Le 26.06.2018:Pour coloniser une planète, il suffirait de 98 personnes
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- Le 26/06/2018 à 15:51
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Grâce à un modèle mathématique, deux chercheurs ont examiné le nombre minimal de passagers à embarquer pour assurer la survie d'une population en partance pour Proxima Centauri b.
Alors qu'Elon Musk veut envoyer des volontaires sur Mars en 2024 pour « assurer la survie de l'humanité et favoriser ainsi sa régénération sur Terre en cas de troisième guerre mondiale », des chercheurs de l'Observatoire astronomique de Strasbourg se sont penchés, eux, vers une autre destination : Proxima Centauri b, l'exoplanète potentiellement habitable la plus proche de la Terre. Dans leur étude, publiée sur la plateforme scientifique arXiv, Frédéric Marin et Camille Beluffi ont calculé le nombre de personnes nécessaires pour une telle expédition afin d'assurer la survie d'une colonie de façon pérenne, et ont conclu que 98 individus suffiraient.
Un chiffre qui ne doit rien au hasard. Les chercheurs se sont basés sur un code probabiliste nommé Heritage, prenant en compte toute une série de paramètres, comme le nombre d'hommes et de femmes, leur âge, leur espérance de vie, le risque de consanguinité, etc. Même les scénarios les plus noirs ont été envisagés, comme le cas d'une épidémiede peste se répandant parmi les passagers ou la destruction accidentelle d'une partie du vaisseau.
Un voyage de 6.300 ans sur plusieurs générations
Premier critère à prendre en compte : la durée du voyage. Proxima Centauri b est ainsi située à 4,22 années-lumière de la Terre, soit 4 x 1013 kilomètres. Avec une navette de type Apollo 11, il faudrait donc 114.000 années pour parvenir à destination. Mais en utilisant d'autres types de technologies comme l'accélération gravitationnelle, comme pour la mission Parker Solar Probe, il serait possible d'atteindre les 724.205 km/h, soit 200 km/s, d'après les chercheurs. Le voyage durerait alors seulement 6.300 ans ! C'est donc cette vitesse qui a été prise comme référence de départ.
Proxima Centauri b, la plus proche exoplanète habitable, est située à plus de 4,22 années-lumière de la Terre. © Thought Café, Youtube
En fonction de paramètres de départ arbitraires, le modèle mathématique recalcule chaque année le nombre de passagers restant et compare ce chiffre avec le seuil minimal requis pour assurer la survie de l'équipage. Finalement, les chercheurs ont défini une courbe de probabilité de succès en fonction du nombre de personnes de départ, et en sont arrivés au chiffre optimal de 98 (49 hommes et 49 femmes), en prenant en compte les risques d'incidents aléatoires.
Un exercice purement mathématique qui ne dit rien de la psychologie
Évidemment tout cela reste très théorique. Un grand nombre d'inconnues n'ont pas été étudiées, comme les ressources en eau et en nourriture ou le rôle de chacun des passagers. « Il y a bien sûr d'autres questions inhérentes à un tel voyage : quel serait le régime politique à bord du vaisseau ? Dans quel état d'esprit se trouveraient les générations intermédiaires, dont le seul but serait de se reproduire pour assurer le succès de la mission ? Pour le moment, les implications psychologiques et sociologiques ne sont pas mathématisables », explique ainsi Frédéric Marin au site L’Édition du soir de Ouest France. Une autre étude publiée dans Acta Astronautica, en 2014, était d'ailleurs parvenue à un nombre bien différent concernant la pérennité d'une population lors de voyages interstellaires. Selon cette étude, ce n'est pas 98 personnes mais... 40.000 qui seraient nécessaires pour assurer la survie d'une colonie.
Bref, l'expédition n'est pas prête de voir le jour, d'autant plus que personne ne sait vraiment si Proxima Centauri b est réellement habitable. Soumise à des radiations importantes, il est possible que son atmosphère et ses océans se soient évaporés et que sa surface ait été intégralement stérilisée. Ce serait vraiment bête pour les valeureux descendants des pionniers terriens.
CE QU'IL FAUT RETENIR
- Un algorithme a calculé que 49 hommes et 49 femmes sont nécessaires pour assurer la survie lors d’un voyage interstellaire.
- Le taux de fertilité, l’espérance de vie, mais aussi une possible épidémie ont notamment été pris en compte.
- Ce chiffre reste purement théorique et ne prend pas en compte les paramètres de nourriture ou de psychologie.
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