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  • Actualité de l'astronomie du 13.02.2021 / Mars : Olivier Sanguy nous décrypte l’atterrissage risqué du rover Perseverance.

    Mars : Olivier Sanguy nous décrypte l’atterrissage risqué du rover Perseverance

     

    Nathalie Mayer

    Journaliste

    Peut être une image de ciel et texte qui dit ’Perseverance, le rover dela Nasa, lors de descente vers Mars. © JPL-Caltech, Nasa Fermer’

    Publié le 12/02/2021

     [EN VIDÉO] L'atterrissage du rover Perseverance sur Mars  Animation montrant la séquence EDL, l'entrée, la descente et l'atterrissage de Perseverance à la surface de Mars. 

     

    Les passionnés d'exploration spatiale ont rendez-vous avec l'histoire ce jeudi 18 février 2021. Le jour où le rover de la Nasa parti à la recherche de traces de vie sur la planète rouge doit se poser à la surface de Mars. Ce sera après avoir vécu « sept minutes de terreur » ! Une phase des plus critiques qu'Olivier Sanguy, expert de la question à la Cité de l'espace, décortique pour nous.

     

     

    Le 30 juillet 2020, Perseverance, le rover de la Nasa, a pris la direction de Mars. Son arrivée sur la planète rouge est désormais imminente. Elle est prévue pour ce jeudi 18 février 2021, à 21 heures 55, heure de Paris. « C'est du moins l'heure à laquelle la Nasa espère recevoir la confirmation d'un bon atterrissage. En tenant compte des délais de télémétrie », nous précise immédiatement Oliver Sanguy, spécialiste des actualités spatiales à la Cité de l'espace.

    VOIR AUSSIOù atterrira le rover Perseverance sur Mars ?

    Si la confirmation d'un bon atterrissage arrive, c'est que le rover aura survécu à ce que les ingénieurs de la Nasa appellent depuis 2012, les « sept minutes de terreur » ! « L'expression a vu le jour pour l'atterrissage sur Mars d'un autre rover : Curiosity », se souvient Olivier Sanguy.

    À l'époque, Adam Steltzner, l'ingénieur en chef du système d'atterrissage, expliquait dans une vidéo de la Nasa : « Du haut de l'atmosphère à la surface de la planète rouge, il faudra à Curiosity environ sept minutes. Et pour que son signal arrive jusqu'à nous, sur Terre, il faudrait quelque 14 minutes. Lorsqu'il nous dira : "J'ai bien pénétré l'atmosphère de Mars." cela fera en réalité déjà sept minutes qu'il sera à la surface. Vivant ou mort ? Nous l'ignorerons. » Le même scénario va se reproduire le 18 février pour Perseverance.

    En 2012, la Nasa présentait la nouvelle technologie Sky Crane qui sera réutilisée pour l’atterrissage de Perseverance, le 18 février prochain. © JPL-Caltech, Nasa

     

    Un atterrissage nécessairement automatisé

    « De toute façon, l'atterrissage d’un rover tel que Perseverance ne pourrait pas être piloté par un humain. Il y a tellement de choses qui s'enchainent, des paramètres tellement précis à prendre en compte qu'il faut nécessairement l'automatiser », souligne Olivier Sanguy. Et si les ingénieurs de la Nasa parlent de sept minutes de terreur, c'est aussi pour ça. Parce que pendant cette phase -- que les initiés appellent la phase EDL pour Entry, Descent, Landing --, un nombre incroyable de choses peuvent mal tourner. « Il y a les grandes procédures. Et pour chacune d'entre elles, il y a une myriade de petits dispositifs qui doivent bien fonctionner. Le tout dans un timing extrêmement précis. »

    Revenons sur les différentes étapes. « L'entrée dans l'atmosphère avec une capsule, le recours à un bouclier thermique qui chauffe jusqu'à 1.300 °C, l'ouverture d'un parachute en supersonique, c'est impressionnant. Mais ça a déjà été fait plusieurs fois. Le Sky Crane, en revanche, ne sera utilisé que pour la deuxième fois. » Et à en croire Adam Steltzner, « la technologie a beau être le résultat d'études poussées et raisonnées, elle a tout de même l'air complètement dingue ».

