Actualité Météorologie, Astronomie

Demain 162

  • LE 07.02.2021: Actualité de la météo/ Retour du froid avec au soleil cette après midi sur le Gard a 12H30

    Demain 146

     

    Retour dans temps plus froid et calme après les orages de cette nuit, le soleil feras une apparition cette après midi avant le retour des nuages ce soir sur le Gard.

    Avec une moyenne de températures de 0° à 12° cette après midi.

    Lire la suite

  • LE 6.02.2021: Météo en Live, phénomènes dangereux/ Risque d' un pluvio/orageux ce soir sur le 34, 30 et le 48 SUIVI à 19H30

    LE 6.02.2021: Météo en Live, phénomènes dangereux/ Risque d' un pluvio/orageux ce soir sur le 34, 30 et le 48 SUIVI  à 19H30

     

    Aucune description de photo disponible.

     

    Comme prévue l' activité orageuses pluvieuses et bien présente et commence a touché l' Ouest du 34 actuellement.

    Ensuite se seras plus tard dans la soirée le 48 et le 30 qui vont être touché a leur tour.

    Cette ligne pluvio orageuses est assez active, il faudra quand même erre vigilant l' ors du passage de cette axes pluvio orageux.

    l' activité orageuses pourras être marqué et d' une intensité modéré voir fort accompagné de bon cumul de pluies et de rafales de vents sous les orages.

    Cette axes pluvio/oageux devrais ensuite ce décalé sur la région Rhône Alpes en cours de nuit.

     

    SOURCES ASTROMETEOFRANCOSUISSE30 LAGNAU VANESSA

     

  • Actualité de l'astronomie du 06.02.2021 / La Nasa nous donne rendez-vous le 21 février pour un nouvel essai des moteurs du SLS.

    La Nasa nous donne rendez-vous le 21 février pour un nouvel essai des moteurs du SLS, le plus puissant lanceur du monde

     

    Rémy Decourt

    Journaliste

    Peut être une image de ‎nature et ‎texte qui dit ’‎رPن Essai des moteurs RS du LS dans le cadre du Green Run du anceur. © Nasa‎’‎‎

    Publié le 05/02/2021

     [EN VIDÉO] SLS, le plus puissant lanceur du monde  Présentation en vidéo du futur lanceur le plus puissant du monde, développé par la Nasa pour le programme lunaire Artemis. 

    La Nasa et Boeing prévoient une nouvelle tentative, à partir du 21 février, de tester les quatre moteurs RS-25 du futur lanceur SLS des missions Artemis. La Nasa, qui doit composer avec des phases de certification aux délais de plus en plus courts, parie toujours sur un vol inaugural en novembre 2021.  

    La Nasa a décidé d'effectuer un deuxième test des quatre moteurs RS-25 de l'étage principal du SLS à partir du 21 février, plus d'un mois après l'échec d'une première tentative. Le 16 janvier, le dernier test de la campagne Green Run s'était soldé par un arrêt prématuré des moteurs seulement 67 secondes après leur allumage, bien en deçà des 485 secondes prévues. Pour rappel, il devait clore la série d'essais Green Run, et consistait en un test complet de l'étage et de tous ses systèmes intégrés avec l'allumage des quatre moteurs principaux durant presque neuf minutes, de façon à simuler un décollage après un compte à rebours et un remplissage des réservoirs.

    Pour expliquer cet échec, la Nasa avait déclaré trois jours plus tard que le système hydraulique du moteur 2 avait atteint des limites « intentionnellement trop conservatrices », déclenchant un arrêt par l'ordinateur de bord.

     

    Incertitude sur la date du vol inaugural du lanceur 

    Le test à venir devrait durer « environ au moins 4 minutes », précise le communiqué de la Nasa, bien que l'objectif reste de réaliser un test de durée complète, c'est-à-dire environ 8 à 9 minutes. Toutefois, la Nasa et Boeing se satisferont de quelque 250 secondes de fonctionnement. En effet, John Shannon, responsable du projet SLS chez Boeing, avait déclaré quelques jours avant le premier test « qu'au moins 250 secondes de fonctionnement des moteurs étaient nécessaires pour acquérir suffisamment de données pour qualifier l'étage ».

    Quant à la date du vol inaugural, la Nasa préfère s'exprimer au conditionnel mais parie sur un vol inaugural en novembre malgré des délais très serrés (Artemis 1). Les responsables du lanceur n'ont pas précisé quel serait l'impact de cette campagne de test sur le calendrier de lancement d'Artemis 1. Ce deuxième test, s'il se passe bien, retardera de plus d'un mois la livraison de l'étage au Centre spatial Kennedy d'où sol sera lancé.

    L'étage principal du SLS, avec ses quatre moteurs RS 25. © Nasa, Eric Bordelon

    L'étage principal du SLS, avec ses quatre moteurs RS 25. © Nasa, Eric Bordelon 

    L'étage principal du SLS installé sur un banc de test du Centre Spatial Stennis de la Nasa en vue d'un essai « Green Run ». © Nasa

    L'étage principal du SLS installé sur un banc de test du Centre Spatial Stennis de la Nasa en vue d'un essai « Green Run ». © Nasa 

    Données comparatives du lanceur SLS de la Nasa avec la navette spatiale et Saturn V. © Nasa, MSFC

    Données comparatives du lanceur SLS de la Nasa avec la navette spatiale et Saturn V. © Nasa, MSFC 

    Source: https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/sls-nasa-nous-donne-rendez-vous-21-fevrier-nouvel-essai-moteurs-sls-plus-puissant-lanceur-monde-78776/?utm_content=buffer5ce88&utm_medium=social&utm_source=facebook.com&utm_campaign=futura&fbclid=IwAR3z7koyIbXL4wjuIaifoQHfNVaIu2IiaT64WbzmvhmQHBEk0E17GQ3OUrY

  • Actualité de l'astronomie du 06.02.2021 / Ondes gravitationnelles : la chasse aux cordes cosmiques est en cours avec Ligo et Virgo.

    Ondes gravitationnelles : la chasse aux cordes cosmiques est en cours avec Ligo et Virgo

     

     

    Laurent Sacco

    Journaliste

    Peut être une image de intérieur et texte qui dit ’Une vue de l'intérieur du détecteur d'ondes gravitationnelles Ligo aux États-Unis. © IGOCaltech, MIT,JeffKissel Jeff Kissel’

    Publié le 05/02/2021

     [EN VIDÉO] Interview : comment mesurer les ondes gravitationnelles ?  Les ondes gravitationnelles sont des déformations de l’espace-temps prédites par Einstein. Il serait possible de les mesurer avec des outils appropriés. L’éditeur littéraire Dunod a interviewé Pierre Binétruy, professeur au laboratoire Astroparticule et Cosmologie de l'université Paris Diderot, afin d’en savoir plus sur ces mystérieuses ondes et sur la façon dont on pourrait les détecter. 

    Les collisions de trous noirs ne sont pas les seules sources possibles d'ondes gravitationnelles. Des théories au-delà de la physique du modèle standard des hautes énergies suggèrent l'existence de filaments d'énergie extraordinairement denses et pouvant être longs de centaines de millions d'années-lumière. Ligo et Virgo sont partis à la chasse aux ondes que peuvent générer ces objets exotiques et le dernier bilan à ce sujet vient d'être rendu public.

    Contrairement au poisson d’avril concocté par Futura au sujet de ʻOumuamua, aucune onde gravitationnelle n'a été détectée en provenance de ce voyageur interstellaire, signalant son passage en vitesse lumière via la propulsion Alcubierre ou suite à l'ouverture d'un trou de ver. Comme Futura l'a récemment expliqué avec les articles de Sean Raymond et Franck Selsis, tout indique que ʻOumuamua est bien un objet naturel et pas une sonde interstellaire envoyée par des super-IA extraterrestres pour observer de plus près l'Humanité.

    Par contre, les yeux dont elle s'est dotée pour faire de l'astronomie gravitationnelle, et qui ont révélé depuis presque cinq ans des collisions de trous noirs stellaires binaires et d'étoiles à neutrons binaires, sont toujours à l'affût d'autres événements extraordinaires. En l'occurrence, il s'agit de tenter de mettre en évidence non seulement un bruit de fond stochastique d'ondes gravitationnelles issu de la superposition aléatoire dans l'espace et dans le temps de myriades d'émissions dans le cosmos observable de ces ondes, qui étirent et compriment le tissu de l'espace-temps et son contenu matériel, mais aussi des signaux de sources exotiques transitoirement au-dessus de ce bruit de fond.

    Les collaborations des détecteurs Ligo aux États-Unis, Virgo en Europe et Kagra au Japon, viennent donc de faire savoir avec deux publications, en accès libre sur arXiv, que les deux détecteurs occidentaux, bientôt rejoints par leur cousin japonais, avaient posé de nouvelles bornes sur l'existence de ce que les physiciens et les cosmologistes appellent des cordes cosmiques, ainsi que sur certaines de leurs propriétés.

    Mais, c'est quoi en fait une corde cosmique, et pourquoi leur découverte ouvrirait des perspectives nouvelles en physique fondamentale et en cosmologie ? Pour répondre à ces questions, voici une synthèse de quelques articles que Futura avait consacrés à ces objets théoriques ces dernières années.

     

    Une présentation de la « Simulation du millénaire » (Millennium Simulation) conduite à partir du modèle cosmologique standard. Elle reproduit bien la structure filamenteuse de l'Univers observable avec des superamas de galaxies formant un réseau de longs filaments qui se forme au cours de l'histoire de l'Univers. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © minutephysics

     

    La matière noire, la clé des grandes structures galactiques ?

    Les cosmologistes et les physiciens des particules se sont beaucoup penchés sur l'hypothèse des cordes cosmiques parce qu'elle semblait donner un scénario naturel et prometteur pour comprendre l'origine des galaxies et leur rassemblement sous forme d'amas et de filaments d'amas de galaxies, l'un des problèmes centraux de la cosmologie. On pense que ces structures proviennent initialement de fluctuations de densité dans le plasma de particules de l'Univers primordial. Elles auraient servi en quelque sorte de germes de nucléation pour la matière normale, provoquant son effondrement gravitationnel dans les zones les plus denses.

    On a beaucoup spéculé sur la nature de ces germes et l'origine des fluctuations de densité. La plupart des cosmologistes pensent aujourd'hui que les explications les plus probables font intervenir la théorie de l'inflation et des particules de matière noire. Ce serait des fluctuations quantiques dans un champ scalaire primordial, assez semblable à celui du boson de Brout-Englert-Higgs (BEH), qui auraient été amplifiées par l'expansion exponentielle de l'espace pendant l'inflation.

    Grâce à ce mécanisme, des fluctuations classiques dans la distribution de matière noire, insensibles à la pression du rayonnement lumineux dominant la matière normale et s'opposant pendant un temps à son effondrement en structures, auraient alors commencé à former les premiers agrégats de matière. Ceux-ci auraient ensuite servi d'attracteurs pour l'accrétion de la matière normale qui donnera finalement par son effondrement gravitationnel les premières étoiles et les premières galaxies.

    Toujours sous l'effet de la gravitation, ces galaxies vont former les grandes structures qui ont été observées par des programmes de cartographie de la répartition des galaxies dans le cosmos observable. Le plus célèbre étant le Sloan Digital Sky Survey (SDSS).

    Des simulations numériques, comme celle dont on peut voir des extraits dans la vidéo ci-dessus et utilisant de la matière noire, permettent en effet de reproduire ces grandes structures cosmiques, à savoir des amas de galaxies qui se sont rassemblés au cours du temps en formant des filaments cosmiques enlaçant des régions en forme de bulles, des vides cosmiques bien plus pauvres en étoiles et matière noire.

    Le physicien Thomas Kibble. Il a non seulement proposé le mécanisme de Higgs, indépendamment de Peter Higgs, mais a aussi été à l'origine du concept de corde cosmique. © Imperial College London

    Le physicien Thomas Kibble. Il a non seulement proposé le mécanisme de Higgs, indépendamment de Peter Higgs, mais a aussi été à l'origine du concept de corde cosmique. © Imperial College London 

     

    Des filaments d'énergie comme alternative aux particules de matière noire

    Mais au lieu de faire intervenir initialement des régions plus ou moins denses formées de particules de matière noire, on peut supposer que la structure filamenteuse qui semble apparaître au cours des milliards d'années était en fait présente dès l'origine. Or, il se trouve que de tels objets sont des conséquences naturelles des théories proposées pour unifier la force électrofaible, responsable de l'existence de la lumière et de la radioactivité bêta, et la force nucléaire forte, responsable de l'existence des protons et des neutrons formés de quarks. On peut aussi les trouver dans la théorie des supercordes, clé, on l'espère, de l'écume de l'espace-temps. Mais ces filaments-là ne font pas intervenir le champ du boson BEH.

    Il s'agissait donc de faire intervenir ce qui a été appelé des cordes cosmiques, des sortes de défauts topologiques analogues à ceux que l'on trouve dans un réseau cristallin lorsqu'un liquide devient solide en se refroidissant. C'est en particulier Thomas Kibble qui fut l'un des premiers à proposer ce scénario dans les années 1970.

    Ces cordes seraient des zones dans l'espace où des champs de Brout-Englert-Higgs, que l'on fait intervenir dans la théorie électrofaible ou les théories de grande unification (GUT), seraient restés dans leur état primitif. Cela se traduirait par la présence de filaments dont l'épaisseur est celle d'un proton mais où la densité d'énergie associée à ces champs serait encore extrêmement élevée.

    Quelques kilomètres de ces bouts de ficelles cosmiques, qui ne doivent pas être confondues avec celles de la théorie des supercordes, pèseraient tout de même aussi lourd que la Terre.

    Ces cordes formeraient des boucles et des filaments pouvant s'étendre sur des centaines de millions d'années-lumière. A priori, ce sont de bons candidats pour amorcer l'effondrement de la matière normale et former les filaments d'amas de galaxies que l'on observe aujourd'hui.

    Une simulation de la formation et de l'évolution de cordes cosmiques à partir d'un modèle du champ de Brout-Englert-Higgs. Notez les structures que l'on qualifie de cusps, kinks et de collisions kink-kink en anglais, ce qui peut se traduire par des cuspides, des plis et des collisions pli-pli (voir les explications ci-dessous). © Cosmic Defects

     

    Les défauts topologiques et le champ de Brout-Englert-Higgs

    Regardons de plus près le champ de Brout-Englert-Higgs et ses variantes.

    Pour décrire les masses des particules fondamentales dans le cadre du modèle standard de la physique des particules, il a fallu introduire une particule supplémentaire : le boson de Brout-Englert-Higgs.

    L'état de celui-ci peut aussi se décrire par une sorte de vecteur à deux dimensions, Φ, dans un espace interne. Pour chaque point de l'espace externe ordinaire, il existe une orientation et une longueur possibles pour ce vecteur interne. Tout comme pour chaque point de l'espace où peut se trouver un ballon de football, il existe un vecteur vitesse de rotation qui fixe un axe de rotation et une vitesse.

    Le champ de Brout-Englert-Higgs est en fait un champ décrit avec des nombres complexes, avec une partie réelle et une partie imaginaire dans le plan complexe. On peut toutefois le représenter par un vecteur dans un plan. En chaque point de l'espace ordinaire, il peut exister une orientation particulière du champ BEH. À droite du schéma, on voit une configuration à l'origine d'une corde cosmique. © DAMTP

    Le champ de Brout-Englert-Higgs est en fait un champ décrit avec des nombres complexes, avec une partie réelle et une partie imaginaire dans le plan complexe. On peut toutefois le représenter par un vecteur dans un plan. En chaque point de l'espace ordinaire, il peut exister une orientation particulière du champ BEH. À droite du schéma, on voit une configuration à l'origine d'une corde cosmique. © DAMTP 

    Il se trouve que ce champ de Brout-Englert-Higgs produit une densité d'énergie dans le vide V(Φ) qui n'est pas nulle quand le champ l'est, et qui s'annule lorsque le champ prend une valeur.

    C'est ce qui a dû se produire en tout point de l'espace dans l'Univers très primitif, quand la température a chuté. Toutefois, comme on le voit sur le potentiel en forme de sombrero du champ de Brout-Englert-Higgs dans la figure précédente, la valeur d'équilibre que celui-ci a atteint, un peu comme une boule chutant d'une colline pour se stabiliser dans une vallée, peut être caractérisée par différentes directions dans le plan de l'espace interne abstrait du champ de Brout-Englert-Higgs.

    Lorsqu'on cherche à unifier la force nucléaire forte, décrite par la QCD (chromodynamique quantique), avec la force électrofaible, dans le cadre des théories de jauge de Grande unification (Grand Unified Theories ou GUT, en anglais), on fait intervenir un champ BEH décrit par plus de deux composantes internes, mais les résultats restent les mêmes.

    Basiquement, lorsque l'Univers s'est refroidi dans le cadre de ces théories, et que la force nucléaire s'est séparée de la force électrofaible, il n'y avait pas de raisons pour que les vecteurs internes du champ de Brout-Englert-Higgs soient tous figés dans une même direction.

    Lorsque l'orientation interne des champs de Brout-Englert-Higgs forme ces hérissons dans l'espace le long d'une courbe, il se crée une zone où le champ de Higgs est nul mais où l'énergie du vide est importante. Le filament d'énergie ultra dense obtenu est un exemple de défaut topologique appelé une « corde cosmique ». Celle-ci est relativement stable et peut s'étendre sur des millions d'années-lumière. © Alejandro Gangui

    Lorsque l'orientation interne des champs de Brout-Englert-Higgs forme ces hérissons dans l'espace le long d'une courbe, il se crée une zone où le champ de Higgs est nul mais où l'énergie du vide est importante. Le filament d'énergie ultra dense obtenu est un exemple de défaut topologique appelé une « corde cosmique ». Celle-ci est relativement stable et peut s'étendre sur des millions d'années-lumière. © Alejandro Gangui  

    On peut se les représenter comme un champ de vecteurs vitesse sur un plan définissant des structures particulières, comme des tourbillons par exemple. Les formes de champs possibles peuvent se classifier avec les méthodes mathématiques de la topologie. Un peu comme il est possible de classifier les types de réseaux cristallins possibles avec la théorie des groupes.

    Toutefois, depuis les observations du rayonnement fossile avec le satellite Cobe, les modèles basés sur des cordes cosmiques sont considérés en général comme non viables. Les observations ne sont pas en accord avec ceux-ci ou, plus précisément, elles ne permettent pas d'expliquer majoritairement l'apparition des grandes structures de l'Univers à partir de zones de surdensité créées par des cordes cosmiques, ou en liaison avec les textures.

    Mais cela ne veut pas dire qu'il n'en existe pas ! Simplement leur rôle ne peut être que très minoritaire.

    Si l'on pouvait en détecter, ce serait une véritable révolution car la physique des GUT se manifestant à des énergies très élevées, de l'ordre de 1015 Gev, il est quasiment impossible de la tester directement sur Terre avec des accélérateurs de particules, par exemple.

    Donc, même si nous savons que les cordes cosmiques ne sont pas LA solution à l'énigme de l'apparition des galaxies et des grandes structures cosmiques, leur détection aurait un impact à plusieurs niveaux en physique fondamentale et en cosmologie. Or, outre leur trace indirecte dans le rayonnement fossile, ces cordes peuvent émettre des ondes gravitationnelles que pourraient détecter Ligo, Virgo et leurs cousins à venir.

    Une présentation technique des cordes cosmiques développant les explications données précédemment. Ces cordes pourraient produire des trous noirs et des ondes gravitationnelles. On peut classifier des structures particulièrement sources d'ondes gravitationnelles que l'on appelle en français des cuspides, des plis et des collisions pli-pli et en anglais des cusps, kinks et de collisions kink-kink. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © Lisa Mission

     

    Des contraintes sur le seuil d'énergie de l'unification des forces nucléaires

    Revenons maintenant aux résultats des articles des collaborations Ligo, Virgo et Kagra, fruits de la chasse conjointe aux signaux des cordes cosmiques dans les données collectées au cours de la troisième campagne d'observation des détecteurs Ligo et Virgo.

    On sait, grâce aux simulations numériques de l'évolution des cordes cosmiques dans des modèles de cosmologie relativiste réalistes, que les cordes cosmiques peuvent former des boucles fermées à la suite de leurs interactions. Tout comme il se produit des oscillations et des propagations d'ondes sur des cordes vibrantes classiques, ces boucles sont elles aussi dynamiques. Comme elles sont extrêmement denses et fantastiquement longues, elles vont émettre des ondes gravitationnelles.

    On peut montrer que ces émissions sont les plus puissantes pour les cordes en boucle en raison de structures géométriques que peuvent produire les ondes de déformation des cordes et que l'on appelle en français des cuspides, des plis et des collisions pli-pli et en anglais des cusps, kinks et de collisions kink-kink. Ce sont les bouffées d'ondes gravitationnelles générées par ces structures et qui possèdent un spectre bien particulier relié aux propriétés des cordes comme leur tension, laquelle se déduit de l'échelle d'énergie associée à leur formation dans une théorie donnée, que ce soit une GUT ou la théorie des supercordes.

    Toujours aucun signal de ces cordes n'a encore émergé dans les données mais une nouvelle borne sur la tension des cordes, et donc sur la théorie au-delà du modèle standard qui pourrait impliquer leur genèse au moment du Big Bang, a été obtenue. Mais nous n'en sommes encore qu'au début de l'astronomie gravitationnelle. Lorsque le détecteur spatial eLisa sera en orbite autour du Soleil à l'horizon des années 2030, nous disposerons d'un instrument considérablement plus sensible pour révéler les cordes cosmiques, à moins que l'on ne fasse leur découverte avant, par exemple via la collaboration NANOGrav (North American Nanohertz Observatory for Gravitationnal Waves).

    Source: https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/ondes-gravitationnelles-ondes-gravitationnelles-chasse-cordes-cosmiques-cours-ligo-virgo-20250/?utm_content=buffer8da24&utm_medium=social&utm_source=facebook.com&utm_campaign=futura&fbclid=IwAR0ecJPOnZO_IEVN-DI2a9fbb1UozxWDghYm4_mB5iDC-zIGbYePs2UvJU0

  • Actualité de l'astronomie du 06.02.2021 / Premier système sextuple où les six étoiles se font éclipser.

    Premier système sextuple où les six étoiles se font éclipser

     

    Adrien Coffinet

    Journaliste scientifique

    Aucune description de photo disponible.

    Publié le 05/02/2021

     [EN VIDÉO] Tess, chasseur d'exoplanètes, doit surveiller 200.000 étoiles  D'une durée de deux ans, la mission de Tess est de surveiller 200.000 étoiles pour y repérer d'éventuels transits d'exoplanètes potentiellement habitables depuis une vaste orbite l'amenant plus loin que la Lune. Les « candidates » qu'il aura trouvées seront étudiées de plus près par les futurs télescopes, comme le James-Webb Space Telescope (JWST). 

    Le télescope spatial Tess, dédié à la recherche d'exoplanètes en transit, a permis d'identifier pour la première fois un système stellaire sextuple où toutes les étoiles participent à des éclipses.

    Bien que le Soleil soit solitaire, une bonne partie des étoiles vivent par deux voire plus. C'est par exemple le cas de notre voisin le plus proche, le système Alpha Centauri, qui compte trois étoiles. Suivant l'orientation du système, il peut arriver que des étoiles se passent tour à tour l'une devant l'autre, produisant alors des éclipses. Ce n'est pas le cas des étoiles d'Alpha Centauri, mais c'est par exemple le cas de la paire d'étoiles centrale du système d'Algol (β Persei).

    Certains systèmes stellaires sont constitués de plusieurs sous-systèmes binaires formant une structure hiérarchique. C'est par exemple le cas du système de l'étoile Castor (α Geminorum), constitué de six étoiles : deux paires entourées d'une troisième. Dans ce système, seule la paire externe, Castor C (aussi désignée YY Geminorum), est une binaire à éclipses. Cependant, grâce au Transiting Exoplanet Survey Satellite (Tess), un nouveau système sextuple, ayant une structure similaire, vient d'être identifié, avec pour le coup les trois paires d'étoiles qui sont des binaires à éclipses. C'est le premier système sextuple connu où toutes les étoiles participent à des éclipses.

    Position de TYC 7037-89-1 (rond rouge) dans la constellation de l'Éridan. © IAU and Sky & Telescope magazine (Roger Sinnott & Rick Fienberg)

    Position de TYC 7037-89-1 (rond rouge) dans la constellation de l'Éridan. © IAU and Sky & Telescope magazine (Roger Sinnott & Rick Fienberg) 

     

    Le système TYC 7037-89-1

    Le système en question est TYC 7037-89-1, également désigné TIC 168789840. Il se trouve à environ 2.000 années-lumière de nous dans la constellation de l'Éridan et a un âge estimé à environ trois milliards d'années. Il s'agit du dix-huitième système sextuple connu à ce jour.

    Les trois paires d'étoiles sont identifiées par les lettres A, B et C. Les étoiles de la paire A se tournent autour en 1,3 jour, tandis que celles de la paire C le font en 1,6 jour. Ces deux paires se tournent autour en environ quatre ans. Les membres de la paire B, pour leur part, se tournent autour en 8,2 jours et orbitent autour du quatuor (AC) en environ 2.000 ans.

    Schéma (pas à l'échelle) du système TYC 7037-89-1. © Nasa's Goddard Space Flight Center

    Schéma (pas à l'échelle) du système TYC 7037-89-1. © Nasa's Goddard Space Flight Center 

    Les étoiles primaires dans les trois binaires sont toutes légèrement plus grandes et plus massives que le Soleil (entre 1,4 et 1,7 rayon solaire, et 1,2 à 1,3 masse solaire) et à peu près aussi chaudes (environ 6.100 °C, contre 5.500 °C pour le Soleil). Les étoiles secondaires sont plus petites, avec des masses et rayons entre 50 et 70 % de ceux du Soleil et une température entre 3.650 et 4.000 °C. Les étoiles primaires sont ainsi chacune trois à quatre fois plus lumineuses que le Soleil, tandis que les étoiles secondaires n'atteignent qu'entre 7 et 12 % de la luminosité de notre étoile.

     

    Un supercalculateur et une mine de données

    Pour identifier ce système et en comprendre la structure, les scientifiques ont utilisé le supercalculateur Discover du Centre de simulation du climat de la Nasa, au Centre de vol spatial Goddard, pour tracer l'évolution de la luminosité d'environ 80 millions d'étoiles observées par Tess au fil du temps. Ils ont ensuite analysé les données à l'aide d'un logiciel autonome formé pour reconnaître les baisses de luminosité révélatrices des binaires à éclipses. Parmi les 450.000 candidats, les chercheurs en ont identifié au moins 100 avec potentiellement trois étoiles ou plus, y compris le nouveau système sextuple qui nous intéresse ici.

    Les astrophysiciens sont très intéressés par les binaires à éclipses car leur structure facilite les mesures détaillées de la taille, de la masse, de la température et de la séparation des étoiles ainsi que de la distance nous séparant du système. Ils peuvent utiliser ces informations pour construire de meilleurs modèles de formation et d'évolution des étoiles. Par exemple, dans le cas de TYC 7037-89-1, les scientifiques veulent en savoir plus sur la manière dont les étoiles primaires et secondaires des trois binaires ont acquis des propriétés similaires et sur la façon dont les trois systèmes sont devenus gravitationnellement liés.

    CE QU'IL FAUT RETENIR

    Grâce à Tess, des astronomes ont identifié le premier système stellaire sextuple connu où toutes les étoiles participent à des éclipses, TYC 7037-89-1.

    Source: https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/astronomie-premier-systeme-sextuple-six-etoiles-font-eclipser-85558/?utm_content=bufferfe775&utm_medium=social&utm_source=facebook.com&utm_campaign=futura&fbclid=IwAR2GQOnjiq8sh5KZdXMzxaYJ1cAQ4ioZMcutZuEjcu2sPvoprtJ2QCTz3X8

  • Actualité de l'astronomie du 05.02.2021 / La sonde Messenger a observé l'impact d'un météoroïde sur Mercure.

    La sonde Messenger a observé l'impact d'un météoroïde sur Mercure

     

     

    Laurent Sacco

    Journaliste

    Aucune description de photo disponible.

    Publié le 04/02/2021

    Le bombardement météoritique, observé sur Terre et sur la Lune encore aujourd'hui, doit exister également sur les autres planètes du Système solaire, en particulier interne. La sonde Messenger de la Nasa aurait bel et bien détecté indirectement l'effet de la chute d'un météoroïde sur la surface de Mercure, celui-ci ayant provoqué la formation d'un panache de plusieurs milliers de kilomètres de haut.

    On se souvient encore de l'évènement de Tcheliabinsk survenu le 15 février 2013, à l'est de l'Oural, en Russie. Ce jour-là, un astéroïde de 19 mètres s'est brisé en de multiples fragments à environ 20 km d'altitude, libérant une énergie équivalente à 500 kilotonnes de TNT, soit presque 30 fois celle de la bombe d'Hiroshima. Ce type d'événement n'est pas rare sur Terre comme le rappelait la fondation B612 il y a quelques années : on avait dénombré 26 corps célestes ayant explosé dans l'atmosphère de la Terre entre 2000 et 2013, libérant à chaque fois une énergie comparable à celle de la bombe d'Hiroshima.

    Dans cette vidéo, 25 explosions liées à l'entrée dans l'atmosphère de petits corps célestes entre 2000 et 2013 sont indiquées. L'encadré, en haut à gauche, montre que ces explosions sont comparables à celle de la bombe d'Hiroshima. Heureusement, ces événements se sont produits à haute altitude et souvent au-dessus des océans. Un impact capable de détruire une ville peut arriver en moyenne une fois par siècle environ. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © The B612 Foundation,New Scientist

    De plus petites météorites sont également observées avec un flash de lumière au moment de leur impact sur la Lune qui, elle, ne possède pas d'atmosphère pour freiner et faire exploser certains petits corps célestes avant qu'ils n'atteignent le régolite lunaire. On doit s'attendre à observer de telles chutes sur d'autres planètes du Système solaire et c'est justement ce que fait savoir une équipe de chercheurs via une publication dans le célèbre journal Nature Communications.

    Jusqu'à présent donc, on n'avait observé de chutes de météorites que sur la Terre et la Lune, même si au cours de son périple sur Mars, le rover Opportunity a bel et bien rencontré quatre météorites tombées dans un passé récent sur la Planète rouge. Quelques membres de la noosphère nous expliquent donc maintenant que, selon eux, le 21 décembre 2013, la sonde de la Nasa MErcury Surface, Space ENvironment, GEochemistry and Ranging (Messenger) a bel et bien été témoin de l'impact d'un petit corps céleste sur Mercure.

    « C'est tout simplement incroyable que Messenger ait pu voir cela se produire », a déclaré Jamie Jasinski, physicien au Jet Propulsion Laboratory de Pasadena, en Californie, et auteur principal de l'article publié.

    Illustration d’artiste montrant comment Messenger a observé le premier impact de météoroïde sur la surface d’une autre planète. Les particules (atomes neutres) éjectées par le météoroïde sont montées en flèche à plus de 4.800 kilomètres au-dessus de la surface de Mercure, à l’extérieur de son arc de choc (Bow shock, en anglais) la frontière à laquelle la vitesse du vent solaire baisse brusquement à la suite de son approche de la magnétopause. Là, des photons de lumière ont transformé les particules neutres en particules chargées (ions), que l’un des instruments de Messenger pouvait détecter. © Jacek Zmarz

    Illustration d’artiste montrant comment Messenger a observé le premier impact de météoroïde sur la surface d’une autre planète. Les particules (atomes neutres) éjectées par le météoroïde sont montées en flèche à plus de 4.800 kilomètres au-dessus de la surface de Mercure, à l’extérieur de son arc de choc (Bow shock, en anglais) la frontière à laquelle la vitesse du vent solaire baisse brusquement à la suite de son approche de la magnétopause. Là, des photons de lumière ont transformé les particules neutres en particules chargées (ions), que l’un des instruments de Messenger pouvait détecter. © Jacek Zmarz  

     

    Un météoroïde à l'origine d'un panache de plus de 4.000 km de haut

    Le 21 décembre 2013 donc, alors que Messenger survolait la face diurne de Mercure -- rappelons que, si Mercure n'est pas en rotation synchrone autour du Soleil, comme la Lune autour de la Terre, elle y est tout de même en résonance spin-orbite 3:2, effectuant trois tours sur elle-même pendant qu'elle effectue deux révolutions autour du Soleil --, un de ses instruments, le Fast Imaging Plasma Spectrometer (FIPS) a fait une surprenante mesure.

    Le spectromètre à plasma à imagerie rapide (FIPS) a, en effet, détecté un brusque pic dans la composition du vent solaire autour de Mercure, pic trahissant à l'analyse des quantités anormalement élevées d'ions sodium et silicium, et surtout animés de vitesses presque identiques en direction et valeur, comme si un jet de ces ions avait été produit.

    En rembobinant en quelque sorte le film de ce jet avec ces données concernant les vitesses, il est ensuite apparu que ce jet devait avoir été initié par un panache dense de matière s'étant élevé sur plus de 4.000 kilomètres de hauteur à partir du sol de Mercure.

    Notre connaissance des impacts des petits corps sur une planète a alors permis aux planétologues de déduire des caractéristiques de ce panache qu'il devait résulter de l'impact d'un météoroïde d'environ un mètre de diamètre -- météroïde est le terme introduit par l'astronome Hubert Anson Newton en 1864 pour désigner un petit corps du Système solaire provenant de la désagrégation généralement partielle d'un astéroïde ou d'un noyau cométaire.

    Un instrument similaire à FIPS équipe la mission BepiColombo de l'Agence spatiale européenne lancée vers Mercure en 2018. Elle se mettra en orbite autour de Mercure à la fin de 2025 si tout va bien. La sonde pourrait alors faire d'autres découvertes similaires.

    Source: https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/astronomie-sonde-messenger-observe-impact-meteoroide-mercure-44437/?utm_content=bufferb9e9d&utm_medium=social&utm_source=facebook.com&utm_campaign=futura&fbclid=IwAR27tr5Ov8NcNz7ELfUZZCvkSz77uFCAV0Lnrx1a2BfKlKZXnAt4_I90JV4

  • Actualité de l'astronomie du 03.02.2021 / ʻOumuamua n'est pas une preuve de l'existence d'extraterrestres, selon des experts.

    ʻOumuamua n'est pas une preuve de l'existence d'extraterrestres, selon des experts

     

    Laurent Sacco

    Journaliste

    Aucune description de photo disponible.

    Publié le 02/02/2021

    Modifié le 03/02/2021

     [EN VIDÉO] Qui est vraiment ‘Oumuamua ?  Le 19 octobre 2017, un observatoire à Hawaï (États-Unis) rapporte l’observation, au cœur de notre Système solaire, d’un objet mystérieux : ‘Oumuamua. Depuis les astronomes cherchent à percer les secrets de cet objet interstellaire qui ne ressemble à aucun autre. Certains en viennent même à envisager l’inimaginable : ‘Oumuamua pourrait avoir été construit par une intelligence extraterrestre. © Futura 

     

    Une sonde interstellaire extraterrestre, utilisant probablement une voile stellaire, a-t-elle survolé la Terre en traversant à toute vitesse le Système solaire en octobre 2017 ? « Oui, très probablement » selon l'astrophysicien de Harvard Avi Loeb ; « non » pour les experts des petits corps célestes comme nous explique l'astronome Sean Raymond du Laboratoire d'Astrophysique de Bordeaux.

     

    On se souvient du beau cadeau  pour le centenaire de la naissance d'Arthur Clarke (le 19 mars 2018, il y a exactement dix ans que l'auteur de 2001 : L'Odyssée de l'espace nous a quittés) qu'a représenté la découverte le 19 octobre 2017 d'un objet incontestablement sur une trajectoire interstellaire, le premier jamais détecté à venir d'au-delà de notre Système solaire : 1I/2017 U1.

    Il est plus connu désormais sous le nom de ʻOumuamua (« messager venu de loin et arrivé le premier » en hawaïen) et ses étonnantes caractéristiques ont suggéré qu'il pouvait s'agir d'une véritable sonde interstellaire provenant d'une civilisation extraterrestre avancée. La découverte de ‘Oumuamua faisait d'ailleurs irrésistiblement penser à celle de Rama dans le roman Rendez vous avec Rama d'Arthur Clarke. L'immense majorité de la communauté scientifique considère depuis un moment déjà que cette hypothèse a été réfutée.

    Beaucoup d'astronomes sont donc particulièrement agacés par l'insistance d'Abraham Loeb à son sujet. Président du département d'astronomie à l'université de Harvard (États-Unis) de 2011 à 2020 et très impliqué dans le projet Breakthrough Starshot -- une nanovoile photonique propulsée par des faisceaux laser à destination des étoiles les plus proches du Soleil, dans le système d'Alpha du Centaure --, l'astrophysicien continue à défendre cette thèse dans un livre, traduit par Charles Frankel et qui vient de paraître aux éditions du Seuil sous le titre Le premier signe d’une vie intelligente extraterrestre comme Futura l'expliquait dans un précédent article.

    Dans celui-ci, nous expliquions que Loeb lui-même reconnaissait qu'il y avait tout de même une dimension spéculative à prendre avec précaution en ce qui concerne les idées qu'il défend. Mais, pour beaucoup, la messe est dite et les arguments contre celles-ci sont suffisamment forts pour qu'il ne soit guère rationnel, surtout dans le climat actuel marqué par la pseudo-science populiste, de justifier la publication de son livre.

    Après avoir exposé certains des arguments de l'astrophysicien, nous avons donc décidé de donner la parole à l'un des experts de la théorie de la formation des systèmes planétaires avec exoplanètescomètes et astéroïdes, qui s'est penché avec ses collègues sur les caractéristiques de 'Oumuamua et sur les hypothèses les expliquant, sans faire intervenir une origine extraterrestre.

    Il s'agit de Sean Raymond, chercheur au Laboratoire d'Astrophysique de Bordeaux et dont les travaux ont un retentissement international. Futura le remercie particulièrement pour nous avoir donné l'autorisation de reprendre en le traduisant l'article très complet qu'il avait consacré à cette question sur son blog. Nous remercions aussi son collègue à Bordeaux, l'astrophysicien Franck Selsis, bien connu des lecteurs de Futura pour ses travaux sur les biosignatures dans les atmosphères des exoplanètes, pour avoir vérifié et corrigé notre traduction.

    Mojo, pour Modeling the origin of jovian planets, c'est-à-dire modélisation de l'origine des planètes joviennes, est un projet de recherche qui a donné lieu à une série de vidéos présentant la théorie de l'origine du Système solaire et en particulier des géantes gazeuses. On les doit à deux spécialistes réputés, Alessandro Morbidelli et Sean Raymond. Dans cette vidéo, Sean Raymond rappelle certaines des caractéristiques étonnantes de  ʻOumuamua et présente une hypothèse concernant son origine il y a quelques années. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © Laurence Honnorat

    Voici donc cette traduction

    « Quelque chose a traversé le système solaire. « Frôlant » la Terre à 40 fois la distance Terre-Lune, l'objet a été repéré par les astronomes en 2017 mais, en moins d'une semaine, il était devenu trop peu lumineux pour presque tous nos télescopes.

    Il était si petit que nous ne pouvions pas voir sa forme. La seule chose que nous savions de tout évidence, c'est que l'objet se déplaçait si vite qu'il devait provenir de l'extérieur du Système solaire. Il a été nommé 'Oumuamua.

    Certains scientifiques ont proposé que 'Oumuamua soit un astéroïde, ou une comète, expulsé de son système planétaire d'origine. D’autres (comme moi) ont suggéré qu'il aurait pu être éjecté d'une étoile mourante ou être un vestige d'une planète qui a été déchiquetée en morceaux. Les données disponibles sur 'Oumuamua et les modèles de formation planétaire me font pencher en la faveur d'une comète éjectée d'un système jeune.

    Puis, Avi Loeb, l'ancien président du Département d'astronomie de Harvard, a affirmé qu'il s'agissait probablement d'un vaisseau spatial extraterrestre et les médias du monde  se sont tous affolés.

    Il y a quelques années, j'ai eu le grand plaisir de faire partie d'un groupe de recherche international dédié à l'étude de 'Oumuamua, parrainé par l'Institut international des sciences spatialesNotre équipe comprend  les découvreurs de 'Oumuamua, des scientifiques spécialisés dans la détection et la modélisation de l'évolution des astéroïdes, des comètes et des objets du Système solaire externe, ainsi que des experts (comme moi) dans la façon dont les étoiles et les planètes se forment.

    Notre première réunion a eu lieu peu de temps après que Loeb a crié « Aliens ». Le premier ordre du jour de notre équipe fut d'explorer rapidement et vigoureusement l'idée qu'il n'est nul besoin d'avoir recours à une origine extraterrestre pour 'Oumuamua car des processus naturels simples pouvaient très probablement suffire et si tel était bien le cas, il fallait garder la tête froide. Notre premier article - publié dans Nature Astronomy - a, de fait, montrer comment des processus naturels pouvaient rendre compte de ce que nous savons de 'Oumuamua.

    Loeb avance cinq « preuves » qui, selon lui, indiquent que 'Oumuamua est un vaisseau spatial extraterrestre. Avant d'examiner ces preuves, réfléchissons à la façon dont nous choisissons entre plusieurs hypothèses.

    Carl Sagan (et ses précurseurs sur le sujet, comme Laplace et Hume) a écrit que les affirmations extraordinaires nécessitent des preuves extraordinaires. Avi Loeb n'est pas d'accord. Sa réponse : un conservatisme extraordinaire nous maintient extraordinairement ignorants.   

    Imaginez qu'il existe deux façons différentes d'expliquer un ensemble de données. L'une invoque des processus naturels imparfaitement compris, et l'autre des extraterrestres intelligents. Comment choisir entre les deux ? Faut-il donner aux deux idées un poids égal, comme Loeb ? Ou devrions-nous être biaisés vers l'explication naturelle, comme Sagan ?

    Les scientifiques sont formés pour être prudents. Notre instinct est d'éviter de faire de grandes affirmations tant que nous n'en sommes pas absolument certains. C'est une attitude sobre et que nous pourrions qualifier de « saganesque ». Mais ne passons-nous pas à côté de découvertes étonnantes en gardant nos esprits fermés à des possibilités inattendues ? C'est la thèse de Loeb.

    Gardons ces considérations philosophique à l'esprit lorsque nous allons discuter des données que nous avons concernant 'Oumuamua. Examinons les cinq arguments présentés par Loeb comme preuves qu'il a été fabriqué par des extraterrestres.

    1. Il y a trop peu d’objets naturels dans l’espace interstellaire : 'Oumuamua n’aurait jamais dû être découvert. Il devait viser délibérément la Terre.

    Cet argument suppose que l'on connaisse parfaitement - par d'autres moyens que de simples observations - le nombre de ces objets naturels. Et il repose aussi sur le fait de savoir d'où ils viennent. Les systèmes planétaires sont la source la plus évidente d'objets interstellaires. La formation des planètes est désordonnée, et les restes des blocs de construction sont inévitablement rejetés hors de leurs systèmes d'origine.

    Nous en savons pas mal sur les exoplanètes autour d'autres étoiles et comment les planètes se forment (vidéos ici). Nous pouvons tirer parti de cela pour estimer que chaque étoile éjecte probablement environ l'équivalent de la masse de la Terre sous forme de restes de la formation planétaire dans l'espace interstellaire.

    Comment se répartissent ces populations d'objets en fonction de leur taille, nous l'ignorons. Il pourrait n'y en avoir que quelques uns de grandes tailles ou un nombre énorme de petites tailles. Imaginons que ces objets interstellaires aient la même répartition des tailles que nos astéroïdes. Dans ce cas, les grands objets dominent et il est en effet très peu probable que nous aurions pu détecter 'Oumuamua. Précisions un peu ce point.

    Quand on fait une estimation du nombre d'objets interstellaires, on s'appuie sur l'idée qu'ils résultent de l'éjection de corps de systèmes planétaires. On raisonne par rapport à la masse qui est éjectée par étoile (en moyenne).

    Dans le cas des astéroïdes du Système solaire, il y a beaucoup plus de petits corps que de grands. Mais la masse qu'ils représentent est concentrée essentiellement dans les grands. Cérès contient ainsi au moins un tiers de la masse de la ceinture principale d'astéroïdes.  Cela ne colle pas bien avec la répartition des masses dans les petits corps célestes pour d'autres systèmes que l'on déduit à partir de la détection de 'OUmuamua (prenant en compte les biais de détection).

    La distribution de la taille des astéroïdes. L'essentiel de la masse de la ceinture d'astéroïdes se concentre dans les quelques objets les plus gros. Si les objets interstellaires avaient une telle distribution, observer un objet de la taille de 'Oumuamua serait très improbable. © Marco Colombo, DensityDesign Research Lab .

    La distribution de la taille des astéroïdes. L'essentiel de la masse de la ceinture d'astéroïdes se concentre dans les quelques objets les plus gros. Si les objets interstellaires avaient une telle distribution, observer un objet de la taille de 'Oumuamua serait très improbable. © Marco Colombo, DensityDesign Research Lab  .
      

    Mais si la distribution de taille des objets interstellaires est un peu plus déplacée vers des tailles plus petites, il ne serait pas surprenant que nous ayons trouvé 'Oumuamua. Ainsi, les objets interstellaires n'ont probablement pas la même distribution de tailles que les astéroïdes du Système solaire. C'est intéressant ! Cela peut nous dire des choses sur la croissance des éléments constitutifs des exoplanètes, ou sur les processus qui façonnent ces objets.

    Est-ce que cela devrait faire pencher notre opinion en faveur des extraterrestre ? Non, certainement pas !

    Il existe plusieurs processus naturels qui façonnent la distribution en taille des petits corps. Par exemple, tout astéroïde ou comète qui passe trop près d'une planète géante est déchiquetée par les forces de marée. Nous avons vu cela se produire en 1992 lorsque la comète Shoemaker-Levy 9 a été fragmentée par Jupiter en plus de 20 petits morceaux sous le regard du télescope spatial Hubble.

    Fragments de la comète Shoemaker-Levy 9 vus par Hubble le 17 mai 1994. Cette image comprend presque tous ses 21 fragments et s'étend sur environ 1.140.000 kilomètres, soit environ trois fois la distance de la Terre à la Lune. Les fragments ont touché Jupiter en juillet 1994. © Nasa, ESA H. Weaver and E. Smith (STSci)

    Fragments de la comète Shoemaker-Levy 9 vus par Hubble le 17 mai 1994. Cette image comprend presque tous ses 21 fragments et s'étend sur environ 1.140.000 kilomètres, soit environ trois fois la distance de la Terre à la Lune. Les fragments ont touché Jupiter en juillet 1994. © Nasa, ESA H. Weaver and E. Smith (STSci) 

    Peut-être que 'Oumuamua est un fragment d'un objet plus grand qui a été déchiré après être passé près d'une planète géante ou d'une étoile, phénomène naturellement associé à une éjection d'un système planétaire. Cela pourrait aussi aider à expliquer sa forme bizarre comme nous le verrons ci-dessous.

    L'hypothèse Alien est soumise aux mêmes contraintes : si 'Oumuamua est une sonde extraterrestre alors, statistiquement parlant, chaque étoile dans la Voie lactée aurait dû envoyer plus d'un million de milliards de ces objets explorer la Galaxie pour que nous puissions en trouver un. Cela implique une ingénierie TRÈS productive et n'apporte pas vraiment une solution à cette question du nombre d'objets interstellaires nécessaires à leur détection.

    2. 'Oumuamua est entré dans notre Système solaire sur une orbite très improbable qui s’est plus rapprochée de la Terre que de toute autre planète. Il devait donc être dirigé vers notre Planète par des extraterrestres intelligents.

    Des objets de l'espace interstellaire entrent et quittent le Système solaire tout le temps. Mais des études montrent que, en effet, 'Oumuamua était sur une orbite statistiquement inhabituelle si on la compare à l'ensemble des trajectoires qu'un objet peut avoir entrant dans le Système solaire.

    Mais quels objets interstellaires pouvons-nous réellement débusquer ? Ces objets sont faiblement lumineux et nous ne pouvons détecter que ceux qui s'approchent de la Terre. Si l'on considère l'ensemble des objets interstellaires observables depuis la Terre avec nos moyens actuels, la trajectoire de 'Oumuamua est alors totalement typique. Ceux que nous avons pu trouver sont donc forcément sur des orbites que Loeb juge « atypiques »,  passant près de la Terre.

    En moyenne en France, les chances de croiser un Japonais aujourd'hui sont assez faibles. Ils sont une petite minorité. Mais ils ne sont plus une petite minorité si vous êtes à l'aéroport, près de la porte d'embarquement pour un vol à destination de Tokyo. Tout dépend du contexte et dans celui de sa découverte, l'orbite de 'Oumuamua n'a rien de spécial. Ce n'est pas une preuve de l'existence d'aliens.

    3. Sa forme est trop étrange pour ne pas avoir été façonnée par des extraterrestres.

    La forme de 'Oumuamua est bizarre. Pour moi, c'est sa caractéristique la plus étonnante. Mais le fait est qu'on ne connaît pas vraiment la forme réelle de 'Oumuamua. Tout ce que nous savons, c'est que les variations de sa luminosité (de la lumière qu'il réfléchissait du Soleil) dues à sa rotation étaient très grandes par rapport à un astéroïde typique.

    Cette simulation montre qu'une forme de cigare pour 'Oumuamua peut reproduire les grandes oscillations de luminosité observées. © nagualdesign.

    Cette simulation montre qu'une forme de cigare pour 'Oumuamua peut reproduire les grandes oscillations de luminosité observées. © nagualdesign. 

    Pour expliquer ces grandes oscillations de luminosité, nous pensons qu'il doit être très étiré. Il pourrait ressembler à un cigare... ou à une crêpe -- j'aimerais dire qu'il ressemble au Faucon Millenium, mais ce buzz autour d'un « vaisseau spatial extraterrestre » a rendu délicat ce genre d'analogie

    Vue d’artiste d'un 'Oumuamua en forme de « crêpe », qui permet également de reproduire les oscillations de luminosité observées. © William K. Hartmann

    Vue d’artiste d'un 'Oumuamua en forme de « crêpe », qui permet également de reproduire les oscillations de luminosité observées. © William K. Hartmann 

    La forme qui colle le mieux aux données est une crêpe avec un rapport d'axe de 6, c'est-à-dire environ 6 fois plus large qu'elle n'est épaisse. Cette forme n'est pas complètement inédite dans le Système solaire.

    Distribution des rapports d'axe que l'on pourrait déduire des variations de luminosité pour les objets de la ceinture d'astéroïde. Un astéroïde pourrait présenter les mêmes oscillations que 'Oumuamua mais ce serait très peu probable. © Wm. Robert Johnston

    Distribution des rapports d'axe que l'on pourrait déduire des variations de luminosité pour les objets de la ceinture d'astéroïde. Un astéroïde pourrait présenter les mêmes oscillations que 'Oumuamua mais ce serait très peu probable. © Wm. Robert Johnston 

    Robert Johnston a comparé la distribution des rapports d'axe des petits corps connus du Système solaire avec celui de 'Oumuamua. Comme vous pouvez le voir, les ratios d'axe de 6 sont inhabituels mais pas sans précédent. De plus, nos données pour les astéroïdes et comètes de la taille de 'Oumuamua sont assez rares parce qu'elles sont difficiles à observer ! Alors, pourquoi est-il si étiré?

    Jusqu'à présent, les scientifiques ont avancé quatre idées plausibles sans rapport avec des E.T. Peut-être que 'Oumuamua est un fragment d'un objet plus grand qui a été déchiré en lambeaux avant qu'il ne soit éjecté de son système planétaire d'origine, et ce processus l’a étiré. Il aurait pu être déchiqueté en passant près d'une planète géante, voire d'une étoile, notamment s'il est originaire d'un système stellaire binaire ou multiple -- environ la moitié des étoiles.

    Schéma illustrant la formation de 'Oumuamua basée sur le scénario de Zhang et Lin : élongation / fragmentation par forces de marée et éjection lors du passage près d'une étoile ou d'une planète géante. © Naoc, Y. Zhang

    Schéma illustrant la formation de 'Oumuamua basée sur le scénario de Zhang et Lin : élongation / fragmentation par forces de marée et éjection lors du passage près d'une étoile ou d'une planète géante. © Naoc, Y. Zhang 

    Peut-être que les collisions à grande vitesse avec de la poussière interstellaire pendant son voyage entre les étoiles ont changé sa forme, passant de celle d'une pomme de terre à celle d'une écharde.

    Peut-être  que les collisions lentes dans les confins de son Système planétaire d'origine ont produit sa forme étrange.

    Peut-être qu'il a été chauffé et a perdu son contenu en composés volatils, soit sur son chemin hors de son système d'origine, soit à mesure qu'il approchait du Soleil. Cela aurait eu pour conséquence de l'aplatir, une hypothèse qui été utilisée pour expliquer la forme d'Arrokoth.

    L'alternative extraterrestre est que 'Oumuamua serait une voile légère (très exactement une voile solaire ou plutôt stellaire) qui est, par définition, super mince parce qu'elle est propulsée par la lumière d'une étoile. Nous en reparlerons plus loin.

    Alors, la forme de 'Oumuamua est-elle une preuve de la technologie extraterrestre ?

    Même si l'on peut avancer des raisons pour qu'un objet fabriqué par des aliens ait une forme aplatie, il y a beaucoup d'explications naturelles donc Carl Sagan dirait non (et moi aussi). Par ailleurs, l'hypothèse de voile stellaire est difficile à concilier avec la rotation de 'Oumuamua, comme nous le verrons au point 5 ci-dessous.

    4. 'Oumuamua est trop brillant pour être un objet similaire aux astéroïdes ou aux comètes.

    Pour estimer la réflectance d'un objet dont on ne connait pas précisément la taille, il faut mesurer à la fois la lumière qu'il réfléchit et celle qu'il émet, dans l'infrarouge. Cette dernière mesure a été tentée avec le télescope spatial Spitzer de la Nasa, un mois environ après la découverte de 'Oumuamua. Malheureusement, ces observations n'ont pas été en mesure de détecter 'Oumuamua parce que son émission était trop faible. L'étude a conclu que la valeur de la réflectance de 'Oumuamua pouvait être comprise entre 1 à 50 % avec comme valeur la plus probable 10 %.

    La plupart des objets du Système solaire sont sombres. Les noyaux cométaires -- des assemblages de roches et de glaces qui donnent de la vapeur d'eau pour produire des comas et des queues de comète spectaculaires -- ne reflètent que 2 à 7 % de la lumière du Soleil. Les astéroïdes riches en eau sont un peu moins sombres, mais ne reflètent encore que 5 à 20 % de la lumière du Soleil.

    Si 'Oumuamua reflète vraiment 50 % de la lumière qu'il reçoit, ce qui correspond à la valeur de sa réflectance la plus élevée permise par les observations, ce serait vraiment bizarre.  Mais elle est peut être également très basse. Les noyaux de comètes et les astéroïdes riches en eau ont des réflectances parfaitement compatibles avec la gamme de réflectances possibles pour 'Oumuamua.

    On a, à nouveau, ici une caractéristique d'un objet naturel.

    5. Son accélération non gravitationnelle – les changements observés dans la vitesse orbitale de ’Oumuamua non dus à la gravité du Soleil – ne peut s'expliquer que par la présence d’un vaisseau spatial extraterrestre.

    C'est le point le plus controversé et c'est un peu technique. Laissez-moi vous expliquer.

    Moins d'une semaine après la découverte de 'Oumuamua, il est devenu trop peu lumineux pour être détecté par des télescopes, sauf les plus performants. Le télescope spatial Hubble a pu suivre sa position avec quelques mesures précises sur plus de deux mois, jusqu'en janvier 2018.

    Les données ont montré que 'Oumuamua n'a pas suivi une trajectoire purement déterminée par la gravité. Au contraire, en plus de la gravité, il semblait avoir été doucement éloigné du Soleil. Cette poussée supplémentaire est appelée une « accélération non gravitationnelle ».

    La trajectoire observée de 'Oumuamua à travers le Système solaire présente une accélération non gravitationnelle qui ne peut découler de la seule gravité du Soleil (ce qui donnerait la trajectoire verte). C'est ce qu'explique ce document. © ESA.

    La trajectoire observée de 'Oumuamua à travers le Système solaire présente une accélération non gravitationnelle qui ne peut découler de la seule gravité du Soleil (ce qui donnerait la trajectoire verte). C'est ce qu'explique ce document. © ESA.  

    Ce n'est pas très surprenant en soi. De nombreuses comètes subissent une accélération non gravitationnelle. En effet, au fur et à mesure qu'elles se réchauffent à l'approche du Soleil, les glaces près de la surface d'une comète se vaporisent et créent des jets qui poussent la comète. Mais les jets changent aussi la rotation des comètes sur elles-mêmes.

    Comment les jets d'une comète qui dégaze — si elle est asymétrique et mal alignée avec un axe de rotation — peuvent modifier la rotation de la comète. © Nature

    Comment les jets d'une comète qui dégaze — si elle est asymétrique et mal alignée avec un axe de rotation — peuvent modifier la rotation de la comète. © Nature 

    La mesure avec laquelle les jets peuvent changer la rotation des comètes dépend du nombre de jets qu'il y a, de l'intensité des forces qu'ils exercent et de leur position par rapport à l'axe de rotation de la comète. Dans le cas de 'Oumuamua, qu'il y ait un ou plusieurs jets, nous n'en connaissons, par l'accélération qu'elle a provoquée, que la composante résultante totale.

    S'il n'y avait eu qu'un seul jet, une étude a montré que 'Oumuamua se serait sans doute mis à tourner de plus en plus vite jusqu'à dislocation par forces centrifuges. Ce qui n'a pas été observé.

    Quelle leçon pouvons-nous tirer de tout cela ? Il y a deux possibilités.

    Soit le modèle de jet unique utilisé dans cette étude ne décrit pas bien le phénomènes d'éjections qui ont eu lieu sur 'Oumuamua, soit on doit éliminer l'hypothèse des jets.

    Les tenants de l'hypothèse extraterrestre ont jeté le modèle des jets à la poubelle.

    « Lorsque vous avez éliminé l'impossible, ce qui reste, si improbable soit-il, est nécessairement la vérité », selon la fameuse expression qu'Arthur Conan Doyle a mis dans la bouche de Sherlock Holmes. Le problème, c'est que tous les possibles n'ont pas été éliminés comme nous le verrons.

    Une autre explication théoriquement possible de l'accélération non gravitationnelle de 'Oumuamua fait intervenir la pression du rayonnement solaire. La lumière possède en effet une quantité de mouvements qui peut exercer une poussée sur un objet dans l'espace. Mais la lumière n'a que très peu d'impulsion. Pour que la lumière pousse vraiment un objet, celui-ci doit en recueillir beaucoup sur une grande surface mais avoir une très petite masse. Il doit avoir donc avoir finalement une très, très faible densité.

    En suivant cette idée de pression de radiationune étude a proposé que 'Oumuamua pourrait être un agglomérat de poussières très lâchement liées, poussé par la lumière du Soleil. Cela semble peu probable car un tel objet aurait probablement été démantelé  par son passage près du Soleil.

    Une autre solution est que 'Oumuamua aurait la taille d'un terrain de football, mais seulement quelques millimètres d’épaisseur. Cela en ferait une voile stellaire utilisant la lumière des étoiles comme un moyen de propulsion.

    « Sous l'hypothèse d'une origine artificielle, une possibilité est une voile stellaire, flottant dans l'espace interstellaire comme débris d'un équipement technologique avancé », Avi Loeb. C'est le cœur de l'argumentation des tenants de l'hypothèse extraterrestre : cette voile solaire serait alors vraisemblablement un vaisseau spatial lancé vers la Terre par des extraterrestres intelligents.


    Dans l'espace, une surface suffisamment grande peut être poussée par les photons du Soleil. C'est le principe de la voile solaire, testé avec succès en juin 2015 par la Planetary Society. Un système audacieux qu'Unisciel et l'université de Lille 1 nous expliquent au cours de cet épisode de Kézako.

    Le concept de voile stellaire est très robuste. La pression de rayonnement a été utilisée comme moyen de contrôle de l'assiette de satellites et un certain nombre de missions spatiales à venir prévoient d'utiliser des voiles solaires pour la propulsion.

    Mais l'idée que 'Oumuamua soit une voile stellaire pose de gros problèmes.

    'Oumuamua tourne sur lui-même toutes les 7-8 heures d'une manière non-périodique. Mais pourquoi 'Oumuamua tournerait-il s'il s'agissait d'une voile stellaire ? Ce n'est pas ainsi que fonctionnent ces voiles-- elles doivent garder leurs collecteurs de lumière pointés vers une étoile ! Si 'Oumuamua était une voile stellaire fonctionnelle, nous ne l'aurions pas vu tourner.

    'Oumuamua est également entré dans le Système solaire à une vitesse galactique modeste. Si des extraterrestres voulaient vraiment dire « bonjour », pourquoi l'ont-ils envoyé vers nous si lentement ? Tous les extraterrestres qui veulent réellement envoyer des sondes interstellaires sont supposés les envoyer un peu plus vite. Par exemple, le projet de voile stellaire Breakthrough Starshot vise à atteindre 20 % de la vitesse de la lumière !

    La façon la plus simple d'expliquer ces problèmes avec 'Oumuamua, c'est qu'il serait une voile stellaire qui a été utilisée par une sonde extraterrestre en panne. Une sonde un peu comme le cylindre géant dans Rendez-vous avec Rama mais, dans le cas présent, conçu par des extraterrestres qui ne pensaient pas à l'avenir et ne pouvaient pas faire de constructions parfaites.

    Maintenant, revenons en arrière et prenons un autre chemin. Et si les jets de 'Oumuamua n'étaient tout simplement pas conformes aux hypothèses faites dans l'étude que nous avons citée précédemment ?

    La façon dont la rotation des comètes change en raison du dégazage est un domaine de recherche actif. Et c'est plus compliqué que vous ne le pensez.

    Ce que n'a pas considéré Avi Loeb, c'est qu'il existe d'autres études de ce type et qui ont montré qu'il existe des configurations simples qui peuvent rendre compte par un dégazage à la fois de la rotation et de l'accélération non gravitationnelle de 'Oumuamua. Voici le modèle de Darryl Seligman montrant comment le spin de 'Oumuamua, son moment cinétique propre de rotation, changerait si son jet (la flèche bleue en mouvement) pointait toujours vers le Soleil.

    Une animation illustrant les idées de Darryl Seligman. © Darryl Seligman

    En perdant environ 10 % de sa masse totale au fur et à mesure qu'il s'approchait du Soleil et plutôt dans la direction du Soleil, son spin aurait évolué d'une manière correspondant à ce qui a été observé.

    Inutile de postuler des Aliens à l'origine de 'Oumuamua ! Ce modèle simple montre qu'un dégazage du type de ceux des comètes peut expliquer à la fois l'accélération non gravitationnelle de 'Oumuamua et sa rotation.

    Si on creuse un peu plus, on trouve toutefois que la glace d'eau est en fait incapable de fournir suffisamment d'impulsion pour pousser 'Oumuamua. Il faut alors faire intervenir à sa place une glace moins commune comme celle d'azote ou plus exotique comme celle de l'hydrogène moléculaire (H2). Si 'Oumuamua était un morceau de glace d’hydrogène, son passage près du Soleil expliquerait sa forme étirée, son accélération non gravitationnelle, et sa rotation par la même occasion.

    Schéma montrant l'évolution de la taille, de la forme et de la trajectoire de 'Oumumua par sublimation de dihydrogène. Les illustrations en haut à gauche montrent la taille apparente et l'orientation de l'objet au moment de ses différentes observations dans ce scénario. © Seligman et Laughlin (2020).

    Schéma montrant l'évolution de la taille, de la forme et de la trajectoire de 'Oumumua par sublimation de dihydrogène. Les illustrations en haut à gauche montrent la taille apparente et l'orientation de l'objet au moment de ses différentes observations dans ce scénario. © Seligman et Laughlin (2020). 

    La glace d'hydrogène représente un matériau assez exotique et il n'est pas clair qu'elle survivrait assez longtemps lors d'un voyage à travers le Système solaire. De la glace d'azote serait plus crédible mais cela reste une hypothèse à tester entièrement.

    Pour conclure : l'accélération non gravitationnelle de 'Oumuamua fait-elle pencher notre pensée vers des processus naturels ou extraterrestres ? Pour correspondre pleinement aux données, cela pourrait nécessiter des glaces inhabituelles, et cette idée est activement testée et confrontée à un certain nombre de contraintes. Si 'Oumuamua était une voile stellaire, cela correspondrait à l'accélération non gravitationnelle observée. Mais cela n'est pas facilement compatible avec sa rotation.

    En étant fidèle à l'esprit de Carl Sagan, cela conduit à adopter l'hypothèse de processus naturels, même s'ils sont, certes, imparfaitement compris.

    Artefact étranger vs objet naturel

    Aucun de ces cinq arguments ne convaincra quiconque, dont la tournure d'esprit serait celle de Sagan, qu'il s'agit bien de preuves extraordinaires de l'hypothèse de la voile stellaire extraterrestre. Chaque argument a été examiné au moyen d'investigations invoquant des processus naturels et, bien qu'il existe encore quelques incertitudes, ces raisonnements peuvent expliquer grossièrement les propriétés principales de 'Oumuamua.

    Qu'en est-il d'un penseur « Loebien » qui n'aurait pas besoin de preuves extraordinaires pour considérer l'hypothèse extraterrestre ? Les points 1 (le nombre d'objets interstellaires), 2 (trajectoire de 'Oumuamua) et 4 (brillance de 'Oumuamua) pointent irrésistiblement en direction de phénomènes naturels simples que nous comprenons. Je ne vois pas comment ils peuvent être interprétés de façon plausible comme une preuve de l'existence d'extraterrestres à la lumière des études actuelles.

    La forme de 'Oumuamua est à coup sûr inhabituelle mais pas sans précédent parmi les objets du Système solaire. Bien qu'il existe plusieurs idées naturelles pour ses origines, une voile stellaire serait bien sûr très aplatie. Mais la forme qui a été déduite des variations de luminosité de 'Oumuamua pendant sa rotation, une voile stellaire - même cassée - peut-elle en rendre compte ? Une voile stellaire n'aurait-elle pas un rapport d'axe très supérieur à 6 ?

    Enfin, si une accélération non gravitationnelle est exactement ce qu'une voile stellaire est conçue pour faire, des études montrent comment les comètes - bien qu'avec des glaces inhabituelles - peuvent correspondre à l'accélération non gravitationnelle, à la rotation et à la forme de 'Oumuamua simultanément.

    Est-ce qu'une voile solaire peut expliquer toutes les propriétés de 'Oumuamua ? Nous ne le savons pas, parce que personne ne l'a modélisé. C'est une critique qui vient du monde « Saganesque » : si l'hypothèse extraterrestre doit être prise au sérieux, où sont les études qui en découlent ?

    Je dirais que tout indique que 'Oumuamua est un objet naturel. Les « failles » dans les arguments en faveur d'un objet naturel font partie du processus de compréhension habituel. Une hypothèse pose des questions qui nécessitent d'autres études. Et de nouvelles études n'invoquant pas les extraterrestres viennent petit à petit préciser les contraintes sur la nature de 'Oumuamua. Et, à ma connaissance, aucune nouvelle étude n'est même en cours pour tester l'idée d'artefact extraterrestre par la démarche scientifique.

    Malgré ma divergence avec lui sur 'Oumuamua, je suis d'accord avec Loeb et son incitation pour que les scientifiques gardent l'esprit ouvert. Parfois, des idées apparemment folles s'avèrent justes, et nous ne voulons pas éviter d'apprendre de nouvelles choses en nous cramponnant à de vieilles idées. 'Oumuamua est un objet unique en son genre donc il y a vraiment besoin, pour nous, d'élargir nos perspectives. Bien sûr, les hypothèses faisant intervenir un objet naturel sont déjà des idées innovantes et aucun autre objet, de mémoire récente, n'a inspiré une telle variété d'idées : icebergs d’hydrogène, fragments de comète pré-éteintes, et bien d'autres...

    Alors, allons de l'avant, gardons l'esprit ouvert. La recherche de la vie extraterrestre (y compris la vie intelligente) n'a rien de ridicule ; en fait, c'est un domaine florissant de l'astronomie. Et espérons que nous pourrons obtenir de meilleures données sur le prochain 'Oumuamua -- et peut-être même utiliser la sonde Comet Interceptor pour prendre quelques photos ! »

    L'astrophysicien Franck Selsis étudie les atmosphères planétaires et l'exobiologie. © Benjamin Pavone

    L'astrophysicien Franck Selsis étudie les atmosphères planétaires et l'exobiologie. © Benjamin Pavone 

    Pour conclure, donnons la parole à Franck Selsis (sa position sera développée dans un article ultérieur)

    « Un conservatisme extraordinaire nous empêcherait ne serait-ce que concevoir l'hypothèse d'un vaisseau extraterrestre. Or, c'est forcément une chose à laquelle pensent les astronomes quand ils repèrent un objet qui traverse le système solaire. Beaucoup ont lu Rama et rêveraient d'une telle détection. Dès lors que l'objet repéré se comporte finalement comme un caillou, il y a une déception. Être un scientifique, c'est aussi savoir gérer cette déception de l'explication naturelle. »

    Et une dernière fois, Sean Raymond en réponse : « Je suis entièrement d'accord ».

    Source: https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/vie-extraterrestre-%CA%BBoumuamua-nest-pas-preuve-existence-extraterrestres-selon-experts-85430/?utm_content=buffer90d3b&utm_medium=social&utm_source=facebook.com&utm_campaign=futura&fbclid=IwAR1zUnqUYpSI5p1FWJWjki5rbpTYtL06b9cUqrVXbzo2SoH2NpuSWkQQPSs