidifier. Le fort contraste thermique entre la surface maritime, « chaude », et la masse d'air froide qui la survole génère de la convection. Les averses apportent parfois de la pluie froide et, plus fréquemment, du grésil ou de la neige.
    L'intensité des averses dépend de deux facteurs : la distance parcourue par la masse d'air au-dessus de l'eau et la présence plus ou moins importante d'air froid en altitude.
    Les averses sont en général très localisées. Elles ont tendance à s'organiser en lignes stationnaires suivant la direction du vent. Selon son intensité, des congères peuvent en outre se former.
    Lorsque les averses pénètrent à l'intérieur des terres, au contact des surfaces froides, elles ne sont plus alimentées en énergie à leur base et s'atténuent progressivement.


     

    Où observe-t-on le phénomène dans le monde ?

    Aux États-Unis, c'est surtout dans la région des Grands Lacs qu'il se produit. L'air polaire venu du Canada glisse régulièrement vers la côte est américaine et survole les Grands Lacs. Les vents de nord-ouest, dominants lors de ces épisodes, provoquent des effets de lac principalement sur les rivages est et sud des Grands Lacs. Ces derniers reçoivent beaucoup plus de neige que les autres rivages, jusqu'à 6 à 7 m de neige par an, contre 2 m sur les autres rives. Il s'observe particulièrement entre la mi-novembre et la mi-janvier, moment où la différence de température entre l'eau – encore relativement douce – et l'air – déjà froid – est la plus marquée.

    Les côtes occidentales des îles japonaises de Honshu et Hokkaido sont également particulièrement sujettes à ce phénomène. Les masses d'air glaciales venues de Sibérie orientale traversent alors la mer du Japon, relativement douce. Les quantités de neige qui tombent sur les rivages exposés sont considérables : 6 à 7 m de neige sur les rivages exposés, jusqu'à 12 à 15 m sur les hauteurs environnantes.

    L'effet de lac en France

    L'effet de lac peut se produire lorsqu'une masse d'air très froid stationne sur le continent européen pendant une vague de froid. Des vents de nord, nord-est ou est, peuvent être à son origine, principalement près des côtes de la Manche, notamment en Bretagne et Normandie. Les cumuls sont souvent les plus importants dans le Cotentin, le bocage normand et l'intérieur des Côtes-d'Armor. Fin février/début mars 2005, toutes les côtes de la Manche avaient été concernées par un épisode de ce type, avec 40 à 60 cm dans le bocage normand et des congères de 1 m.

    De tels évènements peuvent aussi être observés le long des côtes aquitaines, sur le Pays basque, quand le vent prend une composante nord-ouest, surtout sous forme orageuse. La neige y est alors plus rare, mais l'activité pluvieuse voire orageuse (avec grésil) importante.

    La Corse n'est pas épargnée : lorsque de l'air glacial en provenance d'Europe centrale s'infiltre sur l'Italie, la façade orientale de l'île peut recevoir des chutes de neige jusque sur les plages et de grosses quantités à basse altitude sur le relief.

     

    La neige industrielle

    En hiver, et malgré l'absence de perturbation, certaines villes de l'Hexagone connaissent parfois des chutes de neige. Liée à la conjonction de conditions météorologiques hivernales particulières et aux activités humaines, non prises en compte dans les modèles météorologiques, cette neige dite « industrielle » est particulièrement difficile à prévoir.

    Côté météo, ces chutes de neige se produisent par temps calme et froid en présence d'un puissant anticyclone hivernal avec une forte inversion de température*. Cette inversion agit comme un couvercle et a pour effet d'emprisonner l'air près du sol empêchant la dispersion de l'humidité et de la pollution. En hiver, ces conditions anticycloniques sont souvent synonymes de brouillards et stratus tenaces dans les plaines et les vallées. Mais à elles seules ces conditions ne suffisent que rarement à produire de la neige, et c'est là que l'activité humaine intervient : la pollution liée aux industries, à la circulation, aux appareils de chauffage vient charger l'air ambiant  d'humidité supplémentaire mais aussi de petites particules solides appelées noyaux de condensation.  Par température négative et en l'absence de vent, la vapeur d'eau se fixe sur ces noyaux, gèle et se transforme en … neige. Cette neige très fine, qui tombe sous forme d'aiguilles, peut réduire fortement la visibilité et tombe localement autour de la zone « polluée ».

    La difficulté de prévision de ce phénomène tient à deux aspects :  
    -  il est difficile de bien prévoir la persistance des conditions anticycloniques froides et humides nécessaires à sa formation  
    - mais surtout les émissions humaines ne sont pas prises en compte dans les modèles météorologiques : la concentration en noyaux  d'origine industrielle et la physique qui régit la formation de glace à leur surface ne sont pas intégrés dans les modèles de prévision. Ces derniers  ne peuvent ainsi pas prévoir de telles chutes de neige .

    2 janvier 2015, brouillard givrant en fin de nuit avec un peu de neige industrielle à proximité de l'usine d'incinération dans le quartier toulousain de St Simon.
    2 janvier 2015, brouillard givrant en fin de nuit avec un peu de neige industrielle à proximité de l'usine d'incinération dans le quartier toulousain de St Simon. © Infoclimat / Gandalf007

    * L'air froid et humide, plus "lourd" que l'air chaud, reste "coincé" au sol ou à proximité du sol. La température au sol est alors bien inférieure à celle relevée plus en altitude.

     

    SOURCES METEOFRANCE

     

  • LE 5.12.2020: Actualité de la météo/Risque de neige en plaine : à quoi s'attendre ? a 19h32

    Par Gilles MATRICON, météorologue
    Publié le 05/12/20, mis à jour le 05/12/20 à 19h32

     

    Une masse d'air polaire instable est présente sur la France ces prochains jours. Elle s'accompagne ponctuellement d'un peu de neige jusqu'en plaine ce wee-end.

    Lire la suite