    La Cité de l’espace détaille les sept minutes de terreur qui attendent Perseverance, le rover de la Nasa, à son arrivée sur Mars, le 18 février prochain. © Cité de l’espace

     

    Pour Perseverance, un atterrissage au millimètre

    Alors le Sky Crane, c'est quoi ? C'est une grue volante qui permet d'éviter d'ajouter au poids du rover -- qui pèse déjà une tonne --, celui de jambes et d'une plateforme d'atterrissage. « On est là strictement dans la recherche du gain de masse », nous explique Olivier Sanguy. Strictement ? Pas tout à fait. « En fait, la technologie permet aussi de gagner en précision et en souplesse. Les roues du rover servent de système d'atterrissage final. Cela permet de se poser sur des terrains un peu plus escarpés qu'avec un atterrisseur classique. » De quoi donner un peu d'air à Perseverance. D'autant qu'a priori, le Sky Crane est conçu pour un terrain un peu moins accueillant que celui qui attend le rover de la Nasa du côté du cratère Jezero.

    Pour améliorer encore un peu plus la précision de l'atterrissage de Perseverance, les ingénieurs de la Nasa ont imaginé deux nouvelles technologies. Le Range Trigger, tout d'abord. Il interviendra au moment de déclencher le parachute. Rappelons en effet que plus le parachute est ouvert haut, plus le cône d'incertitude à l'arrivée sur Mars est grand. Alors en fonction des données que la sonde récupèrera sur l'état de l'atmosphère martienne -- qui dépend notamment des poussières et des vents, bref, de conditions météorologiques qui ne peuvent pas être prévues avant le lancement du rover depuis la Terre -- ce jeudi 18 février, le parachute s'ouvrira -- déclenché par un mortier -- au mieux, dans une fourchette comprise entre 9 et 13 kilomètres d'altitude.

    VOIR AUSSILe voyage de 500 millions de kilomètres de Perseverance vers Mars

    Vers quatre kilomètres d'altitude, c'est un autre système qui prendra le relais : la Terrain Relative Navigation. Elle repose sur un ensemble de caméras et de radars qui établiront une cartographie du sol et mesureront la vitesse d'approche de Perseverance. Ces données seront comparées aux cartographies préenregistrées par l'ordinateur de bord. De quoi alimenter le Sky Crane et procéder aux corrections de trajectoires utiles. Avec pour objectif d'atterrir en douceur, dans une ellipse de 7,7 x 6,6 kilomètres autour du point prévu. « Après un voyage dans l'espace de quelque 490 millions de kilomètres, ce n'est pas rien », commente Olivier Sanguy. « L'autre intérêt de la Terrain Relative Navigation, c'est qu'elle peut détecter un obstacle imprévu et décaler le point d'arrivée en fonction. » De quoi garantir à Perseverance, un atterrissage en douceur.

    Les sept minutes de terreur qui attendent Perseverance, le rover de la Nasa, à son arrivée sur Mars, le 18 février prochain. Illustration du Cnes et du CNRS. © Cnes, CNRS

    Les sept minutes de terreur qui attendent Perseverance, le rover de la Nasa, à son arrivée sur Mars, le 18 février prochain. Illustration du Cnes et du CNRS. © Cnes, CNRS 

     

    « Sur Mars, on atterrit où on peut »

    « Il faut garder à l'esprit que sur Mars, on se pose où on peut. Malheureusement, la science est rarement là où on peut se poser. À l'exception notable d'InSight qui avait besoin, pour que son sismomètre fonctionne, d'un environnement plat comme les aiment les ingénieurs. "L'endroit le plus ennuyeux qui se trouve sur Mars", ont-ils estimé à l'époque. Mais un rover permet de se poser là où on peut et de se déplacer ensuite là où on veut. »

    À condition de survivre à ces fameuses sept minutes de terreur. Sept minutes au cours desquelles « si le largage du bouclier ne se fait pas, c'est terminé. Si le parachute ne s'ouvre pas, c'est terminé. Si le Sky Crane ne se détache pas, c'est terminé. Si le petit dispositif qui doit couper les câbles par lesquels le rover descend dès qu'il touche le sol ne fonctionne pas, c'est terminé. Le Sky Crane irait alors s'écraser au loin, traînant lamentablement le rover derrière lui. Ou il resterait en vol et finirait par s'écraser sur le rover. Tout cela tient à des lames actionnées par un petit explosif pour aller sectionner les câbles. Même si cela fonctionne, mais pas dans le bon timing, c'est terminé. Si cela se fait trop tôt, le rover s'écrase. Si cela se fait trop tard, le rover est traîné », souligne Olivier Sanguy.

    « Bien sûr, tous ces systèmes sont testés. Les moyens sont mis pour que tout fonctionne. Mais nous ne saurons pas avant ce jeudi à 21 heures 55 si tout s'est réellement bien passé pour Perseverance. » Rendez-vous sur le live de Futura pour suivre cet atterrissage historique en direct.

    Source: https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/mars-2020-rover-mars-olivier-sanguy-nous-decrypte-atterrissage-risque-rover-perseverance-84881/?utm_content=buffer6308f&utm_medium=social&utm_source=facebook.com&utm_campaign=futura&fbclid=IwAR3eQtoKOD0DUmwKF5fRULUGCblEG8NA4wVMpyc4AtSNoQ1Lf3rykGhu_T0

  • Actualité de l'astronomie du 13.02.2021 / Où s’installeront les premiers colons humains sur Mars ?

    Où s’installeront les premiers colons humains sur Mars ?

     

    Nathalie Mayer

    Journaliste

    Peut être une image de plein air et texte qui dit ’Les équipes de Nasa travaillent déterminer quel seraitle meilleur endroit pour installer es premiers colons humains sur Mars. Nasa Fermer Θ’

    Publié le 12/02/2021

     [EN VIDÉO] Colonisation spatiale : des abris naturels se cachent sous la surface de Mars et de la Lune  Une récente étude renforce l'idée selon laquelle les tunnels de lave présents sous la surface de Mars et de la Lune constitueraient un excellent abri pour les futurs explorateurs spatiaux. 

    Alors que le rover Perseverance est en approche de la Planète rouge, les scientifiques de la Nasa préparent déjà la suite : l'arrivée des premiers colons humains sur Mars. Le principal objectif des ingénieurs étant de déterminer les régions dans lesquelles de la glace d'eau pourrait leur être accessible. 

    Lorsque nos ancêtres cherchaient un endroit pour installer leurs campements et plus tard, leurs villages, ils choisissaient de préférence les abords d'une rivière. Il y a fort à parier que ceux qui coloniseront Mars adopteront une stratégie semblable. Car il n'est pas pensable d'acheminer sur la Planète rouge suffisamment d'eau pour satisfaire aux besoins des futurs colons. La ressource sera, sur Mars plus que nulle part ailleurs sur Terre, essentielle à leur survie.

    C'est pourquoi les scientifiques et les ingénieurs de la Nasa travaillent depuis 2015 à identifier les gisements de glace d'eau qui pourraient être accessibles sous la surface de la Planète rouge. Et ils publient aujourd'hui -- dans le cadre du projet Subsurface Water Ice Mapping (SWIM) -- une carte détaillée des points d’eau souterrains de l'hémisphère nord de Mars. Une carte qui repose sur les données de Mars Odyssey, de Mars Reconnaissance Orbiter ou encore de Mars Global Surveyor.

     

    Le saviez-vous ?

    L’eau est indispensable à la survie des futurs colons humains sur Mars. Mais elle a aussi une valeur scientifique. Car si une forme de vie microbienne persiste sur la planète rouge, elle se trouvera probablement elle aussi à proximité d’une source d’eau.

    Cette carte servira de base à un travail qui sera bientôt mené par une équipe d'experts de diverses disciplines chargée d'évaluer des sites potentiels pour l'atterrissage d’humains sur la Planète rouge. Aux informations sur la présence de glace d'eau, ces experts mêleront d'autres données scientifiques et d'ingénierie.

    En 2012, Mars Reconnaissance Orbiter a immortalisé l’impact d’une météorite qui a creusé un cratère sur Mars et exposé de la glace d’eau jusqu’alors cachée sous la surface à 43,9° de latitude nord et 204,3° de longitude est. © Université de l’Arizona, JPL-Caltech, Nasa

    En 2012, Mars Reconnaissance Orbiter a immortalisé l’impact d’une météorite qui a creusé un cratère sur Mars et exposé de la glace d’eau jusqu’alors cachée sous la surface à 43,9° de latitude nord et 204,3° de longitude est. © Université de l’Arizona, JPL-Caltech, Nasa 

     

    L’eau, un critère important, mais pas le seul

    La préférence des futurs colons pourrait ainsi aller à la région de l'hémisphère nord située sous la région polaire de Mars. L'équivalent de l'Europe, sur Terre. Celle qui offrirait le meilleur compromis entre la proximité de la glace d'eau -- présente du côté des pôles -- et l'accès à la lumière et à la chaleur du Soleil -- à l'équateur. D'autant que ces latitudes sont aussi favorables à l'atterrissage d'un engin spatial. Celui-ci pourrait ainsi profiter d'un frottement plus important de l'atmosphère martienne -- qui ne présente pas plus de 1 % de la densité de celle de notre Terre -- pour se ralentir.

    VOIR AUSSIMars : quel calendrier pour les colons Martiens ?

    L'objectif du projet SWIM est donc principalement de tracer la ligne de la limite de la présence de glace d'eau en direction de l'équateur. Le tout à partir d'instruments qui n'ont pas été conçus pour cela. Et qui ne peuvent pas faire plus que suggérer la présence d'eau grâce à des relevés de propriétés physiques comme la concentration en hydrogène, la vitesse des ondes radar ou la vitesse à laquelle la température peut changer en surface.

    La Nasa envisage désormais d'envoyer une nouvelle mission vers Mars en ciblant particulièrement les régions les plus intéressantes pointées sur la carte du SWIM. Celles où de la glace d'eau est présente dans les couches supérieures du sous-sol martien. Les ingénieurs ont aussi besoin de plus d'informations sur la composition de la couche de roche qui recouvre ladite eau. Afin de déterminer quels outils permettront d'y accéder. Des missions qui devraient se dérouler au cours des années 2020 si nous espérons envoyer les premiers colons sur Mars dans les années 2030.

    Source: https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/mars-installeront-premiers-colons-humains-mars-85691/?utm_content=bufferbc425&utm_medium=social&utm_source=facebook.com&utm_campaign=futura&fbclid=IwAR3UOckU6NHOioZRLypYLraLai7YpDE9C6CYWV8jxoLdvdmClhlkHwrUjiw

  • Actualité de l'astronomie du 11.02.2021 / Naissance de l’astronomie moderne.

    Naissance de l’astronomie moderne

     

     

    Spectroscopie, nature de la galaxie, expansion de l’Univers… Aux XIXe et XXe siècles, les découvertes s’accélèrent. Herschel, Einstein ou encore Hubble posent les bases des connaissances astrophysiques modernes et de la cosmologie.

    Deux nébuleuses vues par Hubble : une petite bleue en bas à gauche de l'image, et une grande rouge à droite qui évoque un récif corallien.

    “Récif corallien cosmique” : la nébuleuse géante rouge NGC 2014 et sa petite voisine bleue NGC 2020 dans le Grand Nuage de Magellan, vues par le satellite Hubble pour ses trente ans en 2020. Crédit : Nasa/Esa/STScl

    Nous sommes au début du XIXe siècle. La théorie de l’héliocentrisme qui défend que la Terre et les planètes sont en orbite autour du Soleil est acceptée. Mais depuis presque deux siècles, les découvertes scientifiques dans le domaine de l’astronomie se font au compte-gouttes.

    Parmi les quelques faits remarquables tout de même, en 1755 le philosophe Emmanuel Kant tente pour la première fois d’expliquer la formation du Système solaire en utilisant la mécanique, et notamment les travaux de Newton. En 1769, l’explorateur James Cook effectue une mesure directe inédite : celle des distances Terre-Vénus-Soleil. Uranus est enfin considérée comme une planète grâce à l’astronome britannique Nevil Maskelyne, et William Herschel découvre en 1787 ses deux premiers satellites Titania et Obéron.

    Dessin en noir et blanc du Fort Vénus construit par l'explorateur James Cook à Tahiti : on y voit la mer et des bateaux au premier plan et au centre plusieurs bâtiments encerclés par une enceinte de pierre et de bois.

    Fort Vénus, construit en 1769 à Tahiti par James Cook, à l’occasion de son voyage pour observer le transit de Vénus. Crédit : Charles Praval/H.D. Söring

    Herschel met également en évidence le mouvement de translation propre du Soleil vers les constellations d’Hercule et de la Lyre, déduisant ainsi que le Soleil n’est qu’une étoile parmi d’autres, en mouvement à l’intérieur de la Voie lactée. Une perspective qui ouvre de nouveaux horizons dans la compréhension de notre Univers

    Premières photographies du ciel

    Le début du XIXe siècle est marqué par la découverte de la ceinture d’astéroïdes entre Mars et Jupiter. Le premier astre lui appartenant est observé par l’Italien Giuseppe Piazzi, puis des dizaines d’autres suivent pendant une cinquantaine d’années. À noter qu’aujourd’hui, déceler un nouvel astéroïde dans la ceinture principale n’a plus rien d’extraordinaire. Rien qu’entre 1995 et 2005, grâce à des programmes informatiques, plusieurs dizaines ont été détectés… chaque jour !

    En outre, en 1846, la planète Neptune est repérée.

    Toutefois, la révolution majeure des années 1800 concerne plus particulièrement les principes physiques liés à l’observation du ciel et notamment l’optique. Les premières photographies d’astres sont effectuées. Le prêtre italien Angelo Secchi est l’un des pionniers : il comprend qu’une exposition de plusieurs heures permet d’augmenter la luminosité des images et rend ainsi certains détails visibles.

    Quatre photos de l'éclipse de Soleil du 18 juillet 1860 prises par Angelo Secchi : les deux du haut ont des teintes rose/violet, celle en bas à gauche bleu, et en bas à droite marron. Chaque image représente un cercle foncé avec autour la couronne de lumière solaire créée par l'éclipse.

    L’éclipse totale de Soleil du 18 juillet 1860 photographiée par Angelo Secchi. Crédit : Angelo Secchi

    Avènement de la spectroscopie

    Au XIXe siècle, on voit aussi se développer la spectroscopie. Cette technique de mesure bouleverse l’astronomie, c’est encore de nos jours un des outils majeurs de l’astrophysique moderne. William Herschel découvre la lumière infrarouge en 1800 (voir les Rappels sur la lumière), tandis que le physicien britannique William Wollaston met en évidence deux ans plus tard les raies d’absorption dans le spectre solaire.

    Les gammes de longueurs d'ondes et le spectre solaire : on voit sur un rectangle horizontal avec à gauche le bleu et à droite le rouge, les différentes gammes de longueur d'ondes (gamma, X, UV, spectre solaire, infrarouge, etc.)

    Les gammes de longueurs d’ondes et le spectre solaire. Crédit : Fondriest Environmental

    Grâce aux travaux du physicien prussien Kirchhoff, un des plus grands scientifiques du siècle, et du chimiste allemand Bunsen, les spectres électromagnétiques reçoivent en 1859 une interprétation physique. La spectroscopie devient alors une mine d’informations sur les caractéristiques des astres, puisque l’aspect des spectres est directement lié à la température et aux éléments chimiques en présence.

    Plus en détails, lorsqu’un gaz est soumis à une décharge électrique dans certaines conditions, ses électrons se chargent en énergie. Puis le gaz revient naturellement à son état initial : les électrons relâchent cette énergie sous forme de lumière à des longueurs d’ondes spécifiques, les raies d’émission.

    Le spectre qui en résulte est ainsi constitué d’un ensemble de raies lumineuses sur fond sombre. En observant l’agencement de ces raies, on peut déduire de quel élément il s’agit.

    Sur fond noir (long rectangle horizontal), on voit quatre raies d'émission de l'hydrogène : de gauche à droite en couleurs rose, violet, bleu et orange.

    Le spectre d’émission de l’hydrogène. Crédit : Spitzer Science Center/JPL/Nasa

    D’autre part, un gaz éclairé par une source de lumière dans certaines conditions absorbe les photons à des longueurs d’onde spécifiques.  Le spectre coloré de la lumière est alors barré d’un ensemble de raies sombres, ou raies d’absorption, spécifiques au gaz traversé.

    Par exemple, lorsqu’une étoile émet de la lumière, les éléments chimiques présents dans son enveloppe absorbent une partie spécifique de ce rayonnement. Ces zones correspondant aux raies d’absorption permettent de remonter jusqu’aux éléments chimiques en question.

    Sur deux fonds multicolores du spectre continu de la lumière blanche (deux longs rectangles horizontaux avec les violet/bleu à gauche et les jaune/rouge à droite), on voit sur le premier les raies d'absorption du Soleil (traits noir) et les quatre raies d'absorption de l'hydrogène sur le rectangle du bas.

    Les spectres d’absorption du Soleil (en haut) et de l’hydrogène (en bas) : il y a donc de l’hydrogène à la surface du Soleil. Crédit : Spitzer Science Center/JPL/Nasa

    Dans les années 1880, l’analyse spectrale ou étude des raies et des longueurs d’onde d’un spectre devient progressivement la spectroscopie.

    Le temps et l’espace ne sont plus immuables

    Le début du XXe siècle est marqué par le travail du physicien théoricien le plus célèbre de l’Histoire : Albert Einstein. D’origine allemande, il a élaboré les théories de la relativité restreinte et de la relativité générale qui sont à la base de l’astrophysique moderne.

    Photo en noir et blanc d'Einstein. On voit son buste et sa tête, il est habillé d'une veste épaisse fermée et a les cheveux blancs, ébouriffés. Il a une moustache.

    Albert Einstein (1947). Crédit : Oren Jack Turner/Princeton N.J.

    Avant Einstein, la perception de l’espace et du temps était celle de Newton : un espace absolu immuable et un temps absolu universel. Mais avec la théorie de la relativité restreinte en 1905, tout change. À présent, l’espace et le temps sont des notions interdépendantes.

    En 1915 s’ensuit la relativité générale, une théorie de la gravitation qui complète la relativité restreinte. Désormais, Einstein considère que l’attraction gravitationnelle observée entre les masses (la Terre attire la Lune par exemple) est due à une déformation de l’espace et du temps par ces masses elles-mêmes.

    Représentation de l'espace-temps courbe en relativité générale : sur fond noir, la Terre est comme posée sur un quadrillage blanc, qui plie sous sa masse (comme une boule sur un drap)

    En relativité générale, la gravité correspond au mouvement des particules dans un espace-temps courbe. Crédit : Nasa

    La relativité générale est à la base de notre compréhension des trous noirs – régions à l’attraction gravitationnelle si intense que la lumière elle-même ne peut s’en échapper – et fait partie du modèle cosmologique du Big Bang.

    Naissance de la cosmologie

    Autre grand nom des années 1900, Edwin Hubble. L’astronome américain démontre en 1923 que la galaxie d’Andromède est située en dehors de la Voie lactée. Ainsi, il prouve qu’il existe bien d’autres galaxies que la nôtre.

    Quatre ans plus tard, le Belge Georges Lemaître observe que les spectres des objets lointains de l’Univers, les autres galaxies, sont décalés en longueur d’onde vers le rouge. Il émet alors l’hypothèse que l’Univers est en expansion, c’est-à-dire que les galaxies s’éloignent les unes des autres. Lemaître est le premier à introduire la théorie du Big Bang.

    Sur fond noir, une multitudes de points et formes brillants, légèrement bleu, jaune, rouge, orange, vert... Ce sont 15 000 galaxies visibles sur le même cliché. En bas à gauche, on voit nettement une galaxie spirale.

    Cette image comporte à elle seule… 15 000 galaxies ! (2018) Crédit : Nasa/Esa/P. Oesch (Université de Genève)/M. Montes (University of the New South Wales)

    Puis en 1929, Hubble précise grâce à la spectroscopie que la vitesse d’éloignement des galaxies est proportionnelle à leur distance au Système solaire. Autrement dit, plus une galaxie est lointaine, plus elle s’éloigne rapidement de nous. Cette affirmation appuie l’hypothèse d’un univers en expansion depuis un Big Bang initial, aujourd’hui globalement acceptée par la communauté scientifique.

    Juste après cette découverte qui révolutionne notre vision de la structure de l’Univers, la planète Pluton est identifiée. On observe les premières tempêtes de sable à la surface de Mars et le cycle de vie des étoiles – notamment la nucléosynthèse primordiale – est mis en lumière.

    Le premier contact radar avec un astre, en l’occurrence la Lune, est établi le 10 janvier 1946. Puis dix neuf ans plus tard, c’est le fond diffus cosmologique, l'”écho” du Big Bang, qui est découvert. À partir de ce moment, les astrophysiciens utilisent sans retenue la radioastronomie. Enfin, après le premier pas de l’Homme sur la Lune en 1969, les années 1970 marquent le commencement de l’exploration spatiale à l’aide de sondes. Télescopes spatiauxorbiteursrovers… et depuis ces technologies n’ont pas cessé d’évoluer !

    Lisez ou relisez nos deux autres articles sur l’Histoire de l’astronomie : Qui étaient les tout premiers astronomes ? et Histoire de l’astronomie : “le Soleil au centre de l’Univers”.

    Source: https://www.stelvision.com/astro/naissance-de-lastronomie-moderne/

  • Actualité de l'astronomie du 11.02.2021 / M44, un amas bourdonnant d’étoiles.

    M44, un amas bourdonnant d’étoiles 

     

     Le Cancer / printemps, hiver / facile

    La Crèche, sa traduction latine Praesepe ou encore la Ruche sont quelques-uns des noms qui ont été attribués à l’amas ouvert M44 depuis l’Antiquité : en effet, cet objet visible à l’œil nu est à l’origine de nombreuses légendes. Âgé d’environ 700 millions d’années, il contient au moins un millier d’étoiles, dont beaucoup de faible éclat. Un télescope d’amateur ne les montre donc pas toutes : suffisamment toutefois pour en faire une jolie cible !

    L’amas ouvert M44 contient une myriade d’étoiles dont on ne peut voir que les plus brillantes. Photo : Camille Colomb

     

    Repérage

    M44 est enfantin à localiser puisque si le ciel est noir, il est visible à l’œil nu en plein cœur de la discrète constellation du Cancer qui forme un Y à l’envers et se trouve à l’est des Gémeaux. Lorsque le ciel est dénué de pollution lumineuse, les yeux « accrochent » facilement sur cet objet au diamètre imposant (trois fois celui de la pleine lune) lorsqu’on les promène dans ce secteur du ciel.

    Carte de repérage de la zone où se situe M44 dans le Cancer. Les cercles bleus représentent des champs de 4° (typique d’un pointeur Telrad) et 2° (champ d’un oculaire classique grossissant 25 à 30 fois).

    Repérage de la zone où se situe M44 dans le Cancer. Les cercles bleus représentent des champs de 4° (typique d’un pointeur Telrad) et 2° (champ d’un oculaire classique grossissant 25 à 30 fois).

     

    Observation

    Quel que soit le diamètre instrumental, M44 est un régal à observer à condition d’utiliser un faible grossissement (20 à 30 fois) et si possible, un oculaire grand champ qui rend l’observation plus immersive. Plusieurs dizaines d’étoiles brillantes mais assez éparses occupent tout le champ de l’oculaire. Nombre d’entre elles sont regroupées par deux ou par trois, en triangle. Au nord de l’amas, l’un de ces triangles d’étoiles peut figurer la tête d’un serpent dont le corps est alors une suite sinueuse de sept étoiles.

    Carte de repérage de M44 dans le Cancer avec des instruments de 4 et 2 degrés de champ.

    Repérage aux instruments de M44 dans le Cancer.

    Notez qu’avec un télescope d’au moins 200 mm de diamètre, les couleurs des étoiles commencent à être perceptibles : certaines sont jaunâtres, en contraste avec d’autres plutôt blanc-bleuté.

    Source: https://www.stelvision.com/astro/fiche-observation/m44-un-amas-bourdonnant-detoiles/

  • Actualité de l'astronomie du 11.02.2021 / Rendez-vous pour Mars et la Lune dans le Taureau.

    Rendez-vous pour Mars et la Lune dans le Taureau

     

     

    Un joli rapprochement à observer tout au long de la soirée du 19 février 2021.

    Bien qu’elle ait perdu de sa superbe par rapport au mois d’octobre lorsqu’elle se trouvait au plus près de la Terre, la planète Mars n’en reste pas moins facilement repérable cet hiver en début de nuit. Courant février, dès que la nuit tombe, elle se trouve encore haut dans le ciel : son éclat orangé se repère au-dessus de l’horizon sud-ouest et s’abaisse progressivement sur l’horizon nord-ouest avant de disparaître vers 1h30.

     

    Le 19 février, Mars forme un triangle remarquable avec la Lune au premier quartier et l’amas des Pléiades, aux abords de la constellation du Taureau. Dès que la nuit est tombée, on peut rechercher ce rapprochement haut dans le ciel vers le sud, et de plus en plus vers l’ouest au fur et à mesure que la nuit avance, jusqu’au coucher de la Lune et Mars après 1h.

     

    Saisissez aussi l’occasion d’observer trois astres aux couleurs très proches, qui se trouvent quasiment alignés : la planète Mars, l’étoile Aldébaran du Taureau et l’étoile Bételgeuse dans la constellation d’Orion. Orangé, rougeâtre, à chaque observateur sa propre perception, mais une chose est sûre, la couleur est aussi présente dans le ciel nocturne !

    Retrouvez d’autres idées d’observations dans la rubrique À voir actuellement dans le ciel.


    Source: https://www.stelvision.com/astro/rendez-vous-pour-mars-et-la-lune-dans-le-taureau